Chronique de la quinzaine - 31 juillet 1844
31 juillet 1844
Qu’est-il donc arrivé de si funeste au clergé ? La commission dont M. Thiers est l’organe propose de rendre aux petits séminaires les huit mille bourses fondées en 1828 ; aussitôt le parti ecclésiastique jette feu et flamme. Il proteste, il menace, il crie au despotisme et à la corruption. Pour répondre à ces fureurs, il suffit de rappeler des faits que tout le monde sait, et le clergé mieux que personne. Le ministre qui a fait signer les ordonnances de 1828 était un évêque, M. Feutrier ; la commission qui proposa de doter les petits séminaires était présidée par un archevêque, M. de Quélen. Assurément, personne ne croira que ces deux prélats se soient entendus avec Charles X pour sacrifier l’église à l’Université, et les petits séminaires à la Sorbonne. Loin de là, ces huit mille bourses, que les imprudens défenseurs du clergé appellent aujourd’hui le prix de sa servitude, lui furent offertes pour concilier les intérêts réunis de la religion et de l’état. Les petits séminaires ne pouvaient se suffire. Abandonnés à la charité des fidèles, ils se voyaient forcés d’admettre des élèves laïcs dont les pensions servaient à former des prêtres. Ils s’écartaient ainsi du but légal de leur institution, et devenaient de vrais colléges. L’opinion s’en plaignait hautement. Ce fut pour les ramener à leur spécialité, et leur fournir les moyens d’assurer le recrutement du clergé, qu’on les dota. Voulait-on par là humilier l’église ou l’asservir ? Lisez le rapport de M. Feutrier, il vous dira que le gouvernement comptait sur la reconnaissance des évêques. Les chambres avaient la même confiance dans les dispositions de l’épiscopat. En effet, l’élite du clergé reçut avec empressement ce don de l’état destiné à perpétuer le sacerdoce, et à fortifier l’église en l’attachant plus étroitement à sa mission. Des plaintes isolées se firent entendre. Elles étaient dictées par des motifs étrangers à la religion. L’église les désavoua, et personne n’en fut ému. Voilà comment les choses se sont passées sous la restauration. Et l’on vient prétendre aujourd’hui que le projet de rétablir les huit mille bourses est une œuvre abominable ! Le pays, dont le bon sens découvre aisément toutes les intrigues parées du manteau de la religion, comprendra ce que cela veut dire.
On parle de corruption ! Il faut mettre de côté cet argument, qui n’est pas sérieux. Douze cent mille francs ne tiendront pas une grande place au budget parmi les fonds que reçoit déjà le culte catholique. La commission n’a pas pu penser que l’église consentirait pour si peu à donner le baiser de paix à l’Université. C’eût été vraiment se tirer d’affaire à trop bon marché. Disons la vérité, il ne s’agit pas ici pour le clergé d’une question d’amour-propre ; son honneur n’est pas en jeu : il s’agit pour lui d’un intérêt de domination. Le sanctuaire est devenu trop étroit ; on y étouffe. On ne veut pas se résigner à n’élever que des prêtres, on veut élever les laïcs, sans surveillance et sans contrôle. N’a-t-on pas dit que le droit d’enseigner est une mission divine, qui appartient à l’église ? Voilà tout le secret de cette grande colère soulevée contre le rapport de M. Thiers à propos des huit mille bourses. La commission a frappé l’endroit sensible. Ajoutez qu’elle a été généreuse autant qu’habile, et que M. Thiers a mis dans son langage autant de mesure que de fermeté. Cette modération devait avoir pour effet de redoubler l’emportement des écrivains qui se sont constitués les défenseurs du clergé. Plus on est calme et juste, plus on court le risque d’exaspérer les gens violens.
Aussi, lisez en ce moment les feuilles ecclésiastiques ; vous vous croirez dans un temps de révolution. Les pouvoirs publics sont accusés de tyrannie et dénoncés à la haine des citoyens. Les journaux légitimistes font entendre leur voix dans ce concert d’injures contre le gouvernement de juillet, et leur langage est édifiant. Ce sont eux qui attaquent le plus amèrement les huit mille bourses, l’œuvre de la restauration. Lorsque Charles X donnait ces huit mille bourses aux petits séminaires, il faisait un acte de munificence qui témoignait de son zèle pour l’église ; mais si le gouvernement de juillet venait à rétablir ce don de la restauration, il ferait un acte de perfidie, qui témoignerait de son irréligion et de la perversité de ses projets contre le clergé ! Admirez la force et la sincérité de ce raisonnement ! Ce qu’il y a de plus édifiant encore, ce sont les outrages que les journaux ecclésiastiques adressent à M. Thiers. On l’appelle un sacrilège, un dissolu, un homme de sang et de boue ; on le compare à Robespierre. Que doivent penser MM. les évêques en lisant dans leurs journaux de pareilles choses ? Nous ne leur ferons pas l’injure de supposer qu’ils les approuvent : nous aimons mieux croire qu’elles sont du goût de ces docteurs « trop contestés, » à qui la commission de l’instruction secondaire n’a pas voulu confier la jeunesse de la France. C’est en effet leur manière de discuter ; on reconnaît leur style. Cependant l’épiscopat peut bien mériter aussi quelques reproches au sujet de cette effervescence des journaux néo-catholiques. Il écrit si souvent dans ces journaux qu’on est en droit de supposer qu’il les dirige. Pourquoi donc ne cherche-t-il pas à leur donner des leçons de convenance et de justice ? Pourquoi ? nous le dirons franchement : c’est qu’il craint de se brouiller avec eux, et qu’il croit malheureusement ne pas pouvoir se passer de leur dangereux appui.
