Chantecler/Acte 2
ACTE DEUXIÈME
Bouquet de houx. Jardin qui n’est plus cultivé.
Lieu triste quand, la nuit, l’ortie et l’épervière
Tremblent sur le sentier frayé par la bouvière…
Mais ce qu’on voit de là, quand le jour est levé,
C’est le Vallon. C’est le Vallon par un grand V,
Qui n’est pas en Tyrol, qui n’est pas en Bavière,
Qu’on ne trouve qu’en France avec cette rivière
Et ce je ne sais quoi de noble et d’achevé.
Calme horizon, bornant les vœux, mais pas le songe !
Fins peupliers. Belle colline qui s’allonge
Comme une bête ayant un village au garrot.
Le ciel est de chez nous. Et lorsque illuminée
Fumera dans un coin quelque humble cheminée,
On croira voir fumer la pipe de Corot.
Scène PREMIÈRE
Stirx !
Scops !
Grand-Duc !
Moyen !
Petit !
Le Grand préside.
Chouette de l’If ! du Mur ! du Cloître ! de l’Abside !
C’est l’appel nominal.
Qu’à rouvrir l’œil quand on vous nomme.
Hibou ! Nyctale !
Brachyote !
Brachyote ?
Il vient. Il est allé manger une linotte.
Voilà.
Ils sont tous là quand il s’agit du Coq !
Tous !
Hulotte !
Caparacoch !
— Eh bien ! voyons !
J’habite loin.
On se dépêche !
Je crois qu’ils sont tous là…
Chevêchette ! et Chevêche !
Avant de commencer, poussons, mais à bas bruit,
Le cri qui nous met tous d’accord.
Vive la Nuit !
Vive la Nuit souple et benoîte
Où nous volons d’une aile en ouate,
Où, quand tout dort,
Grâce au mutisme de notre aile
La perdrix n’entend pas sur elle
Venir la mort !
Vive la Nuit commode et molle
Où l’on peut, lorsque l’on immole
Des lapereaux,
Ensanglanter la marjolaine
Sans avoir à prendre la peine
D’être un héros !
Vivent les ombres qui sont nostres !
Le silence où dans tous nos rostres
Craquent des os !
La fraîcheur où, tiède, tu gicles
Sur les verres de nos besicles,
Sang des oiseaux !
Vive le roc d’où la peur suinte !
Le carrefour où, lorsqu’on chuinte…
Hue…
Et huit…
Hôle et miaule…
Stride et stridule…
On fait se signer l’incrédule !
Vive la Nuit !
Vive la tendeuse de toiles,
La grande Nuit dont les étoiles
Sont le seul tort !
Car des regards sont inutiles
Lorsqu’en nos ongles rétractiles
Un col se tord !
Vive la Nuit où l’on se venge
De la grâce de la mésange !
Car la Beauté,
Quand l’ombre a repris l’avantage,
Reste à la Nuit comme un otage
Épouvanté !
Car on choisit lorsqu’on trucide !
Et l’on prend, d’autant plus lucide
Qu’il fait plus noir,
Le geai le plus bleu sur la branche
Et la colombe la plus blanche
Sur le perchoir !
Vive l’heure où dans l’œuf qu’on casse
On boit l’avenir qu’une race
Crut immortel !
L’heure où nous chuchotons ensemble
Pour préparer tout ce qui semble
Accidentel !
Vive l’ombre où la peur accrue
Nous fait régner !
Où, quand on hue…
Et qu’on huit…
Lorsqu’on ulule…
Et qu’on houloule…
L’aigle même a la chair de poule !
Vive la Nuit !
Et maintenant, laissons, dans sa rousseur moirée,
Parler le Chat-huant
Chut !…
Charmante soirée !
Nocturnes !…
Oui, le coin le plus noir, l’arbre le plus moisi ;
À droite, des vieux pots de jardin hors d’usage ;
À gauche, entre les houx…
Houx ! houx !
… Le paysage !
Nocturnes !
Tiens ! la Taupe est là ?
Chut !
Elle a pris pour venir…
Son Métropolitain.
C’est le Merle ?
C’est le Chat.
Je l’entends qui se lèche les pattes.
Nocturnes ! puisqu’ici, ce soir, — c’est notre orgueil ! —
Nous sommes entre gens ayant le mauvais œil…
Ha ! ha !
Chut !
Mais sans prendre parti, vous savez, en artiste.
Ne pas prendre parti, c’est le prendre pour nous.
Et allez donc ! c’est très simpliste, les hiboux !
Exprimons-nous d’un bec franchement malévole :
Le Coq est un voleur !
Un voleur ! — Il nous vole !
Quoi ?
La santé ! La joie !
Et comment ?
En chantant !
Des gonflements de fiel et des péricardites !
Car il annonce !
Ah ! oui, la lumière.
Pas ce mot ! Quand on dit ce mot, à l’horizon
La Nuit sent sous son aile une démangeaison !
