Chairs profanes/Sonnets guerriers/Gardien de la paix

Pour les autres éditions de ce texte, voir Gardien de la paix.

Chairs profanesLéon Vanier, libraire-éditeur (p. 18).

V

GARDIEN DE LA PAIX

Les bottes dont le cuir reflète un jour changeant,
Et le képi — par la façon dont il s’incline —
Timbré de l’écusson de la Ville en argent,
Achèvent l’orgueilleux prestige de sa mine.

De tout cet attirail martial qui le rend
Si rogue, un détail seul malvenu le chagrine,
C’est de voir qu’à sa pèlerine, se dandine
Un numéro qu’il eût voulu moins apparent.

Somme toute, avec tout l’argent qui le plastronne,
L’uniforme avantage assez bien sa personne,
Grâce à lui, que de cœurs n’a-t-il pas subjugués !

Coqueluche et terreur d’infimes hétaïres,
Quand vient l’heure de sa tournée au long des quais
Son temps se passe à la cueillette des sourires.