Chansons de Paul Avenel/03
LA BELLE POLONAISE
J’suis née à Cracovie,
De parents inconnus,
Les détails de ma vie,
N’vous sont point parvenus.
À l’exemple de Joconde,
J’ai très-longtemps parcouru
Les quatre parti’s du monde
À cheval sur la vertu.
Parlé. — Pourquoi ?
Parce que…
Je suis Polonaise, oui-dà !
Je me nomme Lodoïska
Je me nomme Lodo, Loïs, Loka, Lodoïska.
Je suis Polonaise, oui-dà !
Je me nomme Lodo, Loïs, Loka, Lodoïska.
Je faisais d’la voltige
À la Taglioni,
Au grand cirqu’ que dirige
Mossieu de Franconi.
Là, ma taille avantageuse
Séduisit un beau pompier,
Mais je suis si vertueuse
Qu’j’aimai mieux un vieux banquier.
Je suis Polonaise, oui-dà ! etc.
Devant le Shah de Perse
J’ai dansé la polka,
L’empire que j’exerce
Sur lui s’manifesta.
Voulant me prendre pour chatte,
Le scélérat d’Shah m’loucha,
Et me présenta sa patte :
Mais flut’ ! pour sa patt’ de Shah !
Je suis Polonaise, oui-dà ! etc.
J’ai prom’né mon physique
Aux États désunis[1],
Et j’ai vu l’Amérique
Se réduire en hachis.
Devant cet état de chose,
J’ai dit : assez de c’micmac,
Z’ut ! tu n’auras pas ma rose
Bord fleuri du Potomac.
Je suis Polonaise, oui-dà ! etc.
Aux Arabes d’Afrique,
Au milieu des déserts,
De ma voix sympathique
J’leur-z-ai chanté des airs.
Et je reviens fière et riche
De c’pays carbonisé,
Légère comme une biche :
Les chameaux l’ont bien passé !
Parlé. — Pourquoi ?
Parce que…
Je suis Polonaise, oui-dà ! etc.
- ↑ Cette chanson parut pendant la guerre du Sud contre le Nord des États-Unis.