L’épiscopat de notre temps est d’un caractère faible et indécis ; il a eu souvent des intentions louables qu’il n’a pas osé réaliser ; souvent aussi il a commis des excès sans le vouloir. Il n’a pas la main assez forte pour maîtriser les élémens passionnés qui s’agitent autour de lui dans l’intérêt de sa cause, ou sous le prétexte de la défendre. Il est dominé par eux. Il ne commande pas, il obéit. L’histoire, sur ce point, sera sévère à son égard. Elle lui reprochera d’avoir soulevé un débat dont il n’avait pas calculé les suites, de s’être créé un rôle pour lequel il n’était point préparé, de s’être lancé dans une voie périlleuse où il a marché sans but, entraîné par ceux qu’il aurait dû contenir, désirant quelquefois s’arrêter, et faisant sans cesse de nouveaux pas sous l’impulsion d’une volonté plus forte que la sienne. Au commencement toute la question était de savoir si les petits séminaires seraient surveillés ou non. L’épiscopat n’allait pas plus loin ; mais on l’a vu depuis, sous l’empire des sollicitations qui l’ont envahi, approuver les pamphlets dirigés contre l’Université, défendre les jésuites, rejeter la déclaration de 1682, enfreindre les règles du concordat, traiter avec mépris le conseil d’état et les chambres, et porter jusque dans le palais du roi, le jour d’une fête, l’expression inconstitutionnelle de ses prétentions excessives. On le voit aujourd’hui protester contre la restitution des huit mille bourses, et une lettre de l’évêque de Langres menace le gouvernement d’un refus de concours. Ces témérités successives et ces exigences croissantes de l’épiscopat prouvent moins son ambition que sa faiblesse. Livré à des influences subalternes, gouverné par des agens obscurs, poussé en avant par des intérêts dont il est devenu l’instrument, il n’a pas su garder l’attitude modérée que lui conseillaient sa prudence et ses lumières. L’usage de la presse lui a été surtout funeste. Une polémique insensée qu’il n’a pas le courage de désavouer, l’a forcé peu à peu à devenir ou à paraître le complice de ses exagérations. Des hommes savans et vénérables, de pieux prélats, l’estime et l’amour de leurs diocèses, se sont jetés ainsi dans des entreprises hasardeuses, tantôt par l’effet d’un entraînement irréfléchi, tantôt par suite de concessions pusillanimes, quelquefois même, il faut le dire, par la crainte de se voir gourmander dans des feuilles que personne n’aurait lues, s’ils n’avaient eu la complaisance d’y faire publier de temps en temps leurs pastorales, avec leurs études biographiques ou littéraires sur les professeurs de l’Université.
Ce qui se passait il y a peu de jours : entre deux feuilles ecclésiastiques au sujet de la dernière protestation des évêques vient encore à l’appui de notre opinion sur le caractère irrésolu de l’épiscopat. Après des révélations embrouillées et des démentis réciproques, exprimés en des termes qui démontrent que les écrivains néo-catholiques ne sont pas toujours tenus d’obéir aux lois de l’Évangile et du bon goût, il est demeuré constant que les évêques présens à Paris avaient protesté individuellement entre les mains du garde-des-sceaux, très étonné sans doute de se voir le confident des griefs du clergé contre une commission de la chambre des députés ; mais il a été prouvé également que les protestations avaient été annoncées avant d’être faites, avant même que les évêques eussent pris la résolution de les écrire. On a trouvé plus sûr de leur donner un conseil public, un avis officiel, et ils l’ont suivi. Nous plaignons l’épiscopat d’en être réduit à s’inspirer à de pareilles sources, surtout si les instructions qu’il y puise émanent réellement, comme on le dit, d’un pouvoir devant lequel il a déjà tremblé plus d’une fois.