La clarté…
Ce mot qui fait un bruit d’allumette qu’on gratte !
Dites : « Le Coq annonce… un pli du sombre drap… »
Mais le jour…
Pas ce mot !
Dites : « Ce qui viendra » !
Qu’importe qu’il annonce…
Heu !
Puisque… ce qui viendra… viendra !
Que d’entendre toujours…
Tout nuit !
Vous rappeler ce qu’on sait être vrai…
Vrai ! — Vrai !
Il chante quand la nuit est encor bonne et fraîche !
C’est un voleur ! — C’est un voleur !
De profiter…
De profiter ! — De profiter !
… Du bon morceau de nuit qui reste !
L’affût près des clapiers !
Les fêtes carnassières !
Les sabbats où l’on va sur le poing des sorcières !
Quand il chante, on n’est plus dans son état normal !
On fait le mal en se pressant !
On le fait mal !
Quand il chante, on n’est plus que dans du provisoire !
Dans de la nuit qu’on sait qui deviendra moins noire !
Quand son chant de métal a partagé la nuit,
On se tord comme un ver dans la moitié d’un fruit !
Pourtant, les autres coqs…
C’est le sien qu’il faudrait éteindre !
Éteindre ! — Éteindre !
Comment faire ?
Ce Merle a pour nous travaillé…
Moi ?
Oui, tu l’as raillé.
Ha ! ha !
Chut !
Son chant n’agit pas moins sur notre vésicule.
Il est plus fort depuis qu’on le croit ridicule !
Comment faire ?
Le Paon, ce grand dadais…
Ha ! ha !
Chut !
Mais, démodé, son chant n’est pas moins incommode :
Il est plus pur depuis qu’il n’est plus à la mode !
Comment faire ?
Égorger ce Coq !
Oui, mort au Coq !
Mort à cet aristo qui fait le démoc-soc !
Il a des éperons, mais porte un bonnet rouge !
Tous les oiseaux de nuit, debout !
il semble que la nuit augmente.
Le Minuit bouge !
L’égorger ? Mais nos yeux n’y voient plus quand il sort !
Las !
Comment égorger… de loin ?
Par quel ressort ?
Duc ! développerai-je un plan ?
Scops ! développe.
qui s’avance par menus bonds.
Le Scops ! le petit Scops !
Qu’en de tièdes jardins, là-bas, sur la hauteur,
Un éleveur d’oiseaux, qu’on nomme… aviculteur,
Nourrit, pour des concours qu’on appelle… agricoles,
Les plus splendides coqs des races les plus folles.
Or, le grand découvreur d’oiseaux rares, le Paon,
— Lequel, n’ayant qu’un cri qui perce le tympan,
Ne peut souffrir un chant qui perce la ténèbre, —
Le Paon, dont le système est de rendre célèbre
Tout animal étrange…
Et surtout étranger !
… Rêve de présenter, demain, au potager,
Ces coqs chez la…
Pintade !
Tous ces oiseaux dont la gloire sera pour celle
De Chantecler le dernier coup…
D’aplatissoir.
Mais ces coqs sont toujours enfermés !
Lorsqu’ouvrant leur volière une fille à la ronde
Leur lançait le maïs comme une grêle blonde,
Je surgis près du tronc velu d’un chamérops,
Et la fille…
Il est très malin, ce petit Scops !…
… En voyant cet oiseau de déplorable augure…
Ha ! ha !
Chut !
La cage reste ouverte, et toute la smala
Rencontrera demain le Chantecler chez la…
Pintade !
Il n’ira pas. Il a refusé.
Bigre !
Continue : il ira.
Qu’en sais-tu, petit tigre ?
J’ai vu qu’une Faisane excitait ses transports,
Et j’ai vu qu’il irait.
Tu vois tout quand tu dors !
Soit ! il y va, j’admets !
A gardé sa franchise implacable de rustre.
Quand il verra ce…
Five o’clock !
Où se mettront les…
Snobs !
… Devant tous les…
Rastas !
… Il tiendra des propos qu’il faudra qu’on relève.
Et tu crois qu’un combat de coqs ?…
Duc, c’est mon rêve !
Mais, Scops, si c’était lui, le vainqueur ?
Sache qu’entre ces coqs de luxe il y aura
Un vrai coq de combat, maigre, à l’aile orangée,
Celui…
Sensation profonde et prolongée !
… Qui creva l’œil aux plus célèbres champions,
Le Pile Blanc ! Et comme, à ses deux arpions,
Ce vainqueur des combats de Flandre et d’Angleterre
Porte, pour égorger ses ennemis à terre,
Deux rasoirs attachés par l’homme ingénieux,
Demain soir Chantecler sera mort, et sans yeux !
Nous irons regarder son cadavre !
