N. S. Hardy, Libraire-éditeurs (p. 160-168).


ALOUETTES DE MER




Les naturalistes français consignent sous le nom de Maubèsches, Cocorlis, Sanderlings, Pelindes, cette nombreuse famille d’échassiers qu’on voit apparaître sur nos côtes et sur la plage du grand fleuve, au printemps et à l’automne, en groupes serrés et tourbillonnants, qui ne savent jamais s’ils veulent s’en aller ou rester, s’élever ou s’abattre : nos campagnards les appellent tous indistinctement, alouettes de mer. On en distingue huit ou neuf espèces ; elles nichent toutes ou à peu près, dans le nord du continent.



LA MAUBÈCHE TACHETÉE


(jack snipe)


Cette alouette a le bec d’un vert olive pâle, foncé vers l’extrémité. L’iris, couleur de noisette ; les pieds, d’un vert jaune-pâle ; les griffes, foncées. Le sommet de la tête, roussâtre-brun : le centre de chaque plume, brun-noir ; une ligne pâle blanche part du bec et se termine derrière l’œil ; les lores, foncées ; les côtés de la tête, les parties antérieures et latérales du cou, avec une partie de la poitrine, d’un gris-brun clair, marquées de lignes brunes-foncées ; le menton et le reste des parties inférieures, blanches. Les plumes sur les parties supérieures sont brunes-noire, étoilées de rouge-brun ; celles sur les ailes, plus claires ; les primaires sont foncées ; les secondaires extérieures, nuancées de gris ; les intérieures, de la couleur des plumes du dos. Les pennes de la queue, d’un gris brun, légèrement marquées et terminées de blanc ; les deux pennes du milieu comme celles du dos :

Dimensions 9 X 18 — Poids 6 oz.


LE PELINDE CINCLE — LA MAUBÊCHE À DOS ROUX


(red backed sandpiper.)


Cette alouette arrive au commencement de septembre et tourbillonne en grandes bandes sur nos grèves. En été, elle prend en dessus un plumage fauve, tacheté de noir ; le devant du cou et de la poitrine offrent de petites taches noires ; le ventre est d’un noir pur, avec des bordures blanches ; la queue est olive ; les deux pennes du milieu ont le centre noir ; les pieds et les jambes, noir-grisâtre ; l’iris, foncée : bec, comprimé à sa base, un peu recourbé.

Sa ponte est de trois ou quatre œufs, un peu pyriformes, d’un verdâtre, pointillés de brun et tachetés de gris-roux.

Dimensions 8½ X 15.


LA MAUBÈCHE COURLIS


(curlew sandpiper.)


Cette espèce se retrouve dans le nord des deux continents ; elle est assez rare en Canada et aux États-Unis. Son plumage d’hiver diffère de son costume d’été ; en été, elle a le dos tacheté de noir-verdâtre, les ailes, grises-cendrées et le dessus du corps, roux-jaunâtre, croupion, blanc, barré de brun ; bec et pieds, vert-noirâtre, le premier comprimé et recourbé.

Les courlis vivent réunis en petites troupes, voltigent le long des grèves et des marais et séjournant peu de temps dans une même localité malgré l’abondance de la nourriture que leur offre le limon plein de larves et de mollusques, ils semblent chercher constamment la variété. Leur nid est construit négligemment parmi les hautes herbes du littoral et contient quatre ou cinq œufs jaunâtres, avec des taches brunes : l’incubation des œufs se fait par le mâle et la femelle.

Dimensions 8¾ X 16.



Le Courlis à long bec


L’ALOUETTE DE MER AUX LONGS PIEDS


(stilt sandpiper.)


Cette espèce est peu nombreuse : quelques rares individus séjournent chaque automne pendant quelques semaines sur nos plages : elle niche dans le nord ; elle est très nombreuse au Texas, le printemps.