Il est temps encore pour l’épiscopat de sortir de cette situation, où il compromet par ses faiblesses des intérêts plus grands que les siens. Qu’il recouvre son indépendance, qu’il s’élève au-dessus d’une sphère où l’on s’agite dans un but étranger à sa mission. On le jette malgré lui dans la politique et au milieu des passions du jour, on associe sa cause à celles des ennemis de la royauté ; on parle de lui faire signer des pétitions, ou lui demandera bientôt son concours dans les élections contre le gouvernement de juillet. Qu’il se renferme dans le sanctuaire ; il aura pour lui la reconnaissance des amis de l’ordre, qui sauront bien défendre avec lui la religion, si jamais elle est sérieusement attaquée. Nous tenons ce langage aux évêques parce que nous les croyons déjà revenus de beaucoup d’erreurs ; mais s’ils conservent des projets ambitieux, nous leur dirons que depuis un an ou deux ils ont pu mesurer leurs forces ; ils savent maintenant que le pays a peu de goût pour les doctrines ultramontaines. La France est religieuse, mais elle veut être libre. L’esprit gallican, qui a été l’honneur et la vertu de nos pères, domine encore dans notre société. C’est un esprit peu agressif, il est indulgent, il est patient, mais il est ferme. Si l’épiscopat veut entreprendre de le dompter, il s’y brisera.
Quoi qu’il en soit, cette question religieuse n’a pas au fond l’importance quelle paraît avoir, et que s’efforcent de lui donner les violences intéressées des factions. C’est un de ces débats qui peuvent se prolonger plusieurs années, dans le temps où nous vivons, sans agiter gravement la société. Les excès même que l’on a commis rendront la conclusion plus facile en indiquant nettement le côté où se trouvent la vérité et la justice. Un pays mûr ne se laisse pas long-temps émouvoir par des déclamations. On aura beau crier à la tyrannie, on ne fera pas du gouvernement de juillet un oppresseur du clergé, et de l’épiscopat une victime. Le parti ecclésiastique n’est pas l’Irlande, et nous ne sommes pas l’Angleterre. Rassurons-nous donc. Cette question des huit mille bourses, pas plus que celle du programme de philosophie ou des certificats d’étude, ne dérangera pas même l’équilibre des partis dans le sein du parlement. Le ministère, il est vrai, en souffrira. La discussion à la chambre des députés montrera toute l’étendue de ses fautes : en dehors du ministère, aucune situation ne sera sensiblement modifiée. Lorsqu’on a vu des dissidences profondes sur des questions aussi graves que celles de l’Algérie ou de la conversion des rentes ne pas apporter le moindre obstacle à la formation de plusieurs cabinets, il serait assez surprenant que la question des écoles ecclésiastiques et la manière d’organiser l’enseignement secondaire ne pussent être, comme on dit, des questions réservées. D’ailleurs, tout n’a pas été dit sur ces questions. La discussion de la chambre des pairs, quoique très brillante et très approfondie, n’a pas été complète. Plusieurs solutions paraissent n’avoir pas eu dans la pensée de ceux qui les ont adoptées un caractère définitif. On a remarqué sur quelques points difficiles le silence assez significatif de certains hommes considérables qui pourront prendre dans un nouveau débat une position nouvelle. Et en ce qui concerne, par exemple, la question des huit mille bourses, nous ne serions pas surpris, si l’on veut savoir toute notre pensée, que la chambre des pairs, mieux éclairée, proposât un jour d’effacer les petits séminaires de la loi, et de les laisser tels qu’ils sont dans l’ordonnance. Ce serait un premier pas en arrière. Les circonstances indiqueraient plus tard s’il serait nécessaire d’en faire un second.
La chambre des pairs achève en ce moment ses travaux, et la chambre des députés a terminé les siens depuis quelques jours. Le budget a été voté rapidement. Les chemins de fer ont été l’objet d’une discussion vive, quelquefois même passionnée. Au Palais-Bourbon, l’article additionnel de M. Crémieux a été définitivement rejeté ; n’en parlons plus. Le chemin d’Orléans à Bordeaux et celui de Lyon ont été votés tels qu’ils étaient sortis de la discussion du Luxembourg. Le choix du système d’exécution est ajourné à la session prochaine. On peut dire néanmoins qu’il est arrêté dès à présent dans la chambre élective. La réaction opérée dans l’esprit public contre les compagnies, les jalousies, condamnables du reste, qu’inspirent les grandes situations financières, les dangers que présente pour la vie et la fortune des citoyens une industrie, souvent égoïste, les avantages de la centralisation administrative appliquée à un service d’une importance immense, l’intention récemment annoncée par l’Angleterre de restreindre désormais chez elle le système des concessions, la même tendance beaucoup plus prononcée en Allemagne, enfin la position plus nette et plus libre où se trouvera la chambre lorsque la question des chemins de fer se reproduira devant elle dégagée des intérêts de localité et des prétentions rivales soulevés par la question des tracés, tous ces motifs, nous le croyons, feront prévaloir dans la majorité le système de l’exécution par l’état. Ce nouveau principe de notre législation des chemins de fer se sera établi malgré les convictions opposées du cabinet. C’est une question où, jusqu’ici du moins, il n’aura pas même eu le mérite de défendre bravement sa cause pour succomber avec honneur. La discussion des chemins de fer a clos en réalité la session de la chambre des députés. Nous mentionnerons cependant le vote qui donne au ministre des finances la faculté de terminer par voie de souscription l’emprunt autorisé par la loi du 25 juillet 1841. Le ministre appréciera les circonstances où l’emploi de ce mode pourra réussir. La chambre a voulu affranchir le trésor des conditions un peu dures que lui font subir certaines influences financières. C’est pour cela peut-être que des gens connus pour sympathiser avec ces influences ont pris parti dès le premier jour contre l’article additionnel de M. Garnier-Pagès. Nous ne parlerons que pour mémoire du projet de loi sur les canaux, modifié par la chambre, et de la rétribution universitaire, cet impôt barbare que la chambre a rayé de la loi des recettes malgré les objections présentées par M. Laplagne au nom du cabinet. L’abolition de cet impôt était réclamée par la commission de l’instruction secondaire. Ces deux petits échecs, ajoutés à tant d’autres, ont été pour le cabinet une nouvelle occasion de faire admirer sa vertu dominante, la modestie.
