Chronique du 8 novembre 1873

1er  novembre 1873

8 novembre 1873

15 novembre 1873

CHRONIQUE

Texcoco. — L’ancienne capitale des Aztèques, la ville de Texcoco, située au pied de la Cordillère orientale de la vallée de Mexico, vient d’être décrite minutieusement par un voyageur, M. Guillaume Hay. Cette antique cité, à peine connue jusqu’ici, compte environ 6 000 habitants dont un tiers appartient à la race indienne, et l’autre tiers est composé de métis. Les environs de Texcoco, sont formés de roches volcaniques, recouvertes d’une terre végétale, épaisse et fertile ; çà et là se rencontrent des ruines remontant à l’époque de l’apogée de la civilisation aztèque.

Les chemins de fers européens. — D’après les derniers documents publiés à ce sujet par le ministère des travaux publics, on sait que la longueur totale des chemins de fer de l’Europe atteint 95 888 kilomètres, c’est-à-dire, plus de deux fois la circonférence du grand cercle terrestre. Le pays le plus riche en voies ferrées est la Grande-Bretagne, qui compte une longueur de 24 760 kilomètres de chemins de fer. L’Allemagne en possède une longueur de 17 322 kilomètres, la France de 16 954, l’Autriche de 8 051, la Belgique de 3 052. La Russie n’a que 7 674 kilomètres de voies ferrées, chiffre très-restreint pour le plus grand empire du monde.

Une locomotive routière. — Un nouveau système de locomotive routière a été essayé à Rouen. Une foule nombreuse a suivi avec un intérêt marqué les premières expériences qui ont eu lieu le 20 octobre. Cette locomotive se compose de deux cylindres à vapeur, accouplés sur un arbre coudé ; le diamètre de chaque cylindre est de 165 millimètres, la course de 228 millimètres, et la vitesse moyenne de 220 tours à la minute. Par un procédé nouveau et ingénieux, les roues de l’appareil sont recouvertes de bandages en caoutchouc, et ces bandages eux-mêmes reçoivent une garniture de sabots en acier destinés à les préserver des pierres tranchantes du chemin. La largeur des bandages est de 350 millimètres, leur épaisseur est de 40 millimètres. La force que la locomotive peut développer est de 30 chevaux environ ; elle est alimentée de vapeur par un générateur vertical à tubes. La vitesse de l’appareil varie de 4 à 10 kilomètres à l’heure, suivant l’emploi de vapeur, les rampes à franchir et la charge à traîner.

L’affection parasitaire des meutes du Poitou. — M. Legros, lors d’une des dernières séances de la Société de biologie, a signalé des faits singuliers relatifs à une épidémie fort grave, qui exerce des ravages parmi les chiens des meutes du Poitou. « Un propriétaire, dit M. Legros, a envoyé quelques bêtes malades à M. Mathieu, avec le concours duquel, j’ai pu constater, dans le sang de ces animaux, la présence de filaires hématiques décrits pour la première fois par MM. Gruby et Delafond. Ces filaires ont le corps très-étroit, long de 2/10 de millimètre ; ils sont extrêmement vifs, très-alertes et se meuvent encore dans le sang tiré de la veine au bout de 24 heures. »

Le roi de l’Oukami. — Le R. P. Horner a fait récemment une fort intéressante communication, à la Société géographique, sur le beau voyage qu’il a entrepris de Bagamoyo à l’Oukami, où il a pu pénétrer en partant de Zanzibar. « L’Oukami, dit l’explorateur, est gouverné par un roi ou Kinngarou qui jouit de l’autorité la plus absolue et la plus despotique. Celui que nous visitâmes était un vieillard octogénaire regardé comme le fondateur de ce royaume, et vénéré comme une sorte de divinité par ses sujets, qui dans la langue du pays l’appelaient Mroungou ja Kali, c’est-à-dire Dieu en second. Il avait grand soin d’entretenir son peuple dans ces idées superstitieuses. C’est ainsi qu’il possédait un turban merveilleux, qui selon lui, le rendait invincible dans les combats, et un tabouret non moins merveilleux, qui avait la singulière vertu d’amonceler les nuages et de faire tomber la pluie. Dans sa jeunesse, il s’était rendu célèbre par ses exploits militaires. Il était parvenu à se former un harem qui dépassait celui du sultan de Zanzibar, car on assure que le nombre de ses femmes s’élevait au chiffre de huit cents. » En dehors de la cour royale, il n’y a plus partout que misère et désolation : la traite des esclaves est en pleine vigueur dans l’Oukami. Cependant le R. P. Horner nous apprend que des tentatives sont faites par des hommes dévoués pour lutter contre ces infâmes barbaries.

Le sucre de betterave en Allemagne. — La production du sucre de betterave en Allemagne a pris une importance considérable depuis 25 ans, particulièrement dans le grand duché de Bade, la Saxe et la Silésie. Pendant la campagne de l’hiver dernier, il y avait 322 raffineries de sucre de betterave en opération, elles ont produit plus de 3 millions de tonnes de sucre quoique le rendement ait été moindre qu’à l’ordinaire. La douceur de la température durant l’automne et l’hiver derniers a occasionné une nouvelle germination des betteraves, peu de mois après qu’elles avaient été récoltées ; une grande partie de leur sucre a été ainsi décomposé avant qu’on les ait fait bouillir. En outre de ce nombre de raffineries, il en existe encore 243 appartenant à la Prusse et spécialement à la Prusse saxonne, où, près de Magdebourg, il s’en trouve un grand nombre rapprochées l’une de l’autre ; il en est de même dans les provinces Rhénanes.

Erratum.

Dans le numéro de la Nature du 1er novembre s’est trouvé par accident un dessin incorrect sur les Taupins lumineux, que nous prions les lecteurs de corriger comme il suit. Le Pyrophorus noctilucus au vol doit avoir les élytres étalées ainsi que les ailes, tandis que le dessinateur l’a fait voler à la façon des Cétoines, qui sont une exception sous ce rapport. Le Pyrophorus strabus a les pattes un peu trop longues.