Traduction par Amédée Pichot.
Michel Lévy frères, libraires éditeurs (tome 1p. 257-269).
◄  XVIII.
XX.  ►


XIX


Il n’y avait pas longtemps que M. Falkland m’avait fait cette fatale confidence, lorsque M. Forester, un frère aîné qu’il avait du côté de sa mère, vint faire une résidence de quelques jours dans notre maison. C’était une circonstance opposée aux habitudes et aux inclinations de mon maître. Comme je l’ai déjà dit, il avait rompu depuis longtemps tout commerce de visites avec ses voisins ; il se refusait toute espèce d’amusement et de distraction. Il fuyait la société des hommes, et ne se trouvait jamais assez enseveli dans l’obscurité et la solitude. Pour un homme ferme dans ses résolutions, ce plan de conduite était, dans presque toutes les circonstances, d’une exécution assez facile ; mais il n’était pas possible à M. Falkland d’éviter la visite de M. Forester. Ce gentilhomme arrivait du continent, où il avait fait un séjour de plusieurs années ; il avait demandé à son frère un appartement jusqu’à ce que sa propre maison, qui était à trente milles de là, fût en état de le recevoir, et il avait fait cette demande avec un ton d’assurance qui n’admettait guère la possibilité d’un refus. Tout ce que put dire M. Falkland, c’est que l’état de sa santé et de son humeur était tel qu’il avait à craindre qu’un séjour dans sa maison ne fût fort peu agréable à son frère ; et de son côté, M. Forester, imaginant qu’un pareil genre d’indisposition était de nature à augmenter à proportion du peu de résistance qu’on lui opposait, espéra que sa compagnie engagerait M. Falkland à se relâcher de ses habitudes solitaires. M. Falkland n’insista plus ; il n’aurait pas voulu marquer de froideur à un parent pour lequel il avait une estime particulière ; et, gêné par la crainte de laisser entrevoir ses véritables motifs, il n’osa pas pousser plus loin ses objections.

Sous bien des rapports, M. Forester était l’opposé de mon maître. Son seul aspect indiquait la singularité de son caractère. Ses yeux étaient enfoncés sous un front proéminent et d’épais sourcils ; son visage était court et angulaire, son teint basané et ses traits durs. Il avait beaucoup vu le monde ; mais à en juger par la rondeur et la simplicité de ses manières, on aurait pu croire qu’il n’était jamais sorti du coin de son feu.

Son humeur était aigre et pétulante : on s’étonnait de le voir s’offenser tout à coup d’une bagatelle, et relever durement l’erreur qui le choquait, comme pour vous humilier, sans égard pour votre sensibilité. Dans ces cas-là, il regardait la peur d’une remontrance comme une lâcheté qu’il fallait étouffer sans ménagement et sans indulgence. Comme c’est l’usage chez les hommes, il s’était formé une manière de penser conforme à cette bizarrerie d’humeur. Il prétendait qu’on devait dissimuler l’affection qu’on avait pour quelqu’un, de telle sorte qu’on lui rendît des services réels, mais en prenant bien garde de lui donner un avantage en trahissant la partialité qu’il inspirait. Sous cet extérieur peu engageant, M. Forester cachait un cœur bon et généreux. On le jugeait mal au premier abord ; mais il gagnait beaucoup à être connu. Bientôt sa rudesse ne paraissait plus qu’une habitude ; son bon sens et sa bienveillance l’emportaient sur ses défauts dans le souvenir de ses amis. Lorsqu’il daignait mettre de côté ses demi-phrases brusques et mordantes, sa conversation devenait facile, amusante et instructive ; il savait, par un heureux choix d’expressions, faire ressortir la finesse de son observation et la force de son jugement.

