Chronique de la quinzaine - 30 septembre 1887

Chronique n° 1331
30 septembre 1887


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 septembre.

Ce n’est point assurément une situation facile qui est faite à la France, en partie par la fatalité des événemens, en partie par ceux qui ont la prétention ou la fortune de conduire ses affaires. La vérité est qu’il faut que notre nation ait un ressort extraordinaire, une singulière puissance de vie pour avoir résisté depuis dix ans à toutes les influences meurtrières, à la tyrannie des paras et à l’action des mauvais gouvernemens. Elle a vécu cependant et elle vivra, parce qu’elle garde à travers tout sa souple et vigoureuse nature, parce qu’elle est le plus souvent étrangère à tout ce tapage de politique artificiellement violente et agitatrice, dont elle peut souffrir par momens sans en être indéfiniment la dupe. La France en est évidemment venue aujourd’hui à sentir sa situation. Elle se sent mal gouvernée, entraînée par des passions qu’elle ne partage pas, déçue dans ses vœux de tranquillité laborieuse et féconde, violentée ou contrariée dans ses intérêts, épuisée dans ses ressources; elle sent son mal, et avec la confiance qu’elle tient de sa généreuse nature, elle est impatiente de retrouver une autre direction, une autre politique, de rentrer, sous des chefs moins aveuglés, dans une voie où elle puisse librement déployer ses facultés et tes forces. Comment et dans quelle mesure se réalisera ce retour ou cette évolution, comme on voudra l’appeler? C’est ce qui ne cesse de se débattre depuis quelque temps entre les partis, les uns s’efforçant de retenir une domination dont ils ont abusé; les autres, avec des nuances diverses, sentant la nécessité de s’arrêter, de rendre au pays ce qu’il demande, une politique de paix civile et de réparation. Au fond, c’est de cela qu’il s’agit dans tout ce tourbillon de polémiques, de discours, de manifestes et de programmes du jour. Chacun veut donner sa consultation. La grande affaire est de rester dans la vérité des choses, de ne pas dépasser la mesure, et là est justement le danger de l’intervention des princes, dont la parole, livrée aux passions des partis, ne sert le plus souvent, en un de compte, qu’à obscurcir et à dénaturer les situations.

Que le prince Napoléon saisisse l’occasion d’une publication historique sur l’empereur et sur l’époque impériale pour rajeunir ses titres à la confiance de la république et des républicains, ce n’est ni bien nouveau ni bien grave; on a le choix entre les deux incarnations les plus récentes du bonapartisme découronné de sa gloire : l’incarnation républicaine avec le prince Napoléon, et l’incarnation autoritaire, césarienne, avec le prince Victor. Le conflit des prétentions fait la faiblesse des prétendans. Que M. le Comte de Paris ait cru devoir se jeter dans la mêlée en publiant à l’heure qu’il est un manifeste ou un message sous la forme « d’instructions aux représentans du parti monarchiste en France, » c’est d’une bien autre signification ; l’événement a sa gravité, et les républicains eux-mêmes, par l’exaspération particulière avec laquelle ils ont reçu cette manifestation, ont contribué étourdiment à en relever l’importance. M. le Comte de Paris a certes droit à tous les respects, et pour les traditions dont il est le dépositaire et pour la situation douloureuse que l’iniquité des partis lui a créée. C’est de plus un esprit sérieux et appliqué, formé par une étude attentive de tous les intérêts publics. Le manifeste qu’il a cru devoir livrer à l’ardeur des polémiques du jour est évidemment une œuvre méditée et réfléchie, où le prince a tenu à rassembler et à coordonner avec un soin presque minutieux ses vues sur le gouvernement de la France. Dans sa partie critique, il n’est que trop justiflé par les fautes et les excès de la politique républicaine ; dans ce qu’on pourrait appeler sa partie théorique, il atteste la bonne volonté de tout combiner, de tout concilier, même des choses qui peuvent paraître inconciliables. Le manifeste de M. le Comte de Paris n’a d’ailleurs rien d’un appel à la sédition, aux passions de parti; c’est plutôt un exposé tranquille et étudié de la monarchie telle que le prince la comprend, avec ses conditions anciennes et nouvelles, avec le caractère qu’elle recevrait d’un mouvement irrésistible d’opinion d’une origine toute légale. L’œuvre et l’auteur ne peuvent qu’inspirer le plus sérieux intérêt pour tant de bonnes intentions prodiguées en quelques pages. Après cela, pour parler avec une liberté digne d’un prince comme M. le Comte de Paris, il est bien certain qu’à la lecture du dernier manifeste on ne peut se défendre d’un doute. La première pensée qui vient à l’esprit est de se demander s’il était utile et opportun, s’il répond aux circonstances où nous sommes, si même, en définitive, il n’a pas plus d’inconvéniens que d’avantages.

