Cham - Albums du Charivari/Cocasseries du jour

Journal le charivari (2p. 91--).

COCASSERIES
DU JOUR
PAR


— Tout le monde soldat ! mais les caissiers ?
— Les caissiers dans l’infanterie seulement. Dans la
cavalerie on aurait trop de mal à les rattraper.


PARIS
ARNAULD DE VRESSE, ÉDITEUR
5, RUE DE RIVOLI, 5

1867. Êtes-vous prête à me recevoir ? Avons-nous enfin terminé cette toilette ? Vous savez, je vous amène du monde.

— Mais c’est une horreur ! je ne suis pas plutôt arrivée, que voilà tous ces affreux chroniqueurs occupés à fouiller dans mes bagages.

— Allons, voyons, c’est bien le moins que vous m’accompagniez jusqu’à la voiture, j’ai assez fait pour vous deux.

— Si tout le monde était comme vous, ce ne serait pas la peine que je vienne ; vous n’avez pas la politesse d’attendre que je vous les apporte, vos étrennes.

— Plus qu’une minute… J’aperçois deux journalistes…

— Non, venez. Cela vous fera trop de peine, ils se donnent la main, contrairement à ce que vous leur aviez enseigné.

— Tu n’as demandé qu’un fusil à aiguille pour tes étrennes ?

— Que t’es bête ! une fois qu’on a un fusil à aiguille, on prend tout ce dont on a envie.

— Madame, pourrais-je me représenter ?

— Mais certainement ! encore au 1er janvier 1868 !

— Tu n’es jamais contente ! Ton petit chien que tu cherchais partout, je le faisais arranger pour tes étrennes !

— Ma chère amie, il ne faut jamais écouter les messieurs !

— Tu as donc des principes ?

— Mais certainement ! après le jour de l’an, ils n’ont plus le sou.

— Permettez-moi, madame, de vous offrir ce sac ; il vient de la borne à côté de chez Boissier !

— Je vas y faire donner congé, à toutes ces femmes-là. Des bonbons qu’on me destinait peut-être, mais elles accaparent tout.

— Le petit baron t’a envoyé un arbre de Noël ?

— Un grigou, ma chère ! Pas de danger qu’il vous donne un arbre de Noël en été ! il attend l’hiver lorsque la moitié des branches sont tombées !

— Vous l’aviez aperçu et vous ne disiez rien ?

— J’ai cru que c’était un arbre de Noël pour une dame.

— Maman, emprunte-lui une de ses bottes pour que je la mette dans la cheminée. Le petit Noël pourra y mettre plus.

— Lolo, qu’est-ce qui ferait plaisir à ta bonne pour ses étrennes ?

— Je lui ai entendu dire qu’elle aimerait bien que papa la mette dans ses meubles.

— Trente sous d’étrennes ! Bonne et heureuse… vous concevez, monsieur, je ne peux pas vous promette ça dans la maison.

— Venez souper, madame, je vous jure d’être respectueux ?

— Nous la connaissons ! rien n’est sacré pour un soupeur !

RÉOUVERTURE DES BALS DE L’OPÉRA.

— Mais il est bête, lui qui disait de si jolies choses !

— Oui, du vivant de Gavarni !

— Faute de dame de qualité, monsieur se rattrape sur la dame de quantité !

— Si je connais ce petit-là ? c’te bêtise ! c’est mon banquier !

— Vous perdez votre temps, mon cher, je suis tout à mon rôle, le cœur en bois comme le reste.

Comme quoi la charmante Mlle Patti aurait triplé la recette au bénéfice des inondés, si elle avait chanté dans un costume approprié à la circonstance.
Mignon regrettant moins le ciel depuis qu’elle s’aperçoit qu’on est si mal placé en paradis. M. Léo Delibes profite de ce qu’il a une source pour y mener boire ses bêtes, le bœuf Apis et le serpent à plumes.
CE N’EST PLUS UNE MAISON, C’EST UN BLOCKAUS.
Les assiégeants en seront pour leur peine, la garnison a l’habitude de la victoire.

— Vous faites des maisons et vous ne travaillez pas à la journée ?

— Non, je travaille à la pièce ?

— Mon ami, qu’est-ce que tu cherches derrière le canapé ?

