Au temps où longuement j’avais souffert

Mercure de France (p. 31-32).

XII


Au temps où longuement j’avais souffert,

Où les heures m’étaient des pièges,
Tu m’apparus l’accueillante lumière
Qui luit, aux fenêtres, l’hiver,
Au fond des soirs, sur de la neige.

Ta clarté d’âme hospitalière
Frôla, sans le blesser, mon cœur,
Comme une main de tranquille chaleur.

Puis vint la bonne confiance,
Et la franchise, et la tendresse, et l’alliance
Enfin de nos deux mains amies,
Un soir de claire entente et de douce accalmie.


Depuis, bien que l’été ait succédé au gel,

En nous-mêmes, et sous le ciel,
Dont les flammes éternisées
Pavoisent d’or tous les chemins de nos pensées,
Et que l’amour soit devenu la fleur immense
Naissant du fier désir
Qui sans cesse, pour mieux encor grandir,
En notre cœur se recommence,
Je regarde toujours ta petite lumière
Qui me fut douce, la première.