Chronique du 19 juillet 1873

12 juillet 1873

19 juillet 1873

26 juillet 1873

CHRONIQUE

L’escapade du ballon captif de Vienne. — L’aérostat dont nous avons annoncé la construction, s’est envolé dans les airs pendant la grande tempête du 29 juin. La force du vent a été si grande que les amarres qui le retenaient ont été rompues en quelques secondes ainsi que le câble destiné à le manœuvrer. Le ballon s’est dirigé sur une maison où huit personnes avaient trouvé un abri ; elle eût pu être enlevée sans un brusque changement du vent ; car le câble que le ballon traînait à sa remorque ayant pris dans un arbre l’a enlevé avec ses racines.

Le sinistre n’aurait pas eu lieu si le nombre des amarres avait été aussi grand que celui du ballon captif de Londres et de l’Exposition universelle de 1867, et si le diamètre du câble avait été calculé de la même manière.

Quoi qu’il en soit, le ballon a été retrouvé quelques heures après à deux kilomètres au sud-est de Vienne dans une petite ville nommée Altenbourg, située sur les bords de la Leith où se trouvent des îles ravissantes.

Les paysans avaient commencé à déchirer l’aérostat comme il arrive souvent en pareille circonstance, mais le bourgmestre étant intervenu, l’aérostat a été remisé dans l’auberge de l’Aigle noir, jusqu’à ce que ses propriétaires soient venus le reprendre.

La perte est sérieuse pour nos compatriotes quoique le ballon ne fut gonflé qu’avec du gaz d’éclairage. Il semble évident que le malheur ne peut être réparé avant la fin du mois d’août.

Les ascensions captives sont toujours difficiles à organiser, et pour réussir dans ces opérations, il ne faut négliger aucune des précautions, mises en pratique par M. H. Giffard dans ses admirables constructions aéronautiques.

Le Singe-Lion ou Marikina du Jardin d’acclimatation. — C’est le nom d’un joli petit singe qui n’est guère plus grand qu’un écureuil et qui est originaire du Brésil. La tête de ce quadrumane est pleine de grâce et d’expression, les yeux en sont vifs et brillants. Le singe-lion est couvert d’une épaisse fourrure à longs poils d’une couleur roux bronzé, et sa tête est munie d’une sorte de crinière. — Le Jardin d’acclimatation possède actuellement le mâle et la femelle de cette curieuse espèce ; ils viennent de mettre au monde un petit singe-lion que sa mère allaite avec une touchante sollicitude, le tenant dans ses bras comme un enfant. C’est la première fois que le singe Marikina se reproduit en captivité. L’an dernier, au Jardin zoologique d’Anvers, un couple semblable à celui de Paris, avait donné naissance à un petit, mais malgré les plus grands soins, le nouveau-né est mort quelques heures après avoir vu le jour. — Nous devons ajouter que la Mankina femelle d’Anvers, était déjà pleine, quand elle fut apportée en Belgique, tandis que celle du Jardin d’acclimatation de Paris s’est accouplée en cage. Le petit singe-lion que nous avons vu récemment, n’est pas actuellement plus gros qu’une souris, il a la singulière habitude, après avoir été allaité par sa mère, de s’enrouler autour de son cou qu’il enveloppe comme d’une cravate vivante. Il se maintient dans cette position pendant des heures entières.

Association pour protéger les nids d’oiseaux. — Nous avons indiqué récemment, combien il est utile de conserver les petits oiseaux qui détruisent quantité d’insectes nuisibles. Nous sommes heureux aujourd’hui d’annoncer que l’idée d’associer les enfants des écoles de campagnes pour protéger les oiseaux, se propage.

Ainsi, M. Théophile Rasquin, instituteur de Friguévelle, village des Vosges, vient de fonder dans son école une association dont voici les statuts.

Article 1er. — Une association est formée entre les élèves de l’école de Friguévelle, anciens et nouveaux, à l’effet de protéger toutes les couvées d’oiseaux qui peuvent se trouver dans les vergers qui entourent le village ou qui existent dans la campagne.

Art. 2. — Trois élèves choisis chaque semaine par le maître seront chargés de la surveillance. Ils devront rendre compte loyalement et impartialement de cette mission de confiance.

Art. 3. — L’écolier qui tuera des petits oiseaux, ou qui les privera de leurs pères et mères, en enlevant le nid contenant les couvées, sera inscrit au tableau noir ; tandis que celui qui aura respecté les couvées découvertes sera mis au tableau d’honneur.

Cette association pourra peut-être paraître un peu naïve à certaines personnes, mais une société semblable a déjà été créée par M. Sembille, instituteur à Souilhac de Tulle. Depuis longtemps cet instituteur enseigne à ses élèves à être doux et compatissants envers les animaux. Il leur démontre que ceux qui traitent les animaux avec bonté et avec justice deviennent eux-mêmes, bons, justes et compatissants pour leurs semblables. Grâce à cet enseignement et à l’association formée dans son école, depuis deux ans il n’a reçu qu’une seule plainte de dénichage. Non-seulement ses élèves ne dénichent plus les nids, ils font davantage, ils deviennent eux-mêmes les auxiliaires des oiseaux. Pendant l’année 1872 les élèves de Sembille ont occis 51 136 hannetons. — Voici qui est au-dessus de toute critique contre les associations des écoles pour protéger les oiseaux.

Le canal de l’Isthme Darien. — Les résultats des études préliminaires, faites pour le compte du gouvernement des États-Unis, sont très-favorables. La jonction des deux océans peut s’effectuer à l’aide d’un tunnel qui n’a pas besoin d’avoir plus de quatre kilomètres de longueur, au lieu de sept comme on le croyait. La dépense sera donc réduite à 350 millions de francs. La longueur totale du canal à creuser ne sera que de 40 kilomètres, parce que plusieurs rivières, très-aisément navigables, viennent diminuer la distance. De plus les neuf dixièmes des travaux à effectuer sont en plaine, de sorte que pour franchir l’Isthme, il suffira d’établir neuf écluses.

Le cours de géologie du Muséum. — Il est consacré cette année à deux sujets distincts : la chaleur interne du globe et les faits généraux de la géologie comparée. Le professeur, M. Daubrée, vient de terminer le premier. Chargé de traiter le second, M. Stanislas Meunier, aide naturaliste, a commencé ses leçons le 5 juillet, à 4 heures et demie, dans l’amphithéâtre de géologie, où il les continuera les mardis et samedis suivants, à la même heure. Elles ont pour objet une branche nouvelle de la science, née de l’étude des météorites, dans lesquelles M. Stanislas Meunier voit les matériaux d’une paléontologie sidérale.