Chansons populaires du Canada, 1880/p050

Texte établi par Robert Morgan,  (p. 50-53).


digue dindaine


Ne dirait-on pas que cette mélodie d’une si délicate beauté se termine sur la dominante tout exprès pour imiter le son continu du petit bourdon de la musette, qui fait encore entendre sa note dominante alors que le musicien a fini d’exécuter son air ? Cette chanson, aussi belle comme poésie que comme musique, nous vient de la France, où elle n’est pas non plus tout-à-fait oubliée. L’air sur lequel M. Wekerlin (collaborateur de M. Champfleury,) l’a notée, dans les Chansons populaires des provinces de France, est fort joli, mais ressemble peu au nôtre ; quant aux paroles, publiées dans le même ouvrage, et qui se chantent dans le Nivernais, elles sont loin d’être aussi poétiques que celles de notre version canadienne. Comme dans notre chanson, il s’agit, dans la version française, d’une petite fille « encore jeunette » qui part pour garder son troupeau et qui oublie son déjeuner. « Un valet de chez son père » va le lui porter et la trouve tout attristée de la dispersion des intéressants quadrupèdes commis à sa garde ; le galant valet embouche alors un instrument champêtre et fait revenir comme par enchantement le troupeau au pied de la bergère. Mais ici commence la bifurcation : le troupeau de la chanson française n’est pas composé de moutons mais bien de prosaïques enfants de la race porcine…, lesquels se mettent, eux aussi, à danser, mais sans se tenir par la patte, — ce qui est beaucoup moins élégant.

I’n’y avait qu’la grand’trui’-caude
Qui ne voulait pas danser,


ajoute la chanson française ; mais le chef de la bande vient la prendre par l’oreille et lui dit :

Commère, il nous faut danser !…


acte d’une autocratie révoltante, en opposition directe avec les immortels principes de 89, comme diraient certains grands journaux de Paris, et qui dut soulever une bien grande indignation parmi toute la gent soyeuse… ce que, cependant, la chanson ne dit point.





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Quand j’é -- tais de chez mon pè -- re, di -- gue din-

dai -- ne, Jeu -- ne fille à ma -- ri -- er, di -- gue din- 

dé, Jeu -- ne fille à ma -- ri -- er, Jeu -- ne fille à ma -- ri -- 

er. 

}


Quand j’étais de chez mon père, digue dindaine,
Jeune fille à marier, digue dindé,
Jeune fille à marier, (bis)

Il m’envoie de sur ces plaines, digue dindaine,
Pourre les mourons garder, digue dindé.
Pourre les moutons garder, (bis)

Moi qu’étai’-t-encore jeunette, digue dindaine,
J’oubliai mon déjeûner, digue dindé.
J’oubliai mon déjeûner, (bis)

Un valet de chez mon père, digue dindaine,
Est venu me l’apporter, digue dindé.
Est venu me l’apporter, (bis)

— Tenez, petite brunette, digue dindaine,
Voilà votre déjeûner, digue dindaine.
Voilà votre déjeûner, (bis)

— Que voulez-vous que j’en fasse, digue dindaine,
Mes moutons sont égarés ! digue dindé.
Mes montons sont égarés ! (bis)

— Que donneriez-vous la belle, digne dindaine,
Qui vous les ramènerait ? digue dindé.
Qui vous les ramènerait ? (bis)

— Ne vous mettez point-z-en peine, digue dindaine,
Je saurai bien vous payer, digue dindé.
Je saurai bien vous payer, (bis)

Il a pris son tirelire, digue dindaine,
Il se mit à turluter, digue dindé.
Il se mit à turluter. (bis)

Au son de son tirelire, digue dindaine,
Les moutons s’ sont assemblés, digue dindé.
Les moutons s’ sont assemblés, (bis)

Ils se sont pris par la patte, digue dindaine,
Et se sont mis à danser, digue dindé.
Et se sont mis à danser, (bis)

 
I’ n’y-avait qu’un’ vieill’grand’-mère, digue dindaine,
Qui ne voulait pas danser, digue dindé.
Qui ne voulait pas danser, (bis)
 
— Oh ! qu’a’ vous, ma vieill’ grand’-mère, digue dindaine,
Qu’avez-vous à tant pleurer ? digue dindé.
Qu’avez-vous à tant pleurer ? (bis)

— Je pleure ton vieux grand-père, digue dindaine,
Que les loups ont étranglé ! digue dindé.
Que les loups ont étranglé ! (bis)

Ils l’ont traîné dans la plaine, digue dindaine,
Et les os lui ont croqué, digue dindé.
Et les os lui ont croqué, (bis)