Comédie humaine - Répertoire/V

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V

Vaillant (Madame), femme d’un ébéniste du faubourg Saint-Antoine, mère de trois enfants, était chargée en 1819-1820, pour quarante sous par mois, du ménage d’un jeune auteur[1], alors domicilié dans une mansarde, rue Lesdiguières ; elle employait le reste de son temps à tourner la manivelle d’une mécanique, dur métier qui ne lui rapportait que dix sous par jour. Cette femme et son mari étaient de la plus solide probité. — À la noce d’une sœur de madame Vaillant, le jeune écrivain rencontra le père Canet (Facino Cane), clarinette des Quinze-Vingts, qui lui raconta son étrange histoire (Facino Cane). En 1818, madame Vaillant, déjà vieille, faisait le ménage du vieux républicain Claude-Joseph Pillerault, rue des Bourdonnais ; mais l’ancien commerçant épargnait la servante : il ne lui permettait pas de cirer ses chaussures (César Birotteau).

Valdès (Paquita), née aux Antilles vers 1793, fille d’une esclave achetée en Géorgie pour sa rare beauté, vivait, au commencement de la Restauration et pendant les Cent-Jours, à Paris, hôtel San-Réal, rue Saint-Lazare, avec sa mère et son père nourricier, Christemio. Rencontrée en avril 1815, au jardin des Tuileries, par Henri de Marsay, qui s’en éprit, elle consentit à le recevoir chez elle, secrètement ; elle s’abandonna même à lui ; mais, dans un transport d’amour, elle s’écria, par habitude : « Oh ! Mariquita ! », et mit ainsi en fureur son amant, qui essaya de la tuer. N’ayant pu d’abord y réussir, il revint avec quelques-uns de ses fameux Treize associés, mais trouva Paquita assassinée : la marquise de San-Réal, propre sœur de Marsay, férocement jalouse des faveurs accordées par la jeune fille à un homme, l’avait déchiquetée à coups de poignard. Enfermée depuis l’âge de douze ans, Paquita Valdès ne savait ni lire ni écrire ; elle ne parlait que l’anglais et l’espagnol. La couleur particulière de ses yeux l’avait fait surnommer « la fille aux yeux d’or » par quelques jeunes gens, Paul de Manerville, entre autres, qui l’avaient remarquée dans les promenades (Histoire des Treize : la Fille aux Yeux d’Or).

Valdez, amiral espagnol, fut ministre constitutionnel du roi Ferdinand VII, en 1820 ; obligé de fuir, lors de la réaction, il put s’embarquer sur un bâtiment anglais : il avait été sauvé, dans cette circonstance, par le baron de Macumer, qui l’avertit à temps (Mémoires de Deux Jeunes Mariées).

Valentin (De), chef d’une maison historique d’Auvergne tombée dans l’oubli et dans la pauvreté, cousin du duc de Navarreins[2], vint à Paris, sous la monarchie, et s’y créa, « au cœur même du pouvoir », une position importante, qu’il perdit avec la Révolution. Sous l’Empire, il acheta plusieurs terres données par l’empereur à ses généraux, mais la chute de Napoléon le ruina complètement. Il éleva durement son fils unique, Raphaël, sur lequel il comptait cependant pour relever sa maison : il mourut de chagrin, six mois après avoir payé ses créanciers, dans l’automne de 1826. — Les Valentin portaient un aigle d’or en champ de sable couronné d’argent becqué et ongle de gueules, avec cette devise : « Non cecidit animus » (La Peau de Chagrin).

Valentin (Madame de), née Barbe-Marie O’Flaharty, femme du précédent, héritière d’une riche maison, mourut jeune, laissant à son fils unique une petite île de la Loire (La Peau de Chagrin).

Valentin (Marquis Raphaël de[3]), fils unique des précédents, né en 1804 et probablement à Paris, où il fut élevé ; perdit sa mère, de fort bonne heure, et, après une enfance triste, ne recueillit, à la mort de son père, qu’une somme de onze cent douze francs avec laquelle il vécut, pendant près de trois ans, à raison d’un franc par jour, hôtel de Saint-Quentin, rue des Cordiers. Il y entreprit deux grandes œuvres, une comédie qui devait lui donner la célébrité en un jour et une Théorie de la volonté, long ouvrage, comme celui de Louis Lambert, destiné à compléter les travaux de Mesmer, de Lavater, de Gall et de Bichat. — Raphaël de Valentin, reçu docteur en droit, était destiné par son père à la carrière d’homme d’État. Réduit à la plus extrême misère, privé de sa ressource dernière, la petite île de la Loire, héritage maternel, il allait se suicider, en 1830, lorsqu’un étrange marchand de curiosités du quai Voltaire, chez lequel il était entré par hasard, lui fit cadeau d’une extraordinaire peau de chagrin, dont la possession devait tout lui procurer, en abrégeant sa vie à chaque désir. Invité quelques instants après à un somptueux repas chez Frédéric Taillefer, Raphaël se trouva, dès le lendemain, l’héritier de six millions ; mais il mourut, phtisique, dans l’automne de 1831, entre les bras de Pauline Gaudin, qu’il aimait, dont il était aimé et qu’il tenta en vain de posséder, dans un effort suprême. Millionnaire, Raphaël de Valentin habitait, ami de Rastignac et de Blondet, gardé par son fidèle serviteur Jonathas, un hôtel de la rue de Varenne. Auparavant, il avait aimé follement certaine comtesse Fœdora. — Ni les eaux d’Aix, ni celles du Mont-Dore, successivement prises, n’avaient pu lui restituer une santé irrémédiablement compromise (La Peau de Chagrin).

Valentine, prénom de l’héroïne et titre d’un drame-vaudeville[4] en deux actes de Scribe et de Mélesville, représenté au Gymnase-Dramatique, le 4 janvier 1836, plus de vingt ans après la mort de M. et madame de Merret, dont cette pièce retraçait, plus ou moins respectée, la tragique aventure (La Muse du Département).

Vallat (François), substitut du procureur du roi à la Ville-aux-Fayes, en Bourgogne, sous la Restauration, au temps de la lutte des Paysans[5] contre le général de Montcornet. Cousin de madame Sarcus, femme de Sarcus le riche, il attendait de l’avancement par Gaubertin, le maire, dont l’influence s’exerçait dans tout l’arrondissement (Les Paysans).

Vallet, mercier à Soulanges, en Bourgogne, sous la Restauration, au temps de la lutte du général de Montcornet contre les Paysans ; la maison de Vallet était mitoyenne de celle du Café de la Paix, tenu par Socquard (Les Paysans).

Val-Noble (Madame du). — V. Gaillard (madame Théodore).

Valois (Chevalier de), né vers 1758, mourut, comme son ami et compatriote le marquis d’Esgrignon, avec la monarchie légitime, en août 1830. La jeunesse de ce gentilhomme pauvre s’était passée à Paris, où le surprit la Révolution ; il avait ensuite chouanné, et, en 1799, lors d’une nouvelle prise d’armes des blancs de l’Ouest contre la République, il fut l’un des membres du comité royal d’Alençon. Au moment de la Restauration, il était établi dans cette ville, y vivant plus que modestement, mais considéré et accepté par la haute aristocratie de la province comme un vrai Valois. Le chevalier prenait du tabac dans une vieille boîte en or, ornée du portrait de la princesse Goritza, une Hongroise célèbre par sa beauté sous Louis XV ; il ne parlait qu’avec émotion de cette femme, pour laquelle il s’était battu avec Lauzun. Le chevalier de Valois chercha en vain à épouser la riche héritière d’Alençon, Rose-Victoire Cormon, une vieille fille qui eut le malheur de devenir platoniquement la femme de M. du Bousquier, l’ancien fournisseur. Logé à Alençon chez madame Lardot, blanchisseuse, le chevalier eut pour maîtresse l’une des ouvrières, Césarine, mère d’un enfant, qu’on lui attribuait généralement. Césarine fut, d’ailleurs, la légataire universelle du gentilhomme. Le chevalier prenait également des privautés avec une autre ouvrière de madame Lardot, Suzanne, très belle Normande, plus tard connue à Paris, comme femme galante, sous le nom de la Val-Noble, et ensuite épousée par Théodore Gaillard ; M. de Valois, bien qu’aimant beaucoup cette fille, ne se laissa pas exploiter par elle. Il fut en relations avec MM. de Lenoncourt, de Navarreins, de Verneuil, de Fontaine, de la Billardière, de Maufrigneuse, de Chaulieu. Valois vivait du jeu, mais feignait de tenir ses minces ressources de maître Bordin, au nom d’un certain M. de Pombreton (Les Chouans. — La Vieille Fille. — Le Cabinet des Antiques).

