Cham - Albums du Charivari/1867 sur la sellette
— Cocher, qu’est-ce que c’est donc que cette couverte que votre cheval a sur le dos ? — C’est la peau d’un voyageur qui voulait que je le conduise à l’Exposition. |
— Bourgeois, je vous crains pas, j’ai pas été toujours cocher, on a été longtemps dans la boucherie. |
Les cochers de fiacre prenant des costumes étrangers afin de ne pas être obligés de comprendre quand on les appelle.
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— Nous avons pourtant assez fait parler de nous pendant l’Exposition, et nous n’avons même pas une mention honorable. — Ingrate bourgeoisie ! elle n’a seulement pas réclamé pour nous ! |
— Faut-il qu’ils soient braves ces boutiquiers parisiens pour avoir pris tant de drapeaux que ça ! |
— Vois donc, c’est une attention très-délicate de M. Leverrier pendant son séjour à Paris. |
Le Parisien profitant de la manie des drapeaux pour remettre ses pots à fleurs à la fenêtre. | INCONVÉNIENT DES DRAPEAUX.
— Il vient chez toi voler ta pendule, arrête-le ! — Impossible ! Il se met sous la protection de son drapeau. |
M. Prudhomme faisant hommage à l’hôtel des Invalides des drapeaux étrangers dont il a décoré son balcon ces jours derniers.
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DERNIER ESPOIR.
— Agite-le ! il t’apercevra peut-être du chemin de fer. Tu as encore la chance d’obtenir le Nedjidié. |
M. Prudhomme se croyant engagé d’honneur à ne pas se servir de ses chaises tout le temps que la France est censée ottomane.
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— Joseph, tu me fais honte ! — Il a laissé 50 000 fr. pour les domestiques, je vais tâcher de me faufiler pour avoir quelque chose. |
Profitant de l’occasion pour laver les chemises de couleur de son maître et les faire sécher sur le boulevard. |
— Tiens, il y a encore des étoiles là-haut ! Je les croyais toutes descendues aux boutonnières ! |
— Excusez ! — Je demeure en face de l’Élysée ! |
— Mon mari n’a pas la poitrine forte, il a reçu tant de décorations étrangères que son médecin m’en fait porter la moitié. |
— Il y aura cette fois cent quatre-vingt-dix mille bougies. — Mon ami, si nous leur envoyions celles-ci, ça leur en ferait encore deux de plus. |
— Monsieur Sothern, c’est ici ? un oculiste, pas vrai ? il ne prend que cinq francs, comme il marque avec ses doigts. |
— C’est-il votre souverain que vous cherchez ? S’il est à Paris il doit être descendu chez le marchand de cirage. |
Le nouveau panier de vin de Champagne Roussillon doublant l’intérêt des courses pour le consommateur. |
— Tu n’as pas honte ! vois ce que M. Nadar fait pour un ballon, et moi tu me refuses une simple robe de soie. |
— Ça peut pas être l’ascension scientifique ! car moi qui ne sais ni lire ni écrire, je la vois tout de même. |
— Mon ami, ne va pas près de l’enceinte, on ne te laissera plus sortir. On croira que tu t’es gonflé à ses dépens. |
— Comme si les loyers n’étaient pas déjà assez élevés sans que M. Nadar s’en mêle. |
Tout le monde pouvant arriver aujourd’hui aux prix du mât de cocagne grâce au nouveau mode d’ascension pratiqué à l’Exposition.
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Le phare allumé le soir pour avertir les cochers qui cherchent à éviter les abords de l’Exposition. |
— Sapristi ! je ne suis pas du jury ! Ce n’est pas de ma faute si ce sont les chevaux qui ont remporté la médaille d’honneur. |
Tous les faux Jean-Marie Farina lâchant leurs robinets pour se venger sur le public de l’Exposition de n’avoir pas eu de médailles.
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Le Taureau de la Provence en appelle à un congrès européen pour constater si les épaules de son adversaire touchent ou non.