M. Dumon, le plus modeste de nos ministres depuis deux ou trois mois puisque la plupart des défaites essuyées depuis ce temps à la chambre des députés ont été subies par lui, a rencontré dans la chambre des pairs des dispositions plus favorables. Il y a défendu avec succès une bonne cause. Plusieurs projets de chemins de fer, votés au Palais-Bourbon, étaient menacés au Luxembourg par quelques partisans exclusifs de la loi de 1842, adversaires des embranchemens et des lignes qui ne sont pas compris dans le réseau fixé par cette loi. Adoptés à cette époque de la session, les amendemens qu’ils proposaient eussent abouti à un rejet pur et simple. Fort heureusement, cette tentative a échoué devant la sagesse de la pairie, Nous sommes loin d’incriminer les intentions des honorables pairs qui ont voulu ajourner les chemins de Strasbourg, du nord-ouest et du centre, par un scrupule de fidélité à la loi de 1842. Leur sentiment était louable. On ne saurait trop répéter à un pays comme le nôtre que la force du gouvernement réside, avant tout, dans la stabilité des lois. Cependant ajourner d’un seul coup trois grandes lignes pour démontrer la vérité de cet axiome, c’eût été donner au pays une leçon de légalité par trop coûteuse. Nous voulons bien croire, il est vrai, que les propositions d’ajournement s’appuyaient aussi sur d’autres raisons un peu plus solides : la chambre des députés n’avait pas envoyé à la chambre des pairs des plans irréprochables ; mais la majorité de la pairie n’a pas voulu éterniser par des modifications inopportunes la question des tracés. Elle n’a pas voulu qu’on pût lui reprocher d’avoir frappé de stérilité cette longue session, qui, à tout prendre, sans les chemins de fer, n’eût pas été très fructueuse. Nous félicitons la noble chambre d’avoir pris cette sage résolution, en dépit des efforts assez opiniâtres que l’on a faits pour l’en détourner.
Les journaux du ministère sont triomphans. Voilà enfin la session finie. Pendant cinq mois, ils n’auront plus à enregistrer chaque matin, dans leurs colonnes, une ou deux défaites parlementaires. On reprend courage. La tribune est muette au Palais-Bourbon ; M. Thiers est parti : on attaque M. Thiers. Il faut bien aussi consoler un peu M. Guizot des éloges qu’on s’est permis d’adresser, dans l’intérêt de l’Université, à l’honorable rapporteur de la loi sur l’instruction secondaire. Il y a quinze jours, M. Thiers était un homme prudent, habile, circonspect ; aujourd’hui, c’est un esprit qui s’agite dans le vide, qui se jette étourdiment dans mille affaires à la fois et n’en finit aucune. L’homme d’état par excellence, celui qui termine habilement et heureusement les affaires, c’est M. Guizot. L’affaire du droit de visite, celle de l’exequatur, celle du Maroc, Montevideo, Taïti ; les graves questions que soulèvent les intérêts commerciaux et politiques de la France en Espagne, dans l’Orient, en Grèce, tout cela est terminé, résolu. À l’intérieur, tout ce que le ministère a commencé est fini, ou marche sans obstacles. Tous les projets de loi présentés dans cette session par M. Guizot et ses collègues ont été votés comme ils le désiraient, témoin les projets de chemin de fer entièrement remaniés par la majorité, témoin aussi ce projet de l’instruction secondaire si gravement amendé par la noble chambre au milieu des désappointemens cruels de M. Villemain, des joies secrètes de M. le ministre des cultes, et de la sublime indifférence de M. Guizot ! Voilà de ces succès qui montrent dans tout leur jour la science du gouvernement. Et l’article du Moniteur sur la dotation, quelle habileté ! quel heureux moyen imaginé pour terminer une affaire ! Soyez donc surpris qu’au milieu de tous ces triomphes de sa politique M. Guizot ait rencontré deux ou trois admirateurs anonymes qui l’ont fait graver en empereur romain !
