Chronique d’une ancienne ville royale Dourdan/15

Dessin de 1807 de la place du Marché aux Grains de Dourdan, vue depuis le château
FAC SIMILE DU DESSIN D’UN PRISONNIER VERS 1807

CHAPITRE XV

LA VILLE.


Nos lecteurs nous sauront peut-être gré de leur faire faire le tour de cette vieille ville de Dourdan dont nous les entretenons déjà depuis longtemps, et dont la physionomie est demeurée si curieuse pour qui sait l’observer. A l’époque où nous sommes arrivés, c’est-à-dire au xviiie siècle, nous ne sommes pas encore assez loin du passé pour n’en pas retrouver presque toutes les traces et nous nous rapprochons assez du présent pour le relier facilement au passé. C’est donc le moment de faire une promenade rétrospective : ceux qui connaissent la ville n’auront, pour nous suivre, qu’à faire un léger effort d’imagination ; ceux qui ne la connaissent pas voudront bien ouvrir le plan qu’ils ont sous la main[1].

Pour nous orienter plus facilement, prenons pour point de départ et pour rendez-vous la place devant le château et au pied de l’église, et divisons en deux notre tournée. De la porte de Chartres à la porte d’Étampes, c’est-à-dire dans le sens de la longueur, la rue de Chartres puis la rue d’Étampes partagent à peu près la ville en deux parties égales, une partie méridionale ou partie basse ; une partie septentrionale ou partie haute.

Commençons par la partie basse et n’oublions pas que nous sommes au siècle dernier.

Faisons d’abord le tour de l’église pour savoir ce qui l’environne. Hélas ! comme toutes ses sœurs du moyen âge, elle a laissé des masures et des échoppes s’appuyer contre ses murailles et se loger entre ses contreforts. Messieurs les marguilliers, jaloux d’augmenter les revenus de l’église, et peu soucieux, paraît-il, de l’effet architectural, viennent en 1767 d’engager la dernière petite place vide entre les deux piliers de l’encoignure du grand clocher, à côté de la veuve Voisin, à Pierre Cheval, mégissier, qui a suspendu pour enseigne une grande culotte jaune, et cela pour la somme de trois livres de cens et rente foncière, « non rachetable[2]. » Près du portail, au coin de la rue de la Haute-Foulerie, s’ouvre la grande porte en arcade de la cour du Prieuré dont les bâtiments ont été démolis et reconstruits en 1615. La maison des vicaires fait le coin du carrefour. Monsieur le prieur, abrité par l’église, a en plein midi un jardin à deux étages. Au bas est sa grange des dîmes, et pour cave, il a sous sa terrasse le vieux cellier en forme de crypte des chanoines du xiie siècle.

Dans la rue tendant sous Saint-Germain qui borde le jardin du prieuré, la fontaine Saint-Germain[3] est le rendez-vous de tout le quartier. C’est une bonne source qui ne tarit jamais et l’eau est rare à Dourdan. La rue tourne et nous sommes dans la rue d’Authon, l’ancien chemin d’Authon, maintenant barré par les grands bâtiments des dames de l’Instruction chrétienne dont le terrain descend vers les remparts. En face de leur portail, la rue d’Authon monte à pic jusqu’aux halles. Le chevet de l’église domine cette voie resserrée et la chapelle de la Vierge, le nouveau bâtiment de 1689, disparaît presque au milieu des constructions qui s’élèvent sur les terrains achetés et revendus par la fabrique. Accolée contre l’église, faisant hache dans le jardin du prieur, est la demeure de l’ancien lieutenant du bailliage, Richard le Boistel, qui en échange de l’emplacement de sa cuisine a obtenu durant sa vie une entrée dans l’église. C’est maintenant une petite ferme et une auberge tenue par Yvon à l’enseigne de la Fleur de lys[4].

La halle est devant nous, et en descendant par la rue des Halles, nous trouvons sur notre chemin, au coin de la rue d’Authon, l’auberge des Trois Roys[5], dont le terrain rejoint celui de la communauté ; deux portes plus loin, la maison des Fougerange où pendait jadis l’Image Sainte-Catherine, et sa voisine au coin de la rue des Boucheries qu’habitait en 1537 Claude Boudet.

La rue d’Étampes s’ouvre en pente à l’angle du carrefour. Au coin de gauche, était jadis la taverne de l’Ange ; à droite, la rue des Boucheries, tortueuse et sale, descend jusqu’aux remparts. C’est le quartier des tueries dont le passant évite les flaques d’eau et de sang. Un peu plus loin, sur la gauche, monte vers la rue Saint-Pierre la rue du Petit-Croissant, à l’angle de laquelle pendait, au xve siècle, l’Image saint Claude[6] ; en face redescend en tournant vers la rue des Boucheries, la rue de la Poterie, dont le nom rappelle d’anciennes fabriques, et qui se prolongeait autrefois jusqu’au dessous de l’église, en traversant la rue d’Authon, par la rue des Pressoirs. Au coin de la rue de la Poterie et de la rue d’Étampes est, d’un côté, la grande habitation à avenue et à fronton de M. Poussepin[7], et de l’autre, la maison de l’Autruche. Toutes les maisons de ce quartier sont sous la censive et la justice des seigneurs de Rouillon, et l’on peut voir en cet endroit, près d’un cachot en forme de puits, une grosse pierre ronde comme une meule qui servait de siége à cette justice avant que M. Lévy l’eût transportée au faubourg Saint-Pierre. En descendant un peu la rue d’Étampes, voici, à gauche, la rue du Troux-Punais, devenue la rue du Trou-le-plus-net, en considération de M. le procureur du roi en la maîtrise des eaux et forêts, M. Crochart de Frémont, qui y habite dans son hôtel[8]. En face, la vraie, l’ancienne Fleur de Lys avait encore son enseigne en 1687[9]. Toutes ces maisons du côté droit de la rue d’Étampes ont de grands jardins maraîchers qui rejoignent la ruelle des remparts. Il y avait là une courtille où nos pères ont mené joyeuse vie, et on parle encore dans ces parages du Tripot, de la ruelle du Tripot et de ses jeux de Boules.