Qui semblait sur son front de l’aurore concrète,
Nous la prendrons, joyeux d’avoir atteint le but,
Et nous la mangerons !
dandinant et féroce.
Man-ge-rons ! — Ha ! ha !
Chut !
Puis…
C’est déjà coquet !
Quoi ?
Mon Dieu ! si je prenais au tragique les choses,
J’irais tout dire au Coq… Mais je n’en ferai rien,
— Car je sais — que, tout ça, — ça finira — très bien.
Très bien !
N’ont pas réintégré demain soir leurs volières,
Nous mangerons tout ça, qui de plus rien ne sert !
Et puis, nous mangerons le Merle pour dessert !
Que dit-il ?
Rien !
Et puis…
Cocorico !
Quoi ? Qu’est-ce ?
Grand-Duc ! — Moyen ! — Petit !
Vous partez ? Rien ne presse !
Hibou !…
L’aurore est loin, vous avez tout le temps !
Non ! dès qu’il a chanté nos yeux sont clignotants !
Surnia, venez-vous ?
Nyctale !
Oui, mon amie…
Ils trébuchent !
de douleur.
Je souffre ! Ay !… ay !
C’est l’ophtalmie !
Mais comment fait-il donc, ce Coq pernicieux,
pour avoir une voix qui vous fait mal aux yeux ?
Strix !
Ils s’appellent !
Scops !
Plonge…
Chouette du Mur !… de l’If !… du !…
Plus personne !
Mais c’est l’heure où l’on soupe… À nous le grillon froid !
Vous !…
Scène <span title="Nombre II écrit en chiffres romains" style="text-transform:uppercase;">II
Eh bien ! vous avez dû surprendre leur mystère,
Vous, son ami ?…
À nous le cuissot d’orthoptère !
Moi, je guettais… de loin… J’étais dans un fossé…
Eh bien ?
Quoi ?
Ce complot ?
Ça s’est très bien passé.
Hein ?
Et des hiboux disaient des choses excessives.
Ciel ! ils ont comploté sa mort !
C’est bien moins dangereux !
Mais…
Bien que le Chat-Huant ait la voix d’un burgrave,
Il se pourrait que tout ceci ne fût pas grave.
Ces hiboux ?…
La font bien… mais vieux jeu !
Quoi ?
Jeu vieux
Ah ?…
C’est trop ! Et ce complet-complot, couleur muraille !
Je ne comprends jamais tout à fait quand on raille.
La Bohémienne, oui… vous la faites bien… je sai…
Mais vous ne ririez pas s’il était menacé !
Ces bandits ?…
Et ce ne sont que des Brigands de la Palabre !
Mais la Hulotte ?…
Elle était chouette !
Et le Grand-Duc ?…
Il a deux phares qu’il rallume avec un truc :
Cric ! crac !… Et quant à la Chevêche… hou ! la vilaine !
Elle en a deux aussi, mais à l’acétylène !
Alors ?…
Qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat-huant !
Vraiment ? J’avais si peur !
Voir des dangers partout, mais c’est la dyspepsie !
C’est parce que son œil sous l’aile se ferma
Que l’autruche a gardé son célèbre estomac !
— Tout s’arrange !
Ah ?…
Respectueusement, d’ailleurs, la Tragédie !
Mais si nous prévenions Chantecler pour qu’il fût ?…
Il irait provoquer ! ça ferait un raffut !…
Oui, c’est juste !
On fait un monde avec un pompon de platane !
Vous avez du bon sens !…
Oui, Fille des Forêts !
Cô…
Lui !
Qui va là ?
Moi !
Seule ?
Oui !
Je vais souper…
Alors ?…
Chut !…
Gazon, un cloporte !
Il faut tout lui cacher ?
Disons plus : il opporte !
Scène III
Debout ?
Pour voir l’aurore.
Ah ?…
Très vertueuse !
Je suis, mon ami,Oui.
Qu’avez-vous ?
J’ai mal dormi.
Ah ?…
Vous irez chez la Pintade ?
Aujourd’hui que pour elle.
Ah ! oui…
Je la déleste.
Venez chez elle.
Non.
Soit ! disons-nous adieu.
Non.
Alors, venez-y, vous m’y verrez un peu.
Non.
Vous ne viendrez pas ?
J’irai. Mais ça me fâche.
Pourquoi ?
C’est lâche !
Oh ! non, ça, ça n’est pas très lâche !
Ah ?…
Ce qui le serait…
Qu’est-ce qui le serait ?
Ce serait de me dire un peu votre secret.
Le secret de mon chant ?
Oui !
Mon secret ?
Du bois, je vous entends dans les premiers rayons.
Ah ?… mon chant est venu jusqu’à vos oreillons ?
Oui !
Mon secret ! Jamais !
Vous n’êtes pas affable.
Non ! je souffre !
Le Coq et la Faisane : fable.
Un Coq aimait une Faisane…
Rien lui dire…
Moralité…
C’était très laid !
