Imprimerie de Dubuisson (p. 10-11).
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LÉA


Pourquoi, Léa, t’inquiéter sans cesse
De l’avenir ? jouis donc du présent,
Pourquoi pleurer sur le sein qui te presse,
Quand du bonheur l’amour te fait présent ?…

Enfant, jouis du jour que Dieu te donne ;
Profite, enfant, demain viendra bientôt :
Le temps passé ne revient pour personne !…
Les pleurs viendront pour toi toujours trop tôt.

Écoute, enfant : la vie est un voyage
Que chacun fait en se donnant la main.
Les plus beaux jours ne sont pas sans nuage.
Qui sait pour nous s’il est un lendemain ?…

Tendre la main, soulager la souffrance,
C’est un bonheur de faire des heureux ;
Sécher des pleurs, ranimer l’espérance,
Enfant, voilà pour ton cœur généreux.

 

Pour désirer, quoi ! Léa se chagrine ?
C’est être foulque de trop exiger !…
Toujours cherchant, irait-on même en Chine,
L’on ne pourrait en vainqueur s’ériger…

Le grand secret du bonheur de la vie
C’est d’en savoir choisir le bon côté.
Amante aimée et toujours tendre amie
Pour les beaux jours, nul besoin de comté !…

De beaux palais, de gothique tourelle,
De beaux brillants, de manteau de velours,
Quand le destin nous tient sous sa tutelle,
Nous ne pouvons du temps changer le cours !