Comédie humaine - Répertoire/W

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Wadmann, Anglais, propriétaire, en Normandie, près de la terre de Marville, d’un cottage et d’herbages, que madame Camusot de Marville, en 1845, manifestait l’intention d’acheter, — l’insulaire étant sur le point de retourner en Angleterre, après vingt ans de séjour en France (Le Cousin Pons).

Wahlenfer ou Walhenfer, riche commerçant allemand, assassiné, au mois d’octobre 1799, à « l’Auberge Rouge », près d’Andernach (Prusse Rhénane), par Jean-Frédéric Taillefer, alors chirurgien sous-aide-major dans l’armée française, qui laissa exécuter, pour ce crime, son camarade Prosper Magnan. — Wahlenfer était un gros petit homme à figure ronde, de manières franches et cordiales ; il possédait une importante manufacture d’épingles, aux environs de Neuwied. Il venait d’Aix-la-Chapelle. Peut-être « Walhenfer » n’était-il pas le véritable nom du négociant (L’Auberge rouge).

Wallenrod-Tustall-Bartenstild (Baron de), né en 1742, banquier à Francfort-sur-le-Mein, maria, en 1804, sa fille unique, Bettina, à Charles Mignon de la Bastie, alors simple lieutenant dans l’armée française, et mourut en 1814, à la suite de désastreuses spéculations sur les cotons (Modeste Mignon).

Watschildine, maison de Londres, en relations d’affaires avec le banquier F. de Nucingen. — Par une sombre soirée de l’automne de 1821, le caissier Rodolphe Castanier était occupé à contrefaire la signature de son patron au bas de lettres de crédit tirées sur la maison Watschildine, quand il fut surpris par le satanique John Melmoth (Melmoth réconcilié).

Wattebled, épicier à Soulanges (Bourgogne) en 1823, père de la belle madame Plissoud, faisait partie de la seconde société de la ville, et avait sa boutique au rez-de-chaussée de la maison de Soudry, le maire (Les Paysans).

Watteville (Baron de), gentilhomme de Besançon, d’origine suisse ; dernier descendant du fameux abbé renégat dom Jean de Watteville, abbé de Baumes (1613 à 1703) ; petit homme sec, maigre, sans esprit, passait sa vie dans un riche atelier de tourneur, « jouissant d’une ignorance crasse » ; collectionnant des coquillages et des fragments géologiques ; adonné à la bonne chère. Après avoir vécu dans la Comté « comme un cloporte dans une boiserie », il épousa, en 1815, Clotilde-Louise de Rupt, qui le domina entièrement et avec laquelle il vint habiter, aussitôt qu’elle eût perdu ses parents, vers 1819, le bel hôtel de Rupt, situé rue de la Préfecture et dont le vaste jardin s’étend sur la rue du Perron. De sa femme, le baron de Watteville eut une fille qu’il aima beaucoup, et pour laquelle il se montra très faible. — M. de Watteville mourut en 1836, à la suite d’une chute dans le lac de sa propriété des Rouxey, près de Besançon, et il fut enterré dans un îlot de ce lac où sa femme, se livrant à une douleur exagérée, fit élever un monument gothique en marbre blanc, semblable à celui d’Héloïse et d’Abélard au Père-Lachaise (Albert Savarus).

Watteville (Baronne de), femme du précédent, épousa, devenue veuve, Amédée de Soulas. — V. Soulas (madame A. de).