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Le gymnase Paz se procurant une tribune pour donner des soirées de luttes parlementaires. |
Ces pauvres chevaux faisant tous les frais de la manifestation orientale. | La visite du sultan amenant la mode de porter les cheveux par dessus le chapeau dont on enlève le fond. |
— Il m’a enlevé mes illusions. Impossible de lire les Mille et une Nuits, je vois toujours des Turcs avec un faux-col ! |
Les Turcs regrettent d’avoir accordé le droit de propriété aux Français, en voyant arriver la rue de Rivoli jusque chez eux.
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La colonne de Juillet appropriée au culte pendant la première quinzaine de juillet. | — Tu n’as pas honte de prendre le pantalon de c’t enfant ? — Il me le prête pour aller au bal de l’hôtel-de-ville. |
Cherchant à déchiffrer la partition de M. Rossini en dépit des coups de canon intercalés dans le morceau. | — Eh bien, et vos canons, où sont-ils ? — M. Rossini en a fait des instruments de musique. Supprimés par conséquent dans les régiments d’artillerie à cheval. |
LA MARCHE DE ROSSINI À L’EXPOSITION.
— Je suis artilleur, je ne suis pas musicien. Toutes ces boules noires sur la partition, j’ai cru que c’était des boulets, je les ai mis dans un canon. |
Ayant introduit l’artillerie dans ses orchestres, Rossini prend le commandement du fort de Vincennes. |
EXPÉRIENCE DÉCISIVE. La trompette-phare placée à côté de la Dormeuse en marbre de la section italienne. |
La propagande évangélique louant la trompette-phare pour souffler des bibles sur le public de l’Exposition. |
ORGUE D’ÉGLISE. — Pardon, monsieur, à quelle heure le sermon ? |
— Ma chère amie, j’aurai peut-être une invitation pour le bal de l’hôtel-de-ville, il faut que la gymnastique me donne des mollets d’ici huit jours. |
— Tu t’es remis avec lui ? J’ai cru que tu n’en voulais plus ? — Aujourd’hui on ne fait de l’argent qu’avec les reprises. |
— Regarde donc cette machine à tondre. — Je préfère regarder les machines à plumer. |
Toutes ces dames se mouchant dans leurs doigts dans l’espoir qu’on leur jettera le mouchoir. | — Ah ! mon dieu ! on te donne une tabatière entourée de diamants, et tu viens de briser le plus gros avec ton tabac. |
— Vos pommes de terre sentent la pommade. — Monsieur, on les fait sauter dans nos coiffures en cuivre. |
DES BOISSONS AMÉRICAINES À L’EXPOSITION.
— Vois donc, Aglaé, un verrier américain en train de souffler du ver pour la fabrication d’une chope. |
— Dumanet, d’où sors-tu comme ça ? — Je viens de voir la retraite de Solférino. Je cours vite m’acheter un remplaçant. |
— Nous répondons des chaises. — Sur votre tête ? — Non, monsieur, sur notre ventre. |
Fureur des dentiers qui comptaient sur une médaille d’or. | Les personnes désireuses de garder l’incognito n’ayant qu’à endosser le costume du plongeur pour se promener tranquillement à l’Exposition.
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Au lieu d’avaler les sabres il ferait bien mieux d’aller là bas avaler tous les fusils à aiguille. | — Oh ! pardon, madame ! Tous ces objets empaillés sont si bien que j’ai cru que… Pardon, madame, mille pardons ! |
LE VAISSEAU DE LA VILLE DE PARIS. Difficile de s’y faire comprendre pour le quart d’heure avec pareil équipage. |
— Monsieur est Français ? Il aura bien du mal à se faire comprendre à Paris dans ce moment-ci. Je suis interprète ! |
— Vous m’offrez une bible ? Après vous, mon ami, quand vous l’aurez lue. |
Appareil hydraulique fort simple pour mettre sur une table de salon au moment de faire le thé. |