— Oh ? rien… Seulement je viens de voir jouer Maison neuve… et… alors…

— Tiens, maman, voilà la pièce de M. Sardou qui va finir… l’acteur du quatrième acte qui rentre.

C’était bien la peine de les engager à venir tirer la fève, il l’avait gardée tout le temps dans sa poche !

— Je suis roi !

— Quel bonheur, mon chéri ! tu vas me prêter dix louis sur le budget.

(Bas). — Joséphine, ne m’en veux pas, tu sais, j’ai pas osé te choisir pour ma reine, ma femme se serait peut-être doutée de quelque chose !

— Que penses-tu de mon tableau ?

— C’est pour tirer les rois ?

L’administration ayant l’humanité de ne mettre à la garde des fromages forts que les gardiens atteints de rhumes de cerveau.

— Viens donc, mon ami ; on finira par croire que c’est un parent ! Vous avez tous les deux un air de famille.

— Monsieur, je vous prie, ne prononcez pas le nom de ce fromage, il croira que vous l’appeliez et il marchera sur vous.

— Amanda, ça t’intéresse, l’exposition des volailles ?

— Dame ! elles sont plumées, c’est une étude à faire ; nous plumons aussi.

atlas. — Avec leur manie de fusils à aiguille, ce n’est plus le monde que j’ai sur le dos, c’est une pelote.

C’est imprudent ! de jouer avec un Grec.

— Eh bien, nourrice, vous êtes allée voir le grand aquarium ?

— Oui, madame ; le petit a été entraîné par l’aquarium qui s’est rompu, mais ils m’ont donné autre chose en place.

— Mais, mon ami, avec la nouvelle réorganisation, tu seras militaire comme lui, il faut bien que j’apprenne à t’aimer !

— C’est bon, je dirai à ton petit capitaine que tu causes avec d’autres militaires.

— Monsieur est dans la réserve… en cas de guerre, je l’appelle.

— Général, c’est M. Chassepot. Il ne veut pas vous retenir, il partira tout de suite.

— Je lui accorde une minute.

— C’est trop ! il aura le temps de partir quinze fois.

M. Nadar propose un système pour alléger la grosse cavalerie au lieu de la supprimer. La grosse cavalerie devenue inutile, M. Nadar la réclame pour ses expériences sur plus lourd que l’air.

— Sapristi ! quelle gaillarde ! Pas plus tôt arrivée, que la voilà qui s’attaque à la grosse cavalerie !

— Comment, Baptiste, vous désirez que je vous rassure sur la réorganisation de l’armée ?

— Oui. Je voudrais que madame la comtesse m’examine pour voir si je n’aurais pas quelque cas d’exemption physique.

— Monsieur, ce n’est pas de ma faute ; parait qu’on a besoin de soldats.

— Deux garçons à la fois ?

— Dam ! aujourd’hui faut faire la part du fusil à aiguille.

— Mon ami, encore un peu de patience ! D’après la nouvelle réorganisation, on va probablement supprimer le remplacement.

— Oh ! yes ! je pouvais rien pour vous, j’avais mon Candie aussi, moi.

— On ne vous voit plus, vicomte ! Que devenez-vous donc ?

— J’invente un fusil.

— Allons donc ! sans avoir inventé la poudre ?

Expropriation pour cause d’utilité publique.

— Tu meurs de faim !

— Oui, mais je ne mange pas de ce pain-là !

Albion demande conseil à l’âne de Buridan qui s’est trouvé dans une position analogue à la sienne.

— Quel aplomb ! l’avoir chargé de m’apporter sa carte.

Quand on a pris Naples et la Sicile, que cela doit donc lui paraître peu de chose de prendre une plume !

— Monsieur, veut-il tirer le carton, la poupée ou le journalisme ? C’est ce que l’on tire encore le plus dans ce moment-ci.

LA CHRONIQUE DU MOIS DE JANVIER.
Le malheureux chroniqueur se promenant sur le boulevard pour recueillir les bruits qui courent.

— Ah ! mon dieu ! comme ta tête ressemble au cardinal de Richelieu ! Ce serait-il encore à lui ? Charles, seriez-vous un malhonnête homme ?

— J’ai eu beau lui dire que monsieur ne recevait plus aujourd’hui, elle s’est recommandée de Mlle Isabelle, une amie de monsieur.