Chansons populaires de la Basse-Bretagne/L’héritière Saliou


L’HÉRITIÈRE SALIOU
(SECONDE VERSION)
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I

La petite héritière Saliou
(Est) la plus jolie héritière qu’il y ait au pays ;
Et s’imaginaient sa mère et son père
Qu’elle était dans son lit, bien endormie,

   Et elle a traversé trois rivières,
Pour aller à Traonmaner,
Jouer aux dés, aux cartes,
Pour amuser le seigneur.

   Quand ils en eurent assez de ce jeu-là,
Ils allèrent tous deux dans un lit ;
Ils allèrent tous deux dans un lit
Y faire un fils, beau comme le jour[1].

II

   L’héritière gémissait,
Ne trouvait personne qui la consolât ;
Ne trouvait personne qui la consolât ;
Si ce n’est Traonmaner ; celui-là le faisait.

   — Taisez-vous, héritière, ne pleurez pas !
Je vous marierai quand vous voudrez ;
Je vous marierai à Lafleuri,
Le plus joli valet qu’il y ait en ma maison.


   Ce Lafleuri, épousez-le,
Et cinq cents écus vous aurez avec lui,
Oui, cinq cents écus, en argent blanc,
Et autant, en or jaune,

   Et le seigneur disait
À son valet Lafleur, certain jour ;
— Prends l’héritière pour femme,
Et je te donnerai cinq cents écus,

   — J’aime mieux quitter mon pays
Que d’épouser la concubine du seigneur ;
Et s’il faut que je quitte mon pays,
Je ferai au plomb marcher ;

   Je ferai au plomb marcher
Autour du justaucorps du seigneur.
Si j’avais mis ma barrique en perce,
C’est pour moi seul que je la garderais…


Chanté par Marguerite Philippe,
à Plouaret, — 1868.
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  1. Variante fournie par Jacquette Le Brun, de Pédernec.

       Ils allèrent tous deux en un lit,
    Pour y former une âme à Dieu ;
       Pour y former une âme à Dieu
    Ou un cavalier au roi