Vandenesse (Marquis de), gentilhomme de Tours, eut de sa femme quatre enfants : Charles, qui épousa Émilie de Fontaine, veuve de Kergarouët ; Félix, qui épousa Marie-Angélique de Granville, et deux filles, dont l’aînée fut mariée à son cousin le marquis de Listomère. — La devise des Vandenesse était : « Ne se vend » (Le Lys dans la Vallée).

Vandenesse (Marquise de), née Listomère, femme du précédent, grande personne sèche et mince, joueuse, égoïste, « impertinente comme toutes les Listomère, chez qui l’impertinence se compte avec la dot ». — Mère de quatre enfants, elle les éleva sans tendresse et les tint constamment à distance, surtout son fils Félix ; elle n’avait quelque faiblesse que pour Charles, l’aîné (Le Lys dans la Vallée).

Vandenesse (Marquis Charles de), fils aîné des précédents, né dans les dernières années du XVIIIe siècle, brilla dans la diplomatie sous les Bourbons ; fut, pendant cette période, l’amant de la générale Julie d’Aiglemont ; eut des enfants naturels de ces relations ; plaida pour des questions d’intérêt contre son frère cadet, le comte Félix, avec Desroches pour avoué. Il épousa la riche veuve de Kergarouët, née Émilie de Fontaine (La Femme de Trente Ans. — Un Début dans la Vie. — Une Fille d’Ève).

Vandenesse (Marquise Charles de), née Émilie de Fontaine vers 1802, la plus jeune des filles du comte de Fontaine, choyée, gâtée, manifesta, toute jeune, au bal fameux de César Birotteau, où elle accompagnait ses parents, la hautaine impertinence qui était le trait distinctif de son caractère (César Birotteau). Elle refusa Paul de Manerville, et bien d’autres partis, avant d’épouser en premières noces un grand-oncle maternel, l’amiral comte de Kergarouët. Ce mariage, regretté plus tard, se décida au cours d’une partie de cartes avec l’évêque de Persépolis, par suite du dépit qu’elle ressentit de trouver en M. Longueville, sur qui s’était d’abord porté son choix, un simple commerçant (Le Bal de Sceaux). Madame de Kergarouët sut éconduire Savinien de Portenduère, son neveu par alliance, qui lui fit la cour (Ursule Mirouet). Devenue veuve, elle épousa le marquis de Vandenesse. Un peu plus tard, elle tâchait de perdre sa belle-sœur, la comtesse Félix de Vandenesse, alors éprise de Raoul Nathan (Une Fille d’Ève).

Vandenesse (Comte Félix de), fils, frère, beau-frère des précédents, né dans les dernières années du XVIIIe siècle, porta le titre de vicomte jusqu’à la mort de son père ; souffrit beaucoup, enfant ou adolescent, au milieu de toute sa famille d’abord, puis comme élève d’une pension à Tours et du collège des Oratoriens à Pontlevoy. À l’institution parisienne Lepître, et durant les jours de congé passés, île Saint-Louis, près d’une Listomère, sa parente, il ne fut pas plus heureux. Félix de Vandenesse ne trouva enfin du calme qu’à Frapesle, château voisin de Clochegourde. Ce fut alors que débuta sa liaison platonique avec madame de Mortsauf, qui tint une grande place dans sa vie. Il était, d’autre part, l’amant de lady Arabelle Dudley, qui l’appelait du prénom d’Amédée, prononcé my dee. Madame de Morsauf étant morte, il fut en butte à la sourde hostilité de la petite Madeleine, plus tard madame de Lenoncourt-Givry-Chaulieu. La vie publique s’ouvrit pour lui vers le même temps, car, durant les Cent-Jours, Louis XVIII le chargea d’une mission en Vendée. Le roi se l’attacha ensuite et le garda comme secrétaire particulier ; il fut aussi nommé maître des requêtes au conseil d’État. Vandenesse fréquenta les Lenoncourt ; excita chez Lucien de Rubempré, fraîchement débarqué à Paris, une admiration mêlée d’envie ; soutint et secourut César Birotteau, de la part du roi ; connut le prince de Talleyrand et lui demanda, pour Louise de Chaulieu, des renseignements sur Macumer (Le Lys dans la Vallée. — Illusions perdues. — César Birotteau. — Mémoires de Deux Jeunes Mariées). À la mort de son père, Félix de Vandenesse prit le titre de comte, et, à propos de la vente d’une terre, plaida, et, sans doute, avec succès, contre son frère, le marquis, desservi, d’ailleurs, par un clerc écervelé de maître Desroches, Oscar Husson (Un Début dans la Vie). Sur ces entrefaites, le comte Félix de Vandenesse entretint, avec Natalie de Manerville, de très intimes relations, que la comtesse rompit elle-même à la suite du minutieux récit qu’il écrivit pour elle de la passion que lui avait inspirée précédemment madame de Mortsauf (Le Contrat de Mariage). L’année suivante, il épousa Angélique-Marie de Granville, fille aînée du célèbre magistrat de ce nom, et s’installa rue du Rocher[6], où il eut un hôtel décoré avec un goût exquis. Tout d’abord, il ne sut pas se faire aimer de sa femme, qu’effarouchaient son expérience de roué et ses façons protectrices. Cependant il la produisit partout. Elle ne l’accompagnait pas, néanmoins, à une soirée chez madame d’Espard, où il se trouva avec son frère aîné, et où la médisance s’acharna contre Diane de Cadignan devant Arthez épris d’elle. — Félix de Vandenesse conduisit sa femme à un raout chez mademoiselle des Touches, où Marsay raconta l’histoire de son premier amour. Le ménage, qui fréquentait encore, sous Louis-Philippe, les hôtels Cadignan et Montcornet, faillit être troublé pour jamais : madame de Vandenesse s’éprit imprudemment de Raoul Nathan ; une habile manœuvre du comte détourna le danger (Les Secrets de la Princesse de Cadignan. — Autre Étude de femme. — Une Ténébreuse Affaire. — Une Fille d’Ève).

Vandenesse (Comtesse Félix de), femme du précédent, née Angélique-Marie de Granville en 1808, brune comme son père, le célèbre magistrat, eut, pour l’aider à supporter les rigueurs de sa dévote mère, dans l’hôtel du Marais, où grandit son adolescence, l’intime et tendre affection d’une sœur cadette, Marie-Eugénie (plus tard madame F. du Tillet) ; les leçons d’harmonie de Wilhelm Schmucke lui apportèrent aussi quelque distraction. Mariée dès 1828, dotée richement au détriment de Marie-Eugénie, elle subit, vers l’âge de vingt-cinq ans, une crise redoutable. Quoique mère (elle eut au moins un enfant), devenue soudain romanesque, elle faillit tomber victime d’une conspiration mondaine ourdie par lady Dudley, et par mesdames Charles de Vandenesse et de Manerville. Marie, poussée par une folle passion pour l’écrivain Raoul Nathan et voulant le sauver d’embarras financiers, fit appel aux bons offices de madame de Nucingen et au dévouement de Schmucke. La preuve, qui lui fut donnée par son mari des relations avilissantes et de la vie par trop bohème de Raoul, empêcha la chute de madame Félix de Vandenesse (Une Double Famille. — Une Fille d’Ève). Plus tard, son aventure, les dangers qu’elle avait courus et sa rupture avec le poète étaient racontés par M. de Clagny, devant madame de la Baudraye, maîtresse de Lousteau (La Muse du Département).

Vandenesse (Alfred de), fils du marquis Charles de Vandenesse, fat qui compromit, au faubourg Saint-Germain, dans le milieu du règne de Louis-Philippe, la comtesse de Saint-Héreen, malgré la générale d’Aiglemont, sa mère, jadis maîtresse du marquis (La Femme de Trente Ans).

Vandières (Général, comte de) était un vieillard très affaissé et comme tombé en enfance, lorsque, le 29 novembre 1812, il prit place, avec sa femme et un assez grand nombre de militaires, sur un radeau, pour passer la Bérésina ; le choc de l’embarcation contre l’autre rive détermina la chute du comte dans la rivière : un glaçon lui coupa la tête et la lança au loin comme un boulet (Adieu).

