Cham - Albums du Charivari/Les grimaces du jour
— Qu’est-ce que vous faites, cher collègue ? — Je fais semblant d’écrire pour agacer les journalistes qui sont là-haut, et auxquels il est défendu d’en faire autant. |
— Monsieur le député, vous êtes malade ; il faut que vous gardiez la chambre. — Docteur, ce que je crains, c’est que ce soit la chambre qui ne me garde pas. |
Par ces temps de froid, les journalistes trouvant plus commode de vider leurs querelles dans la tribune que l’on vient de mettre à leur disposition. |
— Monsieur est journaliste ; mais ces deux messieurs ? — Ce sont mes témoins. |
Plus qu’un mois ! ! | — Avant de clore la session, personne ne veut monter à la tribune boire ce dernier verre d’eau sucrée ? |
DERNIÈRE SÉANCE. — DÉSARMEMENT DE LA CHAMBRE MM. les députés rendant leurs couteaux de bois. |
Les orateurs recevant les matériaux nécessaires pour la discussion du budget de la ville de Paris. |
— Ah diable ! un instant ! Avant d’attaquer le budget, que je m’assure bien de quel côté sont mes appointements ! |
— C’est drôle ! Ils ont fini leur temps et ils n’ont pas l’air content ! |
— Faut-il qu’il soit bête ! Me faire boire pour le porter aux élections, et voilà que je ne peux plus me porter moi-même ! |
— Jeanneton, il faut que votre mari me porte aux élections ! — Ah ! le pauvre cher homme ! Vous ne l’avez donc pas regardé ? Vous allez lui casser les reins ! |
— Quand je vous dis que nous sommes des journalistes ! — Allons donc ! vous ne vous donneriez pas le bras ! |
— Monsieur, avant d’entrer, il faut déposer votre plume au vestiaire. |
— Monsieur ne veut pas profiter de son billet de tribune ? — Merci ! on discute sur les cimetières, et aujourd’hui justement je ne me sens pas très-bien. |
— Au lieu de lire les débats de la Chambre, travaille donc ! — Merci ! j’ose plus ! |
— Voyons, monsieur, tous vos collègues sont partis ; faut vous décider. — Je vous en prie, laissez-moi être député encore cinq minutes ! |
AU CORPS LÉGISLATIF. — DISCUSSION DU CONTINGENT
— Allons-nous-en, mon ami, ce sera trop long ! — C’est l’appel nominal des députés. — J’ai cru que c’était l’appel des cent mille hommes ! |
— Monsieur le candidat, je vous en prie… — Du tout, père Mathurin ; c’est moi qui aurai l’honneur de le moucher. |
— Ce couteau de bois ! le sabre de ton père ? — Oui, il était député. |
— Voterez-vous pour moi ? — Dame ! monsieur, il m’est bien difficile de me faire une opinion rien qu’avec deux bouteilles. |
Les remettant tous au moule. |
— Ah ! mon ami, renonce à ta candidature ! jamais tu ne tiendras là-dedans. |
— Grand Dieu ! êtes-vous devenus maigres tous les deux ! — Nous étions tellement préoccupés, que nous avons oublié de manger pendant tout le temps des élections. |
LE RÉSULTAT DES ÉLECTIONS.
— Voici le journal, je n’ose pas l’ouvrir ! — Ni moi non plus ! Ne le lisons que demain ! |
— Catherine, vous avez mis mon couvert et pas celui de monsieur ? — Monsieur vient d’être nommé député ; on m’a dit qu’il mangerait maintenant au budget ! |
— Je voudrais un fiacre ; où sont les cochers ? — Madame, ils sont allés voter ; mais vous pouvez attendre dans la voiture la fin des élections. |
— Le monsieur du second est nommé ! Je vais avoir un député dans ma maison ; c’est un prétexte pour augmenter tous mes locataires. |
— Qu’est-ce que vous me soufflez là ? Ce n’est pas dans la pièce ! — Je sais bien ! Je vous demande s’il y a des nouvelles des élections. |
— Pour qui avez-vous voté ? |
— Est-ce cocasse ! J’ai parlé, et je ne saurai que dans deux jours ce que j’ai dit ! |
— Vous avez déjà voté pour votre candidat ! — Dame, oui ! Mais je n’ai pas envie d’être mal avec l’autre s’il allait l’emporter. |
— Garçon, aujourd’hui rien que de la chicorée dans la cafetière ! — Oui, madame, je sais ; ils ne pensent qu’aux élections : tout passe ! |
— Ils ne s’apercevront de rien ! Je vais tâcher d’aller voter. |
— Connaissez-vous le résultat des élections ? — Mais, oui, voilà ! |
LA MÈRE. — Vilain polisson, veux-tu pas répondre à ton père comme ça. L’ENFANT. — Qué que ça me fait, il n’est plus député ? |
Dernier tour de scrutin. | — Malheureux ! vous ne pouvez donc pas faire autre chose ? — Il n’y a pas de guerre, je ne peux pas voler à la frontière. |
Le pacha dramatique à deux queues. | Le nabab très-humilié de voir la façon dont ces dames portent le turban. |
— Paraît qu’il est riche à des milliards de roupies ! — Tiens ! le voilà entrain de fabriquer de sa monnaie ! |
Le quartier Bréda envahi par une légion de faux nababs. |
— Mon Dieu, monsieur, vous écouter dans ce moment-ci ! Il y a un nabab à Paris ! vous devez comprendre mes exigences….. |
Le nabab remettant sa carte avec tous ses noms. Quand on en a tant que ça, on publie son nom par feuilletons. |
— Annoncez Muntazim-ool-Molknoohsun-ood-Doulàh-Tured-oom-Yah-Sind-Mun-Sour-Alt-Khan-Bahador… — Monsieur, ayez pitié ! je suis asthmatique. |
Corneille et Voltaire se disputant Victorien Sardou. |
Monsieur, par ici ! trois sous seulement Patrie. |
Trop de souffle dans cette pièce pour les poumons de nos petits crevés. |
— C’est mon pain ! — C’est mon droit ! |
Les directeurs consentent à payer le droit des pauvres à la condition que ces derniers joueront à la place des acteurs qu’ils ne peuvent plus payer. |
— Mon ami, comme ils ont l’air malheureux ! Mène-moi ce soir au théâtre pour augmenter leur droit. |
— Comment ! c’est toi ? — Ne pouvant pas être un Dennery, je me suis mis pauvre pour toucher des droits au théâtre ! |