Watteville (Rosalie de), fille unique des précédents, née en 1816, frêle, mince, plate, blonde et blanche, avait des yeux d’un bleu pâle, et ressemblait parfaitement à une sainte d’Albert Dürer. Élevée par sa mère avec austérité, habituée aux pratiques de la religion la plus étroite, tenue fort ignorante des choses du monde, elle cachait sous une attitude modeste et un air d’insignifiance absolue le caractère de fer et l’audace romanesque de son grand-oncle l’abbé de Watteville, aggravés de la ténacité et de la fierté du sang des Rupt. Destinée à épouser Amédée de Soulas, « la fleur des pois[1] » de Besançon, elle s’éprit tout à coup de l’avocat Albert Savaron de Savarus ; par des machinations extraordinaires le sépara de la duchesse d’Argaïolo[2] qu’il aimait et dont il était aimé, et ne réussit qu’à désespérer Savarus ; celui-ci ne connut même pas la passion de Rosalie et se retira à la Grande Chartreuse. Mademoiselle de Watteville vécut ensuite quelque temps à Paris, avec sa mère, mariée à Amédée de Soulas ; chercha à voir la duchesse d’Argaïolo, qui, s’étant crue trahie par Savarus, avait donné sa main au duc de Rhétoré ; la rencontra, en février 1838, dans un bal de charité en faveur des pensionnaires de l’ancienne liste civile, et lui donna un rendez-vous au bal de l’Opéra, où elle révéla à son ancienne rivale le secret de ses entreprises contre madame de Rhétoré et de sa conduite à l’égard de l’avocat. Mademoiselle de Watteville se retira ensuite aux Rouxey, qu’elle ne quitta plus guère que pour un voyage, accompli en 1841, dans un but inconnu, et d’où elle revint cruellement estropiée : s’étant trouvée sur un bateau à vapeur dont la chaudière éclata, mademoiselle de Watteville perdit un bras et une jambe. La descendante de l’abbé de Watteville, entièrement vouée, désormais, à des pratiques religieuses, ne sortit plus de sa retraite (Albert Savarus).

Welff (dit le grand Welff), après onze ans de service dans la cavalerie et des campagnes sur le Rhin, en Italie et en Égypte sous le général Steingel et le général Bonaparte, était gendarme à Arcis-sur-Aube, en 1803, au moment d’une descente de police à Cinq-Cygne ; il aida Corentin et Peyrade dans leurs recherches infructueuses, et resta l’ennemi de Michu, des Hauteserre et des Simeuse, contre lesquels il agit encore, vers 1806, lors de l’enlèvement mystérieux du sénateur Malin de Gondreville ; Welff était alors sous-lieutenant (Une Ténébreuse Affaire).

Werbrust, associé de Palma, escompteur du commerce parisien des rues Saint-Denis et Saint-Martin, sous la Restauration, connut l’histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau, parfumeur, maire du IIe arrondissement[3] ; fut l’ami du banquier Jean-Baptiste d’Aldrigger, à l’enterrement duquel il assista, et fit des affaires avec le baron de Nucingen ; entre autres opérations, il spécula adroitement sur la troisième liquidation opérée par Nucingen en 1836 (César Birotteau. — La Maison Nucingen).

Werchauffen (Comtesse douairière de), tante du baron de Werchauffen, noble dame allemande, demeurant en 1840, à Paris, rue de la Bienfaisance[4], no 33, n’était, en réalité, que Jacqueline Collin, à qui Jacques Collin, dit Vautrin, son véritable neveu, avait imposé ce déguisement utile à ses projets sur Schirmer, faux monnayeur (La Famille Beauvisage).

Werchauffen (Baron de), l’un des faux noms de Schirmer. — Voir ce dernier nom.

Wierzchownia (Adam de), gentilhomme polonais, s’était, après le dernier partage de la Pologne, réfugié en Suède, où il chercha des consolations dans l’étude de la chimie, pour laquelle il eut toujours une vocation irrésistible. Arraché par la misère à ses travaux, il entra dans l’armée française, et, en 1809, de passage à Douai, fut logé, pour une seule nuit, chez M. Balthazar Claës. Dans une conversation avec son hôte, il lui expliqua ses idées sur la « matière identique », sur l’absolu, et causa ainsi le malheur de toute une famille, car, dès lors, Balthazar Claës consacra temps et argent à la recherche de l’absolu. Adam de Wierzchownia, mourant à Dresde, en 1812, d’une blessure reçue pendant les derniers engagements, écrivit une lettre suprême à Balthazar Claës, pour lui léguer diverses idées, qui, depuis leur rencontre d’un jour, lui étaient survenues relativement à la recherche en question ; par cette démarche, il aggrava encore les malheurs de la famille Claës[5]. — Adam de Wierzchownia[6] avait une figure anguleuse et dévastée, un large crâne sans cheveux, des yeux semblables à des langues de feu, une énorme moustache, et son calme saisit, effraya madame Balthazar Claës[7] (La Recherche de l’Absolu).

