Catéchisme du diocèse de Sens/Des 7. et 10. Commandemens

Brown & Gilmore, imprimeurs de la Province (p. 96-98).

LIII. Des 7. & 10. Commandemens.

Le bien d’autrui tu ne prendras, ni retiendras à ton eſcient.
Biens d’autrui ne convoiteras, pour les avoir injuſtement.

D. Que défendent ces deux Commandemens ?
R. Le ſeptiéme défend de faire tort au Prochain dans ſes biens, et le dixième défend d’en avoir
même le déſir.
D. En combien de manières peut-on faire tort au Prochain dans ſes biens ?
R. 1. En prenant injuſtement ce qui lui appartient.
2. En le retenant contre ſa volonté.
3. En lui cauſant dans ſes biens quelque autre dommage.

D. En combien de manieres prend-on plus ordinairement le bien de ſon prochain ?
R. On peut le prendre, 1. Par violence, comme les voleurs.
2. Par adreſſe, comme les domeſtiques, qui dérobent en ſecret.
3. Par fraude, comme ceux qui trompent dans la marchandiſe.
4. Par uſure, comme ceux qui prêtent de l’argent pour en tirer du profit, ſans cauſe légitime.
5. Par uſurpation, comme ceux qui font des chicanes, de mauvais procès, ou des compenſations injuſtes.
D. En combien de manieres retient-on ordinairement le bien du prochain ?
R. Les plus ordinaires ſont, 1. Ne pas reſtituer ce qu’on a pris.
2. Ne pas payer ſes dettes.
3. Refuſer le ſalaire aux ouvriers ou ſerviteurs.
4. Ne pas payer la dîme à qui on la doit.
D. Ne retient-on pas encore le bien d’autrui en quelque autre maniere ?
R. En voici encore trois. 1. Ne pas rendre le dépôt confié.
2. Ne pas rendre compte des biens qu’on a adminiſtrez.
3. Ne pas faire diligence pour connaître le maître des choſes qu’on a trouvées.
D. En combien de manieres cauſe-t’on d’autres dommages au prochain ?
R. En quatre manieres. 1. Gâtant ou détruiſant ce qui eſt à lui.
2. Conſeillant à d’autres de lui faire du tort.
3. Les aidant à le faire.

4. N’empêchant pas qu’on le faſſe, quand on en a l’autorité ou la commiſſion.
D. A quoi ſont obligez tous ceux dont on vient de parler ?
R. A reſtituer ce qu’ils ont retenu, ou à reparer le dommage qu’ils ont cauſé.
D. Celui qui n’en a pas profité, eſt-il obligé de même à reſtituer ?
R. Oüi, il ſuffit qu’il ait fait tort, pour être obligé à dédommager de tout le tort qu’il a ſait.
D. Suffit-il de reſtituer ce qu’on a pris ou retenu injuſtement ?
R. Non, il faut dédommager de tout le tort qu’on a cauſé. Par exemple, ſi on a volé les outils d’un
ouvrier, il faut le dédommager pour le gain qu’on lui a empêché de faire.
D. L’obligation de reſtituer eſt-elle bien preſſante ?
R. Oüi, ſans la volonté de reſtituer promptement, on ne peut être ſauvé ni recevoir l’abſolution.
D. A qui faut-il reſtituer ?
R. A celui-là même à qui on a fait du tort, et s’il eſt mort, à ſes héritiers.
D. Quand faut-il reſtituer ?
R. Il faut reſtituer le plutôt qu’il eſt poſſible.

Hiſtoire et punition du larcin d’Achan. Joſ. chap. 7.
PRATIQUES. 1. Ne jamais rien prendre, même chez ſes parens, ſans leur permiſſion, quand ce ne ſeroit que pour manger.
2. Donner aux pauvres ce qu’on a trouvé, quand on ne peut en découvrir le maître.
3. Reſtituer, ſi on y eſt obligé, avant de ſe preſenter à confeſſe.