Cham - Albums du Charivari/Salon de 1866 photographié par Cham

Journal le Charivari (1p. 107-137).

LE

SALON DE 1866


PAR CHAM


Nouvelle forme de cadre pour les portraits à la mode du jour.



PARIS
ARNAULD DE VRESSE, ÉDITEUR
55, RUE DE RIVOLI, 55

— Je vous envoie porter ma statue à l’Exposition, et vous revenez en chemise ?

— Monsieur, elle était trop nue, votre Vénus, on l’aurait refusée. Je lui ai mis mes effets.

— Laissez-moi tranquille, je ne vous connais pas. Je porte ce tableau à l’Exposition.

— Je vous en supplie, ne passez pas devant la Bourse avec cette bataille ! Vous allez faire tomber la rente !

Le jury de peinture effrayé par les portraits ! Tous des femmes à barbe ! la vogue du jour.

— Sapristi ! il a une drôle d’odeur, ce tableau.

— Messieurs, c’est une vue de Terre-Neuve peinte à l’huile de foie de morue.

Manière de concilier les choses de façon à ce que l’exposition chevaline ne fasse pas tort à l’exposition de sculpture.

— Ne vous gênez pas ! nous cherchions ce tableau-là partout.

— Je l’ai pris en attendant que l’on ait organisé les mangeoires.

— C’est ici le buffet ? qu’avez-vous à me servir ?

— Monsieur, au buffet du rez-de-chaussée nous n’avons que de l’avoine et des bottes de foin.

INCONVÉNIENTS DE L’EXPOSITION PEINTURES ET CHEVAUX.

— Imbécile ! c’est pas ce cheval-là ! On vous a fait appeler pour vernir une peinture de cheval qui est à l’étage au dessus.

— Ah ! mon dieu ! qu’est-ce qu’il te dit ? Tu vas être pendu ?

— Oui, madame, on va accrocher son tableau.

Les chevaux dans le parterre du palais de l’Exposition finissant par être agacés à la vue des croûtes qu’on leur passe devant le nez pour les monter à l’étage supérieur.

— Sortez, monsieur, sortez !

— Tiens ! on m’avait dit que les chevaux seraient admis à l’Exposition.

GÉRÔME.
La Porte d’une mosquée.

— Messieurs, vous êtes priés de déposer vos têtes et vos parapluies au vestiaire.

M. MOREAU.

Diomède mangé par ses chevaux. Ce sont eux qu’il faut plaindre ! manger quelque chose d’aussi mauvais !

M. GISBERT.

Entrevue de François Ier et de sa fiancée qui le juge tout de suite à vue de nez.

M. DIDIER.

Ce bœuf éloigne un orage sur le point de fondre sur les propriétés de son maître en enlevant les nuages sur ses cornes. On n’est pas plus gracieux (je parle du procédé et non du tableau).

Vénus furieuse contre M. Otin qui lui a échangé ses cheveux contre du macaroni. On ne fait pas de ces tours-là !

La statue du Commandeur voulant absolument figurer à l’Exposition dans l’espoir d’y attraper une médaille.

M. PROTAIS.

Soldat incommodé par l’odeur des fleurs. Espérons qu’il ne fait pas partie de la brigade du général Rose.

RICHOMME.

Saint Jean-Baptiste se proposant de faire des yeux sur le plat à Madame Salomé.

PENGUILLY-L’HARIDON.
La foire aux phoques

S’ils disent tous papa et maman, quel tapage ça doit faire !

Profitant de la mode des robes à queue pour arrêter le monde devant son tableau.

— Vois donc, un apôtre ! fait-il une grimace !

— M. Renan est peut-être dans la salle !

M. THÉODORE DELAMARRE.

Pensant être agréable au peintre, ce marchand chinois prélève trois sous sur sa recette pour acheter un numéro de la Patrie.

AUX SCULPTURES.

— Mais viens donc, imbécile ! Quand on te dit que c’est pas en sucre ! ça y ressemble, mais ça n’en est pas.

Il n’y a pas qu’Orphée pour avoir perdu la tête, et ce pauvre M. Moreau donc ! Espérons qu’on la lui retrouvera aussi.

— Polisson ! tu as enlevé tous les numéros des tableaux.

— Maman, je savais pas ! J’ai cru que c’était des timbres-postes. J’en fais collection.

M. RIBOT.

Le Christ et les docteurs. Où sont les docteurs ? Je ne vois que des malades et des incurables encore. Voyez plutôt leurs pieds.

