Cham - Albums du Charivari/Salon de 1868

Journal le Charivari (1p. 173--).

SALON DE 1868
ALBUM
DE 60 CARICATURES
PAR
CHAM
EXPOSITION DE 1868. Portrait de madame P… — Où donc est-elle ? — Ah ! dame ! aujourd’hui elle est derrière la toile.

PARIS
ARNAULD DE VRESSE, ÉDITEUR
55, RUE DE RIVOLI, 55

— Refusé à cause de sa couleur.

— Messieurs, attendez encore un peu ! c’est un homme politique, il va changer peut-être encore tout à l’heure !

L’INTÉRIEUR D’UN JURÉ.

— J’en vois tant de ces tableaux au jury de peinture que je n’en veux plus voir chez moi !

PERFIDIE DE L’ANGLETERRE.

— Horreur ! les portraits de Sothern reparaissent en force à l’Exposition !

— Madame, le jury vient de condamner votre portrait : nous n’avons que le temps de passer tous deux en Belgique !

— Pourquoi vous frictionnez-vous avec ce tableau ?

— C’est le portait du zouave Jacob. J’ai des rhumatismes.

EXCÈS DE PUDEUR DU SCULPTEUR Z…
Des feuilles de vigne même sur ses bustes !
Les journalistes se trouvant mêlés à tous les paysages exécutés cette année d’après nature. Statuette mi-corps de Mlle  X., danseuse de l’Opéra.
PROPOSÉ PAR LES PEINTRES
Que chaque membre du jury soit tenu de passer au travers des toiles refusées ; de cette façon, ils en refuseront peut-être moins.

— Vous reconnaissez avoir commis ce tableau ? Avez-vous des complices ? Faites-vous partie de la bande de M. Manet ?

— Monsieur le juré, c’est une préparation que j’applique sut mes bustes en plâtre. Voyez si ce n’est pas aussi dur que le marbre.

— J’ai été à c’te bataille, et c’est pas ça ! Je ne veux pas que ça entre ! Dites au peintre qu’il recommence.

— Le portrait qu’on a fait de toi a été refusé ; qui t’avait donc recommandé ce peintre ?

— Mon fruitier ; il lui avait peint ses œufs de Pâques.

Les portraits du peintre X., n’ayant pas été présentés sous un jour favorable. — Refusés comme contraires à l’équilibre européen.

Adorables les portraits de femmes soumis cette année au jury !

— Je vais vite lui faire donner congé : deux années de suite qu’on le refuse, ça ne peut être qu’un mauvais sujet.

— Che vous en prie, refusez chon tableau, che lui rapporterai, cha me fera deux courses !

LE VICOMTE DE P… AU STEEPLE-CHASE DE LA MARCHE.
Le premier portrait ressemblant du peintre.
Les médecins se livrant à la peinture, afin d’exposer les entrailles de leurs malades.

— Messieurs, l’original va entrer afin que vous puissiez comparer.

Portrait de M. X… se faisant entendre à la Chambre. Tellement bien fait qu’elle se trompera souvent, prenant la copie pour le modèle.

— Je vous défends d’exposer le portrait de ma femme dans ce costume-là.

— Les modes changent si vite ! les portraits habillés deviendront ridicules en trop peu de temps.

— Refaites-moi ça ; je n’entends pas qu’on ait l’air de vouloir diminuer les cadres de l’armée.

— Le portrait de ma femme que vous envoyez à l’Exposition ? Vous lui avez mis un grain de beauté sous le bras gauche, c’est de la vie privée. Je vous fais un procès.

TABLEAU DE BATAILLE.

— C’est dégoûtant ! passer par ici avec des choses pareilles, pour faire baisser la rente.

PORTRAIT D’UN MILITAIRE.
A exigé de l’espace dans la toile pour son avancement.

— Je vous dis, moi, qu’il n’entrera pas avant d’avoir déposé ses armes !

— Pourquoi apportez-vous ce portrait ici ?

— On m’a dit de porter ce militaire devant le jury. C’est le conseil de guerre que ça regarde.

M. Chassepot essayant son fusil dans une toile de 1 500 mètres.

— Il ne reçoit pas… Monsieur est malade.

— Je viens l’achever pour l’Exposition.

— Au secours ! on veut tuer Monsieur ! à l’assassin !

— Il était bon, votre tableau.

