À nos enfants
A NOS ENTANTS Air nouveau de madame Laure Magnin
Le monde ancien tombe en décrépitude,
C'est le vieillard aux portes du tombeau,
Qui, du manteau de notre servitude.
Voudrait encor retenir un lambeau ;
Sa main se crispe et sa bouche flétrie
À l'avenir jette un déli jaloux ;
Nous qui hâtons son heure d'agonie,
Enfants chéris, nous travaillons pour vous.
Nous aiguisons la faux socialiste
Qui doit bientôt faucher les vieux abus ;
Privilégiés que le progrès attriste,
Résignez-vous, car les temps sont venus.
Aux yeux troublés de vos prétendus sages
Nous sommes tous des rêveurs et des fous ;
La foi nous fait mépriser leurs outrages,
Enfants chéris, nous travaillons pour vous.
Vous fonderez l'ère du nouveau monde !
Courage, enfants! vos jeunes bataillons
Récolteront cette moisson féconde
Dont nos labeurs creusèrent les sillons ;
Mais, sans atteindre à la terre promise,
Nous, vos aînés, nous succomberons tous ;
Nous remplissons le rôle de Moïse,
Enfants chéris, nous travaillons pour vous.
Novembre 1849.