Le costume d’été est d’un brun-noirâtre ; les plumes sont bordées de rouge-blanc ; le croupion et les couvertures supérieures de la queue, blanches, barrées transversalement de foncé ; la queue, d’un gris-clair ; les auriculaires, d’un brun rouge pâle ; le devant et les côtés du cou, d’un gris blanc, nuancé de roux et striés de barres longitudinales foncées ; le reste des parties inférieures du plumage, d’un rouge-pâle, barré transversalement de foncé. En hiver, le plumage varie.

Dimensions du mâle 7½ X 17.



L’ALOUETTE SEMIPALMÉE


(semipalmated sandpiper.)


Cet oiseau est fort diminutif : il arrive en septembre et se mêle aux bandes de pluviers et autres oiseaux de grève ; on remarque une grande différence de taille parmi ces oiseaux.

Voici leur signalement : le bec est noir, légèrement membré et long d’un pouce ; le sommet de la tête et le plumage en dessus, brun-foncé parsemé de rouille et de blanc ; les côtés du croupion, blanc ; le croupion et les caudales, noires ; les rémiges, d’un noir sale, avec des bandes blanches ; une ligne blanche existe sur l’œil ; les couvertures inférieures sont terminées de blanc ; les jambes noires-cendré ; les pieds, de même et semipalmés.

Dimensions 6¾ X 12½.




LA PETITE ALOUETTE DE MER


(la maubêche de willson.)


Cette alouette est la plus petite de l’espèce : son vol tient plus de celui de la bécassine que du vol de l’alouette. Elle affectionne les vasières, que le flux et le reflux recouvre à chaque marée : elle prend les airs en décrivant des zigzags et en poussant un cri faible. Ces oiseaux ne sont qu’une boulette de graisse avant leur départ en septembre. Wilson ne mentionne pas le lieu de la ponte : ce petit gibier est commun aussi en Europe.

Elle a le bec et les jambes, d’un brun-noir ; tout le plumage en dessus, abondamment frangé de bai-clair et de jaune-ocre ; les primaires sont noires : les couvertures supérieures, noires, terminées de blanc ; l’œil petit, couleur de noisette-foncé ; la queue arrondie, les quatre plumes extérieures de chaque côté, d’un blanc sale ; le reste, d’un brun foncé ; le haut de la tête, brun foncé ; une barre blanchâtre, au dessus de l’œil ; le ventre, blanc ; chez quelques individus, les jambes sont d’un jaune sale ; les côtés du croupion, là ou finissent les couvertures supérieures et les primaires sont barrés de blanc. Les femelles ressemblent fort aux mâles : la couleur baie, sur les côtés du dos et sur les scapulaires est plus vive chez le mâle et le brun plus foncé.

Dimensions 5½ x 12.




LE SANDERLING


(sanderling sandpiper. — ruddy ployer.)


Cet oiseau, qui n’a d’autre analogie avec les pluviers que la formation du pied où le pouce est nul, apparaît sur nos plages en septembre, en troupes nombreuses. Les Sanderling passent leur temps à guetter et à enlever, entre chaque vague, ces petits bivalves que la mer rejette sur le sable. Le chasseur épie le moment où la vague rentrante poursuit la troupe, pour prendre le gibier à la file : les survivants, à chaque coup de fusil, prennent leur essor, font une évolution au plus, et reviennent sans plus de façon se poser à l’endroit qu’ils ont quitté. Les grandes battures de sables, dans le golfe, telles que la batture aux alouettes, sur la rive nord du St-Laurent, sont les quartiers-généraux des Sanderling pendant l’automne. Ils vont nicher dans les îles au nord du continent. Cet oiseau a deux costumes : son plumage d’hiver est grisâtre en dessus, blanc en dessous et au front, avec les ailes noirâtres, variées de blanc ; en été, le dos est tacheté de fauve et de noir, et la poitrine piquetée de noirâtre ; le bec est noir, les pieds, noirs : ils n’ont que trois doigts.

Dimensions : 8 x 14.

Chez plusieurs individus, le plumage présente des différences de couleur assez marquées.