Laissant de côté la rue des Vergers-Saint-Pierre, nous sommes arrivés à la porte d’Étampes, derrière laquelle s’abritait, au xvie siècle, l’auberge du Dauphin[10]. La rue se resserre, deux tourelles reliées aux murailles de la ville en défendent l’entrée, et des gonds, encore scellés aux piles de ces tourelles, annoncent que la ville a été bien réellement fermée de portes[11]. La rivière qui baigne le pied des murailles de Dourdan, derrière lesquelles court la ruelle des Cordiers, sert de fossé à la porte d’Étampes et on la traverse sur un pont de pierre qui a remplacé, en 1732, le vieux pont de bois, grâce aux deniers de la fabrique Saint-Germain[12] et à un don de 500 livres de monseigneur le duc d’Orléans. Le carrefour de la porte d’Étampes s’ouvre après le pont.

A gauche, commence la route d’Étampes, ou plutôt la rue du faubourg d’Étampes qui coupe le vieux clos Saint-Mathurin. — L’auberge du Chariot d’Or était, de ce côté, la première halte que rencontrait le voiturier de la Beauce qui venait d’être embourbé avec son attelage dans la Testée des Granges, avant la réparation du chemin. Le long de la rivière, qu’on traverse au pont Bertin, c’est le quartier des déshérités et des suspects : le Madre, l’ancienne terre Saint-Ladre, terrain de la Maladrerie, refuge des lépreux dont la chapelle Saint-Laurent s’élève solitaire, comme une pestiférée, dans le berceau Saint-Laurent, au pied de Normont ; — la haute et la basse Bretonnerie ou Bretonnière, où des traînards Bretons, se fixant dans le pays, se sont cantonnés lors des guerres du xve siècle.

Faisant face à la porte d’Étampes, baignée par le second bras de la rivière et séparée du carrefour par un pont de pierre, apparaît, comme une sorte de petit château, avec ses trois corps de logis et sa haute toiture de tuiles, la maison d’Orgemont. L’empreinte du grand siècle se reconnaît à première vue. Là, en effet, l’historiographe de Louis XIII, notre ami Jacques de Lescornay, s’est fait sur la fin de ses jours une noble demeure, digne de son rang et de la haute position de sa famille[13]. Derrière la maison s’étendent un parterre, un verger et un beau parc correctement tracé suivant le goût du temps, et percé en éventail d’allées bordées de charmilles.

Appuyons sur la droite pour faire extérieurement le tour de la ville. Sans nous engager dans le chemin qui mène à la Croix Saint-Jacques et à Grillon, suivons la rue des Vergers Saint-Jacques, qu’on nomme aussi la rue de la Chiennerie, et qu’on appelait, aux xve et xvie siècles, la rue aux Oies ou le chemin des Mores. Des jardins maraîchers couvrent l’île formée par les deux bras de l’Orge, et par dessus les murs on voit la ville s’élever en amphithéâtre et le vaisseau de l’église Saint-Germain se dresser fièrement de toute sa hauteur. Ce lieu est sous la censive des dames de Lonchamp, on lui donne les noms de l’Hermitage, la Tête aux Mores, la Chiennerie, sans doute en souvenir des chenils de la meute royale[14].

La rue des Vergers aboutit à celle du faubourg du Puits-des-Champs, ainsi nommé à cause du puits placé au bas de la rue, au milieu du carrefour des chemins de Grillon et de Corbreuse[15]. C’est par ce faubourg que nous rentrerons dans Dourdan. Une rangée de maisons basses borde la rue. À gauche, derrière ces maisons, coupés par une autre ruelle de la Poterie, des enclos vont rejoindre les prés et l’étang du Roi : c’est le clos Saint-Père, la plus vieille des propriétés de l’église Saint-Pierre, exploité dès le xiie siècle par les moines de Morigny ; le Bourgneuf, autrefois appelé le Bourguerin ; la petite ferme achetée pour les dames de l’Instruction chrétienne par leur pieuse fondatrice, etc. La rivière barre la rue du Puits-des-Champs à la porte de la ville[16] ; chevaux et voitures la traversent à gué entre deux tourelles[17]. À l’intérieur des murs, la rue change de nom ; quartier des fouleurs de laine et des tanneurs, elle devient rue de la Basse-Foulerie, et remonte vers les Quatre-Coins, dominée par la grande silhouette du donjon du château.

