Cham - Albums du Charivari/L’Exposition de Londres croquée par Cham

Journal le charivari (4p. 71--).

L’EXPOSITION

De Londres
De Londres

CROQUÉE

Par Cham
Par Cham



Punch recevant à Londres son confrère le Charivari.



Paris
Paris
MAISON MARTINET
172, rue de rivoli, et rue vivienne, 41

— Joseph, tu n’emportes pas ta canne avec toi à Londres ?

— Non, madame Prudhomme ; ne laissons pas supposer au peuple anglais que la France ait une arrière-pensée à son égard. Pas d’armes, pas d’armes !

— Viens donc, chère amie, voilà le bateau à vapeur de Londres qui va partir sans nous !

— Laisse-moi tranquille ; je ne veux pas me risquer sur un bâtiment qui n’est pas cuirassé.

Le lion britannique faisant les honneurs de l’Exposition de 1862 aux différents peuples de la terre.
L’HÔTEL À LONDRES.

— Messieurs, vous avoir l’obligeance de serrer vous un peu, voici encore un voyageur qui vient pour l’exhibichione !

— C’est ennuyeux ! Londres est plein d’étrangers de tous les pays. Le domestique de l’hôtel s’est trompé en me rendant ce matin mes effets, que je lui avais donnés à brosser.

— C’est trop fort à la fin ! cet animal de garçon n’a jamais que du rosbif à m’offrir !

1er jour de l’Exposition. — 75 francs d’entrée. Empressement des petits rentiers.

— Mon ami, un peu de patience, l’Exposition ne fait que de commencer ; ils n’ont pas encore eu le temps de déballer !

— Décidément j’ai ouvert ma bourse trop tôt pour voir toutes ces belles choses !

LE GRAND CORTÈGE LE JOUR DE L’OUVERTURE DE L’EXPOSITION.

— Retirez-vous ! pas le place à vous dans le cortège.

— Pardon ! comme je porte aussi perruque, j’ai cru que ma place était avec ces messieurs.

— Milord, je vous en conjure, essayez de mon eau pour faire repousser les cheveux, je vous assure que vous quitterez votre perruque avant deux mois.

Haut fonctionnaire anglais faisant établir un courant d’air sous sa perruque de cérémonie, afin d’éviter une attaque d’apoplexie.

— Lequel est le cocher ? lequel est le milord ? Ma foi, je n’y reconnais plus rien ! ils ont des perruques tous les deux.

— Oh ! mon ami, le beau produit anglais ! Laisse-moi en emporter un à Paris comme souvenir de notre voyage à Londres.

— Il m’a marché sur les cors, cet Anglais !

— Pourquoi n’as-tu pas crié ?

— Il n’aurait pas entendu, puisqu’il ne sait pas le français.

— Excusez ! vous êtes sans gêne de faire ainsi jouer vos appareils hydrauliques sur le public !

— Yes ! ça ne faisait rien en Angleterre ; presque tous les englishmen avoir des makinstoshs imperméables.

LA GALERIE DES PIANOS ET DES ORGUES.

— Sapristi ! je deviens enragé ! je ne suis à Londres que depuis vingt-quatre heures, et j’ai déjà entendu l’hymne national huit cent soixante-quinze fois.

— Ne faites pas attention, c’est un exposant Irlandais. Ils sont très-susceptibles : vous avez passé devant son exposition sans regarder ses produits !

— Qu’est-ce qu’il a donc à m’examiner comme cela, le colonel Armstrong ?

— Mon ami, il serait peut-être désireux de savoir si un de ses boulets pourrait te traverser de part en part.

— Ah ! mon Dieu ! qu’est-ce que cet ouvrier anglais vient chercher dans mon oreille ?

— Mon ami, il cherche à te prendre ton coton, si tu en as ; ils en ont le plus grand besoin dans ce moment-ci.

— Au secours ! mon mari a marché sur le ressort de votre piège à éléphant ! le voilà enfermé ! ouvrez-lui ! vite la clef !

— La clef ? oh yes ! moi l’avoir oubliée dans l’Inde !

Inconvénient de s’approcher trop près des produits du Brésil.

— Monsieur, ce sont les produits des manufactures de coton.

— Mais je ne vois rien !

— Oui, monsieur, ce sont les produits de cette année.

Mis sur le pavé par la découverte des vaisseaux cuirassés, les Anglais, officiers de la flotte en bois, trouvent de l’emploi comme surveillants à l’Exposition universelle de Londres.

— Les produits de la Chine, s’il vous plait ?

— Dans la poche de ce militaire.

— J’ai vingt francs à dépenser par jour à Londres. Je déduis vingt-cinq francs pour l’entrée à l’Exposition ; reste cinq francs de déficit pour ma nourriture et mon logement.

