Cham - Albums du Charivari/L’Exposition de Londres croquée par Cham
— Joseph, tu n’emportes pas ta canne avec toi à Londres ? — Non, madame Prudhomme ; ne laissons pas supposer au peuple anglais que la France ait une arrière-pensée à son égard. Pas d’armes, pas d’armes ! |
— Viens donc, chère amie, voilà le bateau à vapeur de Londres qui va partir sans nous ! — Laisse-moi tranquille ; je ne veux pas me risquer sur un bâtiment qui n’est pas cuirassé. |
Le lion britannique faisant les honneurs de l’Exposition de 1862 aux différents peuples de la terre. | L’HÔTEL À LONDRES.
— Messieurs, vous avoir l’obligeance de serrer vous un peu, voici encore un voyageur qui vient pour l’exhibichione ! |
— C’est ennuyeux ! Londres est plein d’étrangers de tous les pays. Le domestique de l’hôtel s’est trompé en me rendant ce matin mes effets, que je lui avais donnés à brosser. |
— C’est trop fort à la fin ! cet animal de garçon n’a jamais que du rosbif à m’offrir ! |
1er jour de l’Exposition. — 75 francs d’entrée. Empressement des petits rentiers. |
— Mon ami, un peu de patience, l’Exposition ne fait que de commencer ; ils n’ont pas encore eu le temps de déballer ! — Décidément j’ai ouvert ma bourse trop tôt pour voir toutes ces belles choses ! |
LE GRAND CORTÈGE LE JOUR DE L’OUVERTURE DE L’EXPOSITION.
— Retirez-vous ! pas le place à vous dans le cortège. — Pardon ! comme je porte aussi perruque, j’ai cru que ma place était avec ces messieurs. |
— Milord, je vous en conjure, essayez de mon eau pour faire repousser les cheveux, je vous assure que vous quitterez votre perruque avant deux mois. |
Haut fonctionnaire anglais faisant établir un courant d’air sous sa perruque de cérémonie, afin d’éviter une attaque d’apoplexie.
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— Lequel est le cocher ? lequel est le milord ? Ma foi, je n’y reconnais plus rien ! ils ont des perruques tous les deux. |
— Oh ! mon ami, le beau produit anglais ! Laisse-moi en emporter un à Paris comme souvenir de notre voyage à Londres. |
— Il m’a marché sur les cors, cet Anglais ! — Pourquoi n’as-tu pas crié ? — Il n’aurait pas entendu, puisqu’il ne sait pas le français. |
— Excusez ! vous êtes sans gêne de faire ainsi jouer vos appareils hydrauliques sur le public ! — Yes ! ça ne faisait rien en Angleterre ; presque tous les englishmen avoir des makinstoshs imperméables. |
LA GALERIE DES PIANOS ET DES ORGUES.
— Sapristi ! je deviens enragé ! je ne suis à Londres que depuis vingt-quatre heures, et j’ai déjà entendu l’hymne national huit cent soixante-quinze fois. |
— Ne faites pas attention, c’est un exposant Irlandais. Ils sont très-susceptibles : vous avez passé devant son exposition sans regarder ses produits ! |
— Qu’est-ce qu’il a donc à m’examiner comme cela, le colonel Armstrong ? — Mon ami, il serait peut-être désireux de savoir si un de ses boulets pourrait te traverser de part en part. |
— Ah ! mon Dieu ! qu’est-ce que cet ouvrier anglais vient chercher dans mon oreille ? — Mon ami, il cherche à te prendre ton coton, si tu en as ; ils en ont le plus grand besoin dans ce moment-ci. |
— Au secours ! mon mari a marché sur le ressort de votre piège à éléphant ! le voilà enfermé ! ouvrez-lui ! vite la clef ! — La clef ? oh yes ! moi l’avoir oubliée dans l’Inde ! |
Inconvénient de s’approcher trop près des produits du Brésil. | — Monsieur, ce sont les produits des manufactures de coton. — Mais je ne vois rien ! — Oui, monsieur, ce sont les produits de cette année. |
Mis sur le pavé par la découverte des vaisseaux cuirassés, les Anglais, officiers de la flotte en bois, trouvent de l’emploi comme surveillants à l’Exposition universelle de Londres.
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— Les produits de la Chine, s’il vous plait ? — Dans la poche de ce militaire. |
— J’ai vingt francs à dépenser par jour à Londres. Je déduis vingt-cinq francs pour l’entrée à l’Exposition ; reste cinq francs de déficit pour ma nourriture et mon logement. |
— Monsieur, l’entrée à l’exhibition est de vingt-cinq francs. — Oui, mais pour moi cela ne doit être que douze francs cinquante : je n’ai qu’un œil. |
Vue de l’Exposition de Londres à prix réduit. | M. Eugène Delacroix trouvant son évêque de Liège exposé au milieu des produits d’un fabricant de bouchons.
