Cinq Prières pour le temps de la guerre/Des enfants d’un soldat
on Dieu, nous étions contents parce que papa nous donnait plus de joujoux et de bonbons que d’habitude. Et nous étions fiers, et cela nous amusait de le voir en costume militaire, quelques jours avant qu’il nous quittât. Il nous tenait par la main dans la rue, et maman nous accompagnait toute triste. Les voisins demandaient à papa : « Quand partez-vous ? » Il répondait : « Bientôt ! »
Nous sommes allés l’embrasser au train qui était long. Beaucoup de monde regardait les soldats. Maman pleurait sur l’épaule de papa. Alors nous avons pleuré aussi. Et papa nous a dit : « Priez le bon Dieu pour moi, mes chéris. Demandez-lui que je vous revoie. »
Mon Dieu, nous voulons que notre père revienne. Depuis qu’il n’est plus là, il y a une grande place vide dans la maison et dans notre cœur. Il y a des choses que lui seul sait arranger pour ses petits. Et quand ils ont du chagrin il met sa joue contre leurs joues pour sentir couler leurs larmes. On nous a dit qu’il était parti pour nous défendre, car les Allemands nous feraient mal s’ils arrivaient jusqu’à nous : ils mettraient le feu à notre maison et quelques-uns voudraient vous tuer, s’ils le pouvaient, dans le tabernacle où vous êtes, ô mon Jésus !
Vous ne permettrez pas que nos ennemis restent en France plus longtemps ; faites que nous ne les voyions jamais avec leurs casques où il y a une bête méchante ; vous nous avez donné papa pour qu’il les chasse, et il les chassera parce que la Sainte Vierge, votre maman, est notre amie et parce qu’elle vous demande pour nous la victoire. Tant que dureront les batailles, nous la tiendrons par sa robe blanche et bleue, comme si nous nous accrochions à une autre maman, et nous lui demanderons papa. Et vous nous le rendrez, ô mon Dieu ! sur la terre pour longtemps, sinon pour