Avant d’arriver aux Quatre-Coins, enfonçons-nous sur la gauche, dans une vieille rue à l’angle de laquelle surplombe un escalier en poivrière[18]. C’est un recoin très-fréquenté, car c’est la rue du Moulin-du-Roy. Le vieux moulin, qui ressemble assez à une masure, appartient au domaine, avec la grange sa voisine que le duc d’Orléans tient des dames de Lonchamp. Tout à côté est la cour du Loup, une espèce de cour des miracles assez mal famée. Le Loup est une très-ancienne auberge fréquentée jadis par les garnisaires qui, en temps de guerre, occupaient Dourdan. Sous la Ligue, maint chef de soudards s’est installé là pour faire bonne chère, et, après le siége de 1591, la ville a dû faire plus d’un sacrifice pour payer au propriétaire du Loup la dépense des brocs de vin bus à la santé du bon Henri IV.

Le Loup est flanqué du Petit-Loup, sa succursale. — Au bout de la rue du Moulin-du-Roi est l’abreuvoir ou la Fosse aux Chevaux, les Lavoirs où, du lever au coucher du soleil, on entend les battoirs et les langues des commères. La rivière vient de Potelet et passe sous les murs de la ville, et par l’ouverture du Petit Huis flanqué de sa tourelle, notre œil plonge sur les prés de l’Étang du Roy, la Pépinière Royale[19], la terre des Murs, Potelet et les pentes de Bonniveau.

Au-dessus de l’abreuvoir monte à pic la rue des Belles-Femmes. Le nom laisse deviner la chose. Dans presque toutes les villes à vieux château et à garnison, on retrouve derrière les fossés de la forteresse une rue des Belles-Femmes, où écuyers, lansquenets et archers venaient oublier la ronde ou le guet.

La rue de la Vieille-Geôle[20] nous ramène aux Quatre-Coins. Près des anciens cachots où gémissaient les pauvres diables, est le carrefour des buveurs et des routiers. À gauche, la rue de la Geôle, d’où nous sortons ; à droite, la rue Haute-Foulerie, qui remonte vers l’église ; derrière nous, la rue de la Basse-Foulerie ; devant, la rue Motte-Gagnée qui rampe, parallèlement à la rue des Belles-Femmes, sur la pente rapide de la Motte au sommet de laquelle le château est assis, et la rue des Fossés où l’on monte comme à l’escalade par de grands degrés disjoints. Les Quatre-Coins ont tout naturellement leurs auberges. Elles se regardent face à face aux deux encoignures de la rue de la Geôle : d’un côté le Cheval Blanc, de l’autre le Duc d’Orléans, qui couvre l’emplacement de trois maisons et sort sur la rue Motte-Gagnée. On ne parle plus de l’ancienne auberge des Quatre Vents.

Terminons notre tournée dans la ville basse et rejoignons l’église, notre rendez-vous, par la rue Haute-Foulerie. Les apprêteurs de bas ont là des magasins et des métiers et font le samedi leurs affaires au Lion d’Or, dont l’enseigne pend à côté d’une antique maison de sévère apparence aux assises de grès et au portail cintré[21]. Le jardin va jusqu’aux remparts, coupé par une ruelle qui permet aux habitants de la rue Basse-Foulerie de venir puiser de l’eau à la fontaine Saint-Germain. La rue se resserre en arrivant à l’église, la taverne de la Pomme de Pin s’ouvre en face du portail et les chantres s’y rafraîchissent en passant. Nous sommes revenus au point de départ, devant la porte du château ; c’est maintenant le tour de la ville haute.

La rue de Chartres commence aux halles et mène à la porte de Chartres. C’est, avec la rue Saint-Pierre dont elle est le prolongement, la grande rue de Dourdan, celle des magasins achalandés et des étalages du samedi. La proximité du marché a engagé les hôteliers à s’établir sur son parcours. Que nos lecteurs ne se scandalisent pas d’entendre toujours parler d’auberges. L’auberge est un centre de vie, de mouvement, d’activité commerciale ou politique. Il s’y échange des nouvelles et des produits. Si les braves cultivateurs et artisans y boivent un peu trop du vin des vignobles de Dourdan, ils y font en revanche beaucoup d’affaires, et d’ailleurs les chemins de Beauce sont si mauvais qu’il est souvent impossible de repartir le soir et qu’il faut nécessairement coucher à la ville, bêtes et gens[22]. Près de l’hospice, en face des halles, la Fille qui perd son temps a, depuis un siècle déjà, retiré son enseigne, mais tout à côté la maison de la Grille, où pendait, au xve siècle, l’Image sainte Barbe, continue à recevoir sa bruyante clientèle. Là, de tout temps, ont logé les Limousins, les bateleurs, meneurs d’ours et marchands de chansons, et la Grille, avec ses charpentes apparentes décorées de moulures, son portail cintré, ses quatre corps de logis ayant sortie sur la rue Trifouillet et la ruelle du Saint-Esprit, est une sorte de caravansérail où la maréchaussée a eu quelquefois affaire[23]. Peu après, l’Écu et la Pie dont la cour seule subsiste, forment un dédale de ruelles et d’allées courantes qui rejoignent la rue Neuve.

