Chants populaires de la Basse-Bretagne/La Belle Catoise


LA BELLE CATOISE[1]
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I

  J’ai une étoile cruelle (un sort cruel),
Si en a une créature au monde.

  Quand ma mère m’eût mise au monde,
Elle me porta dans une grande forêt ;

  Dans une grande forêt, loin de mon pays,
Et puis, elle me laissa là.

  La Fontenelle était avec moi,
Dont le sort ressemble au mien.

  Un bon ermite nous trouva,
Et celui-là nous instruisit ;

  Celui-là nous instruisit,
Jusqu’à l’âge de douze ans.

  Quand nous eûmes atteint l’âge de douze ans,
Nous nous dirigeâmes vers la Russie :

  Nous nous dirigeâmes vers la Russie,
Pour poursuivre notre chance et notre malheur.

  Quand j’arrivai en Russie,
Je perdis mon plus grand plaisir ;

  Je perdis mon plus grand plaisir,
La Fontenelle était son nom.

  Entre Paris et la Russie,
Il y a guerre et tristesse ;

  Il y a guerre et tristesse,
Et tout cela à cause de moi.

  J’ai traversé trois rivières de sang,
Et toutes sont à mon sujet.

  Quand j’arrivai à Paris,
J’allai servir la noblesse ;



  Deux couverts d’argent ont été perdus,
Et on me les a reprochés ;

  Et on me les a reprochés ;
Hélas ! j’ai été condamnée à mort !

II

  La Belle Catoise disait
À son procureur, un jour :

  — Mon procureur, si vous m’aimez,
On écrira sur ma potence ;

  On écrira sur ma potence
Pour faire voir (connaître) la mort que j’ai eue.

  Quelqu’un arrivera
Qui tirera vengeance de ma mort.

  La Belle Catoise disait
À son procureur, un jour :

  — Je ne veux pas mourir aujourd’hui.
Jusqu’à ce que vous ayez parlé au roi.

  — Consolez-vous, la belle, ne pleurez pas,
Pour aujourd’hui vous ne mourrez pas ;

Demain matin, quand il fera jour,
Je parlerai au roi.

III

  Le Procureur disait
Au roi, en le saluant :

  Nous avons condamné une criminelle,
Et nous ne pouvons pas la mettre à mort.

  À entendre ses propos.
C’est vous-même, sire, qui la délivrerez ;

  C’est vous-même, sire, qui la délivrerez ;
Son nom est : La Belle Catoise.

  — Quand le roi entendit (cela),
Il tomba trois fois à terre ;

  Il tomba trois fois à terre,
Le Procureur le releva.

Et le roi disait
Alors soudain, quand il revint à lui :

— Toutes les cloches qui sont dans cette ville
Faites-les mettre en branle,

Pour que la procession vienne
Chercher la Belle à la prison.

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La Fontenelle, je savais bien
Que je te reconnaîtrais à ton œil.

— La Belle Catoise, si vous m’aimez,
Vous viendrez avec moi au palais,

Et demain, quand le jour sera venu,
Nous serons unis devant Dieu.


Chanté par Marguerite Philippe.






  1. J’avoue ne rien comprendre à ce gwerz bizarre, et je ne m’explique pas comment le nom de La Fontenelle s’y trouve mêlé. — Je crains bien que ce ne soit l’œuvre d’un paysan qui s’est amusé à rimer, sans sujet ni plan, tout ce qui lui passait par la tête.