Vandières (Comtesse Stéphanie de), femme du précédent, nièce du docteur aliéniste Fanjat, maîtresse du major Philippe de Sucy (plus tard général), toute jeune, en 1812, partagea, pendant la campagne de Russie, les dangers de son mari, parvint à passer la Bérésina, grâce à son amant, mais ne put le rejoindre ; erra longtemps dans le nord ou l’est de l’Europe ; devint folle ; ne prononça plus que le mot significatif « adieu » ; fut retrouvée à Strasbourg par le grenadier de la garde Fleuriot. Amenée, soignée chez Fanjat aux Bons-Hommes, près l’Isle-Adam, où elle eut pour compagne une idiote du nom de Geneviève, Stéphanie revit, sans le reconnaître (septembre 1819), Philippe de Sucy, et mourut, non loin de Saint-Germain en Laye, au mois de janvier 1820, — aussitôt après une répétition que son amant avait organisée de la scène de la Bérésina, — dans un éclair de raison qui la tua (Adieu).

Vanière, jardinier de Raphaël de Valentin, rapporta du puits, où la jeta son maître effrayé, l’étrange peau de chagrin, qu’aucune pression, aucun réactif, aucun laminage ne pouvaient ni distendre ni entamer, et qui déconcerta les plus illustres savants (La Peau de Chagrin).

Vanneaulx (M. et madame des), petits rentiers de Limoges, habitant, avec leurs deux enfants, la rue des Cloches, vers la fin du règne de Charles X, héritèrent à peu près cent mille francs de Pingret, dont madame des Vanneaulx était la nièce unique, mais seulement lorsque J.-F. Tascheron, assassin de leur oncle, sur les instances du curé Bonnet, fit la restitution d’une forte partie de l’argent volé faubourg Saint-Étienne. M. et madame des Vanneaulx, qui avaient accusé le meurtrier « d’indélicatesse », changèrent complètement d’opinion, quand ils furent en possession de la somme rendue (Le Curé de Village).

Vanni (Élisa), femme corse qui, suivant un certain Giacomo, sauva Luigi Porta, enfant, de la terrible vendetta de Bartholomeo[7] di Piombo (La Vendetta).

Vannier, conscrit patriote de Fougères (Bretagne), reçut de Gudin, pendant l’automne de 1799, l’ordre de chercher la garde nationale de sa ville, destinée à renforcer la 72e demi-brigade aux prises avec les chouans (Les Chouans).

Varèse (Emilio Memmi, prince de), des Cane-Memmi, né en 1797, très noble Vénitien, descendant de l’antique famille romaine des Memmius, porta le nom de prince de Varèse, quand mourut Facino Cane, son parent. Memmi vécut pauvre et obscur dans Venise alors au pouvoir des Autrichiens. Il entretenait, au commencement de la Restauration, des relations d’amitié avec Marco Vendramini, son compatriote. Sa déchéance ne lui permit de garder qu’un vieux serviteur, le gondolier Carmagnola. Il éprouva pour Massimilla Doni, femme du duc Cataneo, une passion qui fut partagée et qui resta longtemps platonique malgré sa vivacité ; fut cependant une fois infidèle, pour n’avoir pas su résister aux séductions imprévues de Clarina Tinti, locataire du palais Memmi, « prima donna assoluta » de la Fenice ; vainquit enfin sa timidité, et, rompant avec « l’idéal », rendit mère Massimilla Cataneo, qu’il épousa une fois veuve. Varèse habita Paris sous le règne de Louis-Philippe, et, devenu riche par son mariage, secourut, un soir, aux Champs-Élysées, des artistes indigents, le ménage Gambara réduit à chanter en plein vent : il demanda l’histoire de leurs malheurs, que la femme Marianna, lui raconta sans amertume (Massimilla Doni. — Gambara).

Varèse (Princesse de), femme du précédent, née Massimilla Doni vers 1800, de noble, historique et opulente famille florentine, mariée toute jeune, pour la première fois, au duc Cataneo, personnage repoussant, habita Venise, du temps de Louis XVIII. Elle était assidue et prenait grand plaisir aux représentations du théâtre de la Fenice, durant l’hiver où furent représentés le Mose, la Semiramide, avec une troupe comprenant Clarina Tinti, Genovese, Carthagenova. Massimilla conçut un amour violent, quoique d’abord platonique, pour Emilio Memmi, prince de Varèse ; l’épousa après la mort de Cataneo, le suivit, sous Louis-Philippe, à Paris ; rencontra avec lui les Gambara et les assista dans leur misère (Massimilla Doni. — Gambara).

Varlet, médecin d’Arcis, dans les premières années du XIXe siècle, du temps des querelles politiques et locales des Gondreville, Cinq-Cygne, Simeuse, Michu, Hauteserre, eut une fille devenue par son mariage madame Grévin (Une Ténébreuse Affaire. — Le Député d’Arcis).

Varlet, fils du précédent, beau-frère de M. Grévin, et, comme son père, mais plus tard, médecin d’Arcis (Le Député d’Arcis).

Vassal, en 1822, à Paris, troisième clerc de maître Desroches, avoué, chez qui travaillèrent également Marest, Husson, Godeschal (Un Début dans la Vie).

Vatel, d’abord enfant de troupe, puis caporal de voltigeurs, devint, pendant la Restauration, sous les ordres du garde général Michaud, l’un des trois gardes des propriétés de Montcornet aux Aigues, en Bourgogne ; il poursuivit, comme délinquante, la mère Tonsard. — C’était un serviteur précieux, gai comme un pinson, d’une conduite un peu légère avec les femmes, sans principes religieux, et brave jusqu’à la témérité (Les Paysans).

Vatinelle (Madame), femme de Mantes, jolie et assez légère, à la fois recherchée par l’avoué Fraisier et par le procureur Olivier Vinet ; elle « eut des bontés » pour l’avoué, dont elle causa ainsi la perte : le procureur trouva bientôt le moyen de forcer Fraisier, qui occupait dans une affaire pour les deux parties, à vendre son étude et à quitter la ville (Le Cousin Pons).

Vauchelles (De) entretenait à Besançon, vers 1835, des relations d’amitié avec son compatriote Amédée de Soulas et son ancien camarade de collège Chavoncourt fils. Vauchelles était d’aussi bonne noblesse, mais avait aussi peu de fortune que Soulas. Il rechercha la main de mademoiselle Victoire, l’aînée des sœurs de Chavoncourt, à laquelle une tante, sa marraine, devait assurer un domaine de sept mille francs de revenu et cent mille francs d’argent au contrat. À la satisfaction de Rosalie de Watteville, Vauchelles combattit la candidature législative d’Albert Savarus, concurrent de Chavoncourt père (Albert Savarus).

Vaudoyer, paysan de Ronquerolles (Bourgogne), devenu garde champêtre de Blangy, mais destitué vers 1821, au profit de Groison, par Montcornet alors maire de la commune, soutint G. Rigou et F. Gaubertin contre le nouveau propriétaire des Aigues (Les Paysans).

Vaudremont (Comtesse de), née en 1787, riche, déjà veuve à vingt-deux ans, passait, en 1809, pour la plus belle Parisienne du temps et pour « la reine de la mode ». Au mois de novembre de cette même année, elle assistait au grand bal donné par les Malin de Gondreville[8], qui attendirent vainement l’empereur. Maîtresse du comte de Soulanges et de Martial de la Roche-Hugon, madame de Vaudremont avait reçu du premier une bague enlevée à l’écrin de la comtesse ; elle en fit présent à Martial, qui, la portant au doigt le soir du bal des Gondreville, la donna à madame de Soulanges, sans se douter qu’il ne faisait que la restituer. La mort de madame de Vaudremont suivit d’assez près cet incident, qui amena la réconciliation du ménage Soulanges, provoquée par la duchesse de Lansac ; la comtesse périt dans le célèbre incendie qui éclata pendant la fête offerte par l’ambassadeur d’Autriche à l’occasion du mariage de l’empereur avec l’archiduchesse Marie-Louise (La Paix du Ménage). — L’hôtel de l’ambassade occupait la partie de la rue de la Chaussée-d’Antin (alors rue du Mont-Blanc) comprise entre les rues de la Victoire et Saint-Lazare.

