Chairs profanes/Sonnets guerriers/Artilleur

Pour les autres éditions de ce texte, voir Artilleur.

Chairs profanesLéon Vanier, libraire-éditeur (p. 17).

IV

ARTILLEUR

À l’adorable sans façon du pâtre, il joint
L’amusant d’un patois champenois. Sa moustache
Frisée au fer lui donne un fier air de bravache
Auquel la veste à brandebourgs ne messied point,

Très satisfait du plumet feu qui l’empanache,
C’est un de bon aloi qui traîne un embonpoint
Digne, pour n’être pas obèse, juste à point
Et la vertu la plus farouche que l’on sache.

Il erre toujours seul, morose et seul, ainsi
Qu’un poète que la rime tient en souci,
Son ventre à jeun, comme son cœur, cherchant fortune.

Vers le donjon qui met un obscur pâté sur
Le ciel plus clair, c’est l’hôte ithyphallique et sûr
Du grand bois vierge que bleuit le clair de lune.