Moralité : ta robe a des frissons de soie !
Moralité : je ne veux pas qu’on me tutoie !
Va retrouver ta poule à l’humble caraco !
Ah ! je suis furieux !
Mais non ! Faites : Cô !…
Cô !
Oh ! non ! mieux que ça !
Cô…
Votre secret…
Quoi ?…
Vous brûlez de me le dire !
Oui, je sens que je vais le dire, et que j’ai tort !
Tout ça, parce qu’elle a sur la tête de l’or !
Seras-tu digne, au moins, d’avoir été choisie ?
Jusqu’au fond ta poitrine est-elle cramoisie ?
Parle !
Tâche de découvrir toi-même, peu à peu,
Cette vocation dont ma forme est le signe.
Reconnais tout d’abord mon destin à ma ligne,
Et que, cambré comme une trompe, m’incurvant
Comme une espèce de cor de chasse vivant,
Je suis fait pour qu’en moi le son tourne et se creuse
Autant que pour nager fut faite la macreuse !
Attends !… Constate encor qu’impatient et fier
Et grattant le gazon de mes griffes, j’ai l’air
De chercher dans le sol, tout le temps, quelque chose…
Eh bien ! mais vous cherchez des graines, je suppose ?
Non ! ce n’est pas cela que jamais j’ai cherché.
J’en trouve, quelquefois, par-dessus le marché,
Mais, dédaigneusement, je les donne à mes poules !
Alors, griffant toujours la terre que tu foules,
Que cherches-tu ?
Car toujours je me plante au moment de chanter.
Observe-le !
C’est juste, et puis tu t’ébouriffes.
Je ne chante jamais que lorsque mes huit griffes
Ont trouvé, sarclant l’herbe et chassant les cailloux,
La place où je parviens jusqu’au tuf noir et doux !
Alors, mis en contact avec la bonne terre,
Je chante !… et c’est déjà la moitié du mystère,
Faisane, la moitié du secret de mon chant…
Qui n’est pas de ces chants qu’on chante en les cherchant,
Mais qu’on reçoit du sol natal, comme une sève !
Et l’heure où cette sève, en moi, surtout, s’élève,
L’heure où j’ai du génie, enfin, où j’en suis sûr,
C’est l’heure où l’aube hésite au bord du ciel obscur.
Alors, plein d’un frisson de feuilles et de tiges
Qui se prolonge jusqu’au bout de mes rémiges,
Je me sens nécessaire, et j’accentue encor
Ma cambrure de trompe et ma courbe de cor ;
La Terre parle en moi comme dans une conque ;
Et je deviens, cessant d’être un oiseau quelconque,
Le porte-voix en quelque sorte officiel
Par quoi le cri du sol s’échappe vers le ciel !
Chantecler !
Ce cri, c’est un tel cri d’amour pour la lumière,
C’est un si furieux et grondant cri d’amour
Pour cette chose d’or qui s’appelle le Jour,
Et que tout veut ravoir : le pin sur ses écorces,
Les sentiers soulevés par des racines torses
Sur leurs mousses, l’avoine en ses brins délicats
Et les moindres cailloux dans leurs moindres micas ;
C’est tellement le cri de tout ce qui regrette
Sa couleur, son reflet, sa flamme, son aigrette
Ou sa perle ; le cri suppliant par lequel
Le pré mouillé demande un petit arc-en-ciel
À chaque pointe verte, et la forêt mendie
Au bout de chaque allée obscure un incendie ;
Ce cri, qui vers l’azur monte en me traversant,
C’est tellement le cri de tout ce qui se sent
Comme mis en disgrâce au fond d’un vague abîme
Et puni de soleil sans savoir pour quel crime ;
Le cri de froid, le cri de peur, le cri d’ennui
De tout ce que désarme ou désœuvre la Nuit ;
De la rose tremblant, dans le noir, toute seule ;
Du foin qui veut sécher pour aller dans la meule ;
Des outils oubliés dehors par les faucheurs
Et qui vont se rouiller dans l’herbe ; des blancheurs
Qui sont lasses de ne pas être éblouissantes ;
C’est tellement le cri des Bêtes innocentes
Qui n’ont pas à cacher les choses qu’elles font,
Et du ruisseau qui veut être vu jusqu’au fond ;
Et même — car ton œuvre, ô Nuit ! te désavoue —
De la flaque qui veut miroiter, de la boue
Qui veut redevenir de la terre en séchant ;
C’est tellement le cri magnifique du champ
Qui veut sentir pousser son orge ou ses épeautres ;
De l’arbre ayant des fleurs qui veut en avoir d’autres ;
Du raisin vert qui veut avoir un côté brun ;
Du pont tremblant qui veut sentir passer quelqu’un
Et remuer encor doucement sur ses planches
Les ombres des oiseaux dans les ombres des branches ;
De tout ce qui voudrait chanter, quitter le deuil,
Revivre, resservir, être une berge, un seuil,
Un banc tiède, une pierre heureuse d’être chaude
Pour la main qui s’appuie ou la fourmi qui rôde ;
Enfin, c’est tellement le cri vers la clarté
De toute la Beauté, de toute la Santé,
Et de tout ce qui veut, au soleil, dans la joie,
Faire son œuvre en la voyant, pour qu’on la voie ;
Et, lorsque monte en moi ce vaste appel au jour,
J’agrandis tellement toute mon âme pour
Qu’étant plus spacieuse elle soit plus sonore
Et que le large cri s’y élargisse encore ;
Avant de le jeter, c’est si pieusement
Que je retiens ce cri dans mon âme, un moment ;
Puis, quand, pour l’en chasser enfin, je la contracte,
Je suis si convaincu que j’accomplis un acte ;
J’ai tellement la foi que mon cocorico
Fera crouler la Nuit comme une Jéricho…
Chantecler !