Les gardiens eux-mêmes s’en faisant mourir dans la salle des Lambron.

M. SCHENCK.

Une bergère se cramponne vainement au cadre pour ne pas être étouffée par ses moutons, tant le peintre en a mis. Doit-il aimer les côtelettes, cet homme-là !

— Vous êtes très-bien placé derrière la porte, à l’abri de ces affreux journalistes qui vous éreinteraient s’ils vous voyaient.

— Messieurs, voici le buste de M. Hyacinthe du Palais-Royal. Il y a une partie du nez qui manque, le sculpteur apportera le reste demain.

EXPOSITION DE 1866.

Nouveaux portraits à la mode, dits à la pieuvre.

Dites donc, est-ce que vous n’aurez pas bientôt fini d’enlever le monde en l’air comme vous le faites ?

— Fallait pas placer mon tableau si haut. Je veux que l’on en voie les finesses.

M. Renan profite de ce que le gardien ne le remarque pas pour retourner les tableaux religieux.

Le roman de M. Victor Hugo exerçant une fâcheuse influence sur le Salon de 1866.

— Pauvre cher homme ! c’est joliment triste d’avoir un nez comme celui-là et pas de bras pour se moucher !

DE MOULIGNON.

— Viens donc voir les marionnettes de l’amour. C’est charmant !

— J’en ai assez ! Je la joue toute la journée cette comédie-là.

M. BALLEROY.

Cheval racontant des énormités dans l’oreille d’un de ses camarades. — À voir l’œil du cheval qui écoute, cela paraît en effet bien fort.

COURBET.

Un perroquet cherche à relever une femme soûle ! Est-ce l’absinthe qui l’a mise dans cet état ? Le livret prétend que c’est M. Courbet.

GÉRÔME.

L’artiste a admirablement rendu combien César se trouvait petit garçon en présence de Cléopâtre.

M. GUILLAUMET.

Profitant de ce qu’ils sont musiciens pour déjeuner avec une flûte. S’ils aiment la croûte, gare aux tableaux qui sont à côté.

M. COMTE.

M. Comte lui ayant fait des jambes impossibles, Charles-Quint demande à aller s’asseoir.

1295. — Le printemps.

Tout pousse, seulement cette jeune fille a poussé par trop ! Le talent de M. Maréchal a également beaucoup grandi. Félicitons-le.

1892. — M. MARILLER.
Phœbé.

Cela doit bien gêner M. Le Verrier que l’on vienne ainsi s’asseoir sur la Lune.

M. FARUFFINI.

Charles-Quint se demande si le menton de son fils ne serait pas en caoutchouc pour prêter à ce point-là ! Sa femme l’aurait-elle trompé avec un fabricant de cette matière.

M. BRÉMOND.

Des saintes dans un bureau d’omnibus attendent la voiture de la barrière des Martyrs.

ANTIGNA. — Le Cauchemar.

Lequel est le cauchemar de l’autre ? Ils ont l’air de bien s’ennuyer tous les deux.

M. LUMINAIS.

Être si près de la mer et n’avoir pas les pieds plus propres ! Pas d’excuses pour vos bonshommes, monsieur Luminais, pas d’excuses !

M. VEECK.

Persée vendant une botte de radis à la criée. — Commandé pour les halles centrales.

M. BRÉLY.

Les fiancés. S’apercevrait-il par hasard que sa future a de l’odeur ? on n’ose y penser !

M. CHENILLON.

Saint Paul parvenant à gagner le ciel grâce à sa taille.

M. LOBIN.

Sainte Marie-Madeleine venant d’acheter une bouteille d’encre pour écrire à Simon. Que va-t-elle lui dire ?

M. JACQUEMART.

Le chasseur et le cure-oreilles. — Sculpture à la cire.

M. FEYEN-PERRIN.

La pêche aux parapluies. — Vue de Cannes.

M. GARNIER.

David faisant sa tête et celle de Goliath aussi.

M. GEORGES CLÈRE.

Jeanne d’Arc se préparant à cracher sur un soldat anglais, faute d’avoir autre chose à lui envoyer pour le moment.

M. DE VERCY

Un esclave se livre à la boisson pour se consoler d’être si drôlement bâti.

M. DE GAS.

Fallait pas qu’il y aille… aux chevaux de bois !

M. HÉBERT.

Le petit jeune homme qui a avalé sa canne. — On en aperçoit un bout, ce qui fait espérer qu’il va bientôt la ravoir.

2332. — Isaïe et Ézéchiel venant d’essayer leur chance à la loterie au pain d’épices.