Willemsens (Marie-Augusta). — V. Brandon[8] (comtesse de).

Wimphen (de) épousa une amie d’enfance de madame d’Aiglemont (La Femme de Trente Ans).

Wimphen (Madame Louisa de), amie d’enfance de madame Julie d’Aiglemont ; elles avaient été élevées ensemble à Écouen. En 1814, madame d’Aiglemont écrivait à sa compagne, alors sur le point de se marier, des confidences désenchantées sur sa propre vie, et lui conseillait de rester jeune fille. Cette lettre, d’ailleurs, ne fut pas envoyée, la comtesse de Listomère-Landon, tante par alliance de Julie d’Aiglemont, en ayant pris connaissance et en ayant blâmé l’inconvenance. Au contraire de son amie, madame de Wimphen fut heureuse en mariage ; elle resta cependant la confidente de madame d’Aiglemont ; elle assistait même à la suprême entrevue de Julie et de lord Grenville : l’arrivée de M. de Wimphen, venant chercher sa femme, laissa les deux amants en présence, mais le retour inopiné de M. d’Aiglemont força lord Grenville à se cacher, et l’Anglais mourut, peu de temps après, des suites de la nuit qu’il fut obligé de passer par un grand froid, sur l’appui extérieur d’une fenêtre, après avoir eu déjà les doigts écrasés dans la rainure d’une porte rapidement fermée (La Femme de Trente Ans).

Wirth, valet de chambre du banquier J.-B. d’Aldrigger, resta au service de mesdames d’Aldrigger, mère et filles, après la mort du chef de la famille, et leur conserva le dévouement dont il avait déjà donné souvent des preuves. Wirth, sorte de Caleb ou de Gaspard alsacien, vieux et solennel, enveloppait beaucoup de finesse dans une grande bonhomie : voyant en Godefroid de Beaudenord un mari pour Isaure d’Aldrigger, il sut l’engluer habilement, et contribua certainement à leur union (La Maison Nucingen).

Wisch (Johann). — Nom, sous lequel, dans un journal, était dissimulé Johann Fischer, accusé de concussions, pour ne pas compromettre le baron Hulot d’Ervy, son parent et son complice (La Cousine Bette).

Wissembourg (Prince de), l’un des titres du maréchal Cottin, également duc d’Orfano (La Cousine Bette).

Wistchnau. — V. Gaudin (La Peau de Chagrin).


  1. Titre de l’une des vieilles éditions du Contrat de Mariage.
  2. Le nom s’écrivait plutôt ainsi : Argaiolo, sans tréma.
  3. Par la suite, formé successivement des quartiers du faubourg Montmartre et de la Banque.
  4. Voie transformée depuis plus d’un quart de siècle.
  5. La véritable orthographe serait réellement Claes et non Claës.
  6. L’Ukraine possède une localité du même nom.
  7. Sous ce titre, De l’Or ! ou le Rêve d’un Savant, il existe, de Bayard et de Biéville, un vaudeville consacré aux malheurs des Claës, que le Gymnase représenta le 11 novembre 1837 et que jouaient M. Bouffé et madame E. Sauvage, encore vivants l’un et l’autre.
  8. Lady Brandon était la mère de Louis-Gaston et de Marie-Gaston ; ces deux noms, d’après de minutieuses recherches, doivent porter le trait d’union.