A quoi peut-il réellement servir? Où est l’utilité de manifestations et de discussions nécessairement sans issue pratique? La monarchie n’est pas une affaire de manifestes. Elle reste, on l’a dit non sans raison, la grande réserve de la France, ou, si l’on veut, le grand sous-entendu d’une situation troublée; et ceux qui déclarent à tout propos, avec l’assurance des partis infatués, qu’elle ne reviendra jamais, sont aussi puérils que ceux qui passent leur temps à annoncer tous les matins sa résurrection pour le lendemain. Le fait est qu’aujourd’hui comme hier et demain comme aujourd’hui, l’avenir sera ce qu’on le fera, et on pourrait dire à l’heure où nous sommes que ce sont les républicains, peut-être les républicains seuls, qui peuvent décider par leur conduite de ce qui arrivera. L’avenir sera aux plus sages, disait M. Thiers, et c’est encore vrai. Évidemment, le jour où les républicains, entraînant et précipitant la république, auraient définitivement désabusé et dégoûté le pays par leurs violences stériles, par leurs excès de domination, et auraient épuisé leur règne, la monarchie apparaîtrait ou reparaîtrait comme la suprême ressource de la France. Un manifeste de plus n’ajoute rien aux chances d’une restauration monarchique. Il ne simplifie rien et ne dénoue rien; il peut, au contraire, tout compliquer.

La monarchie que représente M. le Comte de Paris, c’est la monarchie constitutionnelle, libérale et parlementaire, on l’a cru du moins jusqu’ici, et cette monarchie n’avait pas besoin de programme. Son programme est dans son histoire, dans ses trente-quatre années de règne. Elle se confond avec la période du siècle la plus brillante par le déploiement régulier de toutes les libertés, par l’essor de l’intelligence française et des arts, par les progrès de la fortune nationale, et si, à la dernière heure, elle a péri par la sédition, elle garde l’honneur d’avoir laissé la France estimée du monde, intacte dans ses frontières comme dans ses ressources et dans ses libertés. Cette histoire parle par elle-même, et, libéralement interprétée, elle vaut bien un manifeste. M. le Comte de Paris, avec la bonne intention de tout concilier, a cru devoir y ajouter, en introduisant dans son programme des nouveautés qu’on nous permettra de trouver un peu étranges, quelque chose comme le plébiscite et une annulation à peine déguisée des droits les plus essentiels inhérens au régime parlementaire; mais y a-t-on songé? Le plébiscite et les assemblées de 1852, ce n’est plus la monarchie constitutionnelle, c’est l’empire. Les impérialistes se sont hâtés de dire : c’est l’empereur sous la figure du roi, c’est notre constitution, c’est notre principe! Les libéraux constitutionnels ne peuvent pas en dire autant. Qu’aura-t-on gagné ? M. le Comte de Paris, en essayant une fusion bienveillante et un peu chimérique de traditions si différentes, s’est exposé à offrir au pays une image difficile à saisir, une énigme à déchiffrer.

C’est un premier danger. Le nouveau manifeste a un autre inconvénient : il est peut-être peu opportun dans les circonstances où nous sommes ; il n’est pas fait pour simplifier une situation où les conservateurs de France, les hommes dévoués à leur pays, — et il y en a dans tous les camps, — ont déjà bien assez de difficultés pour trouver leur chemin, pour se tracer à eux-mêmes la conduite la plus prudente, la plus patriotique. De quelque façon qu’on juge les événemens du moment, il y a un fait certain : depuis quelques mois, il y a eu, en France, un changement, il y a une expérience engagée, une tentative de politique nouvelle. Il s’est formé un ministère qui a parlé dans les chambres d’un accent assez nouveau, qui n’a pas craint de désavouer ce qu’on appelait le gouvernement de combat, qui n’a point hésité à admettre que la première nécessité était d’assurer à tous des garanties libérales, une administration équitable, de chercher la paix dans l’étude impartiale et éclairée des affaires du pays. Il y a eu aussi dans le camp conservateur, sinon un désarmement complet, du moins un commencement de trêve, une suspension d’hostilités vis-à-vis du gouvernement de la république. Que cette expérience ait été jusqu’ici timide, incertaine, qu’on en soit encore parfois aux fausses et violentes traditions des derniers ministères plus ou moins radicaux, c’est possible. Évidemment, ce n’est pas du premier coup que peut s’accomplir une telle évolution sur le champ de bataille des partis. La tentative n’a pas moins existé, elle n’est point désavouée. Le nouveau manifeste, en ravivant les questions les plus ardentes, a changé cette situation, et l’auteur s’est fait une honnête illusion s’il a cru tout concilier en variant ses « instructions » pour la droite parlementaire et pour les monarchistes dispersés dans le pays. Le résultat pourrait être uniquement de contrarier ou de compliquer une expérience tentée dans un intérêt public. Ce n’est point certainement ce que M. le Comte de Paris a voulu, et, après comme avant le manifeste, les conservateurs de tous les camps, du parlement et du pays, n’ont rien de mieux à faire que de ne pas se laisser détourner d’une tentative qui répond visiblement à un instinct universel. Lorsque M. le président du conseil et les républicains modérés ont paru se rattacher à une politique de conciliation et d’apaisement, lorsque les conservateurs des chambres ont paru prêter leur appui à cet essai de pacification intérieure, les uns et les autres obéissaient à des mobiles différens. Ils se sont rencontrés sur un point : ils ont également reconnu la nécessité de cette sorte de trêve de bien public. Ce qui était vrai hier l’est encore aujourd’hui, et les conservateurs de France, qui sont les premiers juges de ce que le pays leur demande, n’ont qu’à s’inspirer d’eux-mêmes et des intérêts nationaux, à écouter les vœux de l’opinion, pour régler leur conduite selon les circonstances, sans être des dupes ni des complices d’agitations nouvelles.