— Bah ! il a été reçu par le jury ?

— Le marchand de vin me l’a pris pour quatre chopines que j’ai pas pu lui payer.

PEINTURE CHASSEPOT.
Sujets traités par la culasse.

— C’est une horreur m’envoyer ainsi !

— Madame, vous avez les pieds mieux que les mains. J’ai préféré les mettre.

— Mon malheureux fils ! t’as donc déshonoré ta famille, que tu vas passer devant un jury de peintures.

— Il m’a dit de vous recommander son tableau qu’est pas encore bien sec ; voyez plutôt, rien qu’à mettre les doigts dessus !…

— Avant de commettre un crime je me ferai peintre ! Un brave jury, qu’en a pas encore fait guillotiner un seul !

Envoi, par un peintre fenian irlandais, d’un tableau à l’huile de pétrole.
Le plus bel éloge qu’on puisse faire du tableau de M. Jadin, qui vient de traverser Paris se rendant à l’Exposition. Portraits-fragments de la baronne de P…

— Ciel !… vous avez la figure toute barbouillée !

— Je ne ressemblais pas à mon portrait, le peintre a voulu alors me faire une tête pour qu’elle puisse ressembler à celle de sa toile.

1406. — M. LAFALLE.
Soldats de la contre-guérilla se livrant à des excès de chapellerie. (Autant de talent que de chapeaux, jugez !)
608. — GUSTAVE COURBET.

L’aumône ! Il n’est cependant pas bien charitable de faire voir des toiles pareilles au pauvre monde.

1098. — VICTOR GIRAUD.
Nouvelle recette pour cirer les escaliers. Plus de brosses, ni de cire ! les deux premières personnes venues qui vous tombent sous la main.
2163. — M. RODRIGUEZ.
Par politesse, Desdémone n’a pas l’air de s’apercevoir que M. Rodriguez a remplacé Othello par un gorille.
1634. — M. CHARLES LOYEUX.
Sur le point de faire faire son portrait, François Ier consulte une dame de la cour pour savoir si son nez tiendra dans la toile.
895. — M. DURAN.
Saint François d’Assise. — Drôle de façon d'éclairer les gens que de les aveugler !
1667-1666. — CHARLES MARCHAL.
La femme honnête et la cocotte. — Honnête ? Pas de trop, elle me fait l’effet d’avoir autant d’adorateurs que la cocotte.
817. — GUSTAVE DORÉ.
Les joueurs du trente-et-quarante de l’année dernière ayant fait pénitence et devenant d’excellents moines d’une superbe couleur.
1224. — M. HEILBUTH.
Pas content ce pauvre Job ; un particulier qui lui a dérobé tout son fumier pour s’habiller avec.
329. — M. BOUVIER.
Une dame éclaire un monsieur qui a l’inconvenance de laisser supposer qu’il a perdu ses effets chez elle.
1843. — M. MURATON.
Une bonne chose de s’étendre les jambes, mais pas tant que ça, pour Dieu ! pas tant que ça !
2071. — ALEXANDRE PROTAIS.
Tous nu-tête, vaisseau cuirassé contre les rhumes de cerveau. Ce bâtiment doit marcher, ayant la vogue.
2000. — M. PILLE.
La sibylle de Clèves se demande de quel droit M. Pille a empalé les défenseurs de Wittemberg. Si c’est ainsi qu’il compte asseoir sa réputation, merci !
805. — M. DIDIER.
On n’est pas plus malheureux en ménage.
414. — HONORÉ CAPOUL.
M. Honoré Capoul grimpe le long d’une basse dans l’espoir de s'élever aussi haut que son frère, le charmant ténor de l’Opéra-Comique. (Nota. — Cette toile demande à être éclairée par un jour de bonheur.)
249. — M. BIN.
Ève passée au peigne fin avant d’être présentée à Adam. (Fait l’éloge de la propreté du peintre.)
1736. — M. MAZEROLLE.
Minerve donne un grand assaut de canne et de boxe française au profit des dieux sans ouvrage.
28. — M. ALMA-TADEMA.
Une femme profite du sommeil de deux messieurs pour avaler leurs cannes. Ils auraient eu des parapluies que c’eût été exactement la même chose.
1751. — M. MENZEL.
Grande partie de pigeon-vole dans la cathédrale de Kœnigsberg. On n'est pas plus farceurs que ces Allemands !