Vaumerland (Baronne de), amie de madame de l’Ambermesnil, prenait pension, au Marais, chez l’une des concurrentes de madame Vauquer, et devait, une fois le terme expiré, devenir une des clientes de l’établissement de la rue Neuve-Sainte-Geneviève, à ce qu’affirmait, du moins, madame de l’Ambermesnil (Le Père Goriot).

Vauquelin (Nicolas-Louis), célèbre chimiste, membre de l’Institut, né à Saint-André d’Hébertot (Calvados) en 1763, mort en 1829 ; fils de paysan ; distingué par Fourcroy ; successivement pharmacien à Paris, inspecteur des mines, professeur à l’École de pharmacie, à l’École de médecine, au Jardin des Plantes, au Collège de France. — Il donna à César Birotteau la recette d’un cosmétique pour les mains, que le parfumeur appela la « double pâte des Sultanes », et, consulté par lui au sujet de l’« huile céphalique », nia la possibilité de faire repousser les cheveux. Nicolas Vauquelin fut invité au grand bal du parfumeur — donné le 17 décembre 1818. César Birotteau offrit au savant, en reconnaissance des bons conseils qu’il en avait reçus, une épreuve de la gravure de Muller, d’après la Vierge de Dresde, tirée sur papier de Chine, et avant la lettre, qui coûta quinze cents francs et qui avait été trouvée en Allemagne après deux ans de recherches (César Birotteau).

Vauquer (Madame veuve), née Conflans vers 1767, déchue, prétendait-elle, d’une situation brillante, par des malheurs, que, du reste, elle ne révélait pas, tint longtemps, à Paris, une pension bourgeoise, près de la rue de l’Arbalète, rue Neuve-Sainte-Geneviève (aujourd’hui rue Tournefort). En 1819-1820, madame Vauquer, petite femme froide et grasse, assez bien conservée quoique fanée, avait, pour habitué de sa table d’hôte, Horace Bianchon, et logeait : au premier étage de son garni, madame Couture, mademoiselle Victorine Taillefer ; — au second, Poiret aîné, Jacques Collin ; — au troisième, Christine-Michelle Michonneau (future madame Poiret), Joachim Goriot, qu’elle regarda quelque temps comme un mari possible pour elle, et Eugène de Rastignac. Elle perdit ses différents hôtes, peu de temps après l’arrestation de Jacques Collin (Le Père Goriot).

Vaurémont (Princesse de), l’une des plus grandes figures du XVIIIe siècle, grand’mère de madame Marie Gaston, qui l’adorait, mourut à Paris en 1817, la même année que madame de Staël, dans un hôtel appartenant aux Chaulieu et situé près du boulevard des Invalides. — Madame de Vaurémont occupait des appartements, où lui succéda, un peu plus tard, Louise de Chaulieu (madame Marie Gaston). — Talleyrand, ami intime de la princesse, fut son exécuteur testamentaire (Mémoires de Deux Jeunes Mariées).

Vauthier, dit Vieux-Chêne, ancien domestique du fameux Longuy, valet d’écurie à l’hôtel de l’Écu de France, à Mortagne, en 1809, impliqué dans l’affaire des chauffeurs, fut condamné à vingt ans de travaux forcés, dont l’empereur lui fit ensuite grâce ; mais, pendant la Restauration, il périt en plein Paris, tué par un des obscurs et dévoués compagnons du chevalier du Vissard (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Vauthier (Madame) fut d’abord, en 1809, dans la rue Louis-le-Grand, fille de cuisine chez le prince de Wissembourg ; puis, cuisinière du libraire Barbet, propriétaire d’un hôtel garni du boulevard Montparnasse ; plus tard, vers 1833, elle géra pour lui cet immeuble, dont elle se trouva en même temps la concierge. — Madame Vauthier employait alors, aux travaux de la maison, Népomucène et Félicité ; elle avait pour locataires : Bourlac ; Vanda et Auguste Mergi ; Godefroid (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Vautrin[9], le plus fameux des noms d’emprunt de Jacques Collin.

Vauvinet, né vers 1817, usurier parisien, avait le genre élégant et tout moderne, absolument différent du type Chaboisseau-Gobseck : il fit du boulevard des Italiens le centre de ses opérations ; fut créancier du baron Hulot, d’abord pour une somme de soixante-dix mille francs ; puis pour une autre de quarante mille, en réalité prêtée par Nucingen (La Cousine Bette). En 1845, Léon de Lora et J.-J Bixiou le montraient à S.-P. Gazonal (Les Comédiens sans le savoir).

Vavasseur, commis au ministère des finances dans la division Clergeot, sous l’Empire. — Il eut pour successeur, en sa place, E.-L.-L.-E. Cochin (Les Employés).

Védie (La), née en 1756, vieille fille laide, au visage ravagé par la petite vérole, parente de la Cognette, cordon bleu distingué, sortait de chez un curé qui mourut sans rien lui laisser, lorsqu’elle entra comme cuisinière chez J.-J. Rouget, par l’intervention de Flore Brazier et de Maxence Gilet. Une rente de trois cents livres devait lui être servie, après dix ans de bons, discrets et loyaux services (La Rabouilleuse).

Vendramini (Marco), dont le nom se prononce aussi Vendramin[10] ; descendant probable du dernier doge de Venise ; frère de Bianca Sagredo, née Vendramini ; patriote vénitien ; ami intime du prince Memmi-Cane de Varèse. — Dans l’ivresse qu’il demandait à l’opium, sa grande ressource vers 1820, Marco Vendramini revoyait, libérée et puissante, sa cité chérie, alors au pouvoir des Autrichiens. Marco parlait avec Memmi de la Venise de ses rêves, du célèbre Florian des Procuraties, tantôt en grec moderne, tantôt en leur langue natale ; tantôt en se promenant ensemble, tantôt devant la Vulpato et les Cataneo, pendant les représentations de Sémiramide, de Il Barbiere, du Mose interprétés par la Tinti et Genovese. Victime de ses excès d’opium, Vendramini mourut, tout jeune encore, sous Louis XVIII, pleuré de ses amis (Facino Cane. — Massimilla Doni).

Vergniaud (Louis), qui fit, avec Hyacinthe-Chabert et Luigi Porta la campagne d’Égypte, se trouvait maréchal des logis de hussards quand il quitta le service. Il fut successivement, à Paris, sous la Restauration, nourrisseur dans la rue du Petit-Banquier, loueur de voitures et cocher de cabriolet. Comme nourrisseur, Vergniaud, marié, père de trois fils, débiteur de Grados, bienfaiteur de Chabert, finit par la déconfiture ; il secourut encore Luigi Porta retrouvé malheureux, et fut son témoin, quand le Corse épousa mademoiselle di Piombo. — Louis Vergniaud, mêlé à des conspirations contre Louis XVIII, fit de la prison pour délits politiques (Le Colonel Chabert. — La Vendetta).

Vermanton, philosophe cynique, habitué du salon de madame Schontz, entre 1835 et 1840, à l’époque où elle faisait ménage avec Arthur de Rochefide (Béatrix).

Vermichel, surnom habituel de Vert (Michel-Jean-Jérôme).

Vermut, pharmacien à Soulanges, en Bourgogne, sous la Restauration ; beau-frère de Sarcus, le juge de paix de Soulanges, qui avait épousé sa sœur aînée. — Chimiste assez distingué, Vermut était, cependant, l’objet des plaisanteries et du mépris du salon Soudry, de la part des Gourdon particulièrement. Malgré ce peu d’estime de « la première société de Soulanges », Vermut montra quelques capacités, quand il inquiéta madame Pigeron en signalant du poison dans le corps de Pigeron défunt (Les Paysans).

Vermut (Madame), femme du précédent ; boute-en-train du salon de madame Soudry, qui, pourtant, lui trouvait mauvais ton et la blâmait de coqueter avec Gourdon, l’auteur de la Bilboquéide (Les Paysans).

Vernal (L’abbé), avec Châtillon, Suzannet et le comte de Fontaine, l’un des quatre chefs de la Vendée, en 1799, pendant que Montauran combattait Hulot (Les Chouans).

Vernet (Joseph), né en 1714, mort en 1780, célèbre peintre français, eut, pour fournisseur de drap, le beau-père de Sommervieux, M. Guillaume, du Chat qui pelote, rue Saint-Denis (La Maison du Chat qui Pelote).

