Cham - Albums du Charivari/Courrier de Paris

Journal le charivari (3p. 293--).


COURRIER DE PARIS



ALBUM
DE

SOIXANTE CARICATURES

PAR

CHAM
CHAM





PARIS
ARNAULD DE VRESSE, ÉDITEUR
55, RUE DE RIVOLI, 55
M. Prud’homme conjure Gladiateur de ne pas se livrer au repos, l’Angleterre lui inspire toujours des craintes.
John Bull retirant le cheval des armes d’Angleterre depuis qu’il s’est laissé rosser par des chevaux français.

— Plus de courses, ma chère ! Adieu nos poules !

— Bah ! nous nous rattraperons sur les pigeons !

Les sportmen français faisant habiller leurs jockeys et leurs chevaux par le musée d’artillerie avant de les envoyer courir en Angleterre.

Dans son fol enthousiasme, l’Angleterre veut s’emparer du jockey vainqueur de Gladiateur pour l’enterrer immédiatement dans l’abbaye de Westminster, à côté des grands hommes de l’Angleterre.

De retour à l’écurie, Gladiateur et son jockey s’accusent mutuellement d’être cause de la défaite.

— Père Laramée, ça vous intéresse donc les courses ?

— Je crois bien, on y rosse les Anglais !

Le Charivari propose qu’on fasse courir Gladiateur avec des sabots, afin de donner quelques chances aux autres chevaux.
Le pur sang anglais renonçant au turf pour le commerce des cerises plus approprié à son état de décadence.
Ivre d’enthousiasme, M. Prudhomme se jette sous les pieds du vainqueur pour qu’il lui piétine les reins à l’instar des fanatiques musulmans.
Ce polisson de Mars se permettant de mettre de l’eau dans leur vin !
Ce pauvre Mars allant aux courses dans l’espoir d’y gagner de quoi s’acheter un pantalon pour se garantir du froid.
Comme c’est flatteur pour les actrices, voilà les chevaux sur le même pied qu’elles ! Ivre de joie, la perfide Albion fait tous les cadeaux possibles au vainqueur de Gladiateur.
PRIX DE LA PRAIRIE
— Vois-tu, not’ femme, si c’monsieur arrive le premier on lui donnera c’magnifique champ.
Les partisans de Gladiateur ne voulant plus laisser courir ce cheval que sous un dais.

— J’espère bien, John, que vous allez me gagner le prix de la tribune.

— Soyez tranquille, monsieur, je me suis préparé pour cela, j’ai fait cette semaine une conférence à la Salle Valentino.

— Des bottes à l’écuyère ? Vous faites donc courir.

— Oui, de fausses nouvelles à la Bourse.

— Vous avez le goût du cheval, vous ?

— Mais certainement, quelque chose d’amer dans la bouche depuis que j’en ai mangé.

L’hiver apportant son contingent à la banquette irlandaise.
DERNIÈRE COURSE DE LA MARCHE.
Prix de la chaufferette.
L’EXPOSITION DE COURBET À LA RUE DE RIVOLI.

— Voilà un bourgeois qui s’arrête devant mon tableau !… Il n’a pas d’attaques de nerfs ! mon exposition est manquée !

LA MI-CARÊME.

— Tu vas au bal avec une chemise sale ?

— Je vais au bal des blanchisseuses ; je la leur laisserai en les quittant.

— Mais, monsieur, faites-donc attention ! Au bal des blanchisseuses, il faut regarder où l’on assoit sa danseuse !

— Pardon, madame, le cotillon va-t-il bientôt partir ?

— Adressez-vous au conducteur.

— Madame, c’est une horreur ! vous avez quitté le bal pour aller chez ce monsieur ?

— Mon ami, il conduisait le cotillon ; j’ai été obligée de le suivre !

UN MARI CONDUISANT SA FEMME DANS LE MONDE.

— Mon ami, je t’assure que cela t’amuse beaucoup d’aller tous les soirs au bal.

— Mon fils, je vous présente l’arbre du 20 mars ! puissiez-vous lui ressembler un jour pour l’exactitude à remplir vos devoirs vis-à-vis de la société.

— Toujours à te plaindre… T’as pourtant pas la prétention de changer les saisons ! la nature sait mieux que toi ce qui nous convient !

