II.

À Monsieur l’abbé Lepine, conservateur des mss. de la Biblioth. royales[1], ou à M. Méon, adjoint[2]

Mon bon ami, je n’avois pas un parti sur l’histoire des Albigeois en Languedocien. Après y avoir réflechi (sic), je me suis déterminé à l’imprimer, malgré son étendue[3]. C’est une pièce indispensable comme un pendant nécessaire à l’histoire du moine de Vaux Sernai[4] et comme celui-ci sera peut-être terminé avant vos vacances, je dois ajourner tout le reste pour préparer le texte languedocien. Je vous’prie de m’envoyer, s’il est encore temps, le no 9646 des mss. français[5].

Quoique D. Vaissete[6] ait publié cet écrit[7], il n’y a ni sommaires ni divisions ; il est indispensable de lui donner une nouvelle forme.

Je compte sur votre complaisance.

Brial[8]
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  1. J’emprunte à M. Léopold Delisle, éditeur, dans les Notices et documents publiés pour la Société de l’Histoire de France à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa fondation (Paris, 1884) de deux Lettres du bénédictin Dom Brial à l’abbé Lespine (pp 457-460), ces renseignements sur la digne correspondance de l’académicien :« L’abbé Lespine, chanoine de Périgueux, se réfugia en Allemagne pendant les orages de la Révolution ; rentré en France, il occupa d’abord le poste d’archiviste du département de la Dordogne, fut appelé au département des manuscrits de la Bibliothèque impériale en février 1807, puis nommé professeur à l’École des Chartes le 5 mars 1824, et mourut, âgé de 74 ans, le 11 mars 1831 »
  2. D.-M. Méon, conservateur adjoint à la Bibliothèque Royale, mourut plus qu’octogénaire le 5 mai 1822. Son nom reste attaché à diverses éditions (Blasons, Fabliaux, Roman de la Rose, Roman de Renard)
  3. C’est la rédaction en prose du XVe siècle du poème en langue romane si célèbre sous le titre de Chanson de la croisade contre les Albigeois commencée par Guillaume de Tudèle et continuée par un poète anonyme. Voir sur cette rédaction en prose, insérée par Dom Brial dans le tome XIX (1833) du recueil des Historiens de France, la belle introduction de M. Paul Meyer à son édition et traduction de la Chanson (pp. XXVI-XXVIII).
  4. Ce que l’on a écrit de mieux sur le chroniqueur Pierre de Vaux-Cernai se trouve dans la même introduction (pp. X-XIII).
  5. Aujourd’hui classé dans le fonds français sous le no 4975. On connaissait deux autres manuscrits de cette rédaction, un conservé dans la bibliothèque d’Inguimbert, Carpentras (collection Peiresc, no 591), l’autre dans la bibliothèque municipale de Toulouse (no 37) : c’est ce dernier qui a été publié par Dumège, peu correctement, d’ailleurs, dans ses additions et notes du tome V de sa déplorable édition de l’Histoire générale de Languedoc. M. le chanoine Douais vient de faire connaître un troisième manuscrit, qui portera désormais le nom de manuscrit de Merville.
  6. Constatons que Dom Brial écrit le nom de son confrère comme il faut l’écrire, comme l’ont imprimé les derniers éditeurs de l’Histoire générale de Languedoc. Voir leur note sur l’orthographe de ce nom immortel (Introduction historique, p. 24).
  7. Dans les Preuves du tome III. On retrouvera l’Histoire de la guerre des Albigeois écrite en languedocien, par un ancien auteur anonyme, en tête du tome VIII de l’édition Privat (1879, pp. 2-206). Ce texte a été fort amélioré par M. A. Molinier qui donne une bien mauvaise note à Dumège (Préface, p. VI) « La collation attentive du manuscrit nous a permis de constater qu’il avait apporté à ce travail sa négligence habituelle, et le nombre de fautes commises par lui est tel, que son édition peut être considérée comme nulle et non avenue. »
  8. Ce billet, comme le précédent, fait partie de la collection d’autographes bénédictins de M. Wilhelm, à laquelle appartiennent aussi les lettres suivantes, moins celle de Dom Du Laura.