Nous ne ferons qu’indiquer en très peu de mots la situation de quelques gouvernemens étrangers. En Espagne, la question électorale préoccupe vivement les esprits. Déjà, des réunions préparatoires ont eu lieu. Les exécutions sanglantes de Sarragosse ont produit dans le pays une impression pénible. La reine retournera à Madrid dans les premiers jours du mois d’août. La solution de toutes les difficultés politiques est ajournée à la réunion des cortès. Il en est de même en Grèce, où l’influence française paraît devoir se rétablir par la chute probable de Mavrocordato. En Orient, les représentans de la France et de l’Angleterre agissent de concert près du divan pour obtenir des indemnités en faveur des familles chrétiennes que les Albanais ont décimées et pillées. La Porte consent, mais elle voudrait que les Albanais payassent les indemnités. Comment parviendra-t-elle à les y contraindre ? — Dans le Nord, la question qui domine est la réforme de la constitution de la Suède. Les troubles survenus dans les districts manufacturiers de la Bohème sont calmés. La tranquillité est rétablie dans la ville de Prague ; mais à Berlin, un attentat commis sur la personne du roi de Prusse vient de jeter tout à coup la consternation dans les esprits. L’assassin a été arrêté et a fait l’aveu de son crime, qui paraît n’avoir aucune cause politique.
Les débats du parlement anglais appellent en ce moment toute notre attention. Le langage qu’on y tient sur la France est généralement mesuré. On semble éviter avec soin toute parole irritante qui pourrait compliquer les difficultés que présente pour l’Angleterre notre situation devant le Maroc. Néanmoins, sur le fond des questions, les dispositions restent les mêmes. Un discours de lord Palmerston, à la chambre des communes, a remis sur le tapis l’affaire du droit de visite. Le noble lord se plaint que la traite, au lieu de diminuer, ait pris un nouveau développement. Il reproche au cabinet tory d’avoir fait manquer la ratification du traité du 20 décembre, en négligeant de la demander à la France dans les délais voulus. De son côté sir Robert Peel attribue le refus de la France à l’irritation causée par le traité du 15 juillet. Tous deux, néanmoins, reconnaissent que la France veut sincèrement l’abolition de la traite. Ils accusent l’Espagne et le Brésil de ne pas remplir leurs engagemens. M. Peel a su habilement ménager la position de M. Guizot. Cependant il n’a prononcé aucune parole d’où l’on puisse augurer son intention de ne pas maintenir le droit de visite réciproque. À la chambre des lords, dans la séance du 25, lord Aberdeen a donné connaissance des instructions nouvelles envoyées aux croiseurs sur la côte d’Afrique. Ces instructions renferment quelques modifications dans le système de répression de la traite. On a déjà essayé de présenter ces modifications comme une concession faite à la France par l’Angleterre, et on a rappelé en même temps l’ordonnance de l’amirauté, rendue en 1842, sur les instances de M. de Saint-Aulaire, pour empêcher la destruction des établissemens à esclaves sur la côte d’Afrique. Il faut louer le gouvernement anglais d’avoir pris ces mesures, destinées à répandre chez ses croiseurs des habitudes de discrétion et de réserve qu’ils n’ont pas toujours montrées ; mais si les concessions demandées par M. Guizot à l’Angleterre doivent se borner là, nous pouvons nous attendre à un amendement de M. Jacques Lefebvre dès le début de la prochaine session. Cet empressement que l’on met à signaler de pareils résultats, et à les présenter comme une première victoire de M. Guizot, peut nous faire présager dès à présent quel sera le succès de ses négociations. M. Guizot paraissait avoir meilleur espoir il y a deux ou trois mois. Le projet de loi coloniale qu’il avait fait porter à la chambre des pairs, malgré les répugnances de M. de Mackau, avait pour but de préparer un arrangement avec l’Angleterre sur le droit de visite. Au moyen d’un article qui eût donné au gouvernement des pouvoirs étendus pour abolir l’esclavage, M. Guizot espérait obtenir du cabinet anglais l’adoption en commun de procédés nouveaux concernant la répression de la traite. C’eût été un coup d’éclat pour la rentrée des chambres. Les changemens apportés par la commission dans le projet de loi sur les colonies ont détruit cette espérance. Il faut maintenant que M. Guizot cherche un nouveau moyen d’obtenir la concession promise aux chambres. Il en avait un sous la main il y a un mois : il avait l’affaire du Maroc, où l’on eût pu, avec un peu d’énergie ou de présence d’esprit, stipuler avec l’Angleterre certains avantages en retour de la modération de la France. Malheureusement M. Guizot s’est empressé, dès le premier jour, de communiquer au cabinet anglais tout le plan de la France sur le Maroc. L’Angleterre a pu prendre cette promptitude et ce désintéressement pour un aveu de notre faiblesse. Comment pourrait-on lui demander aujourd’hui le prix d’une chose qui lui a été abandonnée comme un droit ?