Au coin de la rue du Bon-Saint-Germain et de la rue de Chartres, en face du boulevard du Château à l’angle duquel voltige le Pot d’Étain au-dessus d’une treille bien palissée, le Croissant ouvre sa grande porte et sa cour étroite aux voyageurs bourgeois. La salle basse est assez sombre. Une porte voûtée comme celle d’une crypte donne entrée dans de vieilles caves ; on parle de souterrains qui rejoignent le château. Messieurs les prédicateurs, quand ils ne logeaient pas au presbytère, aimaient assez cet asile austère et c’est au maître du Croissant que les marguilliers payaient la dépense faite par les bons pères Cordeliers, venus pour prêcher l’Avent et le Carême de 1595 dans l’église nouvellement réparée[24].

Vis-à-vis des fossés du château que borde la rue de Chartres, les Trois Maures[25] attirent les yeux par leur enseigne voyante et leurs trois nègres aux turbans fantastiques, et on se souvient à peine des Papegaux (ou perroquets) qui, eux aussi, une ou deux portes plus loin, avaient une belle image au xive siècle. La rue Tirard ou à Tirard nous remet en mémoire le receveur du domaine de Dourdan, qui a lui donné son nom sous François Ier. Juste en face de la grosse tour, la maison de la Souche[26] avait d’immenses dépendances, et le puits de la Souche, sur le bord de la rue, alimente encore d’eau ce quartier qui sans lui en manquerait. La rue tourne, comme le fossé, autour du donjon, et sur la gauche, la rue des Fossés, la rue Motte-Gagnée et la rue des Belles-Femmes, dont nous retrouvons l’autre bout, descendent dans la ville basse. L’hôtel de messieurs Roger, lieutenants-généraux du bailliage, fait à la fois le coin de la rue Motte-Gagnée et celui de la rue des Belles-Femmes[27]. Leur tranquille demeure, à grande porte cochère toujours fermée, a remplacé l’ancienne hôtellerie du Cygne, et maître René Buffy remplace, lui aussi, tout près de là, à la porte de Chartres, la taverne du Héron, ce rendez-vous des pages et des fauconniers, quand ils rentraient de la chasse des étangs du roi. Des maisons de bonne apparence bordent le côté droit ; et cette partie haute de la rue de Chartres est généralement habitée par la bourgeoisie.

Immédiatement avant la porte de Chartres, à l’endroit du marché aux Cochons, la rue Neuve, ainsi appelée depuis plusieurs siècles, nous ramènerait, en tournant, dans la direction d’où nous venons ; car, parallèle à la rue de Chartres, elle sert de débouché aux rues Tirard, du Bon-Saint-Germain, du Trou-Salé et au jardin de l’hospice. Ne nous y engageons donc pas, car nous voulons sortir par la porte de Chartres. Au surplus, nous aurions peu de chose à voir dans la rue Neuve. À l’exception de l’hôtel de Groslieu avec son escalier en tourelle que possède l’hospice, et la grande habitation avec jardin du seigneur de Grateloup, au commencement du xviie siècle, ce sont des maisons sans histoire, de petites fermes, dont les propriétaires ont obtenu, pour quelques deniers de cens, une sortie sur les remparts.

En dehors de la porte de Chartres s’ouvre le quartier des Maillets et la route de Saint-Arnoult, qui se confond d’abord avec la rue du Faubourg-de-Chartres. Une croix se dresse au milieu du chemin. Construit dans un terrain triangulaire, à la sortie de la ville, le cimetière Saint-Germain a remplacé depuis trois siècles l’ancien cimetière qui existait jadis sur la place de l’Église. Il est devenu lui-même trop restreint pour la population[28]. Des deux côtés de la porte de Chartres, les murailles de la ville, régulièrement flanquées de tourelles et naguère bordées de fossés, forment autour de Dourdan une imposante ceinture. À gauche, les remparts s’inclinent avec le terrain jusqu’à la rivière. À droite, ils se prolongent sur un sol nivelé et sans autre interruption, de la porte de Chartres à la porte Saint-Pierre, qu’une ouverture dans l’axe de la rue Croix-Ferras ou Ferraize, à l’endroit de la Tourelle carrée.

La croix Ferraize ou de fer (crux ferrata) s’élevait jadis au milieu de la rue dans une sorte de carrefour, et une rue tendant derrière les remparts longeait au dedans de l’enceinte le chemin de ronde.

C’est à l’occasion de messieurs les joueurs de paume que la ville a commencé à combler ses fossés et à les convertir en promenades. La longue paume a été de temps immémorial le jeu favori des Dourdanais. Un grand nombre de parties de paume s’organisaient tous les dimanches. Chaque quartier, presque chaque rue avait la sienne. Les passants se plaignaient ; atteints par les balles, plusieurs d’entre eux avaient été blessés, sans compter les accidents aux vitres des voisins que tout le monde n’a pas le droit de casser ou de faire treillager comme Louis XIII. Monseigneur le duc d’Orléans, prié à cet effet, a octroyé aux joueurs, en 1742, une portion des fossés de la ville, depuis la porte Saint-Pierre jusqu’à la tourelle carrée, avec la permission de les combler et d’y installer leur jeu. M. de Verteillac, gouverneur de la ville, a donné avec une grande bienveillance un morceau de terre qui lui appartenait pour élargir l’espace. Un nouvel élan s’est emparé des joueurs ; de savantes parties, des défis entre les jeunes gens de Dourdan et ceux des villes voisines attirent très-souvent après vêpres une foule de spectateurs, et les anciens du pays ne manquent pas de venir juger et applaudir les coups.