Verneuil (Marquis de) appartenant à une famille historique, et probablement un des ancêtres des Verneuil des XVIIIe et XIXe siècles. — Il fréquentait, en 1591, le gentilhomme normand comte d’Hérouville, ascendant du protecteur de Josépha Mirah, étoile de l’Académie royale de musique vers 1838. — Les relations entre les deux maisons se poursuivirent à travers les siècles (L’Enfant Maudit).

Verneuil (Victor-Amédée duc de), qui devait descendre du précédent et qui mourut avant la Révolution, eut, en dehors du mariage, de mademoiselle Blanche de Casteran, une fille, Marie-Nathalie (plus tard madame Alphonse de Montauran), la reconnut pendant les dernières heures de sa vie, et, au profit de cette enfant naturelle, déshérita presque son fils légitime (Les Chouans).

Verneuil (Mademoiselle de), parente probable des précédents, sœur du prince de Loudon, le général de la cavalerie vendéenne, vint au Mans pour le sauver et périt sur l’échafaud, après l’affaire de Savenay, en 1793 (Les Chouans).

Verneuil (Duc de), fils du duc Victor-Amédée de Verneuil et frère de madame Alphonse de Montauran, avec laquelle il fut en procès pour l’héritage paternel, habitait sous la Restauration la ville d’Alençon, et y fréquentait la maison d’Esgrignon. Il se fit, auprès de Louis XVIII, le protecteur et l’introducteur de Victurnien d’Esgrignon (Les Chouans. — Le Cabinet des Antiques).

Verneuil (Duc de), de la famille des précédents, assistait à la fête donnée à Paris, sous Louis-Philippe, par Josépha Mirah, maîtresse du duc d’Hérouville, lorsqu’elle inaugura le somptueux appartement de la rue de la Ville-l’Évêque (La Cousine Bette).

Verneuil (Duc de), grand seigneur affable, gendre d’un riche premier président mort en 1800, fut père de quatre enfants, au nombre desquels mademoiselle Laure et le prince Gaspard de Loudon ; posséda, près du Havre, le château historique de Rosembray, voisin de la forêt de Brotonne, et y reçut, pendant une journée du mois d’octobre 1829, les Mignon de la Bastie, accompagnés des Hérouville, de Canalis, d’Ernest de la Brière qui, tous alors, désiraient épouser Modeste Mignon, devenue bientôt par la suite madame de la Brière de la Bastie (Modeste Mignon).

Verneuil (Duchesse Hortense de), femme du précédent, personne hautaine et pieuse, fille d’un opulent premier président mort en 1800. Elle ne conserva, de ses quatre enfants, que sa fille Laure, et le prince Gaspard de Loudon ; fréquenta beaucoup les Hérouville, surtout la vieille mademoiselle d’Hérouville, et les reçut à Rosembray, pendant une journée du mois d’octobre 1829, avec les Mignon de la Bastie, suivis de Melchior de Canalis et d’Ernest de la Brière (Modeste Mignon).

Verneuil (Laure de), fille des précédents. — À Rosembray, dans la journée de fête d’octobre 1829, Éléonore de Chaulieu lui donnait des conseils pour travaux de broderie ou de tapisserie (Modeste Mignon).

Verneuil (Duchesse de), sœur du prince de Blamont-Chauvry ; amie intime de la duchesse de Bourbon ; très éprouvée par les tourmentes de la Révolution ; tante et en quelque sorte mère d’adoption de Blanche-Henriette de Mortsauf (née Lenoncourt). — Elle fit partie d’une société dont Saint-Martin était l’âme. La duchesse de Verneuil, qui possédait en Touraine le domaine de Clochegourde, le donna, de son vivant, à madame de Mortsauf et s’y réserva seulement une chambre. — Madame de Verneuil mourut au commencement du XIXe siècle (Le Lys dans la Vallée).

Verneuil[11] (Marie-Nathalie de). — V. Montauran (marquise Alphonse de).

Vernier (Baron), intendant général, l’obligé du baron Hector Hulot d’Ervy, le rencontrait, en 1843, au théâtre de l’Ambigu, accompagnant une femme superbe. Il reçut plus tard la visite de la baronne Adeline Hulot venant aux renseignements auprès de lui (La Cousine Bette).

Vernier, ancien teinturier, vivant de ses rentes à Vouvray (Touraine) depuis 1821 environ, madré campagnard, père d’une fille à marier appelée Claire, fut provoqué par Félix Gaudissart en 1831, pour avoir mystifié le célèbre voyageur de commerce, et eut avec lui un duel au pistolet resté sans résultat (L’Illustre Gaudissart).

Vernier (Madame), femme du précédent, petite personne grassouillette, d’une santé robuste, amie de madame Margaritis, contribua, avec empressement, à la mystification imaginée par son mari contre Félix Gaudissart (L’Illustre Gaudissart).

Vernisset (Victor de), poète de « l’École angélique » dont l’académicien Canalis était le chef, contemporain de Béranger, Delavigne, Lamartine, Lousteau, Nathan, Vigny, Hugo, Barbier, Marie-Gaston Gautier, traversa divers milieux parisiens : on le vit chez les Frères de la Consolation de la rue Chanoinesse, et il reçut des secours d’argent de la baronne de la Chanterie, présidente de cette association ; il se trouvait, rue Chauchat, chez Héloïse Brisetout, lorsqu’elle pendit la crémaillère dans l’appartement où elle succédait à Josépha Mirah, et il y rencontra J.-J. Bixiou, Léon de Lora, Étienne Lousteau, Stidmann ; il s’éprit follement de madame Schontz. Il fut invité au mariage de Célestin Crevel et de Valérie Marneffe (L’Envers de l’Histoire contemporaine. — Béatrix. — La Cousine Bette).

Vernon (Maréchal), père du duc de Vissembourg et du prince Chiavari (Béatrix).

Vernou (Félicien), journaliste parisien. — Il usa de son influence pour faire débuter à la Porte Saint-Martin Marie Godeschal, dite Mariette. Mari d’une femme laide, commune, revêche, il en eut des enfants mal venus. Il habitait un pauvre logement de la rue Mandar, lorsque Lucien de Rubempré lui fut présenté. Vernou, critique acerbe, était de l’opposition. La maussaderie de son intérieur aigrit son caractère et son talent. Type achevé de l’envieux, il poursuivit de sa jalousie, habilement haineuse, Lucien de Rubempré (La Rabouilleuse. — Illusions perdues. — Splendeurs et Misères des Courtisanes). En 1834, Blondet le recommandait à Nathan comme un « Maître-Jacques » possible pour un journal (Une Fille d’Ève). Célestin Crevel, épousant Valérie Marneffe, invita Félicien Vernou (La Cousine Bette).

Vernou (Madame Félicien), femme du précédent, dont la vulgarité fut une des causes de l’amertume de son mari, se révéla sous son vrai jour devant Lucien de Rubempré, rue Mandar, en citant parmi ses amies certaine madame Mahoudeau (Illusions perdues).

Vert (Michel-Jean-Jérôme), surnommé Vermichel, ancien violon du régiment de Bourgogne, était, sous la Restauration, en même temps que ménétrier, concierge de l’hôtel de ville et tambour de Soulanges, geôlier de la prison, enfin praticien au compte de Brunet. Ami intime de Fourchon, il s’enivrait avec lui, et partageait la haine contre les Montcornet, propriétaires des Aigues (Les Paysans).

Vert (Madame Michel), femme du précédent, comme lui appelée Vermichel, virago à moustaches, large d’un mètre, pesant deux cent quarante livres, néanmoins agile, menait absolument son mari (Les Paysans).

Vervelle (Anténor), grotesque bourgeois de Paris, fit sa fortune dans le commerce des bouchons. — Retiré du négoce, Vervelle devint, à sa façon, amateur de peinture ; voulut se créer une galerie de tableaux, crut collectionner les Flamands, les Téniers, les Metzu, les Rembrandt ; employa Élie Magus pour la formation de son musée, et maria, par l’intermédiaire de ce juif, sa fille Virginie avec Pierre Grassou. Vervelle habitait alors et possédait une maison rue Boucherat, partie de la rue Saint-Louis (aujourd’hui rue de Turenne) proche de la rue Charlot. Il était aussi propriétaire d’un cottage à Ville-d’Avray, qui reçut la fameuse galerie flamande, collection de tableaux peints, en réalité, par Pierre Grassou (Pierre Grassou).

