Chansons populaires de la Basse-Bretagne/Le meunier
Un jeune meunier du moulin de Lojou,[1]
Près de la chapelle de Pierre, — vous savez son nom, —
A eu la pensée, comme il en avait sujet,
D’écrire son rêve, en une chanson bretonne.
Une nuit, après mon souper, j’avais été me promener ;
Par la chaussée de mon moulin je passais,
Quand j’entendis chanter une voix triomphante,
Comme la voix des anges, (et qui) s’en allait au fil de l’eau courante.
Quand je fus allé au lit, comme déjà je reposais,
(Je crois qu’était passée l’heure de minuit)
Une voix de sansonnet
Vint me réveiller...
Jamais grâce plus belle
Ne vit mon œil,
(Que quand) il vit ma maîtresse, reine du ciel,
Avec son air gracieux, son visage tourné de mon côté,
Dans sa main un bouquet de lavande,
Avec, au milieu, un diamant,
(Qui luisait) à la façon d’un miroir :
Elle le jeta dans l’eau.
Et, deux jours après, vers le matin,
Je trouvai le bouquet, dans le canal de la roue de mon moulin,
Sans qu’il eût changé le moins du monde,
Par la vertu du diamant,
(Et qui) s’en allait au fil de l’eau courante...
- ↑ Moulin en Trézélan (Côtes du Nord).