Cham - Albums du Charivari/Qui veut rire
— Monsieur, dépêchez-vous de me confier vos valeurs si vous voulez les voir monter. |
M. Sothern empoisonne la fête en grimpant coller ses affiches sur le mât de Cocagne. |
— J’emmène le bijoutier. Je ne décroche pas la montre qu’elle ne soit réglée. Celle de l’année dernière ne marchait pas. |
FÊTE INTERNATIONALE DU 15 AOUT.
Un interprète placé à l’extrémité du mât de Cocagne avec mission de renseigner les étrangers sur la valeur des prix qu’ils peuvent décrocher. |
— Maman, je t’en prie, laisse-moi monter ! j’ai eu un prix de gymnastique à ma pension ! |
— Cré nom ! il vous entête le mât de Cocagne cette année ; l’avoir frotté avec du savon à odeur pour flatter les étrangers qui auraient envie d’y monter ! |
DES ÉPOUX ASSORTIS.
— Une heure moins vingt-cinq à la montre là-haut. — Tais-toi, mon, ami, que j’écoute si elle marche. |
— Ah ! mon dieu, pourvu qu’il ne descende pas chez nous ! nous avons du monde à dîner. Souffle donc qu’il aille plus loin ! |
— Maman, quel bonheur, Paul de Kock va être décoré ! — Allons, bon ! elle l’a lu ! |
— Je n’ai pas la croix, je ne suis pas au Moniteur ! — Le portier ouvre ton journal, il l’aura prise pour lui ! |
Inconvénient de se promener avec l’ordre du Chardon. | UN MINISTÈRE AU MOIS D’AOÛT.
— Le ministre est à la campagne. — Veuillez vous charger de cette pétition. — Impossible, je pars moi-même pour les eaux. |
— Ils ont quitté Paris ! Ah ! sapristi ! ils n’auraient pas laissé quelques décorations au chemin de fer pour les retardataires ? Je m’appelle Chipotard, j’en avais demandé une. |
La voie publique livrée à l’occasion du 15 août aux mendiants de tous les pays représentés à l’Exposition. |
La Grande-Bretagne protégeant ses nationaux malgré eux contre l’averse du 1er juillet qui pourrait bien se renouveler au 15 août. |
— Plus que deux souverains à faire venir et ce sera fini. Ma pauvre femme et moi nous allons nous trouver bien seuls ! |
— Monsieur Jacottet, venez donc ! je vous ai appelé il y a une minute pour le prix de mémoire. — Pardon, monsieur, je l’avais complètement oublié ! |
LE DISCOURS LATIN.
— Je veux que tu retires notre fils du collège, si l’éducation doit le rendre aussi ennuyeux que ce monsieur-là, je préfère qu’il n’en ait pas. |
— Pardon, madame, c’est votre fils que j’ai appelé. — Je veux voir avant les livres que vous lui donnez. J’ai pas envie qu’il lise du Voltaire ou du Renan. |
— C’est ridicule, ma chère, votre fils a eu le prix de géographie et il ne peut seulement pas me dire dans quel quartier se trouve la rue où je demeure ! |
— Ton prix de dessin !… Une page de nez que tu as dessinés pour moi ! Tu sais, s’ils prisent, je n’en veux pas, je ne trouve pas ça propre. |
— Dans son discours latin il a parlé de la marche des études. — C’est donc ça ! plusieurs fois j’ai remarqué le mot omnibus. Elle est très-hardie cette comparaison-là ! |
Allant chercher son prix sur un air de ce diable d’Offenbach. |
— C’est absurde, les couronner quand ils sont jeunes au lieu de les couronner dans l’âge mûr, cela cacherait leur calvitie ! |
— T’as pas eu de prix ? Tu conçois, mon chéri, du moment que tu n’as rien eu à ton collège, c’est bien le moins que tu reçoives quelque chose à la maison. |
LE PORTIER. — Le fils du locataire du troisième a remporté quatre prix à son collège. LE PROPRIÉTAIRE. — Je vais en profiter pour l’augmenter. Il a le cœur content, il n’y fera pas attention. |
— Mon petit Charles, je t’en prie, sors de là-dessous. Ces dix mille instituteurs viennent voir l’Exposition, ils ne songent pas à te faire travailler. |
— Oh ! Charles, petit malheureux ! — Je me prépare à aller au concours, faut pas que ma bouteille de vin me fasse peur ce jour-là ! |
— Une bouteille de vin pour aller au concours ? Quel vin ? — Je vais concourir en histoire ancienne, faut du vin très-vieux, en rapport avec le sujet à traiter. |
— Tu n’as rien apporté de ton collège pour t’occuper pendant ces longues vacances ? — Si maman, trois pipes que je vais culotter pour des camarades. |
Jean-Marie Farina mis complètement à sec par les dix mille mouchoirs de poche des instituteurs primaires. |
Avides de s’instruire, les dix mille instituteurs se précipitent sur les machines de l’Exposition pour bien en étudier le mécanisme. |
Les instituteurs primaires profitent de ce qu’ils sont en force pour se précipiter sur un journaliste connu et lui apprendre la langue française qu’il ignore. |
— Tiens, l’administration des contributions qui vient de créer des timbres-poste pour affranchir les maisons. |
— Ah ! quel bonheur ! vois donc, maman, on attaque la diligence comme dans les romans ! |
M. Siraudin courant en Provence embrasser les brigands qui arrêtent les diligences. La pièce du Courrier de Lyon va reprendre de l’intérêt. |
ENFIN ! DERNIÈRE REPRÉSENTATION DE LA VIE PARISIENNE.