Ce qu’il y de plus curieux, de plus significatif, c’est l’explosion de violences provoquée dans les camps révolutionnaires par le manifeste de v. le comte de Paris, que les radicaux se sont hâtés de signaler comme une déclaration de guerre ou un appel à la sédition, comme une audacieuse prise de possession du règne. Peu s’en est fallu que la république n’ait été du coup déclarée en danger! Ces prétendus sauveurs de la république sont plaisans avec leurs fureurs. Ce sont les radicaux eux-mêmes qui ont fait à M. le Comte de Paris cette position à la fois douloureuse et privilégiée dont ils s’effraient aujourd’hui. Ce sont les lois d’exil imposées par eux à un ministère complaisant qui ont désigné le prince comme le représentant unique et attitré de la monarchie. C’est leur politique qui fait la force de toutes les revendications, et ces prétendus dangers qu’ils voient partout, dont ils accusent tout le monde, c’est par eux et par eux seuls qu’ils existent. Au fond, toutes ces colères sont plus factices, plus calculées que sincères, et le vrai est que le manifeste de M. le Comte de Paris n’est qu’un prétexte dont ils se servent pour rallier les républicains modérés et timorés à leur politique d’agitation et de guerre, pour porter le dernier coup aux alliances conservatrices qui ont pu paraître un moment possibles. Avec eux, on peut s’attendre à tout. Ils parlent déjà de représailles nouvelles, de confiscations et de proscriptions plus étendues. Leur tactique est visible : ils espèrent entraîner on compromettre le ministère lui-même, en le mettant dans l’alternative d’abdiquer devant eux s’il s’associe à leurs passions, ou de paraître plus que jamais suspect de connivence avec les monarchistes s’il se défend des violences qu’ils prétendent lui imposer. Ils peuvent, sans doute, réussir dans une certaine mesure; ils ont même déjà réussi à mettre le cabinet en campagne contre le manifeste de M. le Comte de Paris. En définitive, cependant, à quoi servirait une recrudescence de la politique d’agitation et de combat? Qu’aurait gagné la république? On reviendrait fatalement à la séparation de l’église et de l’état, à la persécution religieuse, à l’impôt sur le revenu, à la désorganisation financière, à tout ce qui a compromis le régime. Qu’aurait gagné le ministère lui-même? Il se serait désarmé de ses propres mains, il se serait dépouillé de ce qui a été sa raison d’être, de cette apparence de modération qui a fait un moment son crédit.

Au lieu de céder à un courant où il ne tarderait pas à disparaître, le ministère n’a qu’un moyen, c’est de garder son sang-froid au milieu de ces turbulences, de ne pas laisser les radicaux se servir d’un incident pour compromettre toute une politique, pour détourner l’attention des plus pressantes affaires du pays. Le danger pour la France, pour la république elle-même, n’est pas dans le manifeste de M. le Comte de Paris; il est parmi ceux qui, sous prétexte de réformes chimériques, s’attaquent à toutes les forces de l’état, à l’armée, à l’administration comme aux institutions financières; il est dans les passions de secte; il est dans cet esprit qui depuis quelques années a pénétré partout et que le gouvernement rencontre devant lui à chaque pas, sous toutes les formes. Il y a quelques semaines, c’était le conseil municipal de Paris qui, dans son omnipotence démagogique, prétendait organiser la grande fédération communale et convoquer à l’Hôtel de Ville des délégués de toutes les municipalités françaises; hier, c’étaient les instituteurs qui, réunis en congrès à Paris, décidaient d’organiser une fédération d’un autre genre, une vaste association embrassant tous les départemens, gouvernée par un syndicat central. Ces honnêtes maîtres d’école, au lieu d’enseigner à lire dans leurs villages, rêvaient de fonder l’autonomie des instituteurs primaires, de sauver, eux aussi, la république, et M. le ministre Spuller a été obligé de leur rappeler qu’ils étaient de modestes fonctionnaires de l’Université, dépendant de leurs chefs. Demain, ce sera autre chose: c’est l’organisation de toutes les forces anarchiques s’essayant dans la désorganisation de l’état. Là est le vrai mal, le mal déjà invétéré et profond auquel il faut remédier, et qui rend d’autant plus nécessaire l’alliance de toutes les prévoyances conservatrices dans l’intérêt supérieur de la puissance et de l’honneur de la France parmi les nations.