Une rangée d’arbres plantée au nord du jeu de paume en dessine l’enceinte et les habitants charmés de cette promenade ont imaginé de l’étendre. Les plus riches bourgeois se sont cotisés, et avec, l’autorisation de Son Altesse Sérénissime, ont fait combler à leurs frais tout le fossé de la ville, depuis la tourelle carrée jusqu’à la porte de Chartres, et planter sur ce nouveau boulevard une double rangée d’ormes. C’est à M. Fougerange, conseiller du roi, grenetier de la gabelle et lieutenant particulier du bailliage, que l’on doit ce précieux embellissement. C’est lui qui a été le dépositaire et le dispensateur des fonds et qui s’est donné une peine infinie pour faire achever le travail dans l’année 1747.

Au midi du jeu de paume, à l’intérieur des murailles, est l’emplacement du champ de foire de Saint-Félicien, où se presse au mois de septembre un immense concours d’étrangers. En face, dans le Champtier de la Tourelle Carrée, on a transporté le cimetière de Saint-Pierre. En échange de l’ancien, M. de Verteillac a donné et fait enclore de murs ce nouveau terrain[29]. — Non loin de là, au milieu du chemin qui mène à Roinville, est la Croix-Rouge, ombragée d’arbres, et, en remontant au nord, dans les champs, la ruelle aux Moines et le Champtier de la Justice, lieu maudit où se dressaient les fourches patibulaires et s’exécutaient les sentences de la prévôté.

Les dépendances du Parterre, la belle propriété de M. Lévy acquise par M. de Verteillac, ont pris la place de la rue des Bordes, qui menait à la Croix-Rouge, et dont les bordes ou petites maisons couvertes de roseaux s’étaient échelonnées à la sortie de la ville et étaient devenues des lieux mal famés. La grille du parc touche à la porte Saint-Pierre ou de Paris. Deux tourelles[30] défendent cette entrée de la ville dont les remparts, enclavés dans la terrasse du parterre, ne reparaissent plus qu’au faubourg Grousteau, qui a perdu sa communication avec la rue des Bordes. La rue Haute-Saint-Pierre longe la maison de M. Lévy, où nous ramènerons plus tard nos lecteurs, et aboutit devant Saint-Pierre. La vieille église est en assez mauvais état. Son unique clocher, bâti au-dessus du chœur, souvent ébranlé par la foudre, inspire au quartier quelques inquiétudes. Son chevet est engagé dans les bâtiments de M. de Verteillac et sa sacristie est une matière à procès. La pointe de terrain qui formait l’antique cimetière a été débarrassée d’une partie de ses tombes et plantée d’ormes. Le sol, lentement exhaussé par les débris des générations humaines, avait monté plus haut que les murs qui le soutenaient, et sa ceinture trop étroite menaçait de se rompre sous la pression des terres amoncelées. M. de Verteillac en a profité pour éloigner de ses fenêtres ce voisinage qui l’attristait.

Attenant à l’église et debout sur un terre-plein qui domine la rue adjacente s’élève le Prieuré. C’est une demeure modeste avec petit jardin ; mais comme le prieur de Saint-Pierre est à la fois seigneur temporel et spirituel, on la qualifie dans les actes de maison seigneuriale. Elle jouit d’une vue superbe et plane sur la rue de la Fontaine-Saint-Pierre, la source où s’abreuve le quartier, la rue des Vergers-Saint-Pierre ou Saint-Laurent qui rejoint la rue d’Étampes, la fausse porte Grousteau, la fontaine Grousteau ou des Remparts, la rue Grousteau à droite de laquelle sont de grands maraîchers et les potagers de M. de Verteillac ou jardins de La Brousse entourés de canaux, et la masure qu’on nomme le vieil Presbitaire. Plus loin sont l’étang ou les prés de Gaudrée, et sur la rivière le vieux moulin Grousteau ou Micheau avec son voisin le moulin Prieur ou Choiselier.

Le carrefour Saint-Pierre n’a pas manqué d’avoir ses hôtelleries et on y a vu pendre tour à tour les enseignes de Saint-Gilles, de l’Ouye, du Dauphin, du Cheval Blanc et de la Chasse Royale. — La rue Saint-Pierre, la plus centrale de Dourdan, relie en quelque sorte les deux paroisses, et les clochers de Saint-Germain répondant à la flèche de Saint-Pierre, se dressent au-dessus des halles et forment le fond de la perspective. À gauche, les rues du Trou-le-plus-net et du Petit-Croissant descendent vers la rue d’Étampes. À droite, la rue Geoffroy qui porte le nom du dernier prieur de Saint-Germain, prolonge la rue Croix-Ferras qui commence à la rue Neuve et mène à la Tourelle carrée. La rue Saint-Pierre a vu tomber l’une après l’autre ses vieilles maisons. On y remarque pourtant encore la plus ancienne des façades de Dourdan, aux sombres assises de grès et au portail voûté : l’Écu de France y pendait au xve siècle et se retrouve sculpté en pierre sous le porche, au-dessus de la petite porte d’entrée. Les murs de la cour ont conservé les traces des galeries et des passerelles qui reliaient entre eux les différents corps de logis. C’était, au xviie siècle, la demeure de Pierre Boudet et de M. Louis Guyot, président en l’élection. Thomas de Lescornay l’a reçue de lui en héritage et M. Decescaud, président du grenier à sel, l’habite au xviiie siècle[31].