Les malheureux acteurs jouant la pièce à quatre pattes, n’ayant plus la force de se tenir debout. |
M. Offenbach ne se rend pas compte comment Hernani peut faire de l’argent avec son cor, s’il ne joue pas de sa musique à lui Offenbach. |
LE NOUVEL OPÉRA.
— Ne te semble-t’il pas, mon ami, qu’il manque quelque chose sur le haut ? — Ma chère amie, attends, l’édifice n’est pas encore couronné ! |
— Ah ! malheureux ! pourquoi que t’as voté pour le candidat de l’opposition ? Je savions bien que ça nous porterait malheur ! Voilà nos poules qui sont déjà malades ! |
Pas bête la musique russe ! mettre un oiseau sur son casque pour faire croire que c’est lui qui fait les couacs. |
Le concours des musiques militaires venant réveiller les chagrins de cette pauvre cavalerie française. |
— La musique des gendarmes… S’ils aiment tant les instruments de cuivre, pourquoi qu’ils nous mettent au violon, nous autres ? |
CONCOURS DES MUSIQUES MILITAIRES.
Comme quoi la musique prussienne aurait pu se ressentir des dernières guerres. |
Omer-Pacha venant à Paris renouveler sa provision de drapeaux turcs. Ces Crétois sont si indiscrets ! |
— Dis donc, ce Lopez… est-on heureux de ne pas avoir des gens comme ça dans sa famille ! |
— Vous avez vu ma vitrine ? eh bien, monsieur, je n’ai eu qu’une médaille de bronze ! N’ayant pas le droit de m’en prendre au jury, permettez-moi de m’en prendre à vous. Faut que je me soulage ! |
— Saperlotte, vous fermez vos soupapes et vous mettez tout votre charbon ? — Quand on n’a obtenu qu’une médaille en bronze, faut bien s’étourdir un peu ! |
— Les bourgeois m’intimident, je ne joue vraiment bien que dans les fossés des fortifications. |
— Tu ne joues plus du violon ? te voilà à la harpe ? — J’ai répondu au patron, il m’a mis à la harpe, c’est plus lourd ! |
— Et allez donc ! du moment que ma vitrine n’a remporté qu’une médaille de bronze, c’est pas la peine qu’on examine. |
— Madame, votre fils n’a pu obtenir le prix de piano, il n’a pas d’oreille. — Mais, monsieur, s’il n’avait pas été sourd, je n’aurais jamais eu la barbarie de lui faire apprendre un instrument pareil. |
Le jury arrivant à son soixante-quatrième pianiste ! Plus que quatre-vingt-cinq à entendre ! |
— Ce monsieur, qui passe, c’est le prix de tragédie. — Allons-nous-en bien vite, s’il allait nous dire quelque chose ! |
CONCOURS DE TRAGÉDIE.
Récit du songe devant un jury parfaitement préparé à la chose. |
— Vous désirez entrer à mon service ? Mais il s’agirait de monter derrière ma voiture. — C’est ce qui m’a décidé à me présenter. J’étais recors ! |
— La consigne est changée. Vous les empêchiez de sortir, maintenant vous les empêcherez de rentrer. |
— Ah ! c’était pourtant le bon temps ! je ne payais pas de loyer ! |
— Monsieur sort de Clichy ? la course se paye d’avance. |
Attendant qu’on lui rende sa famille, la contrainte par corps étant abolie. |