Mon chant jaillit si net, si fier, si péremptoire,
Que l’horizon, saisi d’un rose tremblement,
M’obéit !
Chantecler !
La Nuit, pour transiger, m’offre le crépuscule ;
Je chante ! Et tout à coup…
Chantecler !
Ébloui de me voir moi-même tout vermeil,
Et d’avoir, moi, le coq, fait lever le soleil !
Alors, tout le secret de ton chant ?…
Avoir peur que sans moi l’Orient se repose !
Je ne fais pas : « Cocorico ! » pour que l’écho
Répète un peu moins fort, au loin : « Cocorico ! »
Je pense à la lumière et non pas à la gloire.
Chanter, c’est ma façon de me battre et de croire,
Et si de tous les chants mon chant est le plus fier,
C’est que je chante clair afin qu’il fasse clair !
Mais il tient des propos qui sont fous ! — Tu fais naître ?…
Ce qui rouvre la fleur, l’œil, l’âme et la fenêtre !
Parfaitement ! Ma voix dispense la clarté.
Et quand le ciel est gris, c’est que j’ai mal chanté !
Mais lorsque vous chantez en plein jour ?
Ou bien, je jure au soc, à la bêche, à la herse,
À la faulx, de remplir mon devoir d’éveiller.
Mais qui t’éveille, toi ?
La peur de l’oublier !
Et crois-tu qu’à ta voix le monde entier s’inonde ?…
Je ne sais pas très bien ce que c’est que le monde :
Mais je chante pour mon vallon, en souhaitant
Que dans chaque vallon un coq en fasse autant.
Pourtant…
Et je ne pense plus à faire mon aurore !
Son aurore ?
Je vais faire lever l’Aurore devant vous !
Et je sens qu’aux moyens dont mon âme dispose
Le désir de vous plaire ajoutant quelque chose
Qui me fera chanter comme sur des sommets,
Elle va se lever plus belle que jamais !
Plus belle ?
De force à la chanson de savoir qu’on l’écoute,
D’allégresse à l’exploit d’être fait sous des yeux !
Madame !…
Qu’il est beau !
Ils ont déjà pâli ? C’est que j’ai, tout à l’heure,
Mis, par mon premier chant, le soleil en demeure
D’avoir à se tenir derrière l’horizon !
Il est tellement beau qu’il semble avoir raison !
Ah ! Soleil ! je te sens là derrière, qui bouges !
Je ris déjà d’orgueil dans mes barbillons rouges !
Cocorico !
Quel souffle a gonflé son camail ?
Obéis-moi ! Je suis la Terre et le Travail !
Ma crête a le dessin couché d’un feu de forge,
Et je sens le sillon qui me monte à la gorge !
Oui, oui, Mois de Juillet…
À qui donc parle-t-il ?
Oui, la Broussaille ! Oui, la Fougère !…
Il est superbe !
Ah ! c’est que tout le temps je dois penser…
Oui, l’Herbe !
… À tous ces humbles vœux dont je deviens la voix !
L’échelle d’or ?… Oui… pour danser tous à la fois…
À qui promettez-vous une échelle ?
— Cocorico !
Une étoile s’éteint.
Même quand il fait jour les étoiles sont là.
Tu ne les éteins pas ?
— Mais tu vas voir comment j’allume !
Oh ! je vois poindre…
Quoi ?
Le bleu n’est plus bleu !
Mais il est vert déjà !
Le vert s’est orangé !
C’est toi qui ce matin l’auras vu la première.
Tout a l’air de finir par des champs de bruyère !
Cocor…
Oh ! dans les pins, du jaune !
Il faut de l’or !
Du gris !
— Cocorico ! — C’est très mauvais ! mais je m’obstine !
Chaque trou dans chaque arbre a l’air d’une églantine !
Je veux, puisqu’à ma foi vient s’ajouter l’amour,
Que le jour, aujourd’hui, soit plus beau que le jour !
