Chincholle - Les Survivants de la Commune/Chapitre I

L. Boulanger. Éditeur (p. 1-4).


AVANT-PROPOS

Que sont devenus les hommes de la Terreur moderne ? Si une nouvelle Commune ou quelque gouvernement semblable se produisait, se remettraient-ils à la tête du mouvement ?

Il n’est pas seulement curieux de le rechercher. Une pareille étude est encore d’intérêt public.

Nous allons nous permettre de l’entreprendre.

On ne sera pas étonné de ne point trouver dans les pages qui vont suivre de longs détails sur ceux qui, comme MM. Tirard et Méline, ont reculé, dès les premiers jours, devant la terrible charge qui leur incombait. Ceux-là sont devenus plus tard des ministres ou des sous-secrétaires d’État relativement calmes. Ils sont les conservateurs de demain.

Nous avons également écourté les biographies des Henri Rochefort, des Alphonse Humbert, des Ranc, qui sont vraiment trop connues.

Nous nous sommes surtout occupé des hommes qui, bien qu’ayant joué en 1871 un rôle important, ont le moins souvent ou n’ont jamais tenté la presse.

Nous n’avons fait exception à cette loi qu’en faveur de Louise Michel, qui mérite vraiment une étude spéciale.

Par les renseignements que nous avons recueillis en suivant assidûment les réunions publiques, on verra que beaucoup d’entre les loups de 1871 ont de bonnes raisons pour être les agneaux de 1885 et des années suivantes.

Nous avons divisé notre travail en cinq séries :

I. — 
Les Membres de la Commune.
II. — 
Les Soldats de la Commune.
III. — 
Les Femmes de la Commune.
IV. — 
Les Sectaires de la Commune.
V. — 
Le Musée de la Commune.

Les trois premières séries ont des titres suffisamment explicites. Dans la quatrième, nous avons rangé les hommes qui, n’ayant été ni membres ni soldats de la Commune, l’ont servie soit au Comité central, soit dans les réunions, soit dans la presse, ou ceux sur qui nous n’avons eu qu’à la dernière heure les renseignements nécessaires. Dans la cinquième série, nous avons mentionné les objets, timbres, sceaux, médailles, boutons, etc., etc., qui ont, eux aussi, survécu à la Commune.

Ceci est un livre de bonne foi, comme disait Montaigne. Nous nous sommes dispensé de toute injure. Nous nous sommes contenté d’accumuler les faits que nous avons vus. La plupart ont été contrôlés par les témoins, quelques-uns auprès des intéressés eux-mêmes.

Si l’on veut bien toutefois nous signaler des erreurs ou des oublis, nous nous empresserons de les réparer, soit dans la seconde édition de ce volume, soit dans un autre ouvrage en préparation.

C. C.