H. Fournier Éditeur (p. 292).

— Voyons le projet.

Léopold se pencha et parla tout bas à l’oreille d’Étienne.
Étienne fronça le sourcil.

— C’est illégal, dit-il.
Léopold haussa les épaules.

— Et c’est dangereux, reprit-il.

— Qui ne risque rien n’a rien ! répondit Léopold.

— J’en étais sûr ! Vous m’avez demandé un conseil ; donc vous étiez décidé. Permettez-moi seulement une question.

— Faites.

— Avez-vous lu Don Quichotte ?

— Oui, sans doute.

— Alors souvenez-vous d’un proverbe qui, s’il n’y est pas, devrait y être : Qui veut être riche en un an, au bout de six mois est pendu.

— Bah ! on a supprimé le gibet ! s’écria Léopold en riant.

À quelque temps de là, un touriste qui parcourait les provinces basques rencontra sur le quai de Santander Léopold de Brus en habit de matelot.

— Eh ! mon cher ! s’écria le Parisien, que faites-vous dans cet équipage ?

— Je vais m’embarquer. Voyez-vous ce beau brick dont la vague caresse amoureusement les flancs noirs, il va m’emporter avec lui vers les côtes de la Sénégambie et du Congo ; peut-être même pousserai-je jusqu’au royaume de Zanguebar.

— Les lauriers du capitaine Marryal vous empêchaient donc de dormir ?