Tiens ! vois-tu qu’à ma voix l’Orient se pommelle ?
C’est possible, après tout, puisque l’amour s’en mêle !
Horizon ! reprenez, à mes cocoricos,
Vos lignes de petits peupliers verticaux !
On voit sortir de l’ombre un monde que tu crées !
Je te fais assister à des choses sacrées.
— Collines des lointains, précisez vos contours ! —
Faisane, m’aimez-vous ?
Être dans le secret des Éveilleurs d’Aurore !
Tu me fais mieux chanter. Viens plus près. Collabore.
Je t’aime !
Deviennent aussitôt plus de soleil là-bas !
Je t’aime !
Je vais dorer d’un coup la montagne !
Eh bien… dore !
Cocorico !
Mais les coteaux ?
C’est aux cimes d’abord de recevoir le jour !
— Cocorico !
Glisse un premier rayon…
Tiens ! je te le dédie !
Les villages lointains commencent à se voir !
Coc…
Vous n’en pouvez plus !
Si ! je veux en pouvoir !
Cocorico ! Cocorico !
Mais tu t’épuises !
Vous voyez bien qu’il flotte encor des choses grises…
— Cocorico !
Tu vas le tuer !
Que lorsque je me tue à pousser de grands cris !
Je suis fière de toi !
Votre tête s’incline ?
J’écoute se lever le jour dans ta poitrine !
J’aime avoir entendu d’abord dans tes poumons
Ce qui sera plus tard des pourpres sur les monts !
commencent à fumer dans l’aurore.
Je te dédie encor ces fermes rallumées :
L’homme offre des rubans, moi j’offre des fumées !
Je vois grandir ton œuvre au loin !
Moi, dans tes yeux !
Sur les prés !
Sur ton col !
Ah ! c’est délicieux !
Quoi ?
Je redore à la fois mon vallon et ton aile !
Mais l’ombre, en s’enfuyant, livre encor des combats :
Il reste quelque chose à faire par là-bas !
Cocorico !
Oh ! là…
L’étoile du matin s’efface !
que la Lumière est obligée d’effacer.
Elle s’efface !…
Ah ! mais… nous n’allons pas nous attrister ainsi ?
Coc…
Tiens ! les entends-tu maintenant ?
Qui donc ose ?…
Ce sont les autres coqs.
Ils chantent dans du rose…
Ils croient à la clarté dès qu’ils peuvent la voir.
Ils chantent dans du bleu…
— Ma chanson s’éleva dans l’ombre, et la première.
C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière !
Chanter en même temps que toi !…
Leurs chants prennent du sens en se mêlant au mien ;
Et ces cocoricos tardifs, mais qui font nombre,
Hâtent, sans le savoir, la retraite de l’ombre.
Oui, tous !…
Cocorico !
Hardi, le jour !
Hardi !
Mais oui, c’est ce toit-là qu’il faut dorer, pardi !
Allons, voyons ! du vert sur cette chênevière !
Du blanc sur le chemin !
Du bleu sur la rivière !
Le soleil ! Le soleil !
Mais il faut l’arracher de derrière ce bois !
Co…
Il vient !
…co…
Voici…
…ri…
…qu’il sort…
…co !
de l’orme !
Cocorico !
Enfin ! c’est fait !
Il est énorme !
Un chant pour saluer le beau soleil levant !
Ça ne fait rien. Il a les fanfares des autres.
Comment ! quand il paraît il n’entend pas les vôtres ?
Non, jamais.
Que c’est eux qui l’ont fait lever ?…
Ça ne fait rien !
Mais…
L’aurore n’a jamais été plus réussie.
Mais par quoi serez-vous payé de votre mal ?
Par les bruits de réveil qui montent de ce val !
Dis-les-moi. Je n’ai plus la force de les suivre.
J’entends un doigt qui frappe au bord du ciel de cuivre…
L’Angélus.
Un Angélus de l’homme après celui de Dieu…
La forge.
Un meuglement, puis un chant…
La charrue.
Un nid semble tombé dans la petite rue…
L’école.
Des lutins que je ne peux pas voir
Se donnent des soufflets dans de l’eau…
Le lavoir !
Et, tout d’un coup, de tous les côtés, qui sont-elles
Ces cigales de fer qui se frottent les ailes ?…
Ah ! puisque sur les faulx passent les affiloirs,
Les faucheurs dans les blés vont s’ouvrir des couloirs !
Tout travaille !… Et j’ai fait cela !… C’est impossible !
Ah ! Faisane, au secours ! Voici l’instant terrible !
J’ai fait lever le jour… moi ! Pourquoi ? Comment ? Où ?
Sitôt que ma raison revient, je deviens fou !
Car moi qui crois pouvoir rallumer l’or céleste,
Eh bien… ah ! c’est affreux !…
Quoi donc ?
Tu ne le diras pas ?
