Chansons populaires de la Basse-Bretagne/La chanson du tailleur
Roule dira lan lire !
C’est un triste état que le vôtre,
Roule dira lan lire.
Roule dira lan lire !
C’est un triste état que le vôtre,
D’être (ainsi), chaque jour, de maison en maison !...
Lorsque entrera le tailleur dans la maison,
Il cherchera affaire au chien ;
En sorte que le chien dira, pour sa raison :
— « Gare, mon maître ! voici les voleurs ! »
Quand va le tailleur pourri à son dîner,
Il frotte son ventre, gratte son dos :
Ses menottes seront recroquevillées,
Çomme les pattes d’un crapaud ;
Le tailleur, après coudre,
Mangera de la bouillie comme trois,
En sorte que la ménagère dira à sa servante :
— « Fais à celui-ci de la soupe au lait ! »
Quand il se sera assis à croppetons,
Alors il jasera, le coquin !
Il ne cessera pas un instant, de tout le jour,
De médire des uns ou des autres ;
Il ne cessera pas un instant, de toute la semaine,
De se plaindre de son argent-de-tabac (pourboire).
Le tailleur, dans une bonne maison,
Ne fait que chanter et siffler,
Fourrer sa tête aux fenêtres,
Héler les filles à la danse.
Quand va le tailleur aux danses,
Il charge sa poche de dés à coudre :
Alors diront les filles jolies :
— « Voici venir l’homme à l’argent ! »
En sorte que l’une dira à l’autre :
— « Le tailleur sera mon homme ! »
Le tailleur n’est pas un homme
C’est un tailleur, et voilà tout ;
Et il ne mérite d’être enterré
Ni dans le champ, ni dans le cimetière,
Tout au plus dans un coin de terre d’avoine,
Avec les chiens de la paroisse à ses trousses ;
L’eau qui s’égoutte des arbres
Servira d’eau bénite sur sa tombe !
Au manoir de Kercabin, en Plouëc.