Les particularités du caractère de ce gentilhomme ne manquèrent pas de se manifester dans la nouvelle maison où il se trouva introduit. Étant naturellement bienveillant, il fut bientôt vivement touché de la situation malheureuse de son parent. Il fit tout ce qu’il put pour y porter remède ; mais il y avait de la rudesse et de la gaucherie dans ses tentatives. Il n’avait pas cette douce éloquence de l’âme, qui fût peut-être parvenue à arracher pendant quelques moments M. Falkland à ses angoisses. Il exhortait son hôte à se faire une raison, à s’armer de courage, à prendre le dessus sur le maudit démon qui le subjuguait. Le ton de ces exhortations ne trouvait pas de cordes à son unisson dans le cœur de M. Falkland. Il n’avait pas assez d’adresse pour faire pénétrer la conviction dans un jugement aussi fortement obsédé par l’erreur. En un mot, après avoir tenté sur ce cœur malade tout ce que sa tendresse put lui suggérer, il retira toutes ses batteries, en murmurant de son peu de succès, mais plutôt mécontent de l’impuissance de ses efforts que piqué de l’obstination de M. Falkland. Son affection pour celui-ci n’en souffrit aucune diminution, et il éprouvait une peine réelle de lui avoir fait si peu de bien. Dans cette rencontre, les deux parties rendirent réciproquement justice à leur mérite respectif, en même temps que la disparité d’humeur s’opposait à ce qu’il pût en résulter le moindre effet. À peine y avait-il un seul point de contact dans leurs caractères. M. Forester n’était pas dans le cas de causer jamais à M. Falkland ce degré de plaisir ou de peine qui fait sortir l’âme de sa tranquillité et peut lui faire perdre un moment l’empire d’elle-même.

Notre nouveau commensal était d’une humeur très-communicative, et singulièrement disposé à causer, toutes les fois qu’il n’avait ni interruption ni contradictions à redouter. Il ne tarda pas à sentir qu’il était tout à fait hors de son élément. M. Falkland s’était voué à une vie solitaire et contemplative. À l’arrivée de son parent, il s’était bien un peu contraint, quoique même alors son goût favori perçât à tout moment. Mais quand ils se furent vus pendant quelque temps et qu’il fut bien évident que leur compagnie était, pour l’un comme pour l’autre, un fardeau plutôt qu’un plaisir, ils convinrent, par une sorte de convention tacite, de se laisser mutuellement en liberté de suivre leur inclination. Dans un sens, M. Falkland gagnait le plus à ce marché ; il revenait à ses habitudes, et agissait à peu près comme il aurait fait si M. Forester n’eût pas été au monde. Mais pour celui-ci, tout était perte ; il avait tous les désavantages de la retraite, sans pouvoir, comme il aurait fait chez lui, s’entourer de ses compagnons et de ses amusements ordinaires.

Dans cette situation, il jeta les yeux sur moi. C’était sa maxime de faire tout ce que lui dictait sa volonté, sans s’embarrasser des usages du monde. Il ne voyait pas de raison pour qu’un paysan qui avait quelque éducation ne fût pas une aussi bonne compagnie qu’un grand seigneur, en même temps qu’il était pénétré cependant d’une vénération profonde pour les anciennes institutions. Réduit donc, comme il l’était, à user de sa dernière ressource, il me trouva plus propre à ses vues qu’aucun autre des gens de la maison.

La manière dont il entama cette espèce de commerce entre nous ne laissa pas d’être assez caractéristique ; et, quoique un peu brusque, elle portait l’empreinte de la véritable bonté. Son début eut tout l’air d’une boutade ; mais il y avait quelque chose d’engageant dans cette rusticité même par laquelle il semblait vouloir descendre dans une classe au-dessous de la sienne. J’avais besoin qu’il me fît des avances ; lui-même avait aussi à prendre sur lui, non pas de mettre de côté la vanité aristocratique, car il n’en avait qu’une très-petite dose, mais de me faire la première ouverture, car il ne pouvait pas souffrir la gêne. Tout cela produisit un peu d’indécision et de désordre dans son esprit, et donna une allure originale à sa conduite.

