Chefs d’œuvre lyriques (Malherbe)/07
Les Chefs d’œuvre lyriques de Malherbe et de l’école classique, Texte établi par Auguste Dorchain, A. Perche, , Tome i (p. 17-18).
Pour la Vicomtesse d’Auchy
IL n’est rien de si beau comme Caliste est belle ;
C’est une œuvre où nature a fait tous ses efforts ;
Et notre âge est ingrat qui voit tant de trésors,
S’il n’élève à sa gloire une marque éternelle.
La clarté de son teint n’est pas chose mortelle :
Le baume est dans sa bouche, et les roses dehors ;
Sa parole et sa voix ressuscitent les morts,
Et l’art n’égale point sa douceur naturelle.
La blancheur de sa gorge éblouit les regards ;
Amour est en ses yeux, il y trempe ses dards,
Et la fait reconnaître un miracle visible.
En ce nombre infini de grâces et d’appas,
Qu’en dis-tu, ma raison ? crois-tu qu’il soit possible
D’avoir du jugement et ne l’adorer pas ?