Chansons populaires de la Basse-Bretagne/Yvonnette Le Ged


YVONNETTE LE GED
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I

   — Qui est celle-là, là-bas, qui va par la rue,
Avec ses bas de soie, ses chaussures noires ?
   La diron, la dira, tra la la ! (bis)

   — Celle-là, là-bas, c’est Yvonnette Le Ged,
Qui a fortune, qui a beauté ;


   Qui a fortune, qui a beauté,
Mais de la sagesse, elle n’en a point.

   Monsieur le comte disait
A son petit page, ce jour-là :

   — Je voudrais, pour cinq cents écus,
Aller avec elle une nuit coucher.

   — Seigneur, donnez-moi vos cinq cents écus,
Et je vous ferai coucher avec elle ;

   Et je vous ferai coucher avec elle,
Au lieu d’une nuit, deux, si voulez.

II

   Le petit page boujourait,
Dans le manoir quand il arrivait :

   — Bonjour et joie, en ce manoir !
Yvonnette, où est-elle ?

   Et le vieux Ged dit
Au petit page, dès qu’il l’entendit :

   — Elle est là-bas, au bas de la maison,
Qui empèse et qui repasse ;

   Qui empèse et qui repasse,
Petit page, va la trouver.

   Le petit page disait
A Yvonnette, quand il la saluait :

   — Envie à monsieur le baron
Que vous veniez, cette nuit, à Goashamon.

   — Je n’irai pas, cette nuit, à Goashamon,
A la maison se trouve mon frère Guyon ;

   S’il savait que j’aille là,
Il me broierait les membres ;

   Il me broierait les membres ;
J’irai, le plus tôt que je pourrai.


III

   Yvonnette bonjourait,
A Goashamon quand elle arrivait :

   — Donnez-moi escabeau pour m’asseoir,
Serviette pour essuyer ma sueur ;

   Serviette pour essuyer ma sueur,
Si je dois être belle-fille en cette maison.

   La mère du Seigneur dit
A Yvonnette, quand elle l’entendit :

   — Belle-fille ici vous ne serez point,
Sinon pour attendre qu’il en vienne une meilleure ;

   C’est la fille du comte de Lannion,
C’est celle-là qui sera ici dame.

IV

   Quand elle eut été trois mois dans la maison,
Voilà Yvonnette de commencer à pommer.

   Monsieur de Goashamon disait
A Yvonnette, un jour fut ;

   Pars, Yvonnette, quand tu voudras,
Je ne veux pas de filles en ma maison,

   Je ne veux pas de filles en ma maison,
Quand il leur arrive de pommer.


Chanté par Marie-Jeanne Le Thao, de Tonquédec, 1873.
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