Cham - Albums du Charivari/Les folies du jour

Journal le Charivari (5p. 39--).


LES
FOLIES DU JOUR
CROQUIS
Cham
Cham


— Ma chère amie, tu m'avais demandé une paire de
bottines ; mais, comme je suis membre de la nouvelle
société pour l’abolition du luxe chez les femmes, je t’ai
acheté une paire de sabots.



Paris
Paris
ARNAULD DE VRESSE, ÉDITEUR
55, RUE DE RIVOLI, 55
LE LAC DU BOIS DE BOULOGNE.

— Monsieur ! vous n’avez pas le droit d’aller dans ce trou ! il fait partie de la glissade réservée.

Reçu au cercle réservé de patinage avec toute boules blanches.
Se faisant suivre par un domestique qui s’approche chaque fois que vous allez vous asseoir.

— M’sieu, vous n’avez pas le droit de patiner ici, c’est un ruisseau réservé ! le cercle des patineurs du faubourg Saint-Marceau.

À L’EXPOSITION DES CHIENS.

— Sapristi ! ils ont fait une erreur dans le livret ! ils appellent mon chien Tartempion, et moi, Tartempion, son propriétaire, je figure sous le nom de Médor.

— Vous n’avez pas votre carte d’exposant, vous ne pouvez pas entrer.

— Mais vous voyez bien que mon chien me reconnaît.

— C’est pas à lui à vous reconnaître, c’est à moi.

— Si j’avais su cela plus tôt, au lieu de lui donner toujours du sucre, je vous l’aurais donné à vous.

— Ah ! dam ! monsieur, c’est ici la salle des refusés, vous devez bien penser qu’ils ne sont pas contents.

— Mon pauvre Azor ! les chiennes ne le regardent plus à c’te heure. T’as pas la médaille, toi, pauvre ami !

— Faut pas avoir peur de vous noyer, c’est toujours du bien que vous faites au brave homme qui vous repêchera ; c’est quinze francs que vous lui donnez. Plus que vous restez au fond, plus qu’il est payé : faut pas craindre !

— Va y avoir une bataille, c’est sûr ! Voilà le Monitor et le Merrimac qui vont se rencontrer !

Rêvant que son élève fait de rapides progrès.

— Animal ! tu as vu que je buvais ! tu pouvais donc pas me tendre la perche !

— En entrant tu m’as dit que l’eau était bonne… j’ai cru que tu buvais pour t-en régaler !

AU CONCOURS GÉNÉRAL.

— Mon petit ami, comprenez-vous le sens de la version ?

— Monsieur, une chose m’embarrasse : je ne puis m’expliquer si c’est du Bourgogne ou du Bordeaux.

— Charles, vous n’allez donc pas au concours général ?

— Non, p’pa, le vin me fait mal.

Un moët grand mousseux se faufilant parmi les bouteilles du concours général.

— Et ta version au concours ?… Je parie que tu n’as rien terminé ?

— Si, maman ; j’ai fini ma bouteille de vin.

— Monsieur, mes sincères compliments sur votre discours latin ! je n’y ai pas remarqué la moindre faute de français !

S’habillant en collégien pour faire endiabler les parents à domicile.

— Mon ami, il serait temps de quitter les prix depuis quinze jours que tu les portes sous le bras.

— Non, maman. Le proviseur a dit dans son discours que les succès du collège vous suivent toute la vie.

— Polisson, il n’y a qu’une heure que tes vacances ont commencé et tu as déjà coupé les cheveux de ta petite sœur ?

— Le temps qu’on mettait à la peigner la dérobait à ma tendresse.

— Qu’est-ce qu’il a donc pu dire dans son discours latin ?

— Comme je n’y ai rien compris, je suppose qu’il a traité de la question du Schleswig-Holstein.

Ce pauvre Abd-el-Kader rentrant à son hôtel après avoir subi l’épreuve du discours latin.
Abd-el-Kader ne voulant plus sortir de chez lui depuis qu’on lui a fait avaler le discours latin du grand concours.
Faute d’Abd-el-Kader, M. Piédeloup, chef d’institution, paye à déjeuner à un turco pour qu’il préside sa distribution de prix.

— Pas de prix ! paresseux ! il faudrait que ton père soit toujours derrière toi pour te faire avancer dans tes classes.

— Faudrait lui acheter des effets pour les vacances !

— Bah ! nous le conduirons aux bains de mer, nous n’aurons besoin de lui acheter qu’un caleçon.

— Les enfants de madame sont en vacances.

— À quoi voyez-vous cela ?

— Aux cheveux de madame qui blanchissent.

— Ma chère amie, puisque tu veux que les collégiens passent leurs vacances à la maison, je vais aller me réfugier pendant ce temps-là dans leur collège.

— Mon ami, voici la note de ma couturière.

— Madame, j’ai lu la brochure…

— Ah ! tant mieux ! vous payerez alors. Vous avez lu sans doute le paragraphe qui traite des endosseurs ?