De mon côté, j’étais loin d’être ingrat de la distinction qu’on me témoignait. Si mon esprit avait un peu perdu de son ressort et de sa vivacité, au moins la réserve qu’il avait fallu m’imposer ne portait-elle aucun alliage de misanthropie ni d’insensibilité. Cette réserve ne tint pas longtemps contre les attentions pleines de condescendance de M. Forester. Je me sentis par degrés plus rassuré, plus encouragé, plus confiant. J’avais un désir ardent de m’avancer dans la connaissance des hommes ; et, quoique personne peut-être n’eût aussi chèrement payé ses premières leçons dans cette école, mon envie d’apprendre n’avait nullement diminué. M. Forester était la seconde personne que j’eusse vue qui me parût mériter l’analyse, et il me semblait presque aussi digne d’être étudié que M. Falkland lui-même. J’étais charmé de pouvoir m’arracher au tourment de mes pensées, et les moments que je passais avec ce nouvel ami n’étaient pas empoisonnés par l’image des maux dont j’étais à toute heure menacé.

Avec de telles dispositions, j’étais ce qu’il fallait à M. Forester, un auditeur assidu et attentif. J’étais susceptible de vives impressions, et à mesure que mon âme les recevait, elles se manifestaient visiblement dans mes traits et dans mes gestes. Les observations que M. Forester avait faites dans le cours de ses voyages, les opinions qu’il s’était formées, étaient pour moi autant de sujets d’amusement et d’intérêt. Sa manière de raconter une histoire ou d’énoncer une idée était nette, expressive et originale ; le style de sa conversation avait quelque chose de singulièrement piquant ; tout ce qu’il avait à me raconter me charmait : en retour, mon attention, ma curiosité et mon ingénuité me rendaient pour M. Forester un auditeur précieux. Il ne faut pas s’étonner si notre commerce devint de jour en jour plus intime et plus cordial.

M. Falkland était destiné à être toujours malheureux, et on eût dit qu’il ne pouvait pas survenir un seul incident dont il ne sût extraire de quoi alimenter son incurable maladie. Excédé par une perpétuelle répétition des mêmes impressions, tout ce qui était nouveau lui causait un dégoût invincible. La visite de M. Forester était pour lui un objet d’antipathie ; à peine pouvait-il le voir sans témoigner sa répugnance par un mouvement que celui-ci ne manquait pas d’apercevoir, mais qui n’excitait que sa pitié, parce qu’il l’attribuait à un effet de l’habitude et de la maladie. Cependant il n’y avait pas une des actions de M. Forester qui ne fût observée avec soin ; la plus indifférente était un sujet d’inquiétude. À peine les premières ouvertures d’une sorte d’intimité entre M. Forester et moi eurent-elles eu lieu, qu’elles firent naître vraisemblablement dans l’âme de mon maître un sentiment de jalousie. Dès lors il me fit entendre qu’il ne lui serait nullement agréable qu’il y eût de fréquentes relations entre moi et son parent.

Que pouvais-je faire ? Fallait-il s’attendre qu’à mon âge j’irais faire le philosophe et m’appliquer sans cesse à plier tous mes penchants à une volonté étrangère. Quelle que fût l’imprudence que j’avais à expier, pouvais-je m’assujettir volontairement à une pénitence éternelle et me séquestrer moi-même de tout commerce avec les vivants ? Pouvais-je repousser des avances dont la franchise était si bien à l’unisson de mon âme, et répondre par des froideurs à des démonstrations d’amitié dont mon cœur était ravi ?

Outre cela, j’étais fort mal préparé pour la soumission servile qu’exigeait M. Falkland. Dans les premières années de ma vie, j’avais été habitué à être à peu près mon maître. Quand j’étais entré au service de M. Falkland, mes habitudes personnelles avaient un peu cédé à la nouveauté de ma position, et les hautes qualités de mon protecteur avaient gagné toutes mes affections. À la nouveauté et à son influence avait immédiatement succédé la curiosité. La curiosité, tant qu’elle avait duré, avait été en moi un principe plus puissant que l’amour même de l’indépendance. J’aurais sacrifié à cette passion ma liberté et ma vie ; je me serais soumis à la condition d’un nègre des colonies ou aux tortures infligées par les sauvages de l’Amérique du Nord ; mais maintenant l’effervescence de la curiosité était passée.