Tout à côté s’élevaient la maison de la Grande-Fontaine et celle de la Petite-Fontaine à l’encoignure de la ruelle des Hues qui borde l’hospice et a conservé le nom des anciens propriétaires du jardin de l’Hôtel-Dieu.

Saluons en passant ce consolant asile de la charité, relevé par des mains princières et dont la haute et large porte, nuit et jour ouverte à la souffrance, a été reconstruite en 1767.

Nous sommes au marché aux Herbes, et nous voici revenus à notre point de départ. Les vieilles halles aux massives charpentes occupent la moitié de la place. L’autre partie, devant l’église, où s’élevait encore en 1680 une grande croix de pierre, est le siége du marché aux grains. Enfin, derrière les hauts parapets de ses fossés, le château avec ses lourdes tourelles donne au tableau un fond sévère et la sombre couleur des cités féodales.

Nous connaissons à peu près maintenant la ville de Dourdan. « Elle peut passer pour jolie, dans l’esprit des gens qui sont sans préventions, écrit un de ses habitants vers 1740 ; les rues en sont grandes, bien pavées et toujours propres à cause de la pente naturelle qui donne l’écoulement aux eaux, et les maisons assez bien bâties et entretenues. L’air, qui n’est ni trop vif ni trop épais, y est bon. »

Ce n’est plus tout à fait la même chose à la fin du xviiie siècle, car le subdélégué de Dourdan écrit à l’intendant en 1777 : « La ville de Dourdan, privée du secours d’octroi, est presque entièrement dépavée, et si le roi n’a la bonté de venir à son secours en accordant à son profit la perception des droits municipaux[32] et de ceux du don gratuit[33] connus sous le nom de droits réservés, pendant quelques années, cette ville deviendra inhabitable. Les citadins et les étrangers risquent de s’y casser le col et le roulage devient impraticable, au détriment du commerce et de la sûreté publique. Vous serez en état d’en juger vous-même, Monsieur, lors de votre passage à Dourdan pour Bandeville, Dieu veuille qu’il ne vous y arrive aucun accident et que votre voiture ne s’y brise point, surtout dans la rue d’Étampes qui est remplie de cavités ! »[34].

Les choses n’ont point changé à la dernière heure de l’ancien régime, car les habitants rassemblés le 27 mars 1787 signent une requête tout empreinte de découragement et de tristesse : la santé publique souffre des exhalaisons de flaques nombreuses et profondes. Dans les années 1783 et 1785, le chiffre des morts a excédé de près de moitié celui des naissances. Le roi est supplié d’accorder l’autorisation d’un octroi momentané sur les vins et eaux-de-vie[35]. Dourdan fait encore un effort, mais c’est le dernier.

Après avoir parlé des rues et des maisons, il faudrait pouvoir faire connaissance avec les habitants qui y vivent. La population de la ville proprement dite atteint en 1726 le chiffre de 2,025 habitants. Il n’y a pas de grandes fortunes à Dourdan au xviiie siècle. Nous n’avons rencontré dans la ville aucune habitation fastueuse qui révèle la demeure d’un personnage opulent. Quelques familles toutefois appartiennent à la noblesse qui a dans l’élection de nombreux représentants, mais elles ne sont pas très-riches. C’est au Parterre que se voit le plus grand luxe ; une société choisie s’y réunit souvent, et Madame de Verteillac, femme de lettres et femme d’esprit, y attire d’aimables visiteurs. Le château de Grillon est aussi un noble rendez-vous. Le château de Sainte-Mesme, qui n’est pas loin, reçoit quelquefois les hôtes de Bâville et les seigneurs voisins dont les équipages de chasse traversent les rues paisibles de Dourdan. Une bonne bourgeoisie, presque exclusivement occupée des charges judiciaires, forestières ou autres, possède les offices, et beaucoup de ces officiers se plaignent que leurs fonctions ne suffisent pas à leur activité, souvent même aux besoins de leur famille.

