Chants populaires de la Basse-Bretagne/Les Gars de Plouaret


LES GARS DE PLOUARET
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I

S’il vous plait, vous écouterez
Un gwerz nouvellement composé ;
Un gwerz nouvellement composé,
(Au sujet de) quatre jeunes gens.

(Au sujet de) quatre jeunes gens,
Qui sont allés à Maël, de Plouaret,
Qui sont allés picoter (la pierre) pour la tour de Maël,
Je crains qu’ils ne reviennent pas à la maison.

Sont allés — les deux Guillerm,
Le Pierès et André….
…………………………………………………………………

Quand ils arrivèrent à Maël,
Ils choisirent chacun une jolie fille ;
Ils choisirent chacun une jolie fille,
Les plus belles entre les jeunes filles (de la paroisse).

II

Françoise Le Coz disait
Au recteur de Plouaret, un jour :
— Vingt-huit jeunes gens, d’après ce que j’ai entendu,
Viendront jouer (se battre) contre ceux de Plouaret ;

Il faudra écrire une lettre
Aux bons gars, pour qu’ils viennent à la maison.
Quand la lettre leur arriva,
Ils étaient dans la plus haute galerie ;

Ils étaient dans la plus haute galerie,
Le Guillerm commença à la lire :
À mesure que Yves Le Guillerm la lisait,
Il s’arrachait les cheveux de la tête.

Yves le Guillerm disait
À ses camarades, ce jour-là :
— Hâtez-vous, hâtez-vous, camarades,
Je vois venir les gars !

Jetons nos marteaux en bas,
Je vois venir notre trépas !
Jetons nos marteaux les plus petits,
Et gardons toujours les plus grands.

Appuyez votre épaule contre la mienne,
Et laissez faire les gars ;
Frappez-les sur le front,
Jusqu’à ce que vous les renversiez à terre.

Yves Le Guillerm disait
À ses camarades, ce Jour-là :
— Allons boire un dimion (?)
Mon cœur commence à faillir.

Comme ils étaient dans la taverne, à boire,
Il leur arriva une nouvelle :
— Yves Le Guillerm, sortez,
Ils sont à assassiner Le Pierès !

Quand Yves Le Guillerm entendit (cela),
Il sauta par-dessus la table,
Renversant verre et bouteille, avec son pied,
Et l’aubergiste d’un soufflet.

…………………………………………………

Yves Le Guillerm, disait
Au recteur de Maël, là, en ce moment :
— Hâtez-vous de dire votre grand’messe,
Il y a longtemps que je n’en ai entendu aucune.

— Je ne dirai pas la grand’messe,
Car tu ne mérites pas de l’entendre.
Quand Yves Le Guillerm entendit (cela),
Il se détourna vers le recteur :

Il se détourna vers le recteur,
Et lui donna un soufflet ;
Il lui donna un soufflet,
Et le noya dans son sang !

Yves Le Guillerm disait
Aux habitants de Maël, là en ce moment :
— Retournez à la maison, habitants de Trémel,[1]
Il n’y aura pas de messe dans votre église ;

Il n’y aura pas de grand’messe, aujourd’hui,
Le recteur est à moitié mort.
………………………………………………………………………

Je vois ma maîtresse sous la porte principale de (l’église),
Avec deux rangs de dentelles sur son front,
Dentelles d’argent, épingles d’or,
Jamais ma maîtresse ne sera pauvre[2]

Yves Le Guillerm disait
À ses camarades, ce jour-là :
Hâtez-vous, hâtez-vous, camarades,
Afin que nous allions encore à Plouaret


Chanté par Jeanne Le Gall,
servante à Keranborgne — Plouaret.








  1. Il paraitrait que c’était à Trémel, et non à Maël-Pestivien ou Maël-arhaix, que travaillaient les piqueurs de pierre de Plouaret.
  2. Ce couplet pourrait bien avoir été interpolé.