Au Roi Henri le Grand

JE le connais, Destins, vous avez arrêté
Qu’aux deux fils de mon roi se partage la terre,
Et qu’après le trépas ce miracle de guerre
Soit encore effroyable en sa postérité.

Leur courage aussi grand que leur prospérité
Tous les forts orgueilleux brisera comme verre ;
Et qui de leurs combats attendra le tonnerre
Aura le châtiment de sa témérité.

Le cercle imaginé qui de même intervalle
Du Nord et du Midi les distances égale,
De pareille grandeur bornera leur pouvoir :

Mais étant fils d’un père où tant de gloire abonde,
Pardonnez-moi, Destins, quoi qu’ils puissent avoir,
Vous ne leur donnez rien s’ils n’ont chacun un monde.