Vervelle (Madame Anténor), femme du précédent, accepta volontiers P. Grassou pour gendre, quand elle sut qu’il avait maître Cardot pour notaire. Madame Vervelle s’effraya, néanmoins, de la présence de Joseph Bridau faisant irruption dans l’atelier de Pierre et « retouchant » le portrait de mademoiselle Virginie (par la suite madame Grassou) (Pierre Grassou).

Vervelle (Virginie). — V. Grassou (madame Pierre).

Vèze (L’abbé de), prêtre de Mortagne, sous l’Empire, administra les derniers sacrements à madame Bryond des Tours-Minières exécutée en 1810, et devint plus tard, à Paris, rue Chanoinesse, chez la baronne de Chanterie, l’un des Frères de la Consolation (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Viallet, excellent gendarme, nommé vers 1821, brigadier à Soulanges (Bourgogne), en remplacement de Soudry, retraité (Les Paysans).

Victoire, femme de chambre de madame de Restaud. — V. Constance (Le Père Goriot).

Victoire, amie, servante ou voisine de Coralie, rue de Vendôme, à Paris, en 1821. — En ramenant chez elle, rue de Vendôme Lucien de Rubempré malade, après la première représentation de l’Alcade dans l’embarras et le souper qui la suivit rue de Bondy, Coralie disait à sa femme de chambre : « La portière ni personne ne nous a vus ? — Non, je vous attendais. — Victoire ne sait rien ? — Plus souvent ! » répondait Bérénice (Illusions perdues).

Victoire, en 1819, domestique de Charles Claparon, banquier, rue de Provence, à Paris ; « vraie Léonarde attifée comme une marchande de poissons » (César Birotteau).

Victor, surnommé le Parisien, mystérieux personnage qui vécut maritalement avec l’aînée des filles du marquis d’Aiglemont et la rendit plusieurs fois mère. — Poursuivi par la police, Victor, assassin du baron de Mauny, avait trouvé asile pour deux heures, à Versailles, durant la nuit de Noël de l’une des dernières années de la Restauration, dans une maison proche de la barrière de Montreuil (57, avenue de Paris), chez les parents d’Hélène d’Aiglemont[12], qui s’enfuit avec lui. Sous Louis-Philippe, Victor, corsaire colombien, capitaine de l’Othello, très heureux avec sa famille, composée de mademoiselle d’Aiglemont et des enfants qu’il en avait eus, revit le général d’Aiglemont, père de sa maîtresse, passager du Saint-Ferdinand, et lui sauva la vie. Victor périt en mer, dans un naufrage (La Femme de Trente Ans).

Victorine, célèbre couturière de Paris, eut pour clientes la duchesse Cataneo, Louise de Chaulieu et peut-être madame de Bargeton (Massimilla Doni. — Illusions perdues. — Mémoires de Deux Jeunes Mariées). Des successeurs se léguèrent son nom ; on vantait « les intelligents ciseaux » de Victorine IV, sur la fin du règne de Louis-Philippe, au moment où Fritot vendait à mistress Noswell un châle-rossignol, dit Sélim (Gaudissart II).

Victorine, chiffonnière, qui fut, avec mesdames Joséphine Madou, Tancrède et Matifat, l’une des quatre marraines adoptives de Charles Dorlange-Sallenauve. — En 1830, elle était soignée à l’hospice Cochin, à Paris, parmi les alcoolisées, et ne pouvait se rendre au restaurant du Feu Éternel, boulevard de l’Hôpital, où Jacques Bricheteau, protecteur de Charles Dorlange, avait donné rendez-vous aux marraines du fils de Catherine Goussard (Le Comte de Sallenauve).

Vidal et Porchon, libraires commissionnaires, quai des Augustins, à Paris, en 1821. — Lucien de Rubempré eut l’occasion de juger leur façon d’opérer, quand il se fit refuser par eux, assez brutalement, son Archer de Charles IX, ainsi qu’un volume de vers. Vidal et Porchon avaient alors en magasin du Kératry, de l’Arlincourt, du Victor Ducange. — Vidal était un gros homme brusque ; il voyageait pour la maison. Porchon, plus diplomate et plus froid, semblait surtout chargé de négocier les affaires (Illusions perdues).

Vien (Joseph-Marie), célèbre peintre, né à Montpellier, en 1716, mort en 1809, à Rome. — En 1758, il aidait, avec Ailegrain et Loutherbourg, son ami Sarrasine à enlever Zambinella, pour le transporter ensuite chez le statuaire, follement épris du castrat, qu’il croyait une femme. Vien fit, ultérieurement, pour madame de Lanty, une copie de la statue modelée par Sarrasine d’après Zambinella, et ce tableau de Vien inspira Girodet, le signataire d’Endymion. — La statue de Sarrasine, bien longtemps après, fut encore reproduite par le sculpteur Dorlange-Sallenauve (Le Député d’Arcis).

Vieux-Chapeau, soldat à la 72e demi-brigade, connu de Jean Falcon, dit Beau-Pied, fut tué dans un engagement avec les chouans, au mois de septembre 1799 (Les Chouans).

Vigneau, dans la commune de l’Isère dont Benassis fut comme le créateur, prit courageusement la direction d’une tuilerie abandonnée, la fit prospérer, et vécut au milieu d’une famille unie, composée de sa mère, de sa belle-mère, et de sa femme, d’abord en service chez les Gravier, de Grenoble (Le Médecin de Campagne).

Vigneau (Madame), femme du précédent, ménagère parfaite, reçut gracieusement Genestas amené par Benassis ; madame Vigneau se trouvait alors à la veille d’être mère (Le Médecin de Campagne).

Vignol. — V. Bouffé[13].

Vignon (Claude), critique français, né en 1799, apportait de remarquables qualités d’analyse dans l’étude de toutes les questions d’art, de littérature, de philosophie ou de politique. Juge fin, profond et sûr, psychologue puissant, célèbre dans Paris dès 1821, il assistait, à cette époque, chez Florine, alors actrice du Panorama-Dramatique, au souper qui suivit la représentation de l’Alcade dans l’embarras, et discutait brillamment sur la presse avec Émile Blondet, devant un diplomate allemand (Illusions perdues). En 1834, dans le journal fondé par Raoul Nathan, Claude Vignon fut chargé de la « haute critique » (Une Fille d’Ève). Assez longtemps, Vignon eut pour maîtresse Félicité des Touches (Camille Maupin). En 1836, il la ramenait d’Italie, accompagnée de Lora, quand il entendit, raconté par Maurice de l’Hostal, consul français de Gênes, le récit des traverses conjugales des Bauvan (Honorine). En 1836 encore, aux Touches (Loire-Inférieure), Vignon, rompant avec Camille Maupin, donnait, avec une pénétration surprenante, une véritable consultation sentimentale à son ancienne maîtresse, au sujet de Calyste du Guénic, de Gennaro Conti, et de Béatrix de Rochefide. Une telle science du cœur humain l’avait peu à peu attristé et lassé : il chercha dans la débauche un remède à son ennui ; il fréquenta et forma la Schontz, courtisane réellement supérieure (Béatrix). Ensuite, il devint ambitieux et fut secrétaire du ministre de la guerre Cottin de Wissembourg : cette position le rapprocha de Valérie Marneffe, qu’il aima secrètement ; il fut, ainsi que Stidmann, Steinbock et Massol, témoin du second mariage de cette femme avec Crevel. Il figura parmi les habitués du salon de Valérie, lorsque « Jean-Jacques Bixiou devait… déniaiser Lisbeth Fischer » (La Cousine Bette). Rallié au gouvernement de Louis-Philippe, rédacteur au Journal des Débats, maître des requêtes au conseil d’État, Claude Vignon s’occupa du procès pendant entre S.-P. Gazonal et le préfet des Pyrénées-Orientales ; une place de bibliothécaire, une chaire en Sorbonne et la décoration furent un nouveau témoignage de la faveur dont il jouissait (Les Comédiens sans le savoir). La réputation de Vignon resta grande, et, de nos jours, madame Noémi Rouvier, sculpteur et romancier, signe ses œuvres du nom du critique.

Vigor, directeur de la poste aux chevaux de la Ville-aux-Fayes, sous la Restauration ; commandant de la garde nationale de cette sous-préfecture bourguignonne ; beau-frère du banquier Leclercq dont il avait épousé une sœur (Les Paysans).