La situation des forces navales du royaume-uni préoccupe vivement la presse et les chambres anglaises. Sur la proposition de M. Hume, la chambre des communes a voté une adresse à la reine, pour la supplier de nommer une commission qui soit chargée d’examiner les ports de l’Angleterre. La Note du prince de Joinville a servi de texte à cette motion, M. Peel, en admettant l’enquête, a voulu lui donner la couleur d’une mesure réclamée en vue d’un intérêt commercial ; mais elle a évidemment un caractère politique. Elle est l’expression d’un sentiment de défiance et de jalousie contre la France. C’est le sentiment national en Angleterre ; il ne faut pas s’étonner de le voir se réveiller avec une certaine énergie dans les circonstances actuelles. L’entente cordiale n’en subsiste pas moins, mais dans les limites d’où elle n’est jamais sortie depuis qu’elle est née, c’est-à-dire entre les deux familles royales de France et d’Angleterre. Seule, ou à peu près, de l’autre côté du détroit, la reine Victoria éprouve un entraînement sympathique pour cette alliance, devenue si nécessaire à la paix du monde. Elle a pour les vertus du roi Louis-Philippe, pour sa haute capacité politique, pour les qualités si rares de sa famille, une admiration et une affection sans bornes, qui réagissent en elle sur la France en dépit des préjugés de sa patrie, et la mettent quelquefois en lutte ouverte avec eux. On raconte à ce sujet un trait curieux. Lorsque la Note du prince de Joinville arriva en Angleterre, elle y excita un mécontentement général. La reine, dans le premier moment, partagea le sentiment de tout le monde, en déclarant toutefois qu’à son avis la Note n’était pas du prince. Plus tard, quand elle sut à n’en pas douter que le prince était l’auteur de cet écrit, si mal accueilli autour d’elle, elle se mit à le relire attentivement et le jugea excellent. Elle déclara qu’elle trouvait tout naturel que le prince eût défendu les intérêts de son pays, et quelle lui en ferait son compliment à la première occasion. Depuis ce temps, il a été rarement question devant elle de la Note du prince de Joinville.
L’Algérie a encore été l’objet des interpellations de M. Sheil. Cette fois, les whigs et les tories sont tombés à peu près d’accord sur la convenance et la nécessité de considérer notre établissement en Afrique comme un fait accompli. Voilà donc une question vidée ; mais pourquoi M. Peel a-t-il pris le soin de faire remarquer que l’Angleterre, sans protester contre l’occupation française, n’a cependant rien fait d’où l’on puisse induire qu’elle a reconnu notre droit ? D’après M. Sheil, la France, si on lui reconnaît la souveraineté de l’Algérie, a le droit d’exiger que le consul anglais demande le renouvellement de ses pouvoirs. À cela, M. Peel répond que M. Saint-John agit encore en vertu de l’exequatur du dey. N’est-ce pas dire nettement à M. Sheil que le droit de la France n’a pas encore été reconnu ? On ne le conteste pas, soit ; mais, pour le reconnaître, on prendra du temps : voilà ce que signifie le discours de M. Peel. Est-là une situation digne de la France ?
Nous savons qu’on s’est fait sur cette question une théorie, démentie d’ailleurs par les principes. On dit que les consuls n’étant pas des agens diplomatiques, la formalité de l’exequatur, une fois accomplie à leur égard, n’a pas besoin d’être renouvelée, quoi qu’il arrive. Au moins, sur cette fausse doctrine, faudrait-il prier l’Angleterre de vouloir bien se mettre d’accord avec nous pour dissimuler notre défaite. Mais, non ; l’Angleterre paraît au contraire d’un avis tout opposé. M. Peel ne repousse pas le principe posé par M. Sheil ; il semble admettre qu’en bonne règle, si on l’avait bien voulu, les pouvoirs du consul anglais à Alger auraient dû être renouvelés depuis la conquête. Il suit de là que le gouvernement anglais nous fait sciemment un affront, et qu’il ne consent pas même à nous prêter son manteau pour le cacher.
