Chairs profanes/Soir morose

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Chairs profanesLéon Vanier, libraire-éditeur (p. 31).

SOIR MOROSE

D’ici, la ville, à part quelques toits d’opulence,
N’est plus qu’une poussière bleue à l’horizon,
Ce coin de cendres, c’est notre étroite prison,
Regarde, le soir y saigne avec abondance.

Ah ! cet espace qui devant toi s’ouvre immense,
Tout ce vide où ton cœur bat si large, où le son
Des cloches, psalmodie une lente oraison,
Ces parfums d’herbe en fleur, tout t’exalte en silence.

Ne regarde plus les dômes d’or, les contours
Si grêles sur le soir orange qu’ont ces tours,
Va ! nos fronts sont plus haut dans le ciel que ces choses.
 
Tourne à moi ton visage, ô douloureuse sœur,
Que j’y voie à travers tes yeux jusqu’à ton cœur,
L’or et le sang de plus fières apothéoses !