Vigor, frère cadet du précédent, fut, en 1823, lieutenant de gendarmerie de la Ville-aux-Fayes (Bourgogne). Il épousa la sœur de Sibilet, greffier du tribunal de cette même sous-préfecture bourguignonne (Les Paysans).

Vigor, fils du précédent, et, comme sa famille, intéressé à protéger François Gaubertin contre Montcornet, fut, en 1823, juge suppléant du tribunal de la Ville-aux-Fayes (Les Paysans).

Villemot, premier clerc de l’huissier Tabareau, fut, en avril 1845, chargé du soin de veiller aux détails de l’enterrement de Sylvain Pons, ainsi qu’aux intérêts de Schmucke, légataire universel désigné par le défunt. — Villemot était tout acquis à Fraisier, l’homme d’affaires des Camusot de Marville (Le Cousin Pons).

Villenoix (Salomon de), fils d’un juif, devenu très riche, appelé Salomon, qui avait épousé une catholique dans sa vieillesse. — Élevé dans la religion de sa mère, il érigea en baronnie la terre de Villenoix (Louis Lambert).

Villenoix (Pauline Salomon de), née vers 1800 ; fille naturelle du précédent. — Sous la Restauration, elle eut à souffrir de son origine. Son caractère et sa supériorité la firent mal voir dans son milieu provincial. La rencontre de Louis Lambert à Blois décida de sa vie. La communauté d’âge, de pays, de mécomptes et de fierté d’âme les rapprocha ; il en résulta une passion réciproque. Mademoiselle Salomon de Villenoix allait épouser Lambert, quand se déclara la terrible maladie mentale du savant. Pauline sut fréquemment écarter les crises du malade ; elle le soigna, le conseilla, le dirigea, notamment au Croisic, où, sur l’avis de mademoiselle de Villenoix, Louis prit la plume pour raconter, sous forme de lettre, les tragiques infortunes des Cambremer, qu’il venait d’apprendre. Pauline, regagnant Villenoix, emmena son fiancé, dont elle recueillit et comprit les dernières pensées, d’une grandiose incohérence ; elle le vit mourir dans ses bras et dès lors se considéra comme la veuve de Louis Lambert, qu’elle fit enterrer dans l’une des îles du parc de Villenoix (Louis Lambert. — Un Drame au bord de la Mer). Deux ans plus tard, vieillie, presque retirée du monde, habitant la ville de Tours, pleine de sympathie pour les êtres faibles, Pauline de Villenoix protégeait l’abbé François Birotteau, victime de Troubert (Le Curé de Tours).

Vilquin, le plus riche armateur du Havre, sous la Restauration, acheta les propriétés de Charles Mignon, ruiné, à l’exception d’un chalet, donné par Mignon à Dumay : cette habitation, contiguë à la superbe villa du millionnaire, et où résidaient les deux familles Mignon et Dumay, fit le désespoir de Vilquin, Dumay refusant obstinément de la vendre (Modeste Mignon).

Vilquin (Madame), femme du précédent, eut, avant Bettina-Caroline Mignon, G.-C. d’Estourny pour amant ; elle rendit son mari père de trois enfants, dont deux filles ; l’aînée, richement dotée, finit par devenir madame Francisque Althor (Modeste Mignon).

Vimeux, en 1824, modeste juge de paix dans un département du nord, blâmait le genre de vie adopté par son fils Adolphe, à Paris (Les Employés).

Vimeux (Adolphe), fils du précédent, était, en 1824, expéditionnaire émérite au ministère des finances, dans le bureau Xavier Rabourdin. Très élégant, exclusivement préoccupé de sa toilette, il se contentait d’un maigre ordinaire chez le tavernier Katcomb[14], et devenait le débiteur du garçon de bureau Antoine : son ambition secrète était de réussir ainsi à épouser une vieille femme riche (Les Employés).

Vinet eut de pénibles commencements. Une déception l’attendait, au début de sa carrière. — Il avait séduit une Chargebœuf, et il pensait que les parents, acceptant ce mariage, doteraient richement leur fille ; mais il épousa mademoiselle de Chargebœuf, abandonnée de sa famille, et dut compter uniquement sur lui-même. Vinet, avocat de Provins, fit son chemin peu à peu : chef de l’opposition locale grâce au concours de Gouraud, il sut exploiter Denis Rogron, opulent marchand retiré, fonda le Courrier de Provins, gazette libérale, défendit habilement les Rogron accusés d’avoir lentement assassiné Pierrette Lorrain, fut nommé député vers 1830, devint aussi procureur général et peut-être même ministre de la justice (Pierrette. — Le Député d’Arcis. — Les Petits Bourgeois. — Le Cousin Pons).

Vinet (Madame), femme du précédent, née Chargebœuf, et par conséquent l’une des descendantes de la « vieille famille noble de la Brie, dont le nom vient de l’exploit d’un écuyer à l’expédition de Saint-Louis », était mère de deux enfants qui suffisaient à son bonheur. Dominée absolument par son mari, sacrifiée, répudiée par sa propre famille depuis sa mésalliance, madame Vinet osait à peine, chez les Rogron, prendre la défense de Pierrette Lorrain, leur victime (Pierrette).

Vinet (Olivier), fils des précédents, né en 1816. Magistrat comme son père, il débuta substitut du procureur du roi à Arcis, passa procureur du roi dans la ville de Mantes et redevint ensuite substitut du procureur du roi, mais à Paris. Fort du crédit paternel, railleur impertinent, Vinet fut partout redouté. Parmi les gens d’Arcis, Olivier fréquenta seulement la petite colonie des fonctionnaires, composée de Goulard, de Michu, de Marest (Le Député d’Arcis). Rival de maître Fraisier auprès de madame Vatinelle (de Mantes), il résolut de perdre ce concurrent dont il brisa la carrière (Le Cousin Pons). Vinet fut, chez les Thuillier, rue Saint-Dominique d’Enfer, à Paris, où il promenait son habituelle impertinence, un des prétendants de l’héritière Céleste Colleville, devenue plus tard madame Félix Phellion (Les Petits Bourgeois).

Violette, cultivateur, avait dans l’Aube, près d’Arcis, la ferme de Grouage qui dépendait de la terre de Gondreville, à l’époque où, d’après les instructions de Fouché, Peyrade et Corentin entreprirent le singulier enlèvement du sénateur Malin. Avare et rusé, ce Violette prit secrètement parti pour Malin de Gondreville et les puissants du jour contre Michu, agent mystérieux des familles Cinq-Cygne, Hauteserre, Simeuse (Une Ténébreuse Affaire).

Violette (Jean), descendant du précédent, bonnetier d’Arcis en 1837, reprit, après Philéas Beauvisage, l’établissement commercial de Pigoult ; dans le mouvement électoral de 1830, Jean Violette sembla rester acquis à la maison Malin de Gondreville (Le Député d’Arcis).

Virginie, cuisinière chez le parfumeur Birotteau, en 1818 (César Birotteau).

Virginie, entre les années 1835-1836, à Paris, rue Neuve-des-Mathurins (aujourd’hui rue des Mathurins), femme de chambre de Marie-Eugénie du Tillet, alors préoccupée des imprudences d’Angélique-Marie de Vandenesse (Une Fille d’Ève).

Virginie, maîtresse d’un soldat provençal, qui, plus tard, pendant la campagne de Bonaparte en Égypte, vécut quelque temps perdu au désert, en compagnie d’une panthère. — Virginie, très jalouse, menaçait constamment d’un couteau son amant, qui l’avait surnommée Mignonne, par antiphrase, et qui, en souvenir d’elle, donna le même surnom à la panthère (Une Passion dans le Désert).

Virginie, modiste parisienne, dont le journal d’Andoche Finot vantait les chapeaux, moyennant finances, en 1821 (Illusions perdues.)

Virlaz, riche fourreur de Leipzig, dont hérita, dans le milieu du règne de Louis-Philippe, Frédéric Brunner, son neveu. — De son vivant, cet israélite, chef de la maison Virlaz et Cie, se défiant de Brunner père, l’aubergiste de Francfort, exigea le dépôt de la fortune de madame Brunner, première du nom, dans les caisses de la banque Al-Sartchild (Le Cousin Pons).