Si nous sommes bien informés, la question a été traitée plus d’une fois depuis 1830 entre l’ambassadeur d’Angleterre et les ministres des affaires étrangères. On a dit à l’ambassadeur ce que nous disons nous-mêmes, qu’en principe, les pouvoirs du consul anglais devaient être renouvelés ; en effet, d’après les capitulations, le consul anglais auprès du dey avait dû être assimilé aux agens diplomatiques, et recevoir comme eux des lettres de créance ; depuis notre conquête, Alger étant devenu un gouvernement dépendant de la France, une double situation se présentait : ou bien le consul anglais devenait agent commercial, alors il avait à demander son exequatur, ou bien il restait agent diplomatique ; alors, où étaient ses lettres de créance ? Voilà ce qu’on a dit d’abord à l’ambassadeur d’Angleterre. On a été plus loin : on lui a fait entendre qu’en supposant même l’incertitude dans les principes, il était convenable que la question fût décidée dans le sens d’un renouvellement de pouvoirs, que les susceptibilités nationales en France finiraient par s’irriter là-dessus, que dans l’intérêt de la paix européenne, dont la garantie reposait sur l’union entre la France et l’Angleterre, il serait utile d’écarter cet embarras. Comment l’ambassadeur d’Angleterre a-t-il accueilli ces ouvertures ? S’est-il rejeté sur une question de droit ? A-t-il prétendu que d’après les règles diplomatiques les pouvoirs du consul anglais n’avaient pas besoin d’être renouvelés ? Nullement. Il n’a fait aucune objection de fond : il a mis en avant le besoin pour l’Angleterre de conserver son influence à Constantinople. On sait les contestations ridicules que la Turquie a élevées sur notre souveraineté en Algérie, à tel point qu’un jour l’ambassadeur turc entra chez un ministre des affaires étrangères tenant à la main une protestation écrite, que le ministre, dont nous pourrions citer le nom, ne voulut pas recevoir, et sur laquelle il ne daigna pas même jeter les yeux. Sans doute, les prétentions du divan étaient absurdes, et il était assez étrange que l’Angleterre nous demandât de lui laisser jouer à nos dépens un rôle qui les favorisait ; mais la nécessité de ménager la Turquie pour terminer heureusement les affaires d’Orient fit consentir au vœu exprimé par l’ambassadeur d’Angleterre. Le gouvernement de la France attendit des circonstances plus opportunes pour faire valoir son droit.
Ces circonstances se présentent aujourd’hui. Aucun ministre, depuis 1830, n’a reçu plus déloges en Angleterre que M. Guizot. Nous ne disons pas qu’on lui ait fait jusqu’ici beaucoup de concessions ; mais on lui en doit beaucoup. Ce n’est pas lui que l’Angleterre ou la France peuvent soupçonner d’une préférence secrète pour la Russie. Il a tout fait pour l’Angleterre ; elle lui doit bien en retour quelque chose. Ajoutez que notre situation en Algérie peut exiger d’un instant à l’autre l’emploi de grandes ressources. Le moment serait mal choisi pour l’Angleterre de maintenir, en dépit du sentiment national qui se prononce, une sorte de menace diplomatique dont l’effet serait de rendre plus difficile pour nous la lutte que nous soutenons contre les populations africaines. Une négociation à cet égard est urgente, ne fût-ce que pour rétablir des principes méconnus, et placer le gouvernement de la France dans une meilleure voie. Il serait du devoir de M. Guizot de retirer des mains de l’Angleterre une arme qu’elle a reçue de lui, et dont elle pourrait se servir plus tard contre ses successeurs.
Tous les regards sont fixés en ce moment sur l’empire du Maroc. Les escadres de la France, de l’Angleterre, de la Hollande, de la Suède, du Danemark, sont en présence devant Tanger. Le prince de Joinville est arrivé d’abord à Gibraltar ; il s’est rendu ensuite à Tanger, puis à Algésiras, puis à Cadix, où il attend les instructions du gouvernement. Toutes les nouvelles s’accordent à dire que le prince, sur ce théâtre où sa bravoure et son patriotisme doivent être puissamment excités, a su déjà montrer autant de fermeté que de prudence. Sur la nouvelle qu’un vaisseau de l’escadre anglaise était entré dans le port de Tanger, le prince amiral, sortant de Cadix, a aussitôt réclamé ; l’escadre anglaise a donné des explications satisfaisantes, et il a été déclaré que ce fait ne se représenterait plus.
Les bruits les plus contradictoires circulent au sujet des négociations. On avait d’abord annoncé que sir Robert Wilson, revenu du Maroc, assurait que la médiation anglaise terminerait tout ; mais il y a déjà plus de trois semaines que le consul-général M. Hay, négocie près de l’empereur de Maroc, qui n’a pas encore répondu à l’ultimatum de la France. Pendant que l’on négocie, les évènemens marchent avec une rapidité menaçante sur le théâtre des hostilités. Le 10 juillet, le maréchal Bugeaud se trouvait en avant d’Ouchda. Le 16, provoqué par une nouvelle attaque des Marocains, il les poursuivait jusqu’à trois journées dans l’intérieur des terres. Enfin les dernières nouvelles annoncent que le maréchal s’avance à plus de quatre-vingts kilomètres de la frontière, sur le territoire ennemi ; les troupes marocaines fuient à son approche. Abd-el-Kader a failli tomber dans ses mains.