Et s’il fallait une raison souveraine pour détourner assemblées et gouvernement du radicalisme désorganisateur, des guerres intestines et des faux systèmes, c’est la marche des choses qui se chargerait de rappeler cette raison à tous les esprits sincères. Il suffirait de regarder vers la frontière sensible pour voir à quoi tient la paix, ce qu’il y a toujours de douloureusement délicat dans une situation où les incidens se succèdent, comme pour mettre à l’épreuve la bonne volonté des gouvernemens. Il y a quelques mois, c’était l’affaire de Pagny-sur-Moselle qui rouvrait un instant les plus redoutables perspectives et aurait mis la paix en péril, sans le zèle conciliateur et habile de la diplomatie. Aujourd’hui, c’est l’incident qui vient de se passer sur la frontière des Vosges, à Vexaincourt ; c’est cette scène passablement sauvage où une partie de plaisir se transforme en tuerie, où des chasseurs français, cheminant paisiblement à l’abri de notre frontière, sont exposés aux coups de feu des gardes forestiers ou des soldats allemands embusqués sur leur territoire. Il y a un homme tué, un jeune élève de Saumur en vacances gravement blessé. Et voilà de nouveau la diplomatie en campagne. Elle réussira encore une fois, on n’en peut douter, à mettre le pied sur cette étincelle. Le gouvernement allemand ne peut refuser justice pour un événement qui n’est peut-être que le résultat d’une cruelle consigne brutalement exécutée. Quelle sera la réparation due en toute justice à la France? Ceci est l’affaire des gouvernemens, et on ne peut que les gêner par des commentaires aussi bruyans que prématurés. Ce n’est pas moins un nouveau signe, la révélation saisissante de toute une situation devant laquelle ce n’est pourtant pas le moment de s’acharner aux luttes intérieures. Oh ! sans doute, on compte sur les miracles du patriotisme; on dit souvent, surtout quand les nuages reparaissent, que devant l’étranger il n’y aurait plus qu’une France unie d’âme et de volonté pour sa défense, que tous les dissentimens des partis s’effaceraient aussitôt, et c’est heureusement vrai. Puis, dès que le péril semble passé, on se croit tout permis : on revient à l’œuvre de dissension intérieure, de désorganisation sociale ou même militaire. On ne s’aperçoit pas que le meilleur moyen d’avoir une France unie de patriotisme, toujours disponible pour toutes les éventualités, c’est de ne pas commencer par la diviser, de ne pas épuiser dans les discordes intérieures la force morale dont elle aurait besoin dans les luttes bien autrement sérieuses qu’elle pourrait avoir à soutenir.

Les affaires de l’Europe, il faut l’avouer, restent dans un état singulier. Que se passe-t-il dans les chancelleries? Où en sont les cabinets des négociations qu’ils poursuivent pour mettre enfin un terme à l’imbroglio bulgare, pour arriver à concilier tous les intérêts, toutes les prétentions? On cherche, il faut bien le croire, et on ne paraît pas avoir trouvé jusqu’ici. Après cela, il est bien possible que, dans les préoccupations de tous ceux qui tiennent dans les mains les fils des négociations, l’incident bulgare et le traité de Berlin ne soient pas la chose la plus importante.

Aujourd’hui comme toujours, — sans parler bien entendu de l’imprévu et des incidens toujours possibles, — on s’occupe encore plus de l’Occident que de l’Orient dans toutes les combinaisons qui se nouent ou se dénouent, dans tout ce travail de diplomatie où M. de Bismarck garde un rôle aussi actif que mystérieux. Il est suffisamment admis que le chancelier d’Allemagne ne fait rien pour rien, et il est bien clair que, s’il s’est mêlé des affaires bulgares, c’est avec l’arrière-pensée d’en tirer quelque avantage, d’être encore une fois une sorte d’arbitre entre la Russie et l’Autriche, les deux puissances qui se heurtent le plus directement dans les Balkans. Le grand calculateur de Berlin s’est visiblement flatté un instant de jouer son jeu invariable, de pouvoir ressaisir l’amitié de la Russie sans trop s’aliéner l’Autriche. Y a-t-il eu réellement, comme on l’a dit jusqu’à la dernière heure, quelque projet d’entrevue entre l’empereur Alexandre III, qui est depuis quelques semaines en Danemark, dans la famille de la tsarine, et le vieil empereur Guillaume, qui, malgré son grand âge, devait se rendre à Stettin sous prétexte de manœuvres militaires? Dans tous les cas, le projet, s’il a existé, s’est évanoui. L’empereur d’Allemagne s’est bien rendu à Stettin, accompagné de l’impératrice, de son petit-fils le prince Guillaume, de M. de Moltke; il allait même, disait-on, être rejoint par M. de Bismarck. Le tsar est resté tranquillement en Danemark, faisant des excursions de famille autour de Fredericksborg; mais, si l’entrevue des deux empereurs a manqué, il y a eu, d’un autre côté, une entrevue de chanceliers. Le ministre des affaires étrangères d’Autriche, le comte Kalnoky, vient de se rendre dans une des résidences de M. de Bismarck, à Friedrichsruhe, et cette visite se rattache évidemment à ce travail de négociations qui se poursuit aujourd’hui. Ce qui s’est passé à Friedrichsruhe, ce qui a été l’objet précis des entretiens de M. de Bismarck et du comte Kalnoky, on ne le sait pas encore naturellement. On peut présumer, sans doute, que ce qui s’est dit à Friedrichsruhe n’a pas dû ressembler à ce qui se serait dit à Stettin si l’empereur Alexandre y était venu. Il est assez vraisemblable que, sans trop s’engager, le chancelier allemand aura mis tout son art à rassurer l’Autriche, un peu émue de ses récentes évolutions, et qu’il aura cherché avec le comte Kalnoky un moyen de débrouiller les affaires bulgares en évitant ce que le cabinet de Vienne redoute le plus, une intervention russe dans les Balkans. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’on en est toujours à chercher, à négocier, à s’observer, et que, pendant ce temps, la Bulgarie semble plus que jamais livrée au hasard, à l’anarchie, qui est la suite inévitable de deux années d’interrègne et de révolution.

