Serres chaudesPaul Lacomblez, Éditeur (p. 19-21).

Cloches de verre

Ô cloches de verre !
Étranges plantes à jamais à l’abri !
Tandis que le vent agite mes sens au dehors !
Toute une vallée de l’âme à jamais immobile !
Et la tiédeur enclose vers midi !
Et les images entrevues à fleur du verre !

N’en soulevez jamais aucune !
On en a mis plusieurs sur d’anciens clairs de lune.

Examinez à travers leurs feuillages :
Il y a peut-être un vagabond sur le trône,
On a l’idée que des corsaires attendent sur l’étang,
Et que des êtres antédiluviens vont envahir les villes.

On en a placé sur d’anciennes neiges.
On en a placé sur de vieilles pluies.
(Ayez pitié de l’atmosphère enclose !)
J’entends célébrer une fête un dimanche de famine,
Il y a une ambulance au milieu de la moisson,
Et toutes les filles du roi errent, un jour de diète, à travers les prairies !

Examinez surtout celles de l’horizon !
Elles couvrent avec soin de très anciens orages.
Oh ! Il doit y avoir quelque part une énorme flotte sur un marais !
Et je crois que les cygnes ont couvé des corbeaux !
(On entrevoit à peine à travers les moiteurs)

Une vierge arrose d’eau chaude les fougères,
Une troupe de petites filles observe l’ermite en sa cellule,
Mes sœurs sont endormies au fond d’une grotte vénéneuse !
 
Attendez la lune et l’hiver,
Sur ces cloches éparses enfin sur la glace !