Les plus riches, ce sont peut-être quelques manufacturiers ou commerçants qui font fabriquer et vendent à Paris les bas au métier ou les ouvrages au tricot, industrie spéciale de Dourdan. Au xviie siècle il y a eu en ce genre de véritables fortunes. Une grande partie de la population trouve dans cette fabrication un moyen d’existence. Les hommes travaillent au métier à domicile, dans des demeures basses et souvent malsaines, les femmes font du tricot de soie, de laine ou de fil. Mais l’état se perd ; la division du travail, qui a changé les conditions du traitement de la matière première, a tué à Dourdan les laveurs, les fouleurs et les cardeurs de laine. La concurrence des manufactures de Picardie, la réunion à Paris de la fabrication et de la bonneterie diminuent tous les jours la clientèle et le salaire des ouvriers de Dourdan. Ils entrevoient déjà une misère dont tout le monde s’épouvante et qu’une charité intelligente et dévouée est impuissante à prévenir. Les autres commerces ou industries qui, dès le xvie ou le xviie siècle, se sont formés en corps de communauté et possèdent des jurandes, sur lesquelles nous aurons occasion de revenir, ont limité leur extension en se monopolisant, et en dépit de leur titre de maîtres, bon nombre d’artisans ou de marchands sont fort peu aisés.

Les hommes qui ne travaillent pas à la manufacture ou qui n’appartiennent pas aux différentes communautés sont laboureurs, bûcherons ou journaliers, et la forêt est de quelque ressource pour les plus pauvres.

Au sujet du caractère de la société de Dourdan et de la valeur morale de ses anciens habitants, si nous voulions en croire une piquante boutade manuscrite, laissée il y a plus de cent ans, par un officier de Dourdan qui avait eu des démêlés avec la population et lui en gardait une amère rancune, nous pourrions citer un portrait fort sévère des Dourdanais et une longue tirade sur leurs défauts. L’auteur les résume en disant qu’ils ont fourni « l’original de la ville que La Bruyère, qui pouvait connaître Dourdan, a peinte dans le chapitre 5 de la société, de ses caractères, Ier volume, page 294 de l’édition de Paris de 1740 ; » ajoutant toutefois qu’il y a « des personnes très-sensées qui prétendent au contraire que les naturels du pays n’ont pas foncièrement le caractère mauvais, mais qu’ils doivent leurs mauvaises qualités à une troupe d’étrangers qu’on a souffert s’établir à Dourdan. »

Nous nous défions singulièrement de la partialité d’un fonctionnaire blessé, et à voir le ton passionné et l’universalité de sa censure, qui porte moins sur des vices que sur des vertus prétendues hypocrites, nous serions disposé à prendre le contre-pied et à défendre, comme de bon aloi, l’hospitalité, la religion, l’honnêteté des Dourdanais. Ouvrant La Bruyère à notre tour, nous dirions que, si Dourdan a fourni à l’illustre peintre une page d’après nature, c’est celle où il parle de la petite ville exceptionnelle.

