Chansons de la roulotte/Une chanson de café-concert


Une Chanson de Café-Concert














UNE CHANSON DE CAFÉ CONCERT


Musique de JACQUES FERNY[1]

\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \key la \major
  \time 2/4
  \autoBeamOff \override MultiMeasureRest.expand-limit = #2 \compressEmptyMeasures
  R1*2/4*15^\markup { \hspace #14  { \musicglyph "scripts.segno" }} \bar "||"  r4 dod8 dod | dod4 dod16 si la si | \break
  dod8 \stemDown la si si | si si \stemUp la16 sold la si | \stemDown dod4 dod8 dod | \break
  dod4 dod16 si la si | dod8 la si si | si si \stemUp la16 sold la si | \break
  \stemDown dod4 si8^\markup { \italic "(au public)" } mi | si si16 si si8 dod | \stemNeutral la la la dod | \break
  mi, la si16 si si si | dod8 r si mi | si si16 si si8 dod | \break
  la la mi dod' | dod dod dod16 re dod si | la8 r16\fermata mi la8 dod | \break
  la8. mi16 la8 dod | \time 2/8 la8. la16 | \time 3/4 \stemUp si8. lad16 si8. lad16 \stemNeutral si8. re16 | \break
  \time 2/4 dod4\( \stemDown la\) | \stemUp mi8. la16 la8. dod16 | dod8[\( la]\) la8 dod | dod[( la])( la) dod | \break
  \stemNeutral si2 | si4 dod8. si16 | la8. la16 si8. si16 | dod2 | \break
  dod8.^\markup "Pressez" dod16 dod8. re16 | dod8 r re r | dod4-> si8 r | \stemDown la4 r | 
  R1*2/4*3^\markup { \hspace #8  { \musicglyph "scripts.segno" }} \bar "||"
}
textA = \lyricmode {
  \override LyricText.font-size = #-1
  Il é- tait u- ne fil- le 
  sa- ge Au cœur en- core in- no- cent et pur, Tel un 
  ciel dont au- cun nu- a- ge Ne dé- pa- re la voû- te d’a- zur…
  Vous vous dit’s, j’en suis sûr d’a- van- ce,
  Mes- dam’s mes- sieurs de la so- cié- té, Qu’à la fa- çon dont ell’ com- men- ce
  Ma chan- son man- que de nou- veau- té… 
  C’est un’ chan- son d’ca- fé con- cert_; Qu’est-c’ que vous vou- lez que j’vous 
  di- se_? Ce- lui qui l’a fai_aite a vrai- ment_ souf- fert…
  Quand il a eu la tê- te pri- se
  En- tre deux trains de che- min d’fer.
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 1\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { \tempo 4 = 120 }
}
\header { tagline = ##f}
UNE CHANSON
DE CAFÉ-CONCERT

À Mlle Camille Stefani
I

Il était une fille sage
Au cœur encore innocent et pur,
Tel un ciel dont aucun nuage
Ne dépare la voûte d’azur…
Au public
Vous vous dit’s, j’en suis sûr d’avance,
Mesdam’s messieurs de la société,
Qu’à la façon dont ell’ commence
Ma chanson manque de nouveauté…

C’est un’ chanson d’café-concert ;
Qu’est-c’ que vous voulez que j’vous dise ?
Celui qui l’a faite a vraiment souffert…
Quand il a eu la tête prise
Entre deux trains de che…min d’fer !

II

Ennuyé de la concurrence,
Le teinturier de l’azur des Cieux.
Pour lui fair’ perdre sa nuance,
Mit sur ses pas trois jeunes messieurs
Et comm’ son petit cœur à croire
À l’amour n’était que trop enclin,…
Vous d’vinez la suit’ de l’histoire,
D’autant mieux que… ça n’est pas malin !…

C’est un’ chanson d’café-concert ;
Qu’est-c’ que vous voulez que j’vous dise ?
Celui qui l’a faite a vraiment souffert…
Quand il a eu la tête prise
Entre deux trains de che…min d’fer !

III (ad libitum)

Le premier lui peignit en rose
Les cyniques desseins de son cœur,
Le deuxième, en ardente prose,
Des siens sut lui peindre la blancheur ;
Puis, par le troisième, un poète,
La mêm’ chose lui fut peinte en vers !…
Au public
La blagu’ n’est, certes, pas parfaite
Mais ne l’avalez pas de travers !…

C’est un’ chanson d’café-concert ;
Qu’est-c’ que vous voulez que j’vous dise ?
Celui qui l’a faite a vraiment souffert…
Quand il a eu la tête prise
Entre deux trains de che…min d’fer !


IV

Or, voilà qu’un jour, à sa mère,
Elle dut confesser un malheur :
En r’venant des Folies-Bergère,
Elle avait égaré sa blancheur !
Et sa maman, d’un ton morose,
Lui fit alors cette observation :
« Faut toujours que tu perd’s quéqu’chose !
Tu n’peux donc jamais faire attention ! »…

C’est un’ chanson d’café-concert ;
Qu’est-c’ que vous voulez que j’vous dise
Celui qui l’a faite a vraiment souffert…
Quand il a eu la tête prise
Entre deux trains de che…min d’fer !

V

Neuf mois après elle était mère
D’un petit garçon rose et joufflu.
Pauvre enfant ! quel était son père ?
Je n’en sais rien, sa maman non plus !
Vibrer [2]
Peut-être un jour, à la frontière,
Pour la France ! — héroïque destin ! —
Sonnera son heure dernière !!
Danser
Mais heureus’ment ça n’est pas certain !…

C’est un’ chanson d’café-concert
Qu’est-c’ que vous voulez que j’vous dise
Celui qui l’a faite a vraiment souffert…
Quand il a eu la tête prise
Entre deux trains de che…min d’fer !

  1. Texte en collaboration avec Hugues Delorme
  2. Tradition : « Couplet Patriotique ! »