H. Fournier Éditeur (p. 188).

de l’académie de Pékin. En beaucoup de points, cette académie se rapproche de celle de Paris.

L’immortel Hiu-Li venait de mourir. Ce Hiu-Li avait fait un bon mot à l’âge de quarante ans. Ce bon mot avait été raconté chez le gouverneur de la province, qui le répéta à une soirée du premier ministre, qui en parla à l’empereur. Sa Majesté ayant daigné rire, Hiu-Li fut proclamé un des hommes les plus spirituels de la Chine, et l’académie n’hésita pas à l’appeler dans son sein. Hiu-Li vécut sur ce bon mot, et mourut sans en avoir fait d’autre.

Quelques jours après la mort de Hiu-Li, un écrivain dont la réputation est sans doute venue jusqu’à vous, le célèbre Fi-Ki, rédacteur de la Revue de Pékin, s’adressa la harangue suivante :


« Mon cher Fi-Ki,

« Voilà bientôt dix ans que tu tiens le sceptre de la critique dans un des recueils les plus estimés de la Chine, et par conséquent de l’univers. Tu as dit tour à tour du bien et du mal de toutes les écoles ; tu as su distribuer l’éloge avec une sage profusion ; il faut voir maintenant combien l’encens rapporte. Tu deviens vieux, le public commence à se lasser de tes articles ; le moment est venu de faire une fin ; tâche d’entrer à l’académie : une fois immortel, c’est bien le diable si l’on ne te nomme pas bibliothécaire ; tu achèveras ainsi ta vie au sein d’une médiocrité dorée, comme dit un de ces poètes de l’Occident dont je parle déjà, comme si j’étais académicien, sans les connaître. »

Fi-Ki trouva son raisonnement fort juste. Il se fit faire