Chantons
M. Giard & E. Brière (p. 57-58).

CHANTONS 1 Air : A l’automne de la vie. |


[...]
Pour l'artisan, jeune fille,
Vois comme le ciel est beau !
Allons, quitte ton aiguille
Et mets ton petit chapeau ;
Clos ta fenêtre entr'ouverte,
Viens sur la pelouse verte
Où tourbillonne le bal ;
De l'orchestre bruyant entends-tu le signal ?
C'est la danse
Qui commence
Ses joyeux festons ;
Pour mieux suivre la cadence,
Chantons, chantons,
Ma charmante, chantons.

Que fais-tu là dans la rue,
Jeune femme au teint fardé.
Montrant ton épaule nue
À ce passant attardé ?
Ah ! c'est la faim qui te presse,
Et tu mets de ta jeunesse
Tous les trésors à l'encan ;
La prostitution te rive à son carcan !
Vierge folle,
Dieu console,
Il a des pardons.
Souffrance est une auréole.
Chantons, chantons,
Pauvre femme, chantons,[1]


Le parti démocratique
Pleure de vaillants soldats ;
Héros qu'un destin inique
Confond avec les forçats ;
Mais ils souffrent sans murmures.
Et Dieu met sur leurs blessures
L'espoir, baume souverain ;
Amis, chantons comme eux ce consolant refrain :
Prolétaire,
La misère
Que nous combattons,
Disparaîtra de la terre;
Chantons, chantons,
Prolétaires, chantons

Septembre 1849.

  1. Le docteur Barbier critiquait, avec raison, ce refrain qui paraît célébrer l’insouciance. Cependant les grands musiciens et les grands artistes ont aussi chanté leurs douleurs.