— Un cachemire en osier tout neuf ! tu vas te faire donner sur les doigts par la nouvelle société pour l’abolition du luxe chez les femmes.

— Adélaïde ! je te défends de sortir comme ça !

— Mon ami, la fameuse brochure m’a convertie. Je veux désormais faire des économies sur les étoffes de mes robes.

— Saperlotte ! C’est trop fort ! Juste au moment où l’on prêche l’économie aux femmes ! Voici la mienne qui me donne deux jumeaux. Je vais aller me plaindre à M. Dupin.

— Ma chère amie, c’est une horreur ! On veut réduire les femmes au nécessaire ; ils sont dans le cas de nous faire dégraisser.

— Vous allez me faire tout de suite quinze robes. Il faut que je me dépêche de monter ma garde-robe avant que mon mari ait lu la brochure de M. Dupin.

— J’ai cru que tu ne mettais jamais de papillotes.

— Faut bien que la brochure de M. Dupin me serve à quelque chose !

— Ma chère amie, la brochure de M. Dupin ! je ne veux plus de toutes ces fanfreluches, tu te coifferas désormais comme moi !

M. et Mme Prudhomme ayant envoyé une invitation à dîner à Abd-el-Kader qui n’a pas répondu et qui doit par conséquent venir.
Gladiateur et son jockey se mettant à manger à leur aise jusqu’aux prochaines courses d’Epsom, époque à laquelle ils reprendront l’entraînement.

— Je vise à la timbale d’argent ! pourvu qu’il ne pleuve pas mardi !

— Qu’est-ce que cela te fait ?

— Tiens ! une timbale avec de l’eau dedans, ça me dégoûte !

— Pourquoi ne concourrais-tu pas pour la montre en or ?

— Est-ce que je saurais grimper !

— C’te bêtise ! tu te feras pousser par ton député.

Abd-el-Kader voyant clairement maintenant que l’Algérie est française.

— Donnez-lui le prix d’orthographe

— Mais elle ne fait que des fautes !

— Je les lui ai pardonnées.

— Mon ami, il faut être juste ; comment veux-tu que ce chien te respecte, il a eu une médaille et tu n’es seulement pas décoré !

— Si tu ne veux pas travailler à ton collège, faut que tu choisisses un état !

— Je veux bien. Lesquels qui sont en grève ?

PARISIENS À LA CHASSE.

— Mais qu’est-ce que vous avez donc à tourner autour de ce lièvre ?

— Parbleu ! Je ne voudrais pas tirer sur le côté que j’aime, j’ai des préférences !

— Je vais me donner un coup de peigne ; cette bête m’en respectera d’autant, car elle me paraît avoir un faible pour la coiffure.

LE VIGNOBLE DE M. JOSEPH PRUDHOMME.

— Monsieur Prudhomme, comment faut-il procéder avec vos raisins ?

— J’entends que l’on traite les noirs aussi bien que les blancs ! Nous ne sommes pas ici dans l’Amérique du Sud.

LE JEU DU CRICKETT.

— Fallait me prévenir que le point se marquait tout seul, je lui aurais payé une ardoise !

LE JEU DU CRICKETT.

— Vous allez nous expliquer comment cela se joue, le crickett ! Faut-il commencer !

— Tout à l’heure. Le chirurgien qui doit remettre les bras et les jambes n’est pas encore arrivé.

Au jeu de crickett avoir l’œil constamment sur la balle, de votre adversaire, sans vous occuper des voisins.

— Très-bien ! tant que la balle de bois de votre adversaire n’atteint pas les trois bâtons que vous êtes chargé de protéger, vous devez être satisfait.

Profiter de ce que vous êtes monté sur des fuseaux pour donner le change et mettre du doute dans le jeu de votre adversaire qui vise les trois bâtons.
À UNE REPRÉSENTATION DE Roland à Ronceveaux

— Saperlotte ! j’ai le droit d’écouter ce morceau aussi bien que vous !

— Cadédis ! je vous dis que non. Je suis Basque, et ceci est le chant des Pyrénées !

— Comment, Adélaïde, te voilà à ton piano avec un casque et une cuirasse ?

— Mon ami, j’étudie la partition de Roland ! elle doit être chantée ainsi.

Mis complètement sur les dents, les artistes de l’Opéra finissant par chanter l’Africaine assis.
M. Perrin se décidant à organiser son vaisseau comme celui du pont Royal, afin de rafraîchir un peu le sang de ses pensionnaires échauffés par trois représentations par semaine.
MM. Siraudin et Clairville collaborant sous une douche à leur pièce du Déluge, afin d’être bien imprégnés du sujet.

— Croyez-moi, madame Pipelet, nous allons voir le Déluge. Prenez votre parapluie et mettez vos socles !

— Quel spectacle désirez-vous. M. Abd-el-Kader ?

— Rack-el-bal-di-Maz r-Rac !

— Je ne comprends pas ; mais je suppose que vous voulez dire le Pré-aux-Clercs.

Cauchemar affreux de M. Dumas fils qui rêve qu’on lui fait jouer le principal rôle dans la pièce des Deux sœurs.