D’un autre côté, la plus grande effervescence, règne dans le Maroc. Les défaites essuyées contre les Français dans les escarmouches qui ont eu lieu sur la frontière sont célébrées comme des victoires par une population fanatique, sur laquelle l’empereur n’exerce aucune influence. Les tribus prennent les armes. À Tanger, la populace a forcé les magasins et les arsenaux du gouvernement. Hamida, l’ancien kaïd, ami dévoué d’Abd-el-Kader, commande à Ouchda. Le fils aîné de l’empereur, Sidi-Mohammed, arrive sur la frontière à la tête de forces considérables. Vient-il apporter la paix ? Comment le pourrait-il en présence des tribus qui méconnaissent l’autorité de l’empereur, et n’attendent qu’une occasion pour proclamer Abd-el-Kader ? Toutes ces circonstances réunies jettent le ministère dans une assez vive perplexité. On commence à voir que l’on a fait une faute en ne prenant pas dès le début une résolution énergique. Les difficultés ont grandi. On a trop compté sur les négociations. M. Guizot, dit-on, en convient facilement avec ses amis, et il leur communique ses plans. Il s’agit pour lui d’une crise dans sa carrière politique, et il cherche à en sortir avec honneur. Tout son système était fondé sur la paix ; le voilà lancé dans la guerre. Il paraît accepter cette situation nouvelle ; mais l’embarras est de trouver un plan efficace en dehors de ceux qu’il s’est malheureusement interdits par des engagemens impolitiques, aussi contraires à son intérêt même qu’à celui du pays. Le maréchal Bugeaud propose de marcher sur Fez, et demande pour l’expédition 5,000 hommes d’infanterie, 25 pièces de canon, 6,000 chameaux et 8,000 hommes de cavalerie. M. Guizot refuse, et nous croyons qu’il a raison. Une expédition tentée au milieu des sables, sous un ciel embrasé, dans un pays inconnu, où l’eau est rare, pour atteindre un point qui est à soixante-dix lieues de la frontière, peut exposer l’armée à des désastres incalculables. M. Guizot penche pour une expédition sur Mogador, d’où l’on ferait une pointe sur Maroc. Pourquoi ne dirige-t-il pas sur Tanger cette brave escadre commandée par un fils de France, qui brûle d’ajouter une belle page aux annales maritimes de son pays ? Pourquoi ? Lisez le discours de M. Peel en réponse aux interpellations de M. Sheil sur l’Algérie, voyez ce qu’il dit des communications qu’il a reçues au sujet des affaires du Maroc ; vous comprendrez le motif qui empêche M. Guizot de diriger une escadre sur Tanger. Il s’est lié les mains, et il a enchaîné avec lui la fortune de la France.
La perte si regrettable et si subite de l’auteur du recueil des Chants populaires de la Grèce a fait une impression profonde auprès des hommes éminens dont M. Fauriel avait été l’ami, et sur lesquels son esprit sagace et inventif avait exercé une influence très réelle et d’autant plus digne de remarque, que le public n’avait guère été à même de l’apprécier. Il a manqué à M. Fauriel la persévérance qui achève et l’ambition qui cherche à mettre en lumière les efforts poursuivis dans l’ombre. Aussi la réputation du savant historien de la Gaulle méridionale, si notable qu’elle soit, ne correspond-elle pas à la valeur et à la portée de ses nombreux travaux ; mais les biographes ne manqueront certainement pas de restituer à la mémoire de M. Fauriel l’honneur qui doit surtout lui revenir, celui d’une initiative fortement originale dans la critique littéraire et historique. L’écrivain à qui Cabanis adressait sa fameuse lettre des Causes premières, l’ami dont Manzoni écoutait l’inspiration et à qui il se faisait honneur de dédier sa meilleure pièce, l’homme que Mme de Staël consultait sur la littérature allemande, qui donnait à M. Cousin le goût de la philosophie ancienne, à M. Raynouard celui des troubadours, à M. Augustin Thierry celui des races du moyen-âge, à M. Ampère celui des littératures comparées, l’homme, enfin, qui a su inspirer tant d’illustres amitiés et coopérer par ses conseils à tant de monumens aujourd’hui célèbres, ne peut manquer de laisser des regrets profonds chez tous ceux qui, comme nous, ont eu l’honneur de le pratiquer. Le moment n’est pas venu d’apprécier l’ensemble de l’œuvre de M. Fauriel : les manuscrits très nombreux qu’il laisse ne tarderont pas sans doute à être publiés. Ce sera une occasion naturelle (et nous n’y manquerons pas) de retracer la biographie aussi curieuse que peu connue, et de juger les travaux si divers de cet ingénieux et patient esprit.