Vissard (Marquis du) fut, en souvenir du chevalier Rifoël du Vissard, son frère cadet, créé pair de France par Louis XVIII, qui le fit entrer, comme lieutenant, dans la Maison-Rouge, et le nomma préfet, une fois la Maison-Rouge dissoute (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Vissard (Charles-Amédée-Louis-Joseph Rifoël, chevalier du), gentilhomme au caractère noble et entier, joua un rôle important dans les diverses insurrections antirévolutionnaires de l’ouest de la France après 1789. — En décembre 1799, il se trouvait à la Vivetière, et son impatience contrastait avec le sang-froid du marquis Alphonse de Montauran, dit le Gars (Les Chouans). Il prit part au combat de Quiberon et prit avec Boislaurier l’initiative de l’affaire des « Chauffeurs de Mortagne ». Plusieurs circonstances contribuèrent encore à exalter son royalisme : Fergus trouva chez Henriette Bryond des Tours-Minières une seconde Diana Vernon et devint son amant ; en outre, son zèle monarchiste était enflammé par Bryond des Tours-Minières (Contenson, l’espion), qui secrètement le trahissait. Comme ses complices, Rifoël du Vissard fut exécuté en 1809. Il s’était parfois dissimulé sous le nom de Pierrot, pendant ses campagnes contre la Révolution (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Vissembourg (Duc de), fils du maréchal Vernon, frère du prince de Chiavari, présidait, entre 1835 et 1840, une société horticole dont Fabien du Ronceret était vice-président (Béatrix).

Vitagliani, ténor à l’Argentina, lorsque Zambinella chantait, en 1758, sur cette scène de Rome, la partie de soprano ; Vitagliani coudoya J.-E. Sarrasine (Sarrasine).

Vital, né vers 1810, chapelier parisien, marié, successeur de Finot père, dont le magasin, situé rue du Coq, jouissait d’une grande vogue vers 1845, et paraissait la justifier. — Il amusait J.-J. Bixiou et Léon de Lora par ses prétentions ridicules : aussi lui firent-ils coiffer S.-P. Gazonal, pour lequel il proposa un chapeau semblable à celui de Lousteau. À cette occasion, Vital leur montra le couvre-chef qu’il avait inventé pour Claude Vignon, devenu (politiquement) juste-milieu. Le successeur de Finot père façonnait, en effet, le chapeau suivant la personne qui le devait porter ; il vantait celui du prince de Béthune et rêvait la suppression du « haute-forme » (Les Comédiens sans le savoir).

Vital (Madame), femme du précédent, « croyait au génie et à l’illustration de son mari ». Elle se trouvait au magasin, lorsque le chapelier recevait la visite de Bixiou, de Lora, et de Gazonal (Les Comédiens sans le savoir.)

Vitel, né en 1776, juge de paix à Paris en 1845, connu du docteur Poulain, eut pour successeur maître Fraisier, protégé des Camusot de Marville (Le Cousin Pons).

Vitelot, associé du marbrier Sonet, dessinait les monuments funéraires ; il se vit refuser ceux du ministre Marsay et de l’officier Keller, dont Stidmann resta chargé. Aussi, dans le mois d’avril 1845, leurs plans retouchés furent-ils proposés à Wilhelm Schmucke, pour Sylvain Pons enterré au Père-Lachaise (Le Cousin Pons).

Vitelot (Madame), femme du précédent, réprimanda aigrement le courtier de leur maison, pour avoir amené comme client W. Schmucke, héritier contesté de la succession Pons (Le Cousin Pons).

Vivet (Madeleine), domestique chez les Camusot de Marville, fut, pendant près de vingt-cinq ans, leur « maître-Jacques » féminin. Elle essaya vainement de se faire épouser par Sylvain Pons et de devenir ainsi leur cousine. Madeleine Vivet, ayant échoué dans ses tentatives matrimoniales, prit Pons en aversion, et le persécuta, par la suite, de mille façons (La Dernière Incarnation de Vautrin[15]Le Cousin Pons).

Volfgang[16], caissier du baron du Saint-Empire, F. de Nucingen, quand le célèbre banquier parisien de la rue Saint-Lazare tomba follement amoureux d’Esther van Gobseck, et lorsque se produisit la déconfiture de Jacques Falleix (Splendeurs et Misères des Courtisanes.)

Vordac (Marquise de), née en 1769, maîtresse du riche lord Dudley : elle eut de lui un fils, Henri, et, pour faire légitimer cet enfant, elle contracta un mariage avec Marsay, vieux gentilhomme ruiné, taré, qui se fit payer sa complaisance par l’usufruit de la rente d’un capital de cent mille francs, et qui mourut sans avoir connu sa femme. La veuve de Marsay devint en secondes noces la célèbre marquise de Vordac. Elle ne se préoccupa que fort tard de ses devoirs de mère, et ne se rappela Henri de Marsay que pour lui proposer miss Stevens comme femme (Histoire des Treize : la Fille aux Yeux d’Or. — Le Contrat de Mariage).

Vulpato (La), noble Vénitienne, habituée de la Fenice, vers 1820, cherchait à rapprocher, l’un de l’autre, Emilio Memmi, prince de Varèse, et Massimila Doni, duchesse Cataneo (Massimilla Doni).

Vyder, anagramme d’Ervy, et l’un des trois noms que prit successivement le baron Hector Hulot d’Ervy, après sa fuite du domicile conjugal : il se cacha sous ce pseudonyme, quand il se fit écrivain public à Paris, dans le bas de la Petite Pologne[17], devant la rue de la Pépinière, passage du Soleil (aujourd’hui galerie de Cherbourg) (La Cousine Bette).


  1. Honoré de Balzac ; — il eut madame Vaillant comme domestique.
  2. Propriétaire, dans Paris, d’un magnifique hôtel situé rue du Bac.
  3. Pendant l’année 1851, l’Ambigu-Comique joua un drame d’Alphonse Arnault et de M. Louis Judicis, où se trouve reproduite l’existence de Raphaël Valentin.
  4. Madame Eugénie Sauvage, qui vit encore, jouait le rôle principal.
  5. Les auteurs de ce Répertoire usent ici de la lettre capitale, en raison de l’importance de la lutte.
  6. Voie parisienne, modifiée depuis au moins un quart de siècle.
  7. Orthographe italienne du prénom : Bartolomeo.
  8. Par exception, Malin de Gondreville a été biographié à Gondreville, ce personnage politique étant surtout connu sous le second de ses noms.
  9. Le 14 mars 1840, un théâtre de Paris, la Porte-Saint-Martin, donna un drame dont le fameux forçat était un des principaux héros. Bien que Frédérick Lemaître jouât le principal rôle, la pièce n’eut qu’une seule représentation ; néanmoins, en avril 1868, l’Ambigu-Comique la reprit, avec le même Frédérick Lemaître.
  10. On appelle encore aujourd’hui palais Vendramin le palais de Venise que possédèrent la duchesse de Berry et le comte de Chambord, et où mourut le musicien Wagner. Le palais Vendramin, baigné par le Grand-Canal, est assez voisin du palais Justiniani (aujourd’hui hôtel de l’Europe).
  11. Le 23 juin 1837, sous ce titre, le Gars, l’Ambigu-Comique donnait un drame d’Antony Béraud, en cinq actes, en six tableaux, qui reproduisait, avec des modifications, les aventures de Marie-Nathalie de Montauran, née Verneuil.
  12. Meurtrier de l’un de ses frères, Hélène d’Aiglemont avait été, quelque temps auparavant, singulièrement frappée, en assistant avec son père et un autre de ses frères, à une représentation de la Vallée du Touent ou l’Orphelin et le Meurtrier, mélodrame en trois actes de Frédéric, joué pour la première fois sur le théâtre de la Porte-Saint-Martin le 29 mai 1816.
  13. Le paysan Gravier obtint du comédien Bouffé un autographe pour l’album de Dinah de la Baudraye.
  14. Dont l’établissement culinaire, renommé pour son roastbeef, existait encore vers 1848, rue des Petits-Champs (alors Neuve-des-Petits-Champs) près de la rue d’Antin.
  15. Cet épisode forme la fin de Splendeurs et Misères des Courtisanes.
  16. Demeurait, à Paris, rue de l’Arcade, près de la rue des Mathurins.
  17. Le boulevard Malesherbes détruisit le faubourg Saint-Marceau de la rive droite ; le quartier de la Bienfaisance en était précisément le coin le plus hideux et le plus pittoresque.