Chansons populaires du Canada, 1880/p212
je me suis mis au rang d’aimer
Entendez-vous les doléances de cet amoureux qui se plaint des cruautés de sa belle, lui qui ne l’avait pas mérité ? Attendez un peu, le voilà déjà consolé :
Partons, allons, chers camarades ;
Partons, allons vider bouteille !
Allons y boir’ de ce bon vin
Qui met l’amour en tête…
Qui ne reconnaît ici un caractère qui appartient à tous les temps, à tous les pays et à toutes les conditions ?
Est-ce bien « le roi Léon » ou « Napoléon » qu’il faut dire, dans le dernier de ces couplets ? C’est là une grave question que je laisse aux savants de décider.
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Je me suis mis au rang d’aimer
Qu’un’ seul’ fois dans ma vie ;
Mais à présent je reconnais
D’avoir fait une folie
D’avoir aimé si tendrement ;
Mais à présent je m’en repens.
Rossignolet du bois joli,
Emport’ -moi-t-une lettre.
Empor’t’ -moi-la, oh ! je t’en prie,
À mon aimable maîtresse !
Emport’ -moi-la, oui, sans mentir,
À l’arrivé’ du bois joli.
Si la bell’ s’informe de moi,
De moi fais lui réponse :
Tu lui diras qu’ j’suis-t-embarqué
Pour naviguer sur l’onde :
Ell’ m’a tant fait de cruautés,
Moi qui n’ l’avais pas mérité.
Partons, allons, chers camarades ;
Partons, allons vider bouteille !
Allons y boir’ de ce bon vin,
Qui met l’amour en tête.
À la santé du roi Léon !
L’anné’ qui vient nous reviendrons !