Catéchisme bouddhique/Préface


Catéchisme bouddhique (Buddhistischer Katechismus, 1888)
Ernest Leroux (Bibliothèque orientale elzévirienne, LXIp. i-iv).


PRÉFACE



Les ouvrages sur le Bouddhisme sont nombreux, mais ils sont trop considérables et ne sont écrits que pour les savants. On manquait, au contraire, jusqu’ici d’un livre qui s’adressât à tout le monde et qui exposât la sublime doctrine du Bouddha Gotama, non comme une science morte, mais comme la source encore vivante, toujours claire et pure de la vérité.

Le premier essai, fait dans cette voie, a été le « Catéchisme Bouddhique » d’Henry S. Olcott. Ce petit livre n’était destiné d’abord qu’à l’instruction d’enfants singhalais ; il ne répondait pas, par conséquent, aux exigences d’un public éclairé européen. Cependant il a eu un grand succès ; ce qui prouve que, même en Occident, on commence à s’intéresser à la religion Bouddhique.

Les disciples du Bouddha ne pouvaient pas se contenter de constater ce fait. Ils ont reconnu qu’il leur imposait le devoir de publier un catéchisme bouddhique qui, destiné à des hommes faits et intelligents, contînt, en résumé, tous les principes fondamentaux de la doctrine, tout en laissant de côté les ornements inutiles que la superstition et l’imagination enfantine des peuples de l’Orient y ont ajoutés dans le cours des siècles. Tel est le but de cet opuscule.

Bien des gens se refusent encore à voir dans le progrès matériel et dans l’accroissement du bien-être le but suprême de notre existence. Bien des gens se détournent avec dégoût de la lutte sauvage et chaque jour plus impitoyable que les passions égoïstes se livrent, sous leurs yeux, pour se disputer les biens terrestres. Les doctrines des religions régnantes ne peuvent les satisfaire et ils voudraient cependant obtenir cette paix intérieure, cette conviction assurée, qui seules peuvent donner du prix à l’existence et qu’ils ne trouvent ni dans des dogmes morts ni dans les théories de la science, malgré les allures triomphantes qu’elle affecte aujourd’hui.

C’est pour eux qu’a été écrit le Catéchisme Bouddhique. S’ils le lisent et le comprennent bien, ils y trouveront ce qu’ils cherchent : une doctrine, débarrassée de Dogmes et sans formalisme, d’accord avec la nature et avec ses lois. Les vérités sublimes qu’elle nous enseigne satisfont à la fois notre cœur et notre esprit ; elles sont présentées sous une forme si simple qu’elles deviennent compréhensibles, même pour une intelligence moyenne, et cependant leur profondeur est telle que l’Européen, instruit dans les sciences et la philosophie, armé de toutes les ressources d’une civilisation avancée, aurait bien de la peine à la sonder.

Il faut cependant faire cette restriction qu’un catéchisme est destiné à des commençants et à des écoliers et qu’il ne peut donc tout contenir. Il ne peut pas non plus pousser ce qu’il contient jusqu’à ses dernières conséquences.

Pour ceux qui voudraient arriver à la connaissance complète et qui désireraient non seulement comprendre, mais pratiquer la doctrine, on ne pourrait que les renvoyer à leurs propres méditations et au commerce personnel avec ceux qui les ont déjà précédés dans la voie qui leur a été indiquée ici.

Puisse ainsi la clarté de la vérité, qui, du lointain Orient, d’où vient toute lumière, envoie déjà ses rayons sur l’Occident, s’étendre victorieusement pour le bien, le salut et la délivrance de tous.


Soubhadra Bhikshou.