Chansons populaires du Canada, 1880/p100
dans les chantiers nous hivernerons.
M. J. C. Taché dans sa belle étude de mœurs canadiennes intitulée : Forestiers et Voyageurs, n’a pas oublié de faire une mention spéciale de cette chanson par excellence de tout forestier canadien. Je cite :
« … À l’heure convenue du lendemain, nous vîmes arriver nos jeunes compagnons de route. Ils venaient, piquant au plus court, à travers la neige des champs, montés sur leurs raquettes. Ils chantaient, sur un air aussi dégagé que leur allure de voltige, le gai refrain des bûcherons canadiens :
Voici l’hiver arrivé, |
« Je serais bien empêché, ami lecteur, de vous donner les autres couplets de cette chanson, attendu que, sauf ce prélude obligé,… tout le reste s’improvise pour répondre aux besoins des circonstances.
« Il est cependant une stance qu’on chante presque toujours pour clôture de la saison des chantiers ; mais celle-ci sur un ton quelque peu ennuyé, avec une apparence affectée de fatigue, la voici :
Quand ça vient sur le printemps,
Chacun craint le mauvais temps ;
On est fatigué du pain,
Pour du lard on n’en a point.
Dans les chantiers, ah ! n’hivernons plus !
Dans les chantiers, ah ! n’hivernons plus !
« Le mot chantier, continue M. Taché, a diverses acceptions : c’est ainsi qu’il signifie quelquefois l’ensemble d’un établissement, ou l’industrie de l’exploitation des bois elle-même ; quelquefois le logement des ouvriers. C’est de cette dernière acception que les anglais font usage dans le mot shanty (corruption de chantier,) par lequel ils désignent une hutte de colon. » (Soirées Canadiennes, — deuxième année, p. 24.)
Les couplets qui suivent m’ont été chantés par M. Louis Blondin, de la Baie-du-Febvre.
Voici l’hiver arrivé, |
— Ah ! bonjour donc, mon cher enfant ! |
Ces couplets sont parfaits comme peinture de mœurs. En voici un autre qui a bien son mérite. Il y est question d’un bourgeois qui paie son monde en marchandises, comme cela d’ailleurs se fait très-souvent. L’expression « on se trouve clair » veut dire ici qu’il ne reste plus rien au crédit du travailleur :
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Enfin voici trois autres couplets dont la forme diffère un peu d’avec celle des couplets précédents. La mélodie, nécessairement, s’en trouve légèrement affectée.
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