Tant que les menaces de M. Falkland s’étaient bornées à des termes généraux, je les avais endurées. Je sentais toute l’inconvenance de l’action que j’avais commise, et ce sentiment me rendait soumis. Mais quand il alla plus loin et en vint à me prescrire ma conduite article par article, je sentis que ma patience était à bout. Dans la malheureuse situation où m’avait réduit mon imprudence, je commençais à voir l’avenir avec un nouveau degré d’alarme. M. Falkland n’était pas un vieillard ; il jouissait d’une santé robuste, quoiqu’elle pût paraître altérée. Il pouvait vivre aussi longtemps que moi. J’étais son prisonnier, et quel prisonnier ! Toutes mes actions étaient épiées, ainsi que tous mes gestes. Je ne pouvais faire un mouvement à droite ou à gauche, que l’œil de mon gardien ne fût ouvert sur moi : sa vigilance était une torture pour mon cœur. Il n’y avait pour moi plus de liberté, plus de gaieté, plus d’insouciance, plus de jeunesse. Était-ce là cette vie où j’étais entré avec des espérances si flatteuses ? Devais-je passer mes jours dans cette sombre réclusion, comme un esclave dont la mort ou celle de son maître pouvaient seules briser les chaînes ?

J’avais tout osé pour satisfaire une curiosité puérile et déraisonnable ; j’étais déterminé à m’exposer avec non moins de résolution, s’il le fallait, pour la défense du premier bien de la vie. Au reste, j’étais disposé à traiter à l’amiable d’une conciliation de nos intérêts ; je consentais volontiers à l’engagement que M. Falkland n’aurait jamais rien à redouter de ma part ; mais en revanche j’attendais aussi que je n’aurais à souffrir aucune usurpation sur mes droits, et qu’on me laisserait suivre la direction de mon propre jugement.

Je continuai donc à rechercher avec empressement la société de M. Forester ; et c’est la nature d’une intimité qui ne va pas en déclinant d’augmenter toujours progressivement. M. Falkland en fit l’observation, et son trouble fut visible. Toutes les fois que je m’apercevais de ce trouble et que j’en devinais la cause, je ne pouvais m’empêcher de témoigner quelque confusion ; ce qui ne tendait nullement à calmer son anxiété. Un jour il me tira à part, et avec un regard à la fois mystérieux et terrible, il me parla ainsi :

« Jeune homme, j’ai un avis à vous donner. C’est peut-être la dernière fois que vous pourrez le recevoir. Je n’entends pas être toujours le jouet de votre simplicité et de votre inexpérience ; je ne veux pas que votre faiblesse triomphe de ma force. Ne plaisantez point avec moi. Vous ne vous doutez guère de l’étendue de ma puissance. Dans ce moment les pièges de ma vengeance vous environnent de toutes parts ; ils vous enveloppent sans que vous puissiez les apercevoir, et ils vous saisiront au moment où vous vous croirez le plus à l’abri de leur atteinte. Vous n’êtes pas plus sous la main toute-puissante de Dieu que sous la mienne. Si vous risquez seulement de me toucher du bout du doigt, des heures, des mois, des années de tortures dont vous ne pouvez vous faire la moindre idée, seront le châtiment de votre témérité. Souvenez-vous en. Je ne parle pas en vain. Il n’y a pas un mot de ce que je vous dis qui ne soit exécuté dans toute sa rigueur si vous osez me provoquer. »

On peut croire que ces menaces ne furent pas sans effet. Je me retirai sans rien dire. Toutes les facultés de mon âme se révoltaient contre le traitement que j’endurais, et pourtant je ne pus proférer un mot. Pourquoi ne pus-je pas exprimer tout ce dont mon cœur était plein, ou proposer le compromis dont j’avais projeté les articles ? Ce fut le défaut d’expérience et non de courage qui me réduisit au silence. Chacune des actions de M. Falkland portait un caractère nouveau, et je n’étais pas préparé à y répondre. Peut-être trouvera-t-on que le plus grand héros du monde est redevable de l’heureux à-propos de sa conduite dans toutes les circonstances à l’habitude qu’il a de rencontrer des difficultés, et d’en appeler promptement à toute l’énergie de son âme.

