Chansons populaires du Canada, 1880/p185
c’est dans paris ya-t-une brune
Il s’agit d’une pauvre fille prise de vanité (ça se rencontre), et qui va se confier à un apothicaire dont les prescriptions ne manquent pas de perfidie.
La mélodie est bien ; la forme des vers, passable ; la morale, excellente.
Ces couplets se chantent dans l’ouest de la France. L’air français diffère complètement du nôtre, mais les paroles offrent à peine quelques légères variantes. L’expression « matin jour » se trouve aussi dans la version française.
Qui est plus belle que le jour.
Mais elle avait une servante
Q’ aurait, qu’ aurait voulu
Être aussi bell’ que sa maîtresse :
Mais ell’ n’a pu.
— Combien vendez-vous votre fard ?
— Nous le vendons par demi-onces :
C’est deux, c’est deux écus.
— Pesez-moi-z-en un demi-once :
Voilà l’écu.
Prenez bien garde de vous mirer…
Vous éteindrez votre chandelle…
Barbouiil… barbouillez-vous ;
Le lendemain vous serez belle
Comme le jour.
La belle a mis ses beaux atours ;
Elle a mis son beau jupon vert,
Son blanc, son blanc mantelet,
Pour aller faire un tour en ville,
S’y promener.
Son joli tendre cavalier.
— Où allez-vous, blanche coquette,
Tout’ noir’ tout’ barbouillée ?
Vous avec la figur’ plus noire
Que la ch’ minée !
— Monsieur, que m’avez-vous vendu ?
— Je vous ai vendu du cirage
Pour vos, pour vos souliers :
Ç’ appartient pas une servante
De se farder.
— J’ vous ai vendu, blanche coquette,
Du noir, du noir à fumée :
Ç’ appartient pas une servante
De se farder.