Le nouveau gouvernement du prince Ferdinand de Cobourg se flatte toujours, il est vrai, de s’organiser et de s’établir; il a même levé l’état de siège pour les élections qui se préparent. Malheureusement, ce n’est là qu’une apparence. La situation de la principauté n’est pas moins profondément troublée. L’opposition, au lieu de diminuer, ne fait que s’accentuer; elle se manifeste partout, sous toutes les formes, et pour la vaincre, pour la contenir, le gouvernement a recours à tous les expédiens sommaires de répression et de compression. En paraissant renoncer aux moyens extraordinaires que lui donnait l’état de siège, il n’en fait ni plus ni moins. Comme tous les pouvoirs faibles, il ne se soutient que par l’arbitraire et la violence, permettant tout à ses partisans, emprisonnant ses adversaires, encourageant des passions contre lesquelles il ne peut pas même protéger les étrangers. Ces jours derniers encore, il a été exposé, pour quelque sévice commis contre des Allemands, à être pris à partie par l’Allemagne. Il a donné toutes les satisfactions possibles pour se tirer d’affaire, et il n’a pas moins continué à exercer ses violences, sans doute pour mieux préparer le scrutin d’où va sortir une assemblée nouvelle. En réalité, l’anarchie est dans l’administration comme dans le pays, de sorte que la Bulgarie ne cesse de se débattre dans cette situation tourmentée qui dure depuis deux ans, à laquelle ne peut remédier un gouvernement contesté, qui est pour l’Europe une raison de plus en plus pressante de prendre un parti.

Reste à savoir ce que veut l’Europe et ce qu’elle peut, ce qui sortira de tous les sanhédrins de la diplomatie, où l’on cherche « la solution à donner aux difficultés bulgares. » Il n’y a, dit-on, qu’à rétablir dans son intégrité le traité de Berlin, seul point sur lequel tout le monde soit d’accord, seule garantie de l’ordre en Orient et de la paix en Europe. C’est bien possible; malheureusement, c’est là toujours la difficulté. On ne peut rétablir l’autorité du traité de Berlin dans les Balkans que par une intervention, probablement par une occupation plus ou moins prolongée, et sur tout cela on n’est pas près de s’entendre. Vainement la question s’agite entre la Russie, qui porte dans cette affaire une ténacité aussi patiente qu’inflexible, la Turquie qui met sa politique dans l’inertie, et les autres puissances qui semblent plus fixées sur ce qu’elles ne veulent pas que sur ce qu’elles veulent : on n’arrive à rien, on n’est pas plus avancé aujourd’hui qu’hier. La Russie a récemment proposé à Constantinople l’envoi d’un haut commissaire ottoman, qui serait accompagné d’un délégué russe, du général Ernroth, à Sofia, pour rétablir l’ordre légal; la Porte hésite à prendre, comme puissance suzeraine, la responsabilité d’une combinaison qui commencerait par une intervention diplomatique, pour finir, sans doute, par une occupation militaire, et les autres puissances attendent ce qu’on leur proposera. M. de Bismarck a paru d’abord assez dispose à appuyer la proposition rus e auprès des cabinets, si la Porte le lui demandait. En est-il de même aujourd’hui, après l’entrevue manquée de Stettin et l’entrevue ministérielle de Friedrichsruhe? Les résolutions du chancelier d’Allemagne ont certes leur importance dans ces affaires encore si obscures, où toutes les politiques restent en présence avec leurs arrière-pensées, leurs jalousies et leurs défiances. Ce qu’il y a de bien clair, c’est qu’on n’est pas délivré de cette complication bulgare, que ce qui peut satisfaire la Russie n’est pas de nature à rassurer l’Autriche, et que cette question, tant qu’elle n’est pas à peu près finie, reste, non pas le seul danger, mais un des dangers les plus immédiats pour la paix européenne, déjà si précaire.

