Chansons populaires de la Basse-Bretagne/Le clerc séducteur


LE CLERC SÉDUCTEUR
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Joliette est ma maîtresse, et belle comme l’eau,
Son visage brille comme un miroir.
Et moi de lui demander, comme elle était fille jolie,
Si elle logerait une nuit un jeune petit clerc.
Elle de me dire de descendre, de descendre et de venir dans la maison
— Je crois qu’il y a moyen de vous donner l’hospitalité.
Et moi d’aller avec elle sous un buisson d’épine blanche,
Quand nous revînmes de là, nous avions planté une rose,
Et qui lui dura l’espace de neuf mois francs.

— Moi, je vais maintenant à Paris, poursuivre mes études,
Au nom de Dieu, orpheline, donnez-moi quelque chose !
— Et moi d’aller à mon armoire, de lui donner cent écus,
Une douzaine de mouchoirs, trois ou quatre chemises ;
Depuis, mes deux yeux ne l’ont plus revu.
Ne puis aller à Paris, ne puis aller à Rome,
Je suis retenue par les œuvres du clerc, à la maison il me faut rester ;
Ne puis aller à Paris, ne puis aller nulle part,
Je suis retenue par les œuvres du clerc à cracher dans la cendre.

Quand était la mineurette à faire ses lamentations funèbres,
Etait le jeune clerc à la fenêtre à écouter.
— Taisez-vous, orpheline, fillette d’humeur facile,
Car s’il est vivant, l’enfant, ici est son père ;
(Je donne), cent écus au bout du berceau pour le faire bercer,
Cotillon à la nourrice et maillot à l’enfant.

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