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Le gouvernement anglais faisant établir un cordon sanitaire autour de la peinture de M. Courbet pour éviter la contagion dans l’école anglaise.
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— Sapristi ! fusils pour chasse à l’hippopotame ! Ôtez-vous de là, mon oncle ! |
— Grand Dieu ! mon mari qui vient de tomber dans votre machine à fabriquer les saucissons. — Très-bien, madame, le désirez-vous à l’ail ? |
FAUX COLS EN PAPIER. Pour cou et bouquet. |
Nana Sahib se mettant un faux nez pour tenir le comptoir des objets indiens à l’Exposition de Londres. | COMPARTIMENT RÉSERVÉ AU CIRAGE ANGLAIS. La princesse de Trou-Bon-Bon faisant sa provision de fard à l’Exposition de Londres. |
Manière dont les exposants anglais entendent la lutte avec leurs concurrents. | Inconvénient de s’approcher trop près des machines à coudre fonctionnant toutes seules. |
— Quels sont ces objets avec lesquels vous voulez entrer à l’exhibition ? — Mais ce sont mon bonnet de nuit et mon oreiller : on m’a dit qu’il fallait plusieurs jours pour tout voir ! |
Le coin de la salle d’Exposition consacré aux produits de M. Mac Adam. |
— Milord ! je voudrais rapporter en France quelque objet anglais de la dernière nouveauté. — Very good ! vous achetez alors un canon Armstrong. |
LA FONTAINE D’EAU DE COLOGNE. Le malheureux fabricant s’en rapportant à la discrétion du public. |
— Ce sont des cloches à melons ? — Yes ! monsieur vouloir essayer celle-ci ? |
— Oh yes ! vous prendre boulet Armstrong dans les bras à vous pour examiner lui bien à votre aise. |
Excellents résultats obtenus à l’Exposition de Londres par la vitrine des préparations anatomiques. | Dents anglaises. — Rateliers Armstrong. |
PRODUITS DE L’AMÉRIQUE DU NORD. Matelots en fonte pour équipage de vaisseaux cuirassés. |
PRODUITS DE L’AMÉRIQUE DU SUD. Fouets, chaînes, carcans et colliers pour nègres des deux sexes. |
SECTION DES INSTRUMENTS DE CHIRURGIE. L’administration demande des bras. |
Excellent effet des crinolines au milieu de l’exposition des porcelaines anglaises. |
EXPOSITION IRLANDAISE. Exposition des coudes, genoux et autres. |
CRINOLINE MERRIMAC. Mettant désormais la vertu des femmes à l’abri de toute attaque. |
— C’est trop fort à la fin ! Good save the Queen ! aussi pour dîner ! |
INDUSTRIE ANGLAISE. Volontaires pouvant aller au feu (sans garantie du gouvernement). |
Appareil s’adaptant au collet du mécanicien, permettant aux voyageurs de le prévenir qu’il ait à s’arrêter. | Comme quoi il ne faut pas se promener avec un domestique fourré du côte de la machine à tondre. |
— Yes, monsir, voici une nouvel perfectiainement anglaise ; une corte très-confortable pour les personnes qui ont le spleen, et qui désirent pendre eux confortablement. Vous acheter pour vous un morceau ! vous peut-être attraper le spleen in England. |
— Ne t’effraye pas, mon ami ! c’est un fabricant de coutellerie anglaise qui désire que tu t’arrêtes devant ses produits. |
— Monsieur, on m’avait dit que les jambons d’York étaient exposés dans ce compartiment, et je ne vois que des habits ! — Oh yes ! ils été dans des pantalons, à cause du pudeur britannique. |
L’architecte du palais de l’Exposition ayant parfaitement compris qu’avec la manie qu’ont les Anglais de manger partout, la porte de sortie devait être beaucoup plus large que la porte d’entrée.
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— On m’a trompé ! — Où donc cela, cher ami ? — À l’Opéra-Comique ! je descends exprès dans un hôtel de Londres tenu par un Écossais, et il me donne sa note ! moi qui croyais que l’hospitalité chez eux se donnait et ne se payait jamais ! jamais ! jamais ! |
LE RETOUR DE L’EXPOSITION.
— Tu m’as rapporté quelque chose de Londres ? — Oui, chère amie. — Quoi donc ? mon Loulou ! — Le spleen ! ! ! |