Non, mon Coq !
— Ah ! que mes ennemis ne le sachent jamais !
Chantecler !
Pourquoi m’a-t-on choisi pour chasser la nuit noire ?
Oui, dès que j’ai rendu les cieux incandescents,
L’orgueil, qui m’enlevait, tombe. Je redescends.
Comment ! moi, si petit, j’ai fait l’aurore immense ?
Et, l’ayant faite, il faut que je la recommence ?
Mais je ne pourrai pas ! Je ne vais pas pouvoir !
Je ne pourrai jamais ! Je suis au désespoir !
Console-moi !
Mon Coq !
Ce souffle que j’attends quand je gratte le sable
Reviendra-t-il ? Je sens dépendre l’avenir
De ce je ne sais quoi qui peut ne pas venir !
Comprends-tu maintenant l’angoisse qui me ronge ?
Ah ! le cygne est certain, lorsque son cou s’allonge,
De trouver, sous les eaux, des herbes ; l’aigle est sûr
De tomber sur sa proie en tombant de l’azur ;
Toi, de trouver des nids de fourmis dans la terre ;
Mais moi, dont le métier me demeure un mystère
Et qui du lendemain connais toujours la peur,
Suis-je sûr de trouver ma chanson dans mon cœur ?
Oui, tu la trouveras, oui !
Il faut me croire quand je crois, pas quand je doute.
Redis-moi…
Tu es beau !
Non, ça, ça m’est égal.
Vous avez bien chanté !
Mais que je fais lever…
Oui, oui, je vous admire…
Non ! dis-moi que c’est vrai, ce que je viens de dire.
Quoi ?
Que c’est moi qui fais…
C’est toi qui fais lever l’Aurore !
Eh bien, mon vieux !…
Scène IV
Le Merle !… Mon secret !…
Ça !…
Ce moqueur alerte !…
Ne nous laisse pas seuls ! J’ai l’âme encore ouverte :
Les rires entreraient !
Ça ! ça ! c’est trop beau !
D’où sors-tu ?
De ce pot.
Comment ?
Du perce-oreille cru dans de la terre cuite,
Quand soudain… Ah ! je veux t’exprimer tout de suite
Quel éblouissement…
Mais…
Qu’un pot puisse être un jour moins sourd qu’on ne le croit ?
Écouter dans un pot ! Se peut-il qu’on s’abaisse ?…
Ah ! qu’importe le pot pourvu qu’on ait l’ivresse ?
Et je viens de l’avoir ! la grande ! J’étais fou !
Je trépignais l’argile en lorgnant par le trou !
Vous regardiez ?
Avait juste un trou noir pour passer mon bec jaune.
Et puis, c’était trop beau… Pardon, mais j’ai du goût !
Puisque vous l’admirez, je vous pardonne tout !
Mais…
La belle Beauté !… j’y vais du pléonasme !
Comment ! toi, tu pourrais…
Je ne suis pas porté sur ce genre de sport…
Eh bien, cette fois-ci, mon vieux, c’est Le Transport !
Vraiment ?
Un pigeon voyageur pour te l’envoyer dire !
Ce Coq qui chante, hou !… Cette aurore qui luit,
Hou !…
Je crois que je peux vous laisser avec lui.
Où vas-tu donc ?
Je vais chez la…
A même fait lever le Jour… de la Pintade !
Dois-je y aller ?
Je te dispense de Pintade !
Et tu y vas !
J’ai besoin de montrer ton soleil sur ma robe !
Je reviens. Reste.
Oui, ça vaut mieux qu’il se dérobe !
Pourquoi ?
Pour rien.
Ce Coq !…
Tu reviens vite ?
Oui, oui !
Tu vois, le Merle noir lui-même est ébloui !
Scène V
Et ton sifflet ?…
C’est d’admiration, maintenant, que je siffle.
Hu !… Ça !… : hu !
Ça, c’est bien !
Tu n’es pas si mauvais, je le disais au Chien.
Ça, tu sais, mon petit, c’est très fort !
Oh !…
aux poules…
Lever l’aube !…
C’est dans l’œuf de Colomb qu’on a dû te couver !
Mais…
Faire lever le jour pour lever des faisanes !…
Et c’était fait !…
Tais-toi !
Qu’il faut dorer ! Parfait, les Atomes !
Tais-toi !
Et le coup de l’accès modeste !… Oh ! je l’adore !
Non, ce qu’il la connaît, celui-là !
Oui, j’ai l’honneur de la connaître.
Tu ne crois pas que c’est arrivé ?
Mais oui. C’est arrivé. Très bien.
Tu la fais bien. Il la fait bien. Elle est bien faite !
La Lumière ?… Assez bien ! Je suis habitué.
Le Soleil m’obéit.
Tu sens venir l’aurore et puis tu coqueriques :
Il n’y a rien de plus roublard que ces lyriques !
Malheureux !