Ces affaires d’Orient, qui se résument et se concentrent aujourd’hui dans la question bulgare, elles ont toujours sans doute une importance très sérieuse pour toutes les puissances de l’Europe, par les intérêts d’influence et d’équilibre qu’elles mettent en jeu ; elles ont naturellement une importance particulière pour un empire comme l’Autriche, qui a un rôle à demi oriental, qui comprend dans ses vastes frontières tant de populations différentes d’origine, de nationalité et d’instincts. Concilier toutes ces races sans les subordonner les unes aux autres ; faire marcher ensemble Hongrois, Polonais, Allemands, Tchèques, Slaves de toute sorte, sans asservir à leurs aspirations multiples l’intérêt d’état, la politique traditionnelle de l’empire représentée et personnifiée dans l’empereur, c’est certes une œuvre aussi difficile que délicate. Elle est devenue plus difficile encore depuis que la liberté a pénétré dans le vieil empire qui a cessé d’être une puissance allemande, depuis qu’il y a une presse libre, des parlemens à Vienne et à Pesth, des diètes provinciales partout. Le problème a été à peu près résolu par le dualisme avec la Hongrie; il ne l’est peut-être pas aussi complètement avec les autres races, avec les Slaves du reste de l’empire.

Depuis sept ou huit ans, le chef du ministère qui existe à Vienne, le comte Taaffe, a pris le rôle de conciliateur, de modérateur entre les races. Il s’inspirait certainement d’une nécessité supérieure dans la situation nouvelle de l’Autriche, d’une idée libérale de transaction ; il pensait aussi rattacher plus fortement les Slaves autrichiens à l’empire. Il a sans doute réussi jusqu’à un certain point à apaiser les rivalités, les incompatibilités les plus ardentes par de larges concessions aux nationalités diverses; il est du moins arrivé à ramener au parlement de Vienne les représentans de certaines races qui avaient jusque-là refusé de siéger dans une assemblée où dominaient les élémens allemands. Cette politique de conciliation, qui est depuis quelques années au pouvoir à Vienne, elle n’a cependant réussi qu’en partie, et elle a produit un résultat qui est peut-être aujourd’hui un embarras pour le ministère. D’un côté, elle a soulevé les colères des Allemands irrités de se voir dépossédés de leur ancienne prépondérance dans les affaires de l’empire; d’un autre côté, elle a plus que jamais ravivé et enflammé dans certaines régions, notamment en Bohême, l’esprit de race, la passion jalouse de nationalité. Les Tchèques se sont armés des concessions qu’on leur faisait pour réclamer des concessions nouvelles, pour revendiquer leurs droits historiques. Ils ont eu des exigences croissantes, des ambitions d’indépendance. Dans ces derniers temps, dans des momens qui pouvaient être critiques, ils n’ont pas non plus déguisé leurs affinités panslavistes, leur attachement pour la grande protectrice des Slaves, et un de leurs journaux est allé récemment jusqu’à déclarer que jamais un de leurs représentans ne voterait un crédit pour aider l’Autriche dans une guerre avec la Russie. Ils ne cachent pas leurs vœux pour le tsar. Après avoir été longtemps opprimés par les Allemands maîtres de l’empire, les Tchèques, à leur tour, se font un peu les oppresseurs des Allemands qui résistent, et un des incidens les plus curieux de cette lutte est certainement l’agitation qui vient de se produire à l’occasion des élections pour le renouvellement partiel de la diète de Prague.

Les circonstances mêmes qui ont nécessité et accompagné les récentes élections de Bohème sont caractéristiques. Il y a quelque temps déjà, les Allemands, qui sont en minorité dans la diète de Prague, ont présenté une motion par laquelle ils demandaient une séparation, au point de vue administratif, entre les districts où l’élément germanique domine et les districts où domine l’élément slave. Leur motion a été repoussée sans discussion, et les Allemands, imitant ce qu’ont fait si souvent les Tchèques dans les assemblées autrichiennes où ils croyaient ne pas trouver de garanties, ont quitté la diète, ils ont cessé de siéger. Ils ont été déclarés déchus de leurs mandats, et c’est pour les remplacer que les élections se sont faites. Comme ils avaient été élus dans des pays de population allemande, ils ont été naturellement réélus. Ils se sont fait réélire pour renouveler leurs protestations et reprendre leur politique de sécession : ils quitteront encore une fois la diète de Prague, c’est vraisemblable. Les Tchèques, de leur côté, poursuivent leur campagne de revendications, sans ménager le ministère lui-même, surtout le ministre de l’instruction publique, M. Gautsch de Frankenthurst, qui est particulièrement l’objet de leur opposition et de leurs attaques. À quoi peuvent-ils aboutir ? S’ils réussissaient par leur hostilité à décider la retraite du ministère, ils auraient probablement travaillé contre eux-mêmes en préparant l’avènement d’un ministère plus allemand que le cabinet du comte Taaffe. Ils sont assez habiles pour ne point aller jusque-là. Ces luttes de nationalités qui agitent la Bohême, ces explosions passionnées de slavisme n’ont pas moins cela de grave de rejeter les Allemands de l’empire vers l’Allemagne et d’être fatalement une cause de faiblesse pour la politique autrichienne, pour la diplomatie de la cour de Vienne, dans un moment où se débattent les plus sérieuses questions d’équilibre oriental et européen.