Je contemplais avec le plus grand étonnement les procédés de mon maître. Un sentiment d’humanité et de bonté générale était une des parties fondamentales de son caractère ; mais, à mon égard, ce sentiment était stérile et inactif. Son intérêt personnel exigeait qu’il se conciliât mon affection ; mais il aimait mieux me gouverner par la terreur, et me tenir sans cesse sous le regard de son infatigable inquiétude. Je méditais avec les sensations les plus tristes sur la nature de mon infortune. Je n’imaginais pas de créature humaine dans une position aussi digne de pitié que la mienne. J’étais comme si chacun des atomes qui me composaient eût eu une existence séparée, et que tous s’agitassent au dedans de moi. Je n’avais que trop de raison de croire que les discours de M. Falkland n’étaient pas de vaines paroles. Je connaissais son génie ; je sentais la force de son ascendant. Si j’en venais aux prises avec un tel homme, quel espoir avais-je de vaincre ? Si j’étais vaincu, quelle était la peine qui m’attendait ? Eh bien donc, le reste de ma vie sera dévoué au plus cruel assujettissement ! affreux arrêt ! Et s’il était ainsi, qui me garantirait contre les injustices d’un homme défiant, capricieux et déjà criminel ? J’enviais le sort du malheureux attaché sur l’échafaud. J’enviais celui de la victime de l’inquisition au milieu des tortures. Au moins, m’écriai-je, ils savent ce qu’ils ont à souffrir ; et moi, je ne puis que m’imaginer ce qu’il y a de plus épouvantable, et me dire ensuite : le sort qui m’est réservé est pire encore que tout cela.

Heureusement pour moi, ces sensations n’étaient que passagères ; la nature humaine ne pourrait pas supporter longtemps ce que j’éprouvais. Par degrés mon âme secoua son fardeau. L’indignation succéda aux émotions de la terreur. Les sentiments hostiles de M. Falkland excitèrent en moi des sentiments de même nature. J’étais déterminé à ne jamais me permettre contre lui un seul mot qui pût blesser sa réputation, bien moins encore à rien laisser percer du grand secret de sa vie. Mais en abjurant entièrement tout rôle offensif, je pris bien la résolution de me tenir ferme sur la défensive. À quelque prix que ce fût, je voulais conserver la liberté d’agir d’après les déterminations de ma volonté. Si je venais à avoir le dessous dans cet assaut, il me resterait au moins la consolation de penser que je m’étais comporté avec énergie. À mesure que je m’affermis dans cette détermination, je négligeai les petites attaques, afin de recueillir toutes mes forces, sentant la nécessité d’agir avec réflexion et avec une combinaison de mesures. Je composais sans cesse dans ma tête des plans pour ma délivrance ; mais je voulais surtout ne pas me décider sur le choix avec précipitation.

J’étais dans cet état d’irrésolution et d’incertitude quand M. Forester mit fin à son séjour. Il s’aperçut d’un changement étrange dans ma conduite à son égard, et il m’en fit des reproches avec sa manière franche et ouverte. Je ne lui répondis que par un coup d’œil morne et mystérieux, par un silence aussi triste qu’expressif. Il tenta de s’en expliquer avec moi ; mais je mettais autant de soin à l’éviter que j’avais mis auparavant d’empressement à le chercher ; et, comme il me l’a dit depuis, il nous quitta frappé de l’idée qu’il y avait une mauvaise destinée attachée à notre maison, qui rendait malheureux tous ceux qui l’habitaient, sans qu’il fût possible à aucun observateur d’en pénétrer la cause.