— Dis donc, maman, pourquoi qu’il fait tant d’embarras l’arbre du 20 mars, voilà une statue qu’est tout aussi avancée que lui ?

— Garçon, l’affiche nous a trompés ! c’est la déesse du bœuf maigre !

— Tu amènes ton boucher chez moi ?

— Mon accompagnateur pour la chanson du bœuf gras.

À LONGCHAMP.

— Mon ami, c’est indiscret ce que tu fais là !

— Laissez-moi donc tranquille, je veux voir les modes de Longchamp !

Demandant à Gladiateur de poser son sabot sur une page de son album d’autographes.
LES COCHERS JOUISSANT DE LEUR RESTE.
Prochainement des refuges pour les piétons.
Pourquoi, à leur tour, les voitures ne seraient-elles pas protégées contre de certains piétons ?

— Qu’as-tu fait à cette poule, elle parait tout effarée ?

— Je lui ai changé l’œuf qu’elle couvait contre un œuf rouge ! elle s’est imaginé que son petit allait venir au monde avec la petite rougeole !

— Saperlote, j’avais fait consigner tous mes créanciers et en voici un qui s’introduit chez moi dans un œuf de Pâques !

— Il s’est joliment moqué de toi, ton vicomte ! il t a donné un œuf rouge pour ton œuf de Pâques ?

— Oui, ma chère, il m’a juré qu’il était peint par Delacroix et qu’il l’avait payé quatre mille francs à la vente.

S’exerçant à parler devant le public avant d’aller à la salle Valentino.

— Je suis furieux, on me fait venir pour donner une conférence, je parle trois heures ! choisissant mes expressions.

— Où donc ça ?

— Je ne l’ai su qu’après ! aux sourds-muets !

— Mais, mon ami, tu es fou ! vouloir crier les légumes de cet homme dans la rue ?

— Ma chère, c’est pour m’apprendre à parler en public !

— Il parait que toutes les rues vont porter le nom d’une de nos victoires !

— Cristi ! faut que Paris soit joliment grand tout de même !

— C’est pas mon chemin, mais c’est égal ! J’ai idée que c’est un Prussien qui est dans ma voiture, ça le fera enrager de passer par ici !

Comme quoi il suffira de prendre un fiacre pour repasser son histoire de France. — Faut-il qu’elles aient du courage ces pauvres bêtes ! s’enfermer avec un homme aussi féroce !
Le Lion amoureux de M. Ponsard s’habillant de façon à pouvoir faire la cour à tout le monde.
La marquise de M. Ponsard se trompant, un beau soir, de lion et tombant avec ceux de M. Batty qui ne sont nullement amoureux.
MODE DU JOUR.

— Ma chère, il est trop petit !

— Tu trouves ? c’est ma boucle !

— Tiens ! Je croyais que c’était le cadre.

— Que veux-tu, ma femme sort avec mon chapeau… faut bien que je mette le sien !

— Avec c’te nouvelle mode mon petit Jules m’a quittée !

— Bah !

— Mais oui. Il ne pouvait plus me prendre la taille ! elles sont trop hautes aujourd’hui.

— Joseph, qu’est-ce que vous appelez donc dans la rue ?

— Madame, je fais signe à la machine de monter balayer le salon ; je suis fatigué.

— Dites donc, baron, vous ne regardez pas le Soleil ?

— Ma foi, non !

— C’est juste, vous n’êtes pas un aigle !

Les postillons faisant le grand écart pour servir à la fois les deux petits journaux.
AVANT L’EXPOSITION.
Effet de réalisme.

— Ah ! monsieur, si le jury refuse le portrait que j'ai fait de vous, je détruis la copie et l’original ! Voilà ce qu’on fait quand on aime véritablement son art et qu’on veut le faire respecter.

PROJET D’UN RÉSEAU SOUTERRAIN SOUS PARIS.
Avec une voie pour les voitures, une pour les piétons et une troisième pour les rats.
Au prix où est le beurre, les tartes ne peuvent plus soutenir la concurrence avec les tartines à un sou.
LE JOURNAL DES PETITES DAMES.

— Amanda, voici mon nom et mon adresse, tu serais bien gentille de me mettre ça aux annonces.

— Mademoiselle Patti qui vient de bâiller !

— C’est mille francs que cela va coûter au directeur. Elle n’ouvre pas la bouche pour rien.