CH. DE MAZADE.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

L’approche du détachement du coupon semestriel sur le 3 pour 100 français a déterminé à la fin de la première quinzaine de septembre quelques ventes de précaution. De 82.20, ce fonds reculait le 15 à 81.97 ; le lendemain, il restait coté, coupon détaché, à 81.20. Quelques jours plus tard, la liquidation s’étant effectuée dans des conditions satisfaisantes sur les valeurs que cette opération affectait, les dispositions générales du marché se sont dessinées dans un sens nettement favorable ; rentes françaises et étrangères, actions de banques, de chemins de fer et d’entreprises industrielles ont commencé à donner lieu à des transactions plus actives que dans les dernières semaines écoulées, et le public financier s’est pris à espérer qu’une période d’animation allait s’ouvrir pour les affaires de bourse, depuis si longtemps languissantes.

Les circonstances étaient propices. Il ne subsistait plus d’appréhension sérieuse au sujet de l’état du marché monétaire. La Banque d’Angleterre n’a pas plus élevé le taux de l’escompte à 5 pour 100 au milieu et à la fin du mois qu’elle ne l’avait fait au début, et les bonnes raisons ne manquaient pas à l’appui de cette décision, en dépit des argumens répétés des journaux financiers de Londres en faveur d’une politique plus restrictive. En fait, le montant de la réserve de la Banque n’a pas subi les réductions annoncées et s’est même légèrement accru. Le drainage de l’or pour l’Amérique a cessé, par suite des achats continus de valeurs fédérales à Washington par le secrétaire du trésor. Les bilans des banques associées de New-York n’ont amené aucune aggravation de la situation sur ce marché, où, depuis plusieurs mois, une crise violente était attendue.

On peut considérer cette crise, sinon comme entièrement conjurée désormais, du moins comme ajournée. Le trésor américain dispose encore de ressources abondantes provenant des excédens budgétaires, et il s’est déclaré prêt à les employer en achats de bonds 4 1/2 et 4 pour 100 à des prix très satisfaisans pour une fraction importante des détenteurs de ces titres. Voilà pour le présent. Dans quelques mois, le congrès aura à parer aux dangers de l’avenir et à statuer sur l’application des mesures les plus propres à empêcher, dans les caisses du trésor, une accumulation d’excédens budgétaires susceptible de produire une contraction dangereuse de la circulation métallique aux États-Unis.

La politique adoptée sur le terrain des questions monétaires par le gouvernement américain a produit ainsi le résultat espéré. Elle a calmé les appréhensions du marché de New-York et rassuré par contre-coup celui de Londres. Les directeurs de la Banque d’Angleterre se trouvent justifiés par l’événement de n’avoir point agi, sous le coup d’une panique éventuelle, comme si la crise redoutée avait déjà éclaté.

La spéculation parisienne a profité habilement de l’accalmie qui se produisait sur le terrain monétaire, et elle ne s’est pas émue davantage des intentions attribuées au cabinet Rouvier relativement à l’émission d’un grand emprunt de liquidation. Il serait prématuré de dire que l’idée d’un emprunt de ce genre, s’élevant à près de 1 milliard, soit complètement abandonnée. On peut croire cependant que le ministre des finances ne soulèvera pas la question à propos de la discussion du budget de 1888. Il a déclaré, il y a peu de jours, à la commission financière de la chambre, qu’il séparerait de la discussion de ce budget la présentation de lois spéciales ayant pour objet des réformes fiscales, et notamment la réforme de la législation sur les boissons. Il est clair que M. Rouvier compte, pour l’établissement ultérieur d’un équilibre budgétaire réel, sur un remaniement profond du régime des alcools, et il a chargé une commission d’étudier rapidement les questions se rattachant à cette réforme. Mais le résultat des travaux de cette commission ne pourra, de toute façon, avoir d’influence que sur l’élaboration de budget de 1889. Quant au budget extraordinaire de 1888, qui ne comprend plus que des dépenses pour la guerre et pour la marine, il est fixé à 100 millions (84 pour le premier de ces départemens, 16 pour le second), ce qui constitue une diminution de 22 millions sur le projet de budget rectifié présenté par M. Rouvier peu de temps après son arrivée aux affaires, et de 82 millions sur les propositions primitives de M. Dauphin.

