Chansons populaires de la Basse-Bretagne/Le remède de l’amoureux malade


LE REMÈDE DE L’AMOUREUX MALADE
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___Vous avez entendu (dire) aux gens sages
Qu’il est bon de corriger la nature ;

___Qu’il est bon de corriger la nature,
De ne donner sa tendresse qu’avec mesure.

___Jamais il n’a fait de pluie qui ne cessât,
De vent violent qui ne diminuât.

___Tendresse chaude entre deux êtres
Avec le temps se refroidit.

___Mieux vaut tendresse plein la main,
Que des biens plein le four ;

___Avec la tendresse il y a plaisir,
Et avec les biens (il n’y a que) reproches.

___La beauté de ma maîtresse est grande :
Deux joues roses, deux yeux bleus,

___Et une bouche si séduisante
Que cela me fait mille biens de la voir.

___Une paire d’yeux sont dans sa tête
Aussi clairs que de l’eau dans un verre ;

___Son front est comme une moitié de lune :
Du fond de mon cœur je l’aime.

___Comme une noix de muscade
Est le petit cœur de ma maîtresse ;

___Avec la noix il y a bonne odeur,
Amour de fille est chose exquise.

___Quand je serai gravement malade, sur mon lit,
Conduisez ma douce jusqu’à moi,

___Et si elle ne me rend la santé,
Je n’ai pas besoin de (chercher) autre remède ;


___Ma maîtresse jolie, quand elle arrivera,
De quatre choses me soulagera,

___Me tirera de peine, d’ennui,
De chagrin et de mélancolie.


Keranborgne. — 1848.
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