— Monsieur, l’entrée à l’exhibition est de vingt-cinq francs.

— Oui, mais pour moi cela ne doit être que douze francs cinquante : je n’ai qu’un œil.

Vue de l’Exposition de Londres à prix réduit.
M. Eugène Delacroix trouvant son évêque de Liège exposé au milieu des produits d’un fabricant de bouchons.
Le gouvernement anglais faisant établir un cordon sanitaire autour de la peinture de M. Courbet pour éviter la contagion dans l’école anglaise.

— Sapristi ! fusils pour chasse à l’hippopotame ! Ôtez-vous de là, mon oncle !

— Grand Dieu ! mon mari qui vient de tomber dans votre machine à fabriquer les saucissons.

— Très-bien, madame, le désirez-vous à l’ail ?

FAUX COLS EN PAPIER.
Pour cou et bouquet.
Nana Sahib se mettant un faux nez pour tenir le comptoir des objets indiens à l’Exposition de Londres. COMPARTIMENT RÉSERVÉ AU CIRAGE ANGLAIS.
La princesse de Trou-Bon-Bon faisant sa provision de fard à l’Exposition de Londres.
Manière dont les exposants anglais entendent la lutte avec leurs concurrents. Inconvénient de s’approcher trop près des machines à coudre fonctionnant toutes seules.

— Quels sont ces objets avec lesquels vous voulez entrer à l’exhibition ?

— Mais ce sont mon bonnet de nuit et mon oreiller : on m’a dit qu’il fallait plusieurs jours pour tout voir !

Le coin de la salle d’Exposition consacré aux produits de M. Mac Adam.

— Milord ! je voudrais rapporter en France quelque objet anglais de la dernière nouveauté.

— Very good ! vous achetez alors un canon Armstrong.

LA FONTAINE D’EAU DE COLOGNE.
Le malheureux fabricant s’en rapportant à la discrétion du public.

— Ce sont des cloches à melons ?

— Yes ! monsieur vouloir essayer celle-ci ?

— Oh yes ! vous prendre boulet Armstrong dans les bras à vous pour examiner lui bien à votre aise.

Excellents résultats obtenus à l’Exposition de Londres par la vitrine des préparations anatomiques. Dents anglaises. — Rateliers Armstrong.
PRODUITS DE L’AMÉRIQUE DU NORD.
Matelots en fonte pour équipage de vaisseaux cuirassés.
PRODUITS DE L’AMÉRIQUE DU SUD.
Fouets, chaînes, carcans et colliers pour nègres des deux sexes.
SECTION DES INSTRUMENTS DE CHIRURGIE.
L’administration demande des bras.
Excellent effet des crinolines au milieu de l’exposition des porcelaines anglaises.
EXPOSITION IRLANDAISE.
Exposition des coudes, genoux et autres.
CRINOLINE MERRIMAC.
Mettant désormais la vertu des femmes à l’abri de toute attaque.

— C’est trop fort à la fin ! Good save the Queen ! aussi pour dîner !

INDUSTRIE ANGLAISE.
Volontaires pouvant aller au feu (sans garantie du gouvernement).
Appareil s’adaptant au collet du mécanicien, permettant aux voyageurs de le prévenir qu’il ait à s’arrêter. Comme quoi il ne faut pas se promener avec un domestique fourré du côte de la machine à tondre.

— Yes, monsir, voici une nouvel perfectiainement anglaise ; une corte très-confortable pour les personnes qui ont le spleen, et qui désirent pendre eux confortablement. Vous acheter pour vous un morceau ! vous peut-être attraper le spleen in England.

— Ne t’effraye pas, mon ami ! c’est un fabricant de coutellerie anglaise qui désire que tu t’arrêtes devant ses produits.

— Monsieur, on m’avait dit que les jambons d’York étaient exposés dans ce compartiment, et je ne vois que des habits !

— Oh yes ! ils été dans des pantalons, à cause du pudeur britannique.

L’architecte du palais de l’Exposition ayant parfaitement compris qu’avec la manie qu’ont les Anglais de manger partout, la porte de sortie devait être beaucoup plus large que la porte d’entrée.

— On m’a trompé !

— Où donc cela, cher ami ?

— À l’Opéra-Comique ! je descends exprès dans un hôtel de Londres tenu par un Écossais, et il me donne sa note ! moi qui croyais que l’hospitalité chez eux se donnait et ne se payait jamais ! jamais ! jamais !

LE RETOUR DE L’EXPOSITION.

— Tu m’as rapporté quelque chose de Londres ?

— Oui, chère amie.

— Quoi donc ? mon Loulou !

— Le spleen ! ! !