Le ministre des finances n’a pas dit à l’aide de quelles ressources il comptait proposer de couvrir ces dépenses extraordinaires. Il s’est contenté d’assurer que les moyens financiers auxquels il projetait d’avoir recours n’auraient pas d’action défavorable sur l’économie du budget ordinaire. On en a conclu, non sans de plausibles apparences de raison, que M. Rouvier préparait une opération de conversion portant sur le 4 1/2 pour 100 ancien, dont le service d’intérêt exige une annuité un peu supérieure à 37 millions. La conversion sera-t-elle faite en 3 pour 100 avec soulte, ce qui élèverait le montant nominal de la dette, maintiendrait l’annuité d’intérêt au niveau actuel, et mettrait à la disposition du trésor une somme évaluée à 120 ou 150 millions, ou bien l’opération consistera-t-elle en une simple réduction de l’intérêt de 4 1/2 pour 100 à 4 pour 100, produisant une économie annuelle qui servirait de gage à une émission d’obligations à court terme? Les avis sont partagés, et peut-être même le ministre n’a-t-il arrêté lui-même aucune décision à cet égard.

Si la conversion était faite en rente 3 pour 100, le marché aurait à se garer contre un afflux de nouveaux titres de rente perpétuelle. Les spéculateurs haussiers ne se sont pas laissé intimider par cette perspective, dont quelques vendeurs ont cherché timidement à jouer. Le 3 pour 100 a été porté de 81.20 à 81.75, l’amortissable de 85 à 85.45, et le 4 1/2 de 108.82 à 100.12. Les fonds étrangers s’associaient avec plus ou moins de vivacité à ce mouvement de reprise, et sur un assez grand nombre de valeurs la spéculation entreprenait de commencer la réalisation des prévisions de hausse.

Les choses en étaient là à la fin de la semaine dernière, lorsque se répandit dans la soirée du dimanche 25 la nouvelle du tragique incident de Raon-sur-Plaine. L’émotion a été vive au premier instant sur le marché financier. D’importantes positions venaient d’être prises en vue d’un mouvement d’amélioration ; des vendeurs de primes débordées avaient déjà opéré des rachats; un brusque revirement pouvait compromettre le sort d’une liquidation qui s’annonçait jusqu’alors favorable.

Nos fonds publics ont perdu, dans la première bourse de lundi, de 0 fr. 25 à 0 fr. 50, et les rentes étrangères ont également faibli sur les places d’arbitrage. Mais là s’est arrêté l’effet de cet événement imprévu. La spéculation a promptement repris son sang-froid, et, dès le mardi, la réaction était enrayée. Mercredi, les hauts cours du samedi précédent étaient reconquis, à quelques centimes près. A la veille de la réponse des primes, le 3 pour 100 finit à 81.67, l’amortissable à 85.35, le 4 1/2 à 109.05.

De même les fonds étrangers ont repris toute leur fermeté: le Hongrois à 81 7/8, l’Extérieure à 68 3/8, l’Italien à 98.65. Le public financier attend avec confiance l’issue de l’action diplomatique engagée par notre ministre des affaires étrangères, et ne suppose pas que le gouvernement allemand puisse refuser à la France les satisfactions sur lesquelles celle-ci est en droit de compter.

Le marché du comptant est resté très animé, bien que les valeurs spéciales, dont nous avions noté il y a quinze jours les progrès quelque peu surprenans, se soient en général arrêtées pendant cette quinzaine. Parmi les obligations de nos grandes compagnies, celles qui avaient conquis le cours de 400, le Midi, l’Orléans et la Grande-Ceinture, l’ont conservé; l’obligation Nord atteint /i05. L’épargne recherche surtout en ce moment les titres sur lesquels un coupon sera payé le 1er octobre.

Sur les valeurs, les dispositions à une campagne de hausse ont été momentanément entravées par l’événement de Raon-sur-Plaine. On peut noter cependant quelques francs de progression sur le Crédit foncier, la Banque de Paris, la Banque d’escompte. Le Crédit mobilier a monté de 15 francs, la Banque transatlantique de 20, la Banque russe et française de 10, le Panama de 7.50, le Suez de 15. Le Gaz a fléchi, au contraire, de 12 fr. à 1,325.

Un courant assez vif d’achats s’est porté sur les actions des chemins étrangers. Les Lombards gagnent 22 fr. à 195; les Autrichiens, 16 à 488; le Nord de l’Espagne, 6.25 à 351.25; le Saragosse, 11.25 à 293.75 ; les Méridionaux, 9 à 791.25. Les acheteurs d’Autrichiens et de Lombards escomptent les améliorations probables de recettes à provenir du transport des céréales. La Banque des pays autrichiens est en progrès de 6 fr. à 471, la Banque des pays hongrois, de 20 à 425, la Banque ottomane, de 4 à 494.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.