LE CHEVALIER ABOYEUR


(telltale tattler)


Cette alouette de mer est moins répandue que l’espèce précédente. Grand amateur des terrains bas et marécageux, le chevalier aboyeur, sert de sentinelle aux canards et aux autres oiseaux de grève : dès que le chasseur se montre, son sifflet aigu donne l’alarme à toute la gent emplumée du voisinage, qui ne manque pas de s’éloigner en toute hâte du danger que le vigilant oiseau a signalé ; il est vrai qu’en maintes occasions, un trépas prématuré est la récompense qu’il en retire, avec les malédictions du Nemrod désappointé. Ce chevalier arrive ici en avril et en mai, pond dans une touffe d’herbes sur le bord des marais, quatre œufs d’un blanc sale, irrégulièrement marqués de noir.

Wilson dit que cet oiseau est inconnu en Europe. Ce chevalier plane quelquefois à une grande hauteur dans les airs, et se fait même entendre lorsque l’œil l’a perdu de vue.

Il a le plumage et les mêmes couleurs que l’espèce précédente ; il n’en diffère que par son bec qui est plus recourbé et par sa taille.

Dimensions du mâle 14 x 24¾ — femelle 13¾ x 25½.

La plupart couvent au Labrador en gagnant le nord.




LA BARGE MARBRÉE.


(great marbled godwit.)


Ce bel oiseau arrive sur nos plages à la fin d’aout, période où il émigre des terres du nord, après la ponte. À la Floride, ces oiseaux se montrent quelquefois en grand nombre, tandis que nous n’en avons remarqué que de rares individus en Canada. D’un naturel défiant, les Barges marbrées, fort ressemblantes aux Corbigeaux, ne se laissent que rarement approcher par le chasseur : si néanmoins, ce dernier réussit à faire une victime, le reste de la bande tournoie au-dessus de l’endroit où le blessé se débat et le disciple de St. Hubert est souvent assez heureux pour tirer un second coup de fusil dans la bande. Pendant l’hiver ces oiseaux s’attroupent en bandes, à la Floride.

Nous avons souvent nous mêmes tué au fusil des Barges, sur les grèves de l’Île-aux-Grues ; mais elles y étaient isolées et une à une. Quand elles vont aux vivres, elles enfoncent leur long bec, tout entier dans la vase, à la manière de la bécassine et de la bécasse ; elles recherchent avidement certains insectes aquatiques ; quelquefois, cet oiseau s’aventurera, jusqu’à ce que son plumage entier touche l’onde et lorsque l’eau devient trop profonde, l’oiseau se dressera sur ces jambes, secouera ses ailes et fera un dernier effort pour obtenir le met qu’il convoite ; puis, contraint par le flot de s’envoler, il revient au rivage et recommence le même manège. Vers le milieu du jour, en certaines localités, les Barges se réuniront en une grande bande, sur un banc de sable, où elles passent des heures entières à lisser leurs plumes ; cela fait, plusieurs individus restent immobiles plongés dans la méditation, et se tenant sur une patte. Tout à coup, la silencieuse cohorte déploie ses ailes vers le ciel, fait retentir sa voix plaintive, prend son essor ; puis, se divise en plusieurs groupes, lesquels vont s’établir sur d’autres points en quête de nourriture. Les Barges affectionnent surtout les marécages salés sur la rive de l’océan.

Le mâle a le bec long de six pouces à peu près, un peu recourbé en remontant à son extrémité, laquelle est noire, mais à sa base, le bec est noirâtre-brun ; l’iris, est brun ; les pieds, brun-gris ; la tête et le cou, jaunâtre gris-clair ; la poitrine n’est pas mouchetée ; le haut de la tête est strié de noirâtre brun, comme le derrière du cou, mais plus pâle ; le reste du plumage en dessus est tacheté et barré de brun-noirâtre et de jaune-grisâtre. Les primaires sont brunes-noirâtre, ainsi que la frange extérieure des trois premières pennes ; les franges des autres primaires et celles des secondaires sont jaunâtres, toutes plus ou moins mélangées de foncé. La poitrine et l’abdomen sont jaune-roussâtre.

Dimensions 16½ x 28½.