  1. Le plan que nous offrons au lecteur à la fin du volume a été dressé d’après le cadastre, d’après le plan d’alignement qui sert journellement à l’administration municipale et d’après d’anciens plans manuscrits. Il donne à la fois l’état présent et les indications les plus importantes du passé. — La planche ci-jointe est le fac-simile, fidèlement exécuté par notre habile graveur, M. Léon Gaucherel, d’un dessin naïf mais exact, fait par un prisonnier du château, au commencement du siècle. — Nous aurions pu aussi reproduire, si nous ne l’avions jugée vraiment trop erronée et propre seulement à égarer le lecteur, une vue de Dourdan qui fait partie de « la Topographie de Clavde Chastillon, » de la fin du xvie siècle.
  2. Tout le monde déplore aujourd’hui ces malheureuses masures. Elles sont frappées de reculement par l’administration, et on attend impatiemment leur chute.
  3. Maintenant enclavée dans une propriété particulière.
  4. On voit encore le puits, avec son toit et sa fleur de lys.
  5. Achetée par M. Demetz, ancien maire de Dourdan, et occupée aujourd’hui par son fils, M. Demetz, conseiller général du département, le fondateur de la colonie de Mettray.
  6. Maison de la pharmacie.
  7. Maison de M. le docteur Diard.
  8. Maison de M. Boivin, maire. — Aujourd’hui rue Traversière.
  9. Maison de la pension.
  10. Maison de la poste aux lettres.
  11. Ces tourelles n’ont disparu qu’en 1817.
  12. A cause de son droit de mesurage des grains, qui l’obligeait à l’entretien des abords de la ville.
  13. Sur l’emplacement de la maison que Guillaume Thibault déclarait au terrier de 1537 pour 12 sols parisis de cens, et qu’occupèrent Denis Jonquet et le sieur Abraham-Joseph de Cassenave. — Jacques de Lescornay s’en fait acquéreur par contrat passé devant Claude Michau, 3 février 1680. — Écuyer, sieur du Mont, ancien avocat, conseiller du roi et commissaire directeur général des hôpitaux de l’armée du roi en Allemagne, premier marguillier de la paroisse Saint-Germain (1678), bourgeois de Paris, y demeurant en l’île Notre-Dame, rue et paroisse Saint-Louis (1668), de Lescornay, octogénaire, veut mourir à Dourdan. Son fils, Thomas de Lescornay, son petit-neveu, messire François de Saint-Pol, habitent tour à tour la maison d’Orgemont. Acquise en 1758 par M. Poussepin, elle passe par héritage à M. Lefort et à ses enfants, M. et Mme Collin, les propriétaires actuels. — Déclarations censuelles devant Me  Héroux.
  14. Terrains du gazomètre, etc.
  15. Ce puits, fort gênant pour la circulation, a été comblé, et M. Lebrun, l’architrésorier, en a fait ouvrir un autre à quelques mètres de distance, à l’angle de la rue qui porte son nom, autrefois la rue du Bourgneuf.
  16. Autrefois porte du Puits-des-Champs, aujourd’hui porte de Châteaudun.
  17. Le pont actuel date de prairial an IX. Une médaille commémorative a été déposée sous la première pierre par le consul Lebrun. Les deux tourelles ont été détruites.
  18. Cette maison a disparu il y a deux ans.
  19. En 1723, par ordre de M. de Bouville, intendant, M. Boucher, subdélégué de Dourdan, choisit pour l’emplacement d’une pépinière royale un terrain sablonneux, à l’est de la ville, appartenant à l’hospice. On y planta des ormes, tilleuls, hêtres, pommiers, poiriers, noyers et amandiers, au nombre de 15,000. En 1728, plus de la moitié des arbres avaient péri. En 1735, la pépinière fut transportée entre Dourdan et Potelet, dans un terrain dépendant du domaine. L’orme seul y réussit réellement ; on en comptait 23,400 pieds en 1746. Mais, en dépit du but de la création, qui était de garnir d’arbres les grands chemins, la plus grande partie du plant était livrée aux riches particuliers des environs, prince de Montauban, marquis de Magny, baron de Gauville, comte de Verteillac, etc. — L’administration supérieure s’entêta à faire à Dourdan d’infructueux essais de mûriers blancs. Le jardinier recevait 240 livres. Le terrain de 2 arpents était loué 30 livres au domaine.
  20. Rue de la Geôle (1640), de la Vieille-Geôle (1690), aujourd’hui de l’Abreuvoir.
  21. Maison de la pension. — Très-anciennement auberge des Trois Maures ; déclarée au terrier de 1537 par la famille Sédillon, elle a appartenu à messire Pelault, à Jean-Raphaël Curé, lieutenant des eaux et forêts ; à Jean-Louis Pommier, ingénieur du roi. Elle était occupée, à la fin du xviiie siècle, par M. Sébillon, maître de pension. C’est aujourd’hui un pensionnat de demoiselles.
  22. Nous n’avons pas besoin d’ajouter qu’évoquant ici les souvenirs du passé, nous n’entendons pas dire que toutes ces maisons aient existé à la fois.
  23. Tenue à rente au xviie siècle par la famille Houssu de noble homme Nicolas Boitet, la maison de la Grille fut donnée en 1741, par les dames Bigé, à l’hospice, qui l’engagea peu après par bail emphytéotique. C’est aujourd’hui un beau magasin de nouveautés, tenu par M. Hattier.
  24. Déclarée au terrier de 1537 par Robert de Fortmanoir, tenue en 1781 par Jeanne Yvon, la maison du Croissant est peut-être la seule qui ait conservé son nom et sa destination. Récemment reconstruite, c’est aujourd’hui un fort bel hôtel.
  25. Propriété d’Ollivier Guerton en 1668 et des Decescaud au xviiie siècle. — Antoine Roussin, hôtelier en 1687.
  26. Aujourd’hui hôtel de Lyon. — Le puits a conservé son nom.
  27. Occupé sous l’empire par les messageries et la poste aux chevaux, devenu pensionnat de mademoiselle Lequeux, aujourd’hui habitation et étude de M. Curot, notaire.
  28. Le cimetière actuel, transporté à mi-côte de la butte de Liphard, beaucoup plus loin de la ville, date de 1792. D’abord enclos de fossés, il a été muré en 1812.
  29. De 120 pieds de long sur 24 de large. — Contrat du 3 mai 1764. — Le cimetière Saint-Pierre a disparu avec la paroisse et fait aujourd’hui partie du parc de M. Mothu.
  30. Aujourd’hui démolies.
  31. Déclaration de Pierre Boudet, 17 juillet 1607, devant Berthier, notaire à Dourdan ; — de Louis Guyot, 7 juillet 1669, devant Boucher. — Vente, par Thomas de Lescornay, à Jacques Deshayes, devant Mathieu Buffy, 26 janvier 1755. — Jean Decescaud, 1782. — C’est aujourd’hui une boucherie menacée de reculement.
  32. On se rappelle qu’ils étaient la conséquence du défaut de corps de ville.
  33. « Ce don, gratuit dans l’origine, cessa de l’être. Dourdan jouit longtemps de l’abonnement que le roi lui avoit accordé, et de la faculté de le faire lever sur les objets de consommation qui lui en paraîtraient susceptibles et qui gêneraient le moins les habitants. Le don gratuit, devenu forcé sous le titre de droits réservés, se perçoit à la rigueur à Dourdan, avec les 2 sols par livre en outre, par les agents de la régie de ces droits, même sur le bois à brûler et foins qui entrent dans la ville, ainsi que sur les vins et autres boissons. Dourdan, accablé, se dépeuple de jour en jour. » — Correspondance de l’Intendance, 1773.
  34. Lettre du subdélégué du 24 octobre 1777.
  35. À raison de 6 livres par poinçon de 30 veltes ¾, « jauge du pays » (velte = 6 pintes), avec affranchissement des 10 sols par livre auxquels cet établissement peut donner lieu. — La consommation annuelle de la ville est évaluée à 1,100 poinçons.