Dans ton pont, toi-même, tu coupas ?
Hein ! nous savons comment ça se fait ?
Moi, je chante en m’ouvrant le cœur !
C’est un système.
Raille tout, mais pas ça, si tu m’aimes !
Je l’aime.
À moitié.
On n’est plus qu’un demi Castor pour son Pollux ?
Oh ! non, pas ça ! pas ça !
Moi, je ne marche pas !
C’est juste, il saute, il saute !
Mais vois dans quel état d’émotion je suis,
Ne fuis plus dans des mots !
Prends moi comme je fuis !
Il s’agit de ma vie, et de la plus profonde !
Oh ! je veux te convaincre, oh ! fût-ce une seconde !
J’ai besoin d’attraper ton âme…
Ah ?
Dans le fond, n’est-ce pas, tu m’as cru ?
Je te crois !
Je pense que tu sais ce que ce chant me coûte ?
Tu penses !
Tu m’entends, n’est-ce pas ?
Je t’écoute !
Mais, voyons, pour chanter ainsi que j’ai chanté,
Tu sens bien qu’il fallait avoir…
Une santé !
Ah ! soyons sérieux, car nous avons des ailes !
Oui, c’est ça, proférons des choses éternelles !
Mais pour voir poindre l’aube aux cris de son larynx,
Il faut être à la fois…
Feu Stentor et Feu Lynx !
Cette âme…
Oh ! mais je tiens à la poursuivre encore !
Voyons, le comprends-tu ce que c’est que l’Aurore ?
Mais oui, mon vieux ! c’est l’heure où l’horizon vermeil.
— Si j’ose m’exprimer ainsi, — pique un soleil !
Que dis-tu quand tu vois sur les monts l’aube luire ?
Je dis que la montagne accouche d’un sourire !
Et que dis-tu quand je chante dans le sillon
Même avant le grillon ?
Pends-toi, brave Grillon !
Tu n’as pas eu besoin de crier quelque chose
Lorsque j’ai fait lever une aurore si rose
Qu’un héron avait l’air, au loin, d’être un ibis ?
Mais si, mais si, mon vieux, j’ai failli crier : bis !
Cette âme !… On est plus las d’avoir couru sur elle
Que d’avoir tout un jour chassé la sauterelle !
Tu n’as pas vu le ciel ?…
On ne voit que le sol par le petit trou noir.
Tu n’as pas vu trembler les cimes écarlates ?
Pendant que tu chantais je regardais tes pattes !
Ah !…
Le pas de l’éveilleur d’aurore !
Va t’en vers l’ombre, Merle obscur !
Oui, Coq célèbre !
Moi, c’est vers le Soleil que je cours !
Tel un Guèbre !
Car sais-tu ce qui vaut de vivre uniquement ?
Oh ! non ! n’élevons pas le débat, c’est plumant !
L’effort ! qui rend sacré l’être le plus infime !
C’est pourquoi, vil railleur de tout effort sublime,
Je te méprise. Et ce rose et frêle escargot,
Qui tâche à lui tout seul d’argenter un fagot,
Je l’estime.
Et moi, je le gobe.
Pour faire un mot, éteindre une petite flamme !
Tu n’as pas plus de cœur que d’âme. Assez. Je romps.
Oui, mais j’ai de l’esprit.
Nous en reparlerons.
Soit ! je t’offrais gaîment quelques grains d’ellébore.
Je m’en lave après tout les pattes. Corrobore
Ce que tes ennemis vont racontant.
Qui ? Quoi ?
Joue à l’Oiseau-Soleil qui dit : « L’Éclat, c’est moi ! »
Tu fréquentes donc ceux qui me tiennent en haine ?
Ah ! ça te vexe ?
L’habitude t’emporte, et ce n’est plus exprès
Que même en amitié tu fais des à peu près.
Quels sont mes ennemis ?
Les Hiboux.
Mais croire à mon destin me devient trop facile
Si les Hiboux sont contre moi !
Ils veulent — l’éclairage étant trop fort pour eux —
Faire couper…
Quoi donc ?
Le compteur !
Le ?…
Ta gorge !
Par qui ?
Par un confrère.
Un Coq ?
Qui doit t’attendre.
Où donc ?
Chez la Pintade.
Ah ! bah !
C’est un de ces oiseaux dressés pour le combat
Qui ne feraient de nous qu’une capilotade
Si nous allions…
Où donc vas-tu ?
Chez la Pintade.
N’y va pas !
Si !
Non !
Tiens !
Quoi donc ?
Pas dans ce pot ?
Mais si !
Comment ?
Je réitère !
Par ce petit trou noir je regardais…
Tiens ! regarde le ciel par un petit trou bleu !
Car vous fuyez l’azur, Empotés ! mais on peut,
Pour vous forcer d’en voir au moins une